NON ASSISTANCE A PERSONNE EN DANGER

 

NON ASSISTANCE À PERSONNE EN DANGER

 

          Article 223 – 6 : « Quiconque s’abstient volontairement de porter secours ou assistance ou en provoquant l’intervention d’un secours, soit par son omission, sa passivité, son inaction ou son indifférence; est passible de 5 ans de prison et 75 000€ d’amende »

 

Luc 10.30 Le bon Samaritain

 

          Une Mitsva Juive interdit d’assister passivement à la détresse de notre prochain en péril (Vayikva 19.16)

          Deutéronome 22. 4 : Dieu se mettrait-il en peine seulement des bœufs et des ânes ?

          Exode 23.5 : Il nous invite même à porter secours à l’âne de notre ennemi.

          Certes la loi interdisait de toucher un homme mort, tué dans un champ, ou même des ossements humains sinon cette personne devenait impure pendant sept jours (Nombres 19.16) Pour certains, la loi pouvait paraître donner un alibi pour ne pas exercer la miséricorde, mais la compassion n’était-elle pas plus grande que la loi ?

          « Celui donc qui sait faire ce qui est bien et qui ne le fait pas commet un péché. » (Jacques 4 .17)

          Dans quelle mesure notre responsabilité est engagée ? Genèse 4.9 : Caïn s’en défendait « Suis-je le gardien de mon frère ? »

          Quelle Eglise nous concerne ? Notre organisation, locale, nationale ? Ou sommes-nous concernés par l’Eglise universelle, corps de Christ ? Pensons-nous naïvement que nous serons les seuls au ciel?

 

Y aurait-il deux corps de Christ, ou une Eglise à deux vitesses ?

 

          Une église qui se repaît dans sa prospérité, dans son bien-être égoïste et charnel, s’engraissant sur le dos de la tonte des brebis à coup de millions de dollars. (Ezéchiel 34.3)

          Une église grasse de son égoïsme et de sa suffisance qui passe « outre » (change de trottoir) indifférente.

          Une église obèse qui est proche de l’indigestion comme celle de Laodicée « Je suis riche, je me suis enrichie, je n’ai besoin de rien » (Apocalypse 3.17)

          Une église nombriliste, sans vraie vision si ce n’est la sienne et celle de son capital. Eglise du business et du profit, toujours à la recherche d’une nouveauté, du dernier marketing évangélique à la mode, des nouvelles méthodes pour attirer les foules naïves et leur laisser croire que c’est ça l’Eglise. Repue d’émotion à bon marché dans des « rocks shows » et dans des « gesticulations » qui n’ont plus rien d’évangélique, mais qui ressemblent à ce qui se fait dans le monde. (Romains 12.2)

          Une église saoulée de beaux discours qui caressent l’auditoire dans le sens du poil et qui chatouillent les oreilles. (2 Timothée 4.3).

          Une église dont les « leaders » ne sont plus des bergers mais des « managers » qui ne pensent qu’à leur sécurité financière et à leur train de vie de superstars du « TV Gospel business».

 

Non assistance à chrétiens en danger

 

          « Ayant vu cet homme, ils passèrent outre ».

          Ces pseudos sacrificateurs aux palaces Hollywoodiens et ces Lévites qui ne veulent même pas se donner la peine de descendre de leur monture ou de leur piédestal et détournent la tête en changeant de trottoir devant le malheur et la souffrance de leurs frères, insensibles devant les blessés et les cadavres qui longent la route du christianisme du XXI°siècle, et ces frères déçus et laissés pour compte, moribonds, abandonnés qui ne trouvent plus leur place face à l’indifférence arrogante de leaders leur rétorquant avec mépris que « si ça ne leur convient pas, ils n’ont qu’à aller ailleurs et changer d’église », ne descendent-ils pas par le même chemin, quittant Jérusalem pour Jéricho ?

