01 - L’INTIMITÉ TANT DESIREE

« Qu'il me baise des baisers de sa  bouche!»

(Cantique des cantiques 1.2)

 

 

Considérons tout d'abord le verset premier de ce livre: « Cantique des cantiques, de Salomon ».

En hébreu: « Shir ha-shirim ». Cette forme est celle par laquelle on exprime, en hébreu, le superlatif.

 

C'est un terme qui évoque le degré supérieur d'une qualité. Le sens est donc ici « le cantique par excellence », « le poème par excellence », « le poème des poèmes ».

 

« de Salomon ». C'est lui l'auteur du Cantique, sans aucun doute. C'est un titre d'autant plus remarquable que le contenu de ce livre sacré ne présente rien qui soit favorable à ce roi. Nous aurons l'occasion de revenir sur cette pensée dans nos futures études.

 

Le Saint-Esprit agit d'une telle manière dans l'inspiration des Écritures qu'il amène l'auteur à s'élever au-dessus de lui-même, de sa vie, de sa personne, pour transmettre le message de Dieu.

 

« Qu'il me baise des baisers de sa bouche! » Il convient de mettre ces paroles dans la bouche de l'une des jeunes filles du harem, qui célèbre le bonheur d'être l'objet des attentions d'un roi tel que Salomon.

 

Le monde a ses baisers. L'homme irrégénéré a ses désirs. Voyez à ce sujet Proverbes 7.5-23 (notez le verset 13).

 

Si le monde a ses désirs, pourquoi n'aurions-nous pas les nôtres, nous chrétiens ?  La parole de Dieu nous exhorte en ces termes: « Marchez selon l'Esprit, et vous n'accomplirez pas les désirs de la chair. Car la chair a des désirs contraires à ceux de l'Esprit, et l'Esprit en a de contraires à ceux de la chair; ils sont opposés entre eux, afin que vous ne fassiez point ce que vous voudriez » (Galates 5.16-17).

 

Dans un saint élan vers le Seigneur, écrions-nous: « Qu'il me baise des baisers de sa bouche! »

 

Un désir et une certitude

 

Ressentons-nous vraiment les désirs qui doivent consumer le cœur de l'Église, l'Épouse élue de Christ ? Sommes-nous portés par les saints élans de tout croyant véritable ?

 

Recherchons une faveur personnelle de notre Bien-aimé. Rien d'autre ne peut nous satisfaire. Désirons ce contact direct et personnel avec Dieu qui ressemble, dans son intimité, à ce que Jésus évoque en Apocalypse 2.17: « A celui qui vaincra, je donnerai de la manne cachée, et je lui donnerai un caillou blanc; et sur ce caillou est écrit un nom nouveau, que personne ne connaît, si ce n'est celui qui le reçoit ».

 

Rappelons-nous la promesse de notre Seigneur:« Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui qui m'aime; et celui qui m'aime sera aimé de mon Père, je l'aimerai, et je me ferai connaître à lui » (Jean 14.21).

 

Que notre cœur s'élance donc vers le Bien-aimé, sans s'embarrasser de préliminaires! Dans notre texte, remarquez bien que la jeune fille ne mentionne pas le nom de l'être aimé, mais elle entre tout de suite au cœur de son amour.

 

Elle parle immédiatement du seul être dans le monde entier pour lequel son cœur bat. Disons, comme le psalmiste Asaph: « Quel autre ai-je au ciel que toi ! Et sur la terre, je ne prends plaisir qu'en toi » (Psaumes 73.25).

 

Cette jeune fille témoigne d'un amour hardi, fort et fervent, qui aspire à des marques d'attentions élevées, et à des signes d'une communion intime. Plus élevées que la condescendance de Jésus-Christ lorsqu'il permet à la femme pécheresse de baiser ses pieds et de les oindre d'un précieux parfum. Plus élevées encore que le fait de laisser Marie s'asseoir à ses pieds et recevoir ses instructions.

 

Elle ne craint pas de se trouver dans la présence de l'être aimé. Au contraire, elle veut user d'une joyeuse liberté, procurée par la perfection de l'amour. Pour ce qui concerne notre relation avec Christ, souvenons-nous des paroles de l'apôtre Jean (1 Jean 4.18): « La crainte n'est pas dans l'amour, mais l'amour parfait bannit la crainte; car la crainte suppose un châtiment, et celui qui craint n'est pas parfait dans l'amour ».

 

Comprenons ici le mot « baisers » dans le sens des nombreuses manifestations par lesquelles nous goûtons l'amour de Jésus-Christ.

 

« Qu'il me baise des baisers de sa bouche !» Une telle intimité doit être recherchée et appréciée. Quelle humiliation pour nous de connaître si peu l'intimité personnelle de Jésus-Christ ! O le bonheur d'être tout près de lui, sans rien qui voile le sentiment de son amour !

 

Bien-aimés, il nous est possible de nous ressaisir, et d'apprécier davantage l'amour de notre Seigneur. Mais apprenons que les gages de cet amour sont demandés sur la base de l'appréciation que nous en avons.

 

En effet, la jeune fille s'empresse d'ajouter: « Car ton amour vaut mieux que le vin » (Cantique des cantiques 1.2). Lorsque nous savons apprécier l'amour de Jésus au-dessus des joies terrestres ou naturelles,        il le manifeste alors à notre égard. Ce sont les baisers de sa bouche !

 

Christ désire que nos cœurs soient remplis d'un sentiment doux et tendre de son amour. Il nous aime chacun d'un amour réel et personnel. « J'ai l'assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur » (Romains 8.38-39). Affirmons, nous aussi, ces vérités avec foi !

 

Enlacés par cet amour, nous sommes alors convaincus qu'il est juste que nous vivions pour le Seigneur, non pas seulement par notre service, mais d'abord par notre amour. « Car l'amour de Christ nous presse, parce que nous estimons que, si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts; et qu'il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux » (2 Corinthiens 5.14-15).

 

Nous arrivons ainsi en contact avec le « Cantique des cantiques ». Nous sommes tellement envahis par l'amour de Christ, que notre cœur vit pour lui. C'est là le message de ce livre.

 

L'état normal du cœur, présenté dans cette première partie du livre (jusqu'au chapitre 3 verset 5), est celui d'une réponse ardente à l'amour de Jésus. C'est le repos et le ravissement dans cet amour qui nous fait triompher de toute tentation.

 

Une telle relation n'a jamais été plus nécessaire qu'aujourd'hui. Nous sommes dans un temps où les influences de la vie moderne tendent à empêcher le développement de notre amour pour le Roi, et même à l'étouffer avant qu'il ait été éveillé. Jésus nous a prévenus: « Parce que l'iniquité se sera accrue, la charité du plus grand nombre se refroidira » (Matthieu 24.12).

 

Ce « Cantique par excellence » suggère donc l'amourde Christ pour l'Église, son Épouse spirituelle. « Je suis jaloux de vous d'une jalousie de Dieu, parce que je vous ai fiancés à un seul époux, pour vous présenter à Christ, comme une vierge pure », disait Paul (2 Corinthiens 11.2).

 

Dans sa lettre aux Ephésiens, il fait allusion à l'union mystique de Christ avec son Église: « Maris, aimez vos femmes, comme Christ a aimé l'Église, et s'est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier par la parole, après l'avoir purifiée par le baptême d'eau, afin de faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irrépréhensible » (Ephésiens 5.25-27).

 

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