L'AMOUR SOUFFRANT DE CHRIST
«Tandis que le roi est dans son entourage, mon nard exhale son parfum.
Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe
qui repose entre mes seins.»
(Cantique des cantiques 1.12-13)
« Tandis que le roi est dans son entourage... » (v.12). « Entourage » est un terme qui a dû embarrasser les traducteurs. Certains le rendent par « divan », ou « à table ». Quoi qu'il en soit, Sulamith désigne sans doute par là l'appartement même où elle se rencontre en ce moment avec Salomon.
« Mon nard » (v.12). C'était un parfum tiré de la racine d'une plante portant ce nom. Il était renfermé dans de petits flacons d'albâtre que l'on portait sur la poitrine. Ainsi, la douceur de l'amour de son bien-aimé est pour la jeune fille comme le parfum le plus précieux.
L'amour pour le berger
Dans ces versets 12 et 13, la parole de Dieu nous fait passer à un autre sujet. Ce n'est plus le berger et son troupeau, comme aux versets 7 et 8. Ce n'est plus la préparation au combat (symbolisé par la jument de Salomon), évoquée dans le verset 9.
Nous avons ici l'expression de l'amour pour le berger. Pour les croyants authentiques, il n'y a rien de bon en dehors de Christ. « L'Éternel est mon partage et mon calice; c'est toi qui m'assures mon lot » (Psaume 16.5).
Nous disons volontiers à notre Dieu: « Mieux vaut un jour dans tes parvis que mille ailleurs; je préfère me tenir sur le seuil de la maison de mon Dieu, plutôt que d'habiter sous les tentes de la méchanceté » (Psaume 84.11).
C'est lorsque le Seigneur prend sa place dans notre cœur que se dégage le parfum de notre amour. Pensons à ce que fit Marie, la sœur de Marthe et de Lazare. « Six jours avant la Pâque, Jésus arriva à Béthanie, où était Lazare, qu'il avait ressuscité des morts. Là, on lui fit un souper; Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui se trouvaient à table avec lui. Marie, ayant pris une livre d'un parfum de nard pur de grand prix, oignit les pieds de Jésus, et elle lui essuya les pieds avec ses cheveux; et la maison fut remplie de l'odeur du parfum » (Jean 12.1-3).
Cet amour nous amène à ne pas établir de compromis avec le monde, ni d'union coupable. Sulamith est restée fidèle à son berger. Restons fidèles à Christ. C'est notre amour intense pour le Seigneur qui nous maintiendra dans la sainteté. « N'aimez point le monde, ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est point en lui; car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l'orgueil de la vie, ne vient point du Père, mais vient du monde. Et le monde passe, et sa convoitise aussi; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement...Pour vous, vous avez reçu l'onction de la part de celui qui est saint, et vous avez tous de la connaissance. Je vous ai écrit, non que vous ne connaissiez pas la vérité, mais parce que vous la connaissez, et parce qu'aucun mensonge ne vient de la vérité...Que ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous. Si ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous, vous demeurerez aussi dans le Fils et dans le Père. Et la promesse qu'il nous a faite, c'est la vie éternelle. Je vous ai écrit ces choses au sujet de ceux qui vous égarent. Pour vous, l'onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, et vous n'avez pas besoin qu'on vous enseigne; mais comme son onction vous enseigne toutes choses, et qu'elle est véritable et qu'elle n'est point un mensonge, demeurez en lui selon les enseignements qu'elle vous a donnés » (1 Jean 2.15-17,20-21,24-27).
Notre amour pour Christ est une puissance qui nous sépare de ce siècle mauvais. Il n'en est pas ainsi dans le cœur des croyants infidèles auxquels Jacques s'adresse dans son épître: « Adultères que vous êtes! Ne savez-vous pas que l'amour du monde est inimitié contre Dieu ? Celui donc qui veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu. Croyez-vous que l'Écriture parle en vain ? C'est avec jalousie que Dieu chérit l'Esprit qu'il a fait habiter en nous » (Jacques 4.4-5).
Salomon est dans son entourage, à sa table, et il tente de séduire la jeune fille. