07 - AMOUR RECIPROQUE

 

AMOUR RECIPROQUE

 

« Le roi m'introduit dans ses appartements...

Nous nous égaierons, nous nous réjouirons à cause de toi;

Nous célébrerons ton amour plus que le vin. C'est avec raison que l'on t'aime.»

(Cantique des cantiques 1.4)

 

          De tous les livres sacrés de la parole de Dieu, le Cantique des cantiques est celui qui fait l'objet des interprétations les plus diverses. Pour bien comprendre l'enseignement de ce livre, il faut discerner trois faits :

          Premièrement, il présente une action suivie et bien graduée, et non pas un ensemble de passages n'ayant aucun lien entre eux.

          Secondement, l'action, comme nous l'avons déjà souligné, se passe entre trois personnes, dont deux d'entre elles rivalisent en cherchant l'amour de la troisième. L'interprétation simplifiée qui ne voit que deux personnes s'aimant mutuellement ne nous semble pas exacte.

          Troisièmement, l'histoire présentée dans ce Cantique, représente symboliquement, comme nous l'avons également déjà remarqué, une relation plus élevée et plus idéale.

 

          L'action du Cantique commence par une rencontre de Salomon et de Sulamith. Le roi rend un hommage admiratif, mais modéré à la beauté de la jeune fille, et lui promet une parure brillante (1.9-11). La Sulamithe répond par l'indifférence, repassant dans son cœur la beauté du berger qu'elle aime (1.12 jusqu'à 2.7).

 

          Ensuite, le roi a recours à un moyen de séduction qu'il envisage comme devant être irrésistible. Il lui offre ostensiblement la place de reine. C'est la tentation dans toute sa force. Dans ce but, il fait parcourir les rues de Jérusalem à la Sulamithe, dans son propre palanquin, la proclamant ainsi publiquement sa fiancée (3.6-11).

          Revenue au palais, la jeune fille est introduite par le roi à l'intérieur. Là, la passion du roi éclate avec violence. Il se croit sûr de la victoire. Il invite d'avance les courtisans et les amis qui l'entourent à participer à son bonheur, en célébrant un riche banquet (4.1 jusqu'à 5.1). A tout cela, la Sulamithe oppose sa fidélité à son bien-aimé. Elle l'appelle et déclare qu'elle ne lui laissera pas ravir un bien qui n'appartient qu'à lui ( 4.16). Elle fait preuve de dédain et d'indignation farouche à l'égard du séducteur, au point que ce dernier dira d'elle: « Qui est celle qui apparaît...terrible comme des troupes sous leurs bannières » (6.10).

 

          Il y a une double gradation dans ce récit biblique; dans la séduction, d'une part, et dans la résistance à la séduction, d'autre part.

 

          Pour Salomon, la partie est désormais perdue. Sulamith libérée, paraît au bras de son bien-aimé et proclame le triomphe de l'amour vrai (8.6). Cette victoire proclamée a été précédée d'une violente lutte contre la séduction (8.7).

 

Le païen et le chrétien charnel

 

          « Le roi m'introduit dans ses appartements.» Sulamith prend la parole pour la première fois. En entendant les jeunes filles du harem (versets 2 et 3), elle prend conscience de la situation critique dans laquelle elle se trouve placée. Nous en reparlerons plus tard.

 

          « Nous nous égaierons, nous nous réjouirons à cause de toi; nous célébrerons ton amour plus que le vin. C'est avec raison que l'on t'aime ». Toutes les jeunes filles se joignent ici à la première, pour confirmer le bonheur d'appartenir à un roi tel que Salomon.

 

          « Nous nous égaierons, nous nous réjouirons à cause de toi ». Le païen et le chrétien charnel trouvent leur plaisir et leur joie dans les choses du monde, et non en Dieu, tout comme le mauvais riche dont parle Jésus en Luc 16.19: « Il y avait un homme riche, qui était vêtu de pourpre et de fin lin, et qui chaque jour menait joyeuse et brillante vie ». Par contre, le chrétien spirituel trouve sa joie dans le Seigneur, ainsi que l'écrit l'apôtre Paul: « Au reste, mes frères, réjouissez-vous dans le Seigneur...Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur; je le répète, réjouissez-vous...J'ai éprouvé une grande joie dans le Seigneur... » (épître aux Philippiens 3.1; 4.4,10).

 

          « Nous célébrerons ton amour plus que le vin ». Ces fêtes terrestres, humaines, charnelles ne durent pas. Jésus nous en a avertis: « Malheur à vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et dans les larmes ! » (Luc 6.25).

 

          Le païen et le chrétien charnel ont des raisons d'aimer le monde: « C'est avec raison que l'on t'aime ». Le monde, son esprit, les choses qui lui appartiennent et qu'il offrent, satisfont les appétits terrestres et les convoitises charnelles. Il suffit à « l'homme animal » dont parle l'apôtre Paul, de se laisser aller, emporter par le courant de sa chair. Il n'y a aucun effort à faire pour dévaler la pente des plaisirs, des passions, voire des honneurs et de la gloire.

