02 - LES BAISERS DE DIEU

« Qu'il me baise des baisers de sa  bouche!»

(Cantique des cantiques 1.2)

 

 

Le Cantique des cantiques est un livre rarement apprécié. Pour beaucoup de chrétiens charnels, il est trop mystique, trop spirituel pour être d'un intérêt pratique quelconque.

 

En fait, il est comme une parabole de l'amour et de la communion spirituelle, et il doit être interprété comme tel.

 

Le langage est symbolique, peut-être pour qu'il soit plus facilement et plus puissamment applicable à des relations spirituelles.

 

« Qu'il me baise des baisers de sa bouche! »

 

Il y a, dans l'Écriture, des baisers humains qui sont de véritables adieux.

 

Lorsque Naomi apprit, au pays de Moab, que l'Éternel avait visité son peuple et lui avait donné du pain, elle se leva, elle et ses belles-filles pour retourner à Bethléhem.

 

 En chemin, Orpa et Ruth « élevèrent la voix, et pleurèrent.

 

Orpa baisa sa belle-mère... » (Ruth 1.14). Elle est retournée vers son peuple et vers ses dieux. On n'entendit jamais plus parler d'elle. Elle fit le mauvais choix.

 

Lorsque David, fuyant Saül, rencontra son ami Jonathan dans les champs, il « se leva du côté du midi, puis se jeta le visage contre terre et se prosterna trois fois. Les deux amis s'embrassèrent et pleurèrent ensemble, David surtout fondit en larmes.

 

 Et Jonathan dit à David: Va en paix, maintenant que nous avons juré l'un et l'autre, au nom de l'Éternel, en disant: Que l'Éternel soit à jamais entre moi et toi, entre ma postérité et ta postérité !

 

David se leva et s'en alla, et Jonathan rentra dans la ville » (1 Samuel 20.41-43). Jonathan savait que l'Éternel avait rejeté son père. Il était pleinement convaincu que David était l'homme selon le cœur de Dieu, et qu'un jour il règnerait sur Israël.

 

Mais il n'eut pas le courage de prendre officiellement position. Il fit, lui aussi, le mauvais choix. Il mourra, avec son père et ses frères, sur la montagne de Guilboa, et ne verra jamais le règne de son ami David.

 

Des baisers d'adieux ! Mais lorsque nous apprécionsl'amour du Seigneur, ses baisers sont le gage d'un amour fidèle et immuable.

 

Le texte hébreu dit: « Il me baisera des baisers de sa bouche ». Bien plus qu'un simple désir, une attente ou un vœu, c'est une certitude.

 

La jeune fille sait, sans l'ombre d'un doute, que le roi la reconnaîtra, la désirera, l'embrassera. Avons-nous cette même conviction en ce qui concerne notre Roi bien-aimé ?

 

Notre amour pour le Seigneur, se fonde sur le fait que nous sommes désormais de la même nature que lui. Deux perles de mercure se fondent totalement au premier contact et se mêlent.

 

Il en est ainsi de notre communion avec Dieu. En dépit de notre humanité, nous avons été rendus participants de la nature divine. La beauté se révèle alors, et elle se donne à la beauté.

« Car nous sommes devenus participants de Christ » (Hébreux 3.14).

 

Dans sa seconde lettre, l'apôtre Pierre parle des plus grandes et des plus précieuses promesses de Dieu, par lesquelles nous devenons participants de la nature divine, en fuyant la corruption qui existe dans le monde par la convoitise (2 Pierre 1.4).

 

« « Nous tous qui, le visage découvert, contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l'Esprit » (2 Corinthiens 3.18).

 

Paul a rappelé aux chrétiens de Rome que ceux que Dieu a connus d'avance, « il les a aussi prédestinés à être semblables à l'image de son Fils, afin que son Fils fût le premier-né entre plusieurs frères » (Romains 8.29).

 

Lui-même vivait cette glorieuse intimité avec Christ. Il déclara aux Galates: « J'ai été crucifié avec Christ; et si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi » (Galates 2.20).

 

 

Le baiser de la réconciliation

 

C'est celui que le Père donna au fils prodigue repentant. « Et il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et le baisa » (Luc 15.20).

 

C'est le baiser que notre Père céleste donne à l'âme convaincue de péché, repentante, et qui vient vers lui avec sincérité.

 

 

Le baiser de la vie

 

Ce baiser du père est aussi celui de la vie. A deux reprises, d'abord à ses serviteurs, et ensuite à son fils aîné, le père déclare: « « Mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie » (Luc 15.24,32).

