PREDICATEUR, ACQUIERS L'ONCTION !

 

PRÉDICATEUR, ACQUIERS L’ONCTION !

 

          Dans l’église contemporaine, la réunion de prière fait figure de Cendrillon. On n’aime pas et on ne courtise pas cette servante du Seigneur parce qu’elle ne se pare point des perles de l’intellectualisme, ni ne chatoie dans les soies de la philosophie ; elle ne séduit pas non plus, coiffée de la tiare de la psychologie. Elle revêt la bure modeste de la sincérité et de l’humilité, et ne craint donc pas de s’agenouiller !

 

          On incrimine la prière parce qu’elle n’est pas, avant tout, synonyme d’efficacité mentale. (Cela ne signifie pas que la prière corrobore l’indolence mentale ; de nos jours l’efficacité est reine.) Une seule chose conditionne la prière : la spiritualité. On n’a pas besoin d’être spirituel pour prêcher, c’est-à-dire pour préparer et prononcer un sermon parfait dans son homilétique et exact dans son exégèse. Par un mélange de mémoire, de connaissances, d’ambition, de personnalité, le tout doublé d’une bibliothèque bien garnie, d’une bonne mesure de confiance en soi et d’un esprit de réussite, frère, la chaire vous est ouverte presque partout à l’heure actuelle. Une prédication de ce style touche les hommes ; la prière touche Dieu. La prédication affecte le temps ; la prière affecte l’éternité. La chaire peut faire office de vitrine pour exposer nos talents ; la prière en secret parle de l’exposition de la mort.

 

          La tragédie de cette heure tardive réside dans le fait que trop d’hommes morts occupent nos chaires, annoncent trop de prédications mortes à trop de gens morts. Oh ! Quelle horreur ! J’ai vu une chose étrange « sous le soleil », même dans les milieux fondamentalistes ; j’ai vu prêcher sans onction. Qu’est-ce que l’onction ? Je ne sais pas exactement, mais je sais ce qu’elle n’est pas (ou du moins, je sais quand elle ne repose pas sur mon âme). Prêcher sans onction tue au lieu de donner la vie. Le prédicateur sans onction est une odeur de mort donnant la mort. La Parole ne peut vivre si l’onction ne se trouve pas sur le prédicateur. Prédicateur, « avec tout ce que tu possèdes, acquiers l’onction ».

 

          Frères, nous pourrions parfaitement nous permettre d’être moins intellectuels de moitié (le pseudo-intellectualisme moderne) si nous étions deux fois plus spirituels. Prêcher relève du domaine spirituel. Un sermon né dans la tête touche la tête ; un sermon né dans le cœur atteint le cœur. Conduit par Dieu, un prédicateur spirituel produira des êtres spirituels. L’onction ne ressemble pas à une douce colombe qui frapperait de ses ailes contre les barreaux de l’âme du prédicateur pour y pénétrer ; au contraire, il faut la poursuivre et la conquérir. On ne peut apprendre l’onction, on ne peut que l’acquérir par la prière. Par l’onction, Dieu sacre le soldat – le prédicateur qui a combattu dans la prière et remporté la victoire – chevalier. On ne remporte pas la victoire sur l’estrade par un bombardement de boulets intellectuels ou par des traits d’esprit, mais par la prière, dans le lieu secret ; elle est remportée ou perdue avant même que le prédicateur ne pose le pied sur l’estrade. L’onction fait penser à de la dynamite. L’onction ne se transmet pas par les mains de l’évêque, et elle ne rouille pas quand le prédicateur se retrouve en prison. L’onction percera et s’infiltrera ; elle adoucira et attendrira. Quand le marteau de la logique et le feu du zèle humain échoueront à briser un cœur de pierre, l’onction y parviendra.

 

          A l’heure actuelle, on note une obsession : construire des églises. Cependant, sans prédicateurs revêtus de l’onction, ces autels ne verront jamais de pénitents. Supposez que nous regardions des bateaux de pêche, pourvus de l’équipement radar et de l’attirail de pêche les plus récents, prendre la mer tous les mois, partir au large, pour revenir sans une seule prise, quelle excuse invoquerions-nous pour ce manque de résultats ? Or, des milliers d’églises contemplent au fil des semaines, au fil des années, des autels vides, et elles expliquent leur stérilité par ce verset mal approprié : « Ainsi en est-il de ma parole […] elle ne retourne pas à moi sans effet ».

 

          Le pire vient de ce que les feux des autels sont éteints, ou sur le point de s’éteindre. Les réunions de prière sont mortes ou agonisantes. Par notre attitude envers la prière, nous disons à Dieu que ce que nous avons commencé par l’Esprit, nous pouvons le terminer par la chair. Quelle église demande aux nouveaux prédicateurs le temps qu’ils consacrent à la prière ? Or, tout prédicateur qui ne passe pas deux heures par jour à prier ne vaut pas un liard, qu’il ait ou non des diplômes.

 

          L’église, aujourd’hui, se tient sur le trottoir, elle regarde, fébrile et frustrée, tandis que les âmes, livrées au péché, tiennent le haut du pavé, et profèrent leurs menaces contre « tout ce qui est aimable et digne de louange » (Philippiens 4.8). De plus, le diable a remplacé la régénération par la réincarnation, la guérison divine par la Science chrétienne, le véritable Christ par l’Antéchrist.

 

          Mais maintenant, « qui combat pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes » ? Où sont les prédicateurs oints ? Les pasteurs qui devraient être des pêcheurs d’hommes recherchent au lieu de cela les compliments de leurs ouailles. Autrefois, les pasteurs semaient de la semence ; maintenant ils collectionnent les perles intellectuelles (imaginez un champ semé de perles!)

 

          Assez de prédications inertes et impuissantes qui ne touchent personne parce qu’elles sont nées de l’habitude et non de la plénitude, pour être nourries dans une âme sans feu, sans prières. Il est possible de mourir après avoir prêché, mais nous ne pouvons pas prier et périr. Si Dieu nous a appelés au ministère, alors, chers frères, je prétends que nous devrions rechercher l’onction. « Avec tout ce que tu possèdes, acquiers l’onction », de crainte que les autels déserts ne constituent la preuve de notre intellectualisme dépourvu d’onction.

 

Léonard RAVENHILL

www.batissezvotrevie.fr

 

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