LA BIEN-AIMEE...COMME LA JUMENT DE SALOMON

 

LA BIEN-AIMÉE...COMME LA JUMENT DE SALOMON

 

« A ma jument qu'on attelle aux chars de Pharaon

je te compare, ô mon amie. Tes joues sont belles au milieu des colliers,

ton cou est beau au milieu des rangées de perles.

Nous te ferons des colliers d'or, avec des points d'argent. »

(Cantique des cantiques 1.9-11)

 

          Ici s'ouvre une nouvelle scène. Salomon entre dans l'appartement, et comble Sulamith de louanges sur sa beauté. Son langage est celui d'un grand de la terre qui croit facile d'éblouir une jeune fille simple par quelques grosses flatteries.

          « A ma jument qu'on attelle aux chars de Pharaon... » C'était un superbe attelage dans lequel se distinguait particulièrement la jument de Pharaon.

          Le roi découvre donc ici une partie de la beauté de la Sulamithe.

 

          L'Église n'est pas sans exercer une attraction sur le monde. Chacun veut la récupérer, même la politique ! Elle ne laisse pas indifférent le prince de ce monde. A l'Église fidèle le soin de veiller, pour ne pas se laisser corrompre, comme ce fut malheureusement le cas de la chrétienté tout au long de sa triste et douloureuse histoire.

 

          « Tes joues sont belles au milieu des colliers »: Salomon continue la comparaison du verset précédent. Les colliers font allusion, par analogie, à l'ornement composé d'une série de plaques de métal, attachées à la crinière des chevaux.

 

          « Ton cou est beau au milieu des rangées de perles ». Perles, ou grains de corail, entourant plusieurs fois le cou des jeunes filles mondaines qui se paraient d'artifices. Notons ici un point important: dans son imprudence – dont nous aurons l'occasion de reparler ultérieurement – Sulamith a perdu de sa beauté naturelle. On a dû commencer à « l'embellir », comme il se devait à la cour de Salomon.

 

          « Nous te ferons des colliers d'or, avec des points d'argent ». Après ses louanges, Salomon croit devoir ajouter des promesses. Il parle d'ornements plus riches encore. Comme nous sommes loin des versets 7 et 8, objets de notre précédente étude! Salomon parle ici de mondanité.

          Les richesses temporelles sont opposées aux richesses spirituelles, et elles servent de tentation pour corrompre l'Église de Jésus-Christ. Avez-vous remarqué le dialogue entre Jésus et l'Église de Laodicée ? Cette dernière déclare, dans son illusion et son aveuglement: « Je suis riche » (Apocalypse 3.17). Mais le Seigneur dit: « ...afin que tu deviennes riche » (Apocalypse 3.18). La richesse du monde n'est que pauvreté aux yeux de notre Maître. Ce qui fait notre richesse, c'est la nature divine en nous, la foi de Dieu, et la grâce.

 

Une comparaison riche d’enseignements

 

          « A ma jument...je te compare... »

 

          Cette comparaison a un sens très profond. Elle renferme une figure militaire. Elle parle de perfection. Les coursiers qui tiraient le char du roi devaient être sans défaut. Dans le domaine spirituel, c'est ce que le Seigneur attend de son peuple. Nous devons tendre à la perfection, selon ce que dit l'Écriture: « C'est pourquoi...tendons à ce qui est parfait » (Hébreux 6.1); et: « En lui [Jésus] Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui » (Éphésiens 1.4). D'autant plus encore pour ceux qui servent le Seigneur à quelque niveau que ce soit.

 

          Cette comparaison évoque également la dignité et l'ornementation. C'était la jument royale, digne dans toute son allure ! Une apparence négligée n'aurait pas convenu à cette fonction. Cette jument donnait une juste impression des richesses et de la puissance de Salomon.

          L'Écriture nous apporte là une leçon spirituelle. Paul écrit: « Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d'une manière digne de la vocation qui vous a été adressée... » (Éphésiens 4.1).

 

          La comparaison faite par Salomon sous-entend aussi la force et la vigueur. Certainement, la jument attelée aux chars de Pharaon n'était pas chétive. Elle devait être débordante de vigueur. Dieu dit à Job: « Est-ce toi qui donnes la vigueur au cheval, et qui revêts son cou d'une crinière flottante ? Le fais-tu bondir comme la sauterelle ? Son fier hennissement répand la terreur. Il creuse le sol et se réjouit de sa force, il s'élance au-devant des armes; il se rit de la crainte, il n'a pas peur, il ne recule pas en face de l'épée. Sur lui retentit le carquois, brillent la lance et le javelot. Bouillonnant d'ardeur, il dévore la terre, il ne peut se contenir au bruit de la trompette. Quand la trompette sonne, il dit: En avant ! Et de loin il flaire la bataille, la voix tonnante des chefs et les cris de guerre » (Job 39.22-28). Amis chrétiens, soyons forts et vigoureux pour notre Roi. Comme l'apôtre, proclamons avec foi: « Je puis tout par celui qui me fortifie » (Philippiens 4.13). Présentement, nous luttons avec la puissance morale et spirituelle pour vaincre ce qui est contre Dieu et contre son oint, Jésus-Christ.