 

          Si la loi des hommes condamne aussi sévèrement l’acte d’omission et de non assistance à personne en danger (5 ans de prison et 75000€ d’amende), de quelle sanction Dieu condamnera-t-il l’indifférence et l’égoïsme d’une certaine « église » d’aujourd’hui ?

 

Non assistance à perdus en danger

 

          Mais qui sont les blessés du chemin aujourd’hui ?

          Certes, ce sont encore et toujours ceux qui nous entourent, les sans-Dieu, les prisonniers, les désespérés, les écrasés sous les fardeaux de leur misère et de leur péchés, esclaves de la drogue, de l’alcool, de la prostitution, de l’immoralité, des perversions de toutes sortes, enfoncés dans la dépression et le désespoir, au bord du gouffre du suicide, foyers détruits par l’adultère, enfants abusés, épouses battues, la liste pourrait être encore longue.

          Y aurait-il encore de la place pour eux dans nos églises embourgeoisées ?

          Le Christ n’est-il pas venu pour les pécheurs ? Et là où le péché abonde la grâce surabonde (Romain 5.20)

          Les blessés du chemin sont-ils devenus trop embarrassants et encombrants pour nos églises ? Leur sang et leurs larmes risquent de salir nos belles moquettes et troubler nos bonnes habitudes. Où est le temps où les alcooliques, les prostituées, les épaves de la vie venaient mettre le trouble à grand bruit dans nos réunions en franchissant les portes de nos églises, mais repartaient délivrés et sauvés ?

          Ils n’osent plus entrer dans nos « luxueuses Méga assemblées », ils ne se sentent pas « bienvenus au club », trop beau pour eux.

          C’était pourtant là la mission prioritaire de Jésus «oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres, guérir les cœurs brisés, annoncer aux captifs la délivrance…libérer les opprimés » (Luc 4.18)

          C’est aussi notre mission et la vocation de l’Eglise. Serions-nous en train de passer outre notre mission ? Avons-nous aussi changé de trottoir ? Serions-nous passés à la « culture du nombre et de la réussite » jusque dans le politiquement et religieusement correct ? Et tout cela au détriment de la qualité d’un vrai Christianisme ?

          Allons-nous nous décider enfin à arrêter notre folle descente vers Jéricho, descendre de notre monture, prendre le temps de nous pencher sur la souffrance qui nous entoure, être émus de compassion, animés du caractère et des sentiments qui étaient en Jésus-Christ (Philippiens 2.5), payer le prix pour apporter les soins et arracher à une mort certaine ceux que le Seigneur nous a confiés ?

          Quel tableau offre l’Eglise d’aujourd’hui ? Le monde voit-il dans l’Eglise le bon Samaritain de Luc 10, ou y retrouve-t-il les deux hypocrites de notre parabole ?

 

Trouver une bonne auberge

 

          Trouver une bonne auberge reste souvent un parcours du combattant dans certains pays. Merci au Seigneur il en existe encore…De même qu’il existe encore de vrais bergers, qui prennent soin du troupeau au prix de grands sacrifices et qui ne sont pas tombés dans le piège aveugle de la prospérité.

          Mais, hélas, il y a aussi beaucoup trop de mercenaires qui, comme ceux d’Ezéchiel 34.2, se repaissent et s’engraissent sur le dos des brebis.

          Nos « auberges » sont devenues des complexes 5 étoiles. Nos « Méga-Church », à coup de millions de dollars et d’euros qui croulent sous les dettes et les crédits, finiront de toute manière dans les cendres d’un monde qui s’écroule et d’une économie en banqueroute.

