APRES « LE JOUR DES RAMEAUX »

APRES « LE JOUR DES RAMEAUX »

          Les acclamations d'une foule en liesse se sont tues.

          Les uns ont ramassé leurs vêtements jetés un instant devant le roi Jésus. D'autres ont laissé la route jonchée des branches coupées dans les champs. Le mont des Oliviers, devenu sanctuaire pour une heure éphémère, s'est maintenant vidé de ses retentissants « Hosanna ». Le ciel de Jérusalem va bientôt se couvrir des ténèbres épaisses de l'enfer. Ce n'est plus qu'une question de jours, juste le temps pour les potentats religieux de remplir le dossier à charge du Nazaréen, le charpentier imposteur et blasphémateur.

          Qu'elles étaient belles, pourtant, ces voix de petits et de grands, mêlées en un concert spontané de louanges, et appelant avec force le règne du Messie ! Quatre siècles de silence divin avaient été interminables. Le voici qui paraissait enfin, le Fils de David, ressuscitant l'espérance d'un Israël moribond. L'envahisseur romain, flanqué d'oppression et de cruauté serait anéanti, et Israël restauré. C'était certain.

          Mais non. Vous êtes-vous approché de Celui qui s'est assis sur l'ânon ? La foule exulte, Lui pleure. Jérusalem ferme ses yeux à la lumière, son cœur à la paix, sa conscience à la miséricorde. Son heure a sonné. L'enthousiasme aveugle des disciples contemple un trône improbable, tandis que Celui qui s'avance vers la croix voit les souffrances prochaines d'une Jérusalem environnée de tranchées, enfermée, serrée de toutes parts, rasée et détruite.

          C'est que le cœur des disciples ne bat pas à l'unisson de celui de leur Maître. Ils ne marchent pas dans le même sillon prophétique. Celui-ci vient comme le Messie souffrant ; ceux-là attendent le Messie triomphant. L'Agneau a tourné résolument sa face vers l'autel du sacrifice, pendant que les siens acclament, avant l'heure, le règne éternel du lion de Juda.

          Qui peut parler de moisson, sans semailles préalables ? Qui peut parler de fruit, si le grain de blé ne tombe en terre et ne meure ? Qui peut parler de trône s'il n'y a pas d'abord une croix ?

          Dieu avait dit, en substance, au premier Adam : « Si tu obéis, tu vivras ». Il a dit au second Adam, Jésus son Fils bien-aimé : « Si tu obéis, tu mourras ». Car, c'est bien l'obéissance à la volonté du Père qui a conduit Jésus jusqu'à l'ignominie du Calvaire. Par amour pour tous. Par amour pour toi.

          Décidément, les accents joyeux du « jour des rameaux » n'étaient pas à l'heure de Dieu. Qu'en restait-il d'ailleurs, quelques heures plus tard, dans les ruelles de la cité millénaire, dans les maisons, et dans les cœurs ? Le diable allait bientôt jouer sa partition. Et les démons entonner leur cantique : « Crucifie, crucifie-le ! »

          Hier, c'était « le dimanche des rameaux », comme ils disent. Ce matin, qui est Jésus pour toi ? Quelle place a-t-il dans ta vie ?

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