LA NUIT VIENT ...

 

LA NUIT VIENT...

 

          Jésus a dit : « Il faut que je fasse, tandis qu’il est jour, les œuvres de celui qui m’a envoyé ; la nuit vient, où personne ne peut travailler. » (La Bible, Evangile de Jean 9.4) Nous connaissons la nature de cette « nuit ». Christ a dit aux principaux sacrificateurs, aux chefs des gardes du temple, et aux anciens qui étaient venus l’arrêter : « C’est ici votre heure, et la puissance des ténèbres. » (La Bible, Evangile de Luc 22.53) Tous ceux-là étaient les suppôts de Satan et de ses hordes de démons. L’enfer déchaîné n’avait plus qu’à prendre la relève : insultes, crachats, gifles, coups de poing, humiliation, couronne d’épines, moqueries, et finalement la croix…

          Cette nuit horrible allait donner naissance à d’autres nuits, celles des disciples qui n’hésiteraient pas à se charger de leur croix pour suivre leur Maître. Jusqu’au bout. Le chemin de l’Église fidèle traverse les siècles, maculé de sang.

 

          Qu’en est-il aujourd’hui ?

          « L’index mondial de persécution 2015, publié par l’ONG protestante Portes ouvertes, met l’accent sur l’augmentation générale du niveau de violence dirigée contre les chrétiens.

          La Corée du Nord, la Somalie et l’Irak sont en tête d’un classement où la montée de l’islam radical concerne 40 pays sur 50.

          « Le niveau de persécution des chrétiens augmente partout dans le monde », a déclaré Michel Varton, directeur de l’ONG protestante Portes Ouvertes France, qui a rendu publique, mercredi 7 janvier à Paris, son Index mondial de la persécution 2015. Alors que le niveau de violence s’est accru de manière globale, en particulier en Afrique, trois pays atteignent pour la première fois la « zone noire », cote d’alerte maximale de l’Index : la Corée du Nord, la Somalie et l’Irak. « Dans ces pays, si l’on découvre que vous êtes chrétien, vous êtes tués ou disparaissez dans des camps », souligne le directeur de l’ONG...

 

          Autre constat ; celui des violences physiques et des discriminations. L’extrémisme islamique apparaît comme le principal mécanisme de persécution. Ce phénomène concerne 8 des 10 pays les plus concernés par les violences antichrétiennes : Nigeria, Irak, Syrie, Centrafrique, Soudan, Pakistan, Égypte et Kenya. « Il s’agit aussi bien de violences physiques que de discriminations et d’oppressions au quotidien », commente Michel Varton.

 

          Par ailleurs, l’année 2014 a été marquée par une importante augmentation du nombre de réfugiés : 40 % des 1,8 million de chrétiens syriens ont ainsi quitté leur pays, tandis que 140 000 chrétiens d’Irak ont été chassés de la plaine de Ninive vers le Kurdistan irakien par les combattants de l’État islamique. 5 000 familles ont par quitté l’Irak.

 

          En Afrique, « l’effet Boko Haram » a jeté des milliers de chrétiens sur les routes et en Érythrée, pays où sévit un régime militaire ultra-répressif, ils sont des milliers à quitter le pays pour échapper à la prison.

 

          Continent plus inattendu, l’Amérique Latine figure elle aussi sur cet index : en Colombie et au Mexique, les guérillas et le crime organisé s’en prennent aux pasteurs qui s’opposent à leurs activités.

 

          Outre ces grandes tendances, l’ONG attire l’attention sur les cas de l’Inde et de la Chine, où se concentre près de 40 % de la population mondiale. En Inde, l’arrivée au pouvoir du parti nationaliste hindou BJP se traduit par un durcissement des conditions de vie pour les chrétiens, avec le risque de voir s’instaurer une loi anti-conversion.

 

          En Chine, où le christianisme évangélique connaît une poussée sans précédent, 258 églises ont été détruites en 2014, contre 27 en 2013. « Le gouvernement chinois va-t-il laisser croître le christianisme au grand jour ou va-t-il continuer à l’étouffer ? », s’interroge le directeur de Portes Ouvertes. » (Source : La Croix, Samuel Lieven)

 

          Qu’en est-il dans notre beau pays de France ? Doit-on s’inquiéter ou se laisser dorloter par une illusion pernicieuse et enjôleuse ? Voici un fait qui ne nous laissera pas indifférents : au rythme d'une comparution immédiate, un professeur des écoles a été sévèrement sanctionné par sa hiérarchie pour avoir lu des extraits de la Bible dans sa classe de CM1 et CM2.

 

          Crime de lèse-laïcité ?

 

          Nous rapportons ici quelques lignes du pasteur Eric Denimal :

          « L'affaire n'a pas traîné, comme s'il s'agissait d'un enseignement djiadiste dans une classe clandestine de radicalisés.

