LES TRACES DES BREBIS

 

LES TRACES DES BREBIS

 

« Si tu ne le sais pas, ô la plus belle des femmes,

sors sur les traces des brebis, et fais paître tes chevreaux

près des demeures des bergers. »

(Cantique des cantiques 1.8)

 

          On peut s'étonner de l'ignorance de « la plus belle des femmes » ! Or, pour tout ce qui concerne les choses spirituelles, Dieu ne veut pas que nous soyons dans l'ignorance.

 

Le berger bien-aimé

 

          Le caractère de berger, personnage dans lequel nous avons vu le bien-aimé de la Sulamithe, est développé dans ce verset 8. Nous verrons, à ce sujet, l'enseignement de l'Esprit tout au long du Cantique des cantiques.

 

          Rappelons que le bien-aimé a un troupeau. Il le paît, et il le conduit au repos.

 

          Il en est ainsi de Christ. Jésus dit: « Moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie, et qu'elles soient dans l'abondance...Je leur donne la vie éternelle; et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main » (Jean 10.10,28). David disait en son temps: « L'Éternel est mon berger: je ne manquerai de rien. Il me fait reposer dans de verts pâturages, il me dirige près des eaux paisibles » (Psaume 23.1-2).

 

          Ceux qui aiment le Seigneur de tout leur cœur désirent le trouver là, près de son troupeau. Pourquoi irions-nous vers les troupeaux de ses compagnons, lorsque nous pouvons être satisfaits là où il fait paître le sien ? La vraie satisfaction pour les siens ne peut se trouver ailleurs. « Ainsi parle l'Éternel: Placez-vous sur les chemins, regardez, et demandez quels sont les anciens sentiers, quelle est la bonne voie; marchez-y, et vous trouverez le repos de vos âmes » (Jérémie 6.16).

          Certes, nous avons besoin d'être fidèles à une assemblée, et Jésus se servira de ses serviteurs pour nous instruire. Mais nous ne devons pas devenir disciples d'hommes qui ne sont pas devenus vraiment conformes à Christ. Notre destinée est de devenir semblables à Jésus-Christ et à lui seulement. Nous n'aurons donc pas à nous plier à un enseignement qui ne tendrait pas vers ce seul but. Pour nous, chrétiens, la seule vérité dont nous ayons besoin pour l'éternité est la vérité de Christ. Si nous n'arrivons pas à comprendre ceci, nous nous contenterons d'être comme nos maîtres, selon ce que dit Jésus: « Le disciple n'est pas plus que le maître » (Luc 6.40); et nous ne ferons jamais plus que les œuvres de nos pères. Nos « maîtres » et nos « pères » ont très probablement fait de leur mieux. Mais notre but à nous n'est pas seulement de faire les œuvres de nos pères, il est de faire les œuvres de Jésus. Aussi l'Écriture nous enseigne-t-elle à « considérer la fin » de la vie d'un homme avant de nous soumettre à sa conception de la vie (Hébreux 13.7). Méfions-nous de toutes les nouveautés. Jésus dit: « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14.6). Les nouvelles « théologies », les nouvelles « révélations » qui ne sont pas en accord avec les traces des brebis doivent être rejetées. « Si quelqu'un enseigne de fausses doctrines, et ne s'attache pas aux saines paroles de notre Seigneur Jésus-Christ et à la doctrine qui est selon la piété, il est enflé d'orgueil, il ne sait rien. » (1 Timothée 6.3) Si le Seigneur voit en nous le désir ardent et sincère de le suivre, et de vivre dans sa communion, il nous dira: « Sors sur les traces des brebis ».

 

Conditions pour sortir sur les traces des brebis

 

          Un mouvement et une action sont nécessaires, ainsi que le discernement spirituel. Il s'agit, en effet, de reconnaître les traces du troupeau du berger bien-aimé. Elles nous indiqueront où se trouve le berger lui-même.

          Nous pouvons savoir où le Seigneur fait paître son troupeau, en le percevant chez ses brebis, dans leur vie, sous la direction et la conduite du berger.

          L'amour, la volonté, le renoncement sont également indispensables pour sortir sur les traces des brebis.

