LA PUISSANCE MALÉFIQUE DU "MAIS"

 

LA PUISSANCE MALÉFIQUE DU « MAIS »

 

          Avez-vous déjà mesuré la puissance de ce petit mot « mais » ? En grammaire, il occupe une place royale dans la tribu des conjonctions. Parmi ces agents de liaison, il joue un rôle paradoxal, car, tout en reliant deux pensées, il a le pouvoir de les opposer.

 

          C’est ainsi qu’il peut introduire de très mauvais compliments immédiatement après une louange fort bien partie. Écoutez, par exemple, cette phrase que je relisais l’autre jour ; il y est question de la main d’une dame... » Et cette main sans pareille, si vous l’aviez vue, est blanche à souhait, mais large, mais charnue, mais boursouflée, mais courte, et tient au bras le mieux nourri que j’aie vu... » C’est féroce, n’est-ce pas ?

 

          Fréquemment, hélas, dans le monde, on se sert de la puissance du « mais » avec une certaine méchanceté, ou, pour être plus précis, avec une méchanceté certaine ! Il y a même de mauvais chrétiens qui s’en servent avec malignité à l’intérieur de la famille qu’est l’Église. Combien de fois le venin insinuant du doute n’a-t-il pas été instillé dans la pensée de quelqu’un par un petit coup de crocs comme celui-ci : « Oh ! c’est une personne tout à fait remarquable, une excellente femme et maîtresse de maison, mais... » Après ce bêlement, il n’est plus besoin de se laisser aller à une critique acerbe et détaillée ; on peut s’arrêter là ; le poison du « mais » maléfique fera le reste.

 

          Amis, voici un petit secret : si vous voulez faire une analyse sommaire et cependant assez juste de la bienveillance ou de la charité de quelqu’un, surveillez l’emploi de ses « mais » ; c’est très révélateur !

 

Attention ! Personnel !..

 

          Pendant que nous en sommes encore aux choses négatives, et pour en finir bien vite avec ce chapitre-là, soyons un peu plus personnels, voulez-vous ? Franchement, avons-nous su tenir en laisse, comme il faut, la puissance maléfique du « mais » ?

 

          Ne pensez-vous pas que, si d’autres peuvent éventuellement se mettre à surveiller nos « mais », il est en tout cas indispensable que nous les surveillions nous-mêmes ? Je crois qu’un peu de discipline et de contrôle personnel dans ce domaine ne peut qu’être profitable.

 

Le « mais » de l’excuse…

 

          M’adressant surtout à des chrétiens convaincus, je voudrais encore les mettre en garde contre les « mais » dont on croit pouvoir se servir pour ne pas obéir immédiatement à un appel de Dieu ou pour ne pas s’aventurer dans une belle et difficile entreprise.

 

          Un jour, tandis que Jésus montait à Jérusalem pour s’y offrir en sacrifice rédempteur, le Maître appela encore quelques disciples à le suivre. Il s’en trouva un pour lui répondre : « Seigneur, permets-moi, d’abord, d’aller ensevelir mon père. » Cela ne signifiait pas que son père venait de mourir, comme on le croit habituellement. Cette réponse, selon le langage oriental, revenait à dire ceci : « Seigneur, je te suivrai quand mon père sera mort ! », c’est-à-dire plus tard...C’était une réponse poliment dilatoire.

 

          A cette même occasion, un autre homme qui se sentait appelé s’exprima de la façon suivante : « Je te suivrai, Seigneur, mais... » Amis, quand le Christ nous appelle, il n’y a pas de « mais » qui tiennent ! Ces « mais » de nos excuses sont à rayer de notre pensée. Ce sont des aiguillages dangereux qui peuvent nous conduire sur de tristes voies de garage…

 

          Viviane avait entendu l’appel de Christ. Elle savait qu’elle avait à se convertir et à suivre joyeusement le Sauveur dans la vie libre et heureuse qu’elle entrevoyait déjà. Pressée de prendre une décision immédiate, elle répondit : « Je le ferai...mais avant, il faut encore que j’aille à cette surprise-partie organisée pour demain... » Remettant bien cavalièrement sa décision de conversion, elle se rendit à cette soirée...Sur le chemin du retour, le trop audacieux conducteur de la voiture où elle avait pris place manqua un virage et Viviane perdit sa vie et son âme dans cet accident...Viviane ajouta son expérience tragique à celles toujours dangereuses de ceux qui ne veulent pas barrer le « mais » de l’excuse... « Je te suivrai, Seigneur, mais... »

 

          Toi, ami, en face du Christ, en face de ta conscience et de ton devoir qui t’appellent, veux-tu barrer le « mais » des soi-disant bonnes, mais toujours mauvaises excuses ?

 

A.H.

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