 

O quel jour, celui où le Père de la vie nous a donné le baiser de la vie ! « Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus à la vie avec Christ (c'est par grâce que vous êtes sauvés) » (Ephésiens 2.4-5).

 

 

Le baiser de l'acceptation

 

Cette étreinte du père est la garantie de la pleineacceptation de son fils, et ce baiser d'amour est le portail d'entrée à toutes les richesses de la maison.

 

En témoigne la fête qui suit. « Le père dit à ses serviteurs: Apportez vite la plus belle robe, et l'en revêtez; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds...Et ils commencèrent à se réjouir...Lorsqu'il [le fils aîné] revint et approcha de la maison, il entendit la musique et les danses...Mon enfant, lui dit le Père...tout ce que j'ai est à toi » (Luc 15.22,25,31).

 

Il en est ainsi de nous, bien-aimés. Le baiser de la réconciliation et de la vie, est l'assurance de jouir des biens innombrables de notre Père céleste.

 

 Savons-nous « quelle est envers nous qui croyons l'infinie grandeur de sa puissance, se manifestant avec efficacité par la vertu de sa force » ? (Ephésiens 1.19).

 

 Il nous a ressuscités avec Christ, « et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus-Christ, afin de montrer dans les siècles à venir l'infinie richesse de sa grâce par sa bonté envers nous en Jésus-Christ » (Ephésiens 2.6-7).

 

Nous régnons dans la vie par Jésus-Christ. Ne soyons donc pas des princes marchant sur terre comme des esclaves! (Ecclésiaste 10.7).

 

 

Le baiser de la communion

 

Quel tableau somptueux ! Le père serrant son fils dans les bras et lui donnant le baiser de la communion retrouvée! Car, en effet, il s'agit bien de cela aussi.

 

 Réconciliation, vie, acceptation, ouvrent la porte de la salle de la communion paternelle. «Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous... » (Luc 15.23).

 

A quoi sert une réconciliation, si elle n'est pas suivie d'une communion ? Notre Père ne nous a pas réconciliés avec lui pour que nous vivions ensuite loin de lui. « Notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ » (1 Jean 1.3).

 

Notons que le mot hébreu nashak qui désigne le baiser, évoque dans d'autres langues sémitiques le fait de respirer ensemble, de sentir la même odeur, de s'étreindre dans une même communion.

 

Quelle intimité avec Dieu! Comme nous sommes encore loin d'une telle vie! L'apôtre Paul a écrit: « Celui qui s'attache au Seigneur est avec lui un seul esprit » (1 Corinthiens 6.17). Être un seul souffle avec notre Dieu devrait être chaque jour l'aspiration profonde de notre âme.

 

« Mon âme sera rassasiée comme de mets gras et succulents », disait le psalmiste (Psaume 63.6).

Dieu dit: «Ecoutez-moi donc, et vous mangerez ce qui est bon, et votre âme se délectera de mets succulents » (Esaïe 55.2).

 

Nous qui, à cause de nos chutes, sommesnaturellement perclus des pieds, comme Mephiboscheth, mangeons chaque jour à la table du Fils de David. Nous sommes des fils du roi des rois !

 

 

Le baiser de la réception et de la consommation de l'amour éternel

 

Après la communion ici-bas, Dieu nous accueillera dans la gloire éternelle. « Et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Thessaloniciens 4.17).

 

A ce propos, il est intéressant de considérer le texte de Deutéronome 34.5: « Moïse, serviteur de l'Éternel, mourut là, dans le pays de Moab, selon l'ordre de l'Éternel ».

 

En jouant sur le sens premier du mot hébreu qui veut dire «  bouche », et seulement par extension « parole », on a pu traduire (comme l'a fait la version Chouraqui): « Moïse mourut sur la bouche de Dieu », ou encore « Moïse mourut dans un baiser de Dieu ».

 

En quelque sorte, l'Éternel prit l'âme de Moïse par un baiser de sa bouche. Quelle fin terrestre glorieuse!

 

Les baisers de Dieu confirment et consacrent l'unité du Créateur et de la créature. Bien plus, ils sont l'image de la beauté qui contemple la beauté, dans une union réalisée aux racines de l'être nouveau, régénéré, d'une façon indissoluble.

 

 

Pour la jeune fille de notre texte, celui qu'elle aime doit l'embrasser des baisers de sa bouche. Avons-nous cette même certitude, ce même désir ardent ?

 

 

 Amis croyants, Dieu n'a pas d'autre choix que de nous aimer. C'est sa nature.

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