          Que dire de l'énergie et de la puissance spirituelle dont il nous faut faire preuve, pour vaincre les influences hostiles, apprendre à sortir de nous-mêmes, être capables de nous aventurer hors de nous-mêmes, et triompher de notre peur ? « L'amour parfait bannit la crainte » (1 Jean 4.18) « Au reste, fortifiez-vous dans le Seigneur, et par sa force toute-puissante » (Éphésiens 6.10).

 

Les traces des brebis

 

          Les traces du troupeau, en Jean 10, partaient du bercail juif. Jésus a fait sortir ses brebis hors de l'ancienne alliance, de la loi, et des ordonnances charnelles. Il dit : « Le portier lui ouvre, et les brebis entendent sa voix; il appelle par leur nom les brebis qui lui appartiennent, et il les conduit dehors » (verset 3). Notez le mot « dehors ». « Lorsqu'il a fait sortir toutes ses propres brebis, il marche devant elles; et les brebis le suivent, parce qu'elles connaissent sa voix » (Jean 10.4). Remarquez le verbe « sortir ».

          Jésus a souffert « hors de la porte ». A l'intérieur, le système religieux bien implanté et corrompu, laissait le peuple dans l'ignorance et l'esclavage. L'autorité et la domination des chefs avaient supplanté depuis longtemps la souveraineté divine. Ce sont ces chefs qui ont crucifié Jésus hors de Jérusalem. Leur orgueil et leur incrédulité les ont fait passer à côté du plan de rédemption divine. La sagesse de Dieu « n'est pas de ce siècle, ni des chefs de ce siècle, qui vont être anéantis; nous prêchons la sagesse de Dieu, mystérieuse et cachée...qu'aucun des chefs de ce siècle n'a connue, car, s'ils l'eussent connue, ils n'auraient pas crucifié le Seigneur de gloire » (1 Corinthiens 2.6-8). La croix a été dressée hors de l'arrogance, de l'incrédulité, de l'hypocrisie, et du mépris. C'est la raison pour laquelle l'Écriture, s'adressant aux chrétiens hébreux, leur rappelle: « Nous avons un autel dont ceux qui font le service au tabernacle n'ont pas le pouvoir de manger. Les corps des animaux, dont le sang est porté dans le sanctuaire par le souverain sacrificateur pour le péché, sont brûlés hors du camp. C'est pour cela que Jésus aussi, afin de sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. Sortons donc pour aller à lui, hors du camp, en portant son opprobre » (Hébreux 13.10-13).

 

          Plus tard, d'autres brebis allaient se joindre à ce troupeau, selon ce que dit Jésus: « J'ai encore d'autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie; celles-là aussi, il faut que je les amène; elles entendront ma voix...» (Jean 10.16). Quelles sont ces « autres brebis » qui ne sont pas de la bergerie juive ? Les païens. Avec cela, s'accordent les paroles de l'apôtre Paul: « C'est pourquoi, vous autrefois païens dans la chair...maintenant, en Jésus-Christ, vous qui étiez jadis éloignés, vous avez été rapprochés par le sang de Christ » (Éphésiens 2.11,13). Ces brebis-là aussi ont dû « sortir ». La parole de Dieu déclare: « Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger. Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l'iniquité ? Ou qu'y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ? Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial ? Ou quelle part a le fidèle avec l'infidèle ? Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? Car nous sommes le temple du Dieu vivant, comme Dieu l'a dit: J'habiterai et je marcherai au milieu d'eux; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. C'est pourquoi, sortez du milieu d'eux, et séparez-vous, dit le Seigneur; ne touchez pas à ce qui est impur, et je vous accueillerai. Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout-puissant. Ayant donc de telles promesses, bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l'esprit, en achevant notre sanctification dans la crainte de Dieu » (2 Corinthiens 6.1'-7.1).

 

          Les deux, païens et Juifs, sont appelés à former un seul troupeau, l'Église, et à suivre un seul berger, Christ. Jésus a dit: « Et il y aura un seul troupeau, un seul berger » (Jean 10.16). L'apôtre Paul écrit: « Car il [Christ] est notre paix, lui qui des deux [païens et Juifs] n'en a fait qu'un, et qui a renversé le mur de séparation, l'inimitié...afin de créer en lui-même avec les deux un seul homme nouveau, en établissant la paix, et de les réconcilier, l'un et l'autre en un seul corps, avec Dieu par la croix... » (Éphésiens 2.14-16).