 

          Les paroles de Salomon font également allusion à l'activité. Sa jument était toujours prête à l'action. C'est, en effet, une autre caractéristique d'un coursier qui a atteint son plein développement. Dans le monde spirituel, un empressement permanent à servir le Seigneur, est l'état de l'homme fait, de l'homme adulte en Christ. « Rappelle-leur...d'être prêts à toute bonne œuvre», écrivait Paul à Tite (Tite 3.1).

 

          La jument de Salomon nous donne une leçon de soumission. Cette jument du char royal, avec toute sa pompe et tout son prestige, était très sensible à la main qui la guidait. Il doit en être ainsi de l'Église, l'Épouse, sous la direction aimante de Christ par le Saint-Esprit. Elle est résolue à obéir. « ...Christ est le chef de l'Église, qui est son corps, et dont il est le Sauveur. Or, de même que l'Église est soumise à Christ, les femmes aussi doivent l'être à leurs maris en toutes choses » (Éphésiens 5.23-24).

 

          Soulignons enfin l'évocation des honneurs. En effet, la jument de Salomon était destinée à un service royal. Elle était comme associée au roi. Elle le conduisait partout où il voulait se rendre. Nous aussi, nous sommes des travailleurs associés avec le Seigneur pour rendre témoignage de son nom partout où il le désire. A propos de Saul de Tarse, le Seigneur dit à Ananias: «Va, car cet homme est un instrument que j'ai choisi, pour porter mon nom devant les nations, devant les rois, et devant les fils d'Israël; et je lui montrerai tout ce qu'il doit souffrir pour mon nom » (Actes 9.15-16). Nous n'avons probablement pas tous une sphère d'action aussi large, mais soyons fidèles à notre Roi, portant son honneur partout où nous sommes.

 

L'aspect négatif de la comparaison

 

          Pourquoi la jument de Salomon était-elle attelée aux chars de Pharaon ? Je vous le demande ! Était-ce même une jument d'Israël, ou une jument importée d'Égypte ? Dieu avait pourtant dit à son peuple: « Lorsque tu seras entré dans le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne, lorsque tu le posséderas, que tu y auras établi ta demeure, et que tu diras: Je veux mettre un roi sur moi, comme toutes les nations qui m'entourent, tu mettras sur toi un roi que choisira l'Éternel, ton Dieu, tu prendras un roi du milieu de tes frères, tu ne pourras pas te donner un étranger, qui ne soit pas ton frère. Mais qu'il n'ait pas un grand nombre de chevaux, et qu'il ne ramène pas le peuple en Égypte pour avoir beaucoup de chevaux; car l'Éternel vous a dit: Vous ne retournerez plus par ce chemin-là » (Deutéronome 17.14-16). Malheureusement, Salomon fit le contraire. « C'était de l'Égypte que Salomon tirait ses chevaux; une caravane de marchands du roi les allait chercher par troupes à un prix fixe: un char montait et sortait d'Égypte pour six cents sicles d'argent; et un cheval pour cent cinquante sicles. Ils en amenaient de même avec eux pour tous les rois des Héthiens et pour les rois de Syrie » (1 Rois 10.28-29). Le prophète Esaïe s'écria en son temps: « Malheur à ceux qui descendent en Égypte pour avoir du secours, qui s'appuient sur des chevaux, et se fient à la multitude des chars et à la force des cavaliers, mais qui ne regardent pas vers le Saint d'Israël, et ne recherchent pas l'Éternel...L'Égyptien est homme et non dieu; ses chevaux sont chair et non esprit. Quand l'Éternel étendra sa main, le protecteur chancellera, le protégé tombera, et tous ensemble ils périront » (Esaïe 31.1,3).

 

          « ...Ma jument qu'on attelle aux chars de Pharaon »: c'est donc là le langage de la désobéissance à Dieu, l'aveu du compromis, de la dépendance du monde, de la voie rétrograde, de l'abandon de Dieu, de l'apostasie, de la voie humaine, charnelle, opposée à l'Esprit de Dieu. A la vraie liberté en Christ, le monde religieux, matérialiste, propose un semblant de liberté. En apparence, elle paraît plus réelle. Pharaon avait autrefois asservi Israël. Du temps de Salomon, il l'asservissait encore, mais d'une autre manière, plus subtile, plus feutrée. Pour le diable, peu importe la méthode employée, pourvu qu'il arrive à ses fins ! Que le monde ait une certaine beauté, c'est une évidence ! Sinon, comment Satan tenterait-il de séduire les enfants de Dieu ? « On n'attrape pas des mouches avec du vinaigre », dit le vieux dicton. Le monde, dans son aveuglement, mélange les genres. Dans ses efforts de séduction, il mélange les différentes sortes de beauté. Mais l'Église doit être belle de la beauté de Dieu, et seulement de celle-là. Cette beauté, c'est celle de Christ en nous, par la rédemption. C'est le salut par la foi. C'est la participation à la nature divine. C'est l'immensité de la grâce en vertu de laquelle « je suis ce que je suis ».

 

Paul BALLIERE

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