"Mardi saint"

MARDI SAINT

          Le soleil se lève, ce mardi de la « semaine sainte », sur une Jérusalem qui gronde. L'ombre de la croix se fait de plus en plus proche et menaçante. Mais qui peut le savoir ? Jésus seul.

          Hier, les disciples ont été les témoins d'une scène pour le moins étrange. Ils avaient quitté Béthanie. A ce moment, Jésus eut faim. Il aperçut de loin un figuier couvert de feuilles. Il alla voir si cet arbre portait du fuit. Il s'approcha. Il ne trouva que des feuilles; car ce n'était pas la saison des figues. Il dit alors à l'arbre: « Que personne ne mange plus jamais de tes fruits ! ». Ses disciples l'entendirent et poursuivirent leur chemin jusqu'à Jérusalem. Ils y restèrent toute la journée. Le soir venu, ils sortirent de la ville.

          Ce matin, de bonne heure, Christ et ses disciples passent de nouveau devant le figuier. Il est devenu sec jusqu'aux racines. Pierre se rappelle les paroles de Jésus et dit: « Maître, ce figuier, tu as dit que personne ne mangerait plus de ses fruits; vois, il est devenu tout à fait sec. »

          Le figuier produit des feuilles en mars et avril et commence ensuite à porter du fruit en juin. Il en porte à nouveau en août et parfois même une troisième fois en décembre. La présence de feuilles impliquait donc la présence possible de fruits, même s'il ne s'agissait que de restes de la saison précédente.

          Toutefois, ne regardez pas cette malédiction du Sauveur en rapport avec l'arbre seulement. Comprenez plutôt que ce que fit Jésus servit d'enseignement pour les siens.

          L'arbre représente ici, au-delà du peuple d'Israël, la créature humaine qui doit toujours des fruits à son Créateur, quel que soit le lieu, ou le temps. Dieu ne se contente pas de nos apparences. Elles ne le nourrissent pas. Il attend des fruits qui le glorifient. Lorsqu'il ne trouve que des feuilles, un dehors apparent et trompeur, sans rien de réellement solide, il maudit. Étrange malédiction sur l'âme dont Dieu se retire; jamais il n'en sort la moindre œuvre bonne. Nous sommes loin d'un évangile mièvre, versé sans modération dans la coupe des âmes superficielles, par les docteurs apostats de la dernière heure..

          Qu'est-ce qu'un figuier sans figues, et un homme sans œuvres bonnes ? Chère âme, qui vous sentez desséchée et stérile, ne prenez pas à la légère votre situation. Craignez plutôt que Jésus ne lâche le mot fatal. Dieu a son heure où il attend le fruit désiré. L'heure passée, si vous lui manquez, il laissera partir la triste sentence, et l'arbre, sans être coupé, sera desséché jusqu'à la racine. Certes, l'on pourra voir un arbre sur pied, mais il aura la mort dans son sein.

          Jésus adressa des reproches à l'Église de Sardes: « ...Je sais que tu passes pour être vivant, et tu es mort » (La Bible, Apocalypse 3.1). N'entendez-vous pas d'ici le flot de protestations vigoureuses: « Cette parole est dure; qui peut l'écouter ? » (La Bible, Évangile de Jean 6.60). De tels propos sont le prélude à l'abandon de Christ.

          La leçon du « mardi saint » n'est pas pour vous plonger dans le désespoir, bien au contraire. Mais elle reste solennelle. Ne sommes-nous pas en marche derrière l'Agneau ? N'avance-t-il pas vers l'autel, là où meurent notre chair, ses frivolités et ses convoitises; là où est crucifié notre moi, ses rébellions et ses volontés ? Christ cherche à vous éveiller par de saints avertissements. Âme bien-aimée, soyez vigilante et prête à donner du fruit à votre Sauveur, toutes les fois qu'il en demandera.

          Jésus a faim. Il a toujours faim: de votre salut, de votre vie chrétienne épanouie, de votre marche dans l'Esprit, pour sa gloire.

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