          On assiste, dans bien des pays, à la liquidation de bâtiments, alias églises, saisies et vendues aux enchères faute de pouvoir faire face aux ambitions de leaders mégalomanes qui n’ont pas su s’asseoir pour calculer la dépense et se sont lancés dans des projets pharaoniques qui s’écroulent comme des châteaux de cartes ; ils ont joué au poker mais n’avaient pas les bonnes cartes, ils ont été aveuglés par leurs ambitions. (Luc 14.28)

 

Non assistance à pasteurs en danger

 

          Nous sommes dans un monde où règne la confusion jusque dans les églises. Dérèglement de toutes sortes, nouvelles fantaisies doctrinales, méthodes et extravagances plus que douteuses qui n’ont rien à voir avec la Parole. Beaucoup de pasteurs sont tentés de vouloir imiter les succès apparents de ceux qui prêchent un évangile de la facilité, de ceux qui gomment de leurs sermons ce qui déplaît et qui ne dénoncent pas le péché et le désordre moral dans les églises pour ne pas froisser leur auditoire et perdre la manne des dollars dont ils se gavent. Il n’y a pas de nouvelle méthode. La bonne vieille méthode d’Actes 2 qui consistait à prêcher le message de l’Evangile avec l’action puissante du Saint-Esprit reste toujours efficace. On fait lever les mains pensant qu’une décision suffit pour faire partie du « club », mais où sont les convictions de péché, les confessions, les repentances, les nouvelles naissances, les régénérations et transformations de vies et la marche dans la sanctification ? On n’est pas appelé à remplir des salles mais le ciel.

          Il est vrai que dénoncer le péché et parler de sanctification devient de moins en moins populaire. Mais Paul avait choisi son camp et savait que prêcher la vérité ne le rendrait pas populaire et qu’il allait se faire des ennemis, comme il le rappelle dans son épître aux Galates 1.10 et 4.16.

          Son message n’a jamais varié selon les temps et les modes. « Je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié » (1 Corinthiens 2.2).

          Paul n’avait certes pas beaucoup d’amis en prêchant de la sorte mais il avait fait des disciples.

          Ne cherchons pas à être populaires et n’envions pas les succès de ceux qui tombent dans le compromis pour sauver leur tête et leur compte en banque. Ce sont les étoiles filantes de l’évangile de la prospérité et du spectacle.

          Prions pour que Dieu nous donne des vrais bergers, animés d’un cœur de Samaritain, semblables à notre Maitre qui nous a donné l’exemple, et semblables à des hommes comme Paul qui sont encore imitables aujourd’hui. Détournons nos regards de la vanité de ceux qui ne servent pas Christ mais se servent de l’Evangile pour eux-mêmes et pour leur propre gloire.

          Où est la passion des âmes qui caractérisait les serviteurs du réveil ? Les hommes comme Paul qui était prêt à être « anathème » si cela avait pu servir au salut de son propre peuple (Romains 9.3), s’identifiant aux faiblesses eaux combats des Eglises ? « Qui est faible que je ne sois faible, qui vient à tomber que je ne brûle ». ( Corinthiens 11.29)

 

Non assistance à martyrs en danger

 

          Beaucoup, et avec une certaine raison, voient dans Mathieu 25.35, un encouragement à exercer la charité et à s’engager dans des actions humanitaires individuelles et collectives.

          Mais ne devrions-nous pas aussi y voir un rappel au rôle de l’Eglise, des leaders et des chrétiens à se pencher sur le corps de Christ qui subit la persécution dans plus de 150 pays dans le monde ?

          « A l’un de ces plus petits d’entre mes frères »...Si Jésus les qualifie et les appelle « ses frères », ne sont-ils pas aussi les nôtres ?

          Aujourd’hui, dans le monde, des milliers de chrétiens sont persécutés. La liste est longue des pays où nos frères vivent les privations de liberté, les arrestations, les tortures, les condamnations aux travaux forcés, la prison, les exécutions à mort, les lapidations et les pendaisons.

          Il faudrait que, pour leurs vacances, nos supers-stars du « Gospel Business de la prospérité » puissent passer quelques jours dans les geôles d’Iran, ou de Corée du Nord, dans les goulags et les camps de travail des pays où nos frères internés souffrent. Que nos prêcheurs de la prospérité se délectent de la nourriture qui est servie à nos frères, qu’ils sentent le froid et la faim tirailler leurs corps squelettiques, ressentir la souffrance et la privation de leurs enfants, les entendre pleurer dans de longues nuits sans sommeil n’ayant pour beaucoup d’entre eux que leur mémoire pour Bible et la prière !. Mais le Seigneur ne les a jamais abandonnés.

