Le jour où je suis né pour la seconde fois...
« ...Moi aussi j'ai été saisi par Jésus-Christ.» (La Bible, Épître aux Philippiens 3.12)
Vendredi 27 mars 1964. Dans un mois et un jour, j'aurai seize ans.
Que m'arrive-t-il en ce début d'après-midi ? D'où vient ce désir de me rendre à la réunion de mon église ? En ce vendredi saint, le pasteur a convié l'Assemblée pour une journée de jeûne et de prière. Trop fier pour m'y rendre seul, j'invite un copain de l'église à m'accompagner. Chose étrange, il accepte.
Seize ans plus tôt, dans cette même église, le pasteur Marc NICOLLE me prenait dans ses bras, et demandait à Dieu de bénir ce bébé de huit jours. Il fit même, me dit-on beaucoup plus tard, une prière prophétique, parlant du jour où l'enfant prêcherait l'Évangile de Jésus-Christ.
Ce vendredi, je ne marche pas sur le chemin d'un futur prédicateur de la parole de Dieu. Loin s'en faut ! Je ne mets pas les pieds dans le monde; tout simplement parce que je ne le peux pas. Mes parents, chrétiens engagés et fidèles, me « tiennent », comme on dit. Mais le monde a mis les pieds dans mon cœur. Depuis longtemps.
Mais, tout bien considéré, je ne me trouve pas si mauvais. Quand j'entends les prédicateurs parler de la nécessité de se repentir, de se convertir, de recevoir Christ comme Sauveur, je ne me sens pas vraiment concerné. Le pécheur, c'est le bandit de grand chemin, le criminel... La pécheresse, c'est la prostituée... Mais moi, fils de pasteur, fréquentant l'église (de force) tous les dimanches, ne suis-je pas blanc, comparé à ces gens-là ? Certes, il m'arrive de voler, d'avoir des lectures souillées, de faire des « choses » en cachette, et de charger ma conscience d'une multitude de péchés « mignons », comme ils disent. Cependant, tout va bien pour moi.
Sauf que, bien qu'adolescent, il n'est pas rare de ne m'endormir qu'à deux heures du matin, angoissé à la pensée de mourir, effrayé par la réalité de l'enfer. Alors, tant bien que mal, je range mes peurs au sous-sol de ma conscience.
Ce vendredi, donc, je me retrouve dans l'église, au milieu des chrétiens. L'Assemblée chante quelques cantiques. Je mêle ma voix aux autres. J'aime chanter. Le pasteur prêche son sermon. Comme à l'accoutumé, je reste totalement indifférent et insensible à ses paroles. Puis vient le temps de prière. Les chrétiens se mettent à genoux. (Eh oui ! en ce temps-là, nous priions à genoux. Les anciennes postures physiques et bibliques se perdent au profit d'autres, révélatrices d'un nouvel ordre de choses). Je me mets à genoux sans difficulté. Et là, après quelques minutes, ma vie bascule. Jésus a rendez-vous avec moi. Je n'ai pas une apparition. Je ne vois rien de particulier. Tout se passe dans mon esprit. Je le vois, là, sur la croix, mourant pour les péchés du monde. Et dans mon cœur, j'entends ses mots d'amour. A l'heure où je rédige ces lignes, ces paroles résonnent avec la même fraîcheur et la même force: « ce n'est pas seulement pour les autres que je suis mort sur cette croix, c'est pour TOI ». C'est l'heure du face à face avec Lui. Moment douloureux de brisement de tout l'être. Moment délicieux de la capitulation et de la délivrance. Je m'effondre en larmes devant ma chaise, confessant mes péchés, et recevant par la foi le pardon de Jésus.
Il se passe quelque chose de très particulier. Je sens comme un poids que l'on ôte de mes épaules. C'est presque une sensation physique. Je ne savais pas que j'étais « chargé ». Je me sens immédiatement léger, envahi d'une paix et d'un bonheur inexprimables. Je voudrais embrasser la terre entière.
Ce vendredi-là, 27 mars 1964, dans l'Église Évangélique de Rouen, 60, rue de Cauville, vers 16 heures, je venais de naître pour la deuxième fois. C'était mon entrée dans la vie éternelle. Le jeune homme d'à peine seize ans était transformé. Je suis parti dans la vie chrétienne comme une « Ferrari », et par la seule grâce de Dieu, je ne me suis jamais arrêté.
Dieu veille sur ses plans. Deux ans plus tard, je commençai à prêcher l'Évangile...
Paul BALLIERE
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