 

          Les faits

          Le 30 janvier dernier, l'Inspection Académique reçoit un courrier anonyme dénonçant les enseignements d'un professeur des écoles qui aurait lu des extraits de la Bible en classe. Le 1er février, c'est-à-dire deux jours plus tard, un inspecteur de l'Éducation Nationale se rend dans la classe des niveaux CM1 et CM2. De bonne foi (si l'expression est encore autorisée) le professeur reconnaît les faits. Le 3 février, sans doute à cause de l'État d'urgence, l'enseignant est convoqué devant le directeur départemental de l'Éducation Nationale à Châteauroux et il est aussitôt suspendu pour une durée de 4 mois à titre conservatoire. Il convient de statuer sur ce crime de lèse-laïcité. Le 4 avril : convocation à une commission de discipline. Le 19 avril : l'instituteur dépose un recours hiérarchique via son avocat, maître Mongis, auprès du ministère pour tenter d'annuler l'arrêté de suspension.

          Le CPDH* (*Comité Protestant évangélique pour la Dignité Humaine, note de batissezvotrevie), par la voix de son président, est entré en contact avec cet avocat qui a reconnu : « Mon client se déclare agnostique et il a été véritablement mis KO debout, lors des premières semaines de sa suspension et puis, grâce notamment aux nombreux soutiens des parents d'élèves, des élus et de proches, il est redevenu combatif et aujourd'hui, même si une erreur d'appréciation peut lui être reprochée, le critère de gravité n'est nullement avéré. »

 

          Inspection (pas) Académique

          Si le professeur reconnaît avoir lu des extraits de la Bible, il plaide le souci d'illustrer ses cours dans le cadre d'un enseignement sur l'histoire et la culture des civilisations. Il signale aussi n'être pas chrétien, s'être marié civilement et n'avoir pas fait baptiser ses enfants. Il pense être juste un enseignement qui illustre ses cours de citations choisies. Il conteste avec la plus grande énergie toute intention prosélyte de sa part et toute atteinte à la laïcité. Or voilà que le recours qu'il a déposé en son temps auprès de la ministre de l'Éducation Nationale n'a pas abouti. Il est vrai qu'entre temps, le gouvernement ayant changé, la ministre a été (heureusement) remplacée, mais le nouveau n'a sans doute pas eu l'occasion de se saisir du dossier en cours d'instruction.

          Qu'importe, la machine républicaine était lancée et le jugement a été rendu le 2 juin : le professeur a été suspendu définitivement de son poste et ne retrouvera pas sa classe.

          L'enseignant était pourtant défendu par de nombreux parents d'élèves, des élèves et des élus, qui ont organisé une manifestation de soutien devant l'Inspection Académique de Châteauroux. Ces citoyens ont eu moins de poids que la lettre anonyme. Finalement, le professeur est muté d'office par la commission de discipline de l'Inspection académique. En attendant cette mutation pour la rentrée prochaine, il est généreusement autorisé à enseigner de nouveau jusqu'à la fin de l'année en assurant simplement des remplacements.

 

          J'efface ton nom : Liberté !

          Si un professeur agnostique et soucieux de la laïcité dans sa classe ne peut même plus citer la Bible, nous sommes entrés dans un régime totalitaire où il ne s'agit même plus d'une atteinte à la liberté religieuse, mais à la liberté d'expression, de parole. Il y a un fanatisme laïcard et sans doute anti-chrétien qui devient une inquisition ridicule mais effrayante.

          Il parait que l'École veut protéger ainsi de toute idéologie malsaine qui pourrait influencer négativement la construction intellectuelle, psychologique et sociétale des enfants qui lui sont confiés. On le sait, la religion est un archaïsme dont il faut s'affranchir. Heureusement, il y a l'Éducation Nationale, telle une sentinelle pour nos chères têtes blondes. C'est la même élite idéologique qui impose sournoisement la théorie du genre et autres banalisations dans le domaine des sexualités, considérant là son rôle éducatif, mais qui refuse tout ce qui pourrait être du domaine moral, pour ne pas dire éthique.

          On se demande qui manipule qui dans pareil climat. Quoi qu'il en soit, comme à l'époque du KGB et de la Stasi, de beaux jours s'ouvrent pour les délateurs et auteurs de lettres anonymes ; en espérant au moins que ces corbeaux, s'ils manquent d'intelligence, ne font pas trop de fautes d'orthographe. »

 

          La nuit vient, elle s’étend partout. Les jours des chrétiens en Europe sont comptés. C’est l’heure de racheter le temps. Non de s’exciter selon la chair, mais de se laisser briser selon l’Esprit ; non de danser dans des concerts, mais d’agoniser dans le sanctuaire.

 

Paul BALLIERE

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