          Le sang et les larmes des martyrs seront redemandés à l’Eglise indifférente.

          Quelle responsabilité l’Eglise d’aujourd’hui a envers ces martyrs qui rejoignent, dans le silence et l’indifférence, ceux du chapitre 11 de l’épître aux Hébreux !

 

          L’Eglise de nos jours ressemble à Démas, qui tourna le dos à Paul qui était à Rome en prison, et qui abandonna l’apôtre à ses souffrances par amour pour le siècle présent. Quand on commence à abandonner les frères qui vivent la souffrance, on n’est pas loin d’abandonner le Dieu de Paul. (2 Timothée 4.10)

          Soyons lucides, le Seigneur, loin de nous promettre la prospérité, nous a avertis « que nous aurions des tribulations dans le monde » (Jean 16.33). Paul savait que tous ceux qui voulaient vivre pieusement en Jésus Christ seraient persécutés. (2 Timothée 3.12)

          Pourquoi l’Eglise ne ressent-elle pas les douleurs et les souffrances des membres du corps de Christ dans la fournaise de l’épreuve ? Manque d’information ? NON ! Car des organisations font un excellent travail d’information sur l’Eglise persécutée. Mais on fait la sourde oreille. Paul exhortait les Corinthiens dans sa première épitre : « si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui… » (1 Corinthiens 12.26)

          Il s’agirait plutôt d’y voir là un égoïsme caractérisé de l’église du XXI°siècle et de sa décadence.

 

Aie soin de lui jusqu’à mon retour

 

          Sommes-nous conscients de cet ordre de Jésus qui nous responsabilise face aux besoins et à la détresse de ce monde ? Il nous demandera des comptes pour non assistance à personnes en dangers, pour notre indifférence, pour notre négligence et pour notre égoïsme.

          Que nos Eglises se transforment en « hôpitaux de campagne » pour soigner les blessés des champs de batailles de la vie. On a l’impression que l’on n’attend plus le retour du Seigneur. On s’installe si confortablement dans notre société décadente comme le fit Lot dans Sodome. Il était si bien installé qu’il avait de la peine à la quitter et qu’il fallut toute l’intervention des anges pour l’arracher au feu. « Et comme Lot tardait, les hommes le saisirent par la main, lui et sa femme et ses deux filles … » (Genèse 19.16)

          Au retour du Seigneur il y aura certainement des surprises. Comme celle de Mathieu 7.21 et cette conclusion dramatique du verset 23 où Jésus sanctionne ouvertement les hypocrites et les injustes : « Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi vous qui commettez l’iniquité (injustice) »

          Quel constat fera le Maître devant l’état de délabrement spirituel de certaines églises d’aujourd’hui ? Quelle responsabilité avons-nous en tant que chargés de mission n’ayant pas été fidèles dans ce que le Seigneur attendait de nous ? Que le Seigneur nous fasse la grâce d’entendre de sa bouche ces paroles : « C’est bien bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de choses, je te confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton Maître. » (Mathieu 25.23)

 

Un terrible réquisitoire pour non assistance à chrétiens en danger, à perdus en danger, à pasteurs en danger, et à martyrs en danger

 

          La sentence tombera, pour non assistance à personne en danger, pour omission, pour abstention d’agir, pour indifférence, pour inertie, pour passivité. La loi condamne avec la plus grande sévérité le comportement, l’inaction et l’attitude de « passer outre » sans intervenir, sans se sentir concerné.

          De quels pires reproche et blâme seront jugés ceux qui auront détourné volontairement les regards et seront passés à coté de ce que le Seigneur attendait d’eux !

          « Retirez-vous de moi maudits… » (Matthieu 25.41)

 

René ZANELLATO