 

          Revenons à la Sulamithe. Elle devait au moins, en esprit, sortir de l'environnement séducteur dans lequel elle se trouvait, pour rester attachée à son berger. Il en est ainsi de nous. Jésus a prié en ces termes: « Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du mal. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde » (Jean 17.15-16).

 

          Quelles sont les traces des brebis, et par là-même celles du berger, lui qui « nous a laissé un exemple, afin que nous suivions ses traces » (1 Pierre 2.21) ?

 

          La foi, bien évidemment, mais aussi la justice, à l'heure où la chrétienté est largement caractérisée par l'injustice.

 

          Que dire de l'obéissance ? Jésus attend des siens une obéissance pratique, un esprit d'obéissance. Il a dit: « Mes brebis entendent ma voix; je les connais, et elles me suivent » (Jean 10.27).

 

          A cela, s'ajoutent la consécration et la sanctification. « Le solide fondement de Dieu reste debout, avec ces paroles qui lui servent de sceau: Le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent; et: Quiconque prononce le nom du Seigneur, qu'il s'éloigne de l'iniquité. Dans une grande maison, il n'y a pas seulement des vases d'or et d'argent, mais il y en a aussi de bois et de terre; les uns sont des vases d'honneur, et les autres sont d'un usage vil. Si donc quelqu'un se conserve pur, en s'abstenant de ces choses, il sera un vase d'honneur, sanctifié, utile à son maître, propre à toute bonne œuvre. Fuis les passions de la jeunesse, et recherche la justice, la foi, la charité, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur » (2 Timothée 2.19-22).

 

          Ces traces sont suffisamment évidentes et manifestes pour ne pas nous laisser dans l'incertitude.

 

Un seul troupeau

 

          « Il y aura un seul troupeau », dit Jésus. Il nous parle donc d'unité. Par ailleurs, nous avions remarqué que nous pouvons faire une distinction entre son troupeau et ceux de ses compagnons. Pour cela, il nous faut de la spiritualité et du discernement.

          Il arrive que les membres du corps de Christ soient ensemble jusqu'à un certain point, puis se séparent et aillent chacun de son côté. De telles brèches, de tels schismes, de telles divisions soulèvent sérieusement la question des « traces des brebis ». Où sont-elles ? La vérité ne divise pas les saints. Elle tend à les unir: « un seul troupeau, un seul berger ». Dans le cas contraire, nous avons affaire à une autre influence que celle du « seul berger ».

          Mais sommes-nous, nous-mêmes, suffisamment spirituels pour discerner ces choses ? « Il [Christ] a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints en vue de l'œuvre du ministère et de l'édification du corps de Christ, jusqu'à ce que nous soyons tous parvenus à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l 'état d'homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ, afin que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par leur ruse dans les moyens de séduction, mais que, professant la vérité dans la charité, nous croissions à tous égards en celui qui est le chef, Christ. C'est de lui, et grâce à tous les liens de son assistance, que tout le corps, bien coordonné et formant un solide assemblage, tire son accroissement selon la force qui convient à chacune de ses parties, et s'édifie lui-même dans la charité » (Éphésiens 4.11-16).

 

          Là où le berger paît son troupeau, rien ne manque. La nourriture est assurée. De nos jours, bien des personnes savent où trouver de la nourriture spirituelle, mais pour une raison ou une autre, elles n'y vont pas.

 

Le troupeau de Sulamithe

 

          La jeune fille a aussi un troupeau: « Fais paître tes chevreaux », lui est-il demandé (Cantique des cantiques 1.8). En cela, elle est identifiée à celui qu'elle aime.

 

          Apprenons de Jésus à bien faire notre travail. Sulamith doit paître son troupeau près des bergers: « fais paître tes chevreaux près des demeures des bergers ». L'Écriture nous rappelle que nous avons été « édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire » (Éphésiens 2.20).

 

          Il nous faut constamment veiller car s'il y a des bergers, il y a aussi des mercenaires, et même des loups déguisés en vêtements de brebis ! Ceux qui aiment le berger deviennent, dans leur mesure et dans les limites fixées par Dieu pour eux, des « bergers » eux aussi, et ils prennent soin de son troupeau.

 

          Ainsi la Sulamithe a le caractère de celui qu'elle aime, et elle se trouve engagée dans le même service d'amour.

 

          Nous aussi.

 

Paul BALLIERE

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