 

          Le chrétien spirituel, lui, a des raisons d'aimer le Seigneur. Nous le verrons.

 

La joie du chrétien dans la personne du Seigneur

 

          C'est une joie individuelle et collective. « Nous nous égaierons, nous nous réjouirons... ». C'est le bonheur spirituel des familles chrétiennes. C'est la joie de l'Esprit dans les rassemblements de l'église. Le prophète Habakuk déclare: « Toutefois, je veux me réjouir en l'Éternel, je veux me réjouir dans le Dieu de mon salut » (3.18). Cette expression énergique de sa volonté, cette ferme résolution est répétée deux fois.

 

          « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur; je le répète, réjouissez-vous » (épître aux Philippiens 4.4). Cette exhortation à la joie spirituelle est répétée deux fois.

 

          « Je me réjouirai en l'Éternel, mon âme sera ravie d'allégresse en mon Dieu » (Esaïe 61.10). Cette plénitude de joie en Dieu est répétée deux fois par le prophète.

 

          Que voulons-nous dire ? Avez-vous remarqué, dans notre texte du Cantique des cantiques, là encore, la double expression renfermant la même signification ? « Nous nous égaierons, nous nous réjouirons... » C'est donc une joie double, la bénédiction par-dessus la bénédiction. Bien-aimés, nous sommes appelés à marcher de joie en joie avec Jésus. Nous pouvons goûter la gaieté après la gaieté, l'allégresse après l'allégresse. Ne limitons jamais notre réjouissance dans le Seigneur. « Au reste, frères, soyez dans la joie, perfectionnez-vous... » (2° épître aux Corinthiens 13.11). Bannissons la tristesse. « Bannis de ton cœur le chagrin » (Ecclésiaste 12.2). « Venez, chantons avec allégresse à l'Éternel ! Poussons des cris de joie vers le rocher de notre salut » (Psaume 95.1). Chassons les chagrins et les lamentations engendrés par les difficultés de la vie. Nous possédons le « bois » capable d'adoucir l'amertume des eaux de Mara (Exode 15.22-25). C'est la croix de notre Seigneur Jésus-Christ. Nous ne pouvons pas porter déshonneur à notre époux divin en menant deuil en sa présence. Jésus veut mettre un terme à certaines de nos tristesses par sa bénédiction abondante et glorieuse, comme il le fit pour la veuve de Naïn (Evangile de Luc 7.13). Certaines de nos larmes doivent sécher car elles ne sont ni dans le programme ni dans le coeur de Dieu. « L'Eternel dit à Samuel: Quand cesseras-tu de pleurer sur Saül ? Je l'ai rejeté, afin qu'il ne règne plus sur Israël » (1 Samuel 16.1). Nous devons guérir de certains chagrins parce qu'ils ne sont pas « à l'heure » de Dieu. Ils sont l'expression de notre incrédulité, ou de notre ignorance, ou de notre incompréhension de la parole de Dieu. « Jésus, étant ressuscité le matin du premier jour de la semaine, apparut d'abord à Marie de Magdala, de laquelle il avait chassé sept démons. Elle alla en porter la nouvelle à ceux qui avaient été avec lui, et qui s'affligeaient et pleuraient. Quand ils entendirent qu'il vivait, et qu'elle l'avait vu, ils ne le crurent point » (Evangile de Marc 16.9-11).

 

          « Nous nous égaierons, nous nous réjouirons ». Notez ici, tout d'abord, une résolution. La joie est un choix de cœur. A Philippes, Paul et Silas furent emprisonnés à cause de l'évangile. La foule s'était soulevée contre eux, leurs vêtements avaient été arrachés, ils avaient été battus de verges, chargés de coups, leur dos était couvert de plaies, et on leur avait mis les ceps aux pieds. Rien ne les portait à la joie. Pourtant, « vers le milieu de la nuit, Paul et Silas priaient et chantaient les louanges de Dieu, et les prisonniers les entendaient » (Actes des apôtres 16.25).

 

          Plus qu'une simple espérance, cette parole est aussi une certitude. Le chrétien sait que de nouvelles occasions de joie véritable se présenteront devant lui, car le Seigneur est bon.

 

          Enfin, ces mots sont une manifestation évidente de la vie spirituelle qui jaillit du cœur. « Justes, réjouissez-vous en l'Éternel, et soyez dans l'allégresse ! » (Psaume 32.11) C'est, plus précisément, l'expression de la justice divine dans le cœur.

 

          « A cause de toi ». Le Seigneur est la cause de notre joie parfaite. Tous les fleuves de la joie véritable, de l'allégresse, de la félicité infinie prennent leur source et leur substance en Jésus-Christ.

 

Mémorial et célébration

 

          « Nous célébrerons ton amour plus que le vin ». La version Darby traduit : « Nous nous souviendrons de tes amours plus que du vin ».

 

          L'amour de Dieu n'est pas divisé, mais il se manifeste (nous l'avons déjà souligné) de différentes façons.

          Il est l'amour éternel, présent dans le cœur de Dieu, dès avant la fondation du monde. Dieu dit: « Je t'aime d'un amour éternel; c'est pourquoi je te conserve ma bonté » ou encore « je t'emporte en grâce » (Jérémie 31.3). Paul écrit: « En lui [Jésus] Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui, nous ayant prédestinés dans son amour à être ses enfants d'adoption par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté » (Epître aux Ephésiens 1.4-5).

 

          Il est l'amour du renoncement, de l'anéantissement, de l'humiliation. Jésus dit: « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Evangile de Jean 15.13). Il l'a dit et il l'a fait. Jésus, « existant en forme de Dieu, n'a point regardé comme une proie à arracher d'être égal avec Dieu, mais s'est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes; et ayant paru comme un simple homme, il s'est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix » (Epître aux Philippiens 2.6-8). L'apôtre Jean rappelle dans sa première lettre que «l'amour de Dieu a été manifesté envers nous en ce que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui » (1° épître de Jean 4.9). C'est l'amour du plus grand sacrifice, l'amour dans le pardon. Nous invitons nos lecteurs à relire Luc 23.26-46.

 

          Il est l'amour inlassable, plein de patience, jusqu'à ce que tous les élus soient dans la demeure céleste.

 

          Il est des choses inoubliables parce qu'elles sont sublimes. Il en est ainsi de l'amour de Dieu. Nous le chantions dans un vieux cantique, qui n'a rien de démodé : « Oui ton amour est un amour sublime ».

 

          D'autres choses sont inoubliables parce qu'inhabituelles. Il en est ainsi de l'amour exceptionnel de Dieu. « Lorsque nous étions encore sans force, Christ, au temps marqué, est mort pour des impies. A peine mourrait-on pour un juste; quelqu'un peut-être mourrait pour un homme de bien. Mais Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous » (Epître aux Romains 5.6-8).

 

          D'autres choses encore sont inoubliables parce qu'elles se produisent dans des circonstances particulières. Pensons alors à ce que nous étions quand Dieu nous a aimés !

          O Jésus ! Ne nous permets pas d'oublier ton amour ! Si nous devions en arriver là, de par la dureté et l'ingratitude de notre cœur, visite-nous avec une nouvelle mesure d'amour !

 

          C'est parce que Jésus connaît bien la fragilité et l'inconstance de notre cœur qu'il a institué une célébration liée au souvenir: la cène, ou sainte cène comme nous avons coutume de l'appeler dans nos milieux évangéliques. Le Christ a pris soin de préciser: « Faites ceci en mémoire de moi ». C'est l'occasion, à chaque fois, de nous souvenir... « Car j'ai reçu du Seigneur , écrit Paul, ce que je vous ai enseigné; c'est que le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, et, après avoir rendu grâces, le rompit et dit: Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous; faites ceci en mémoire de moi. De même, après avoir soupé, il prit la coupe, et dit: Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang; faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous en boirez. Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne » (1° épître aux Corinthiens 11.23-26).

 

Des raisons d'aimer le Seigneur

 

          « C'est avec raison que l'on t'aime ».

 

          Parlant de l'attitude du monde à son égard, Jésus disait: « Ils ont haï et moi et mon Père. Mais cela est arrivé afin que s'accomplît la parole qui est écrite dans leur loi: Ils m'ont haï sans cause » (Evangile de Jean 15.25).

          Mais c'est avec raison que les croyants aiment leur Seigneur. Nous aimons Jésus avec une affection plus profonde que celle que nous oserions accorder à tout autre être.

 

          Nous préférons Christ à tous les conforts terrestres.

 

          L'amour pour lui passe avant même les affections légitimes. Nous acceptons de nous démunir par amour pour Jésus. Nous ne voulons le renier d'aucune manière.

 

          Si la persécution ou l'épreuve éteint l'amour pour Christ, c'est qu'il est pauvre encore, et la foi chancelante. L'amour du croyant authentique est bien plus profond. « Car l'amour est fort comme la mort...Les grandes eaux ne peuvent éteindre l'amour, et les fleuves ne le submergeraient pas » (Cantique des cantiques 8.6-7). Le disciple est-il plongé dans un abîme de souffrance ? Il reste attaché à son Maître. Le Seigneur peut alors mesurer la profondeur d'un tel amour. Les innombrables exemples des martyrs sont un témoignage glorieux pour notre foi et pour notre persévérance.

 

          Vienne le temps des honneurs ? Le disciple préférera Christ, à l'instar de Moïse qui aima « mieux être maltraité avec le peuple de Dieu que d'avoir pour un temps la jouissance du péché, regardant l'opprobre de Christ comme une richesse plus grande que les trésors de l'Égypte, car il avait les yeux fixés sur la rémunération » (Epître aux Hébreux 11.25-26). C'est à l'heure de tels choix que Jésus peut mesure la hauteur de notre amour pour lui.

 

          Cher Sauveur, comme nous t'aimons faiblement encore ! Fais grandir notre amour de jour en jour ! Tu en es digne.

 

Paul BALLIERE

www.batissezvotrevie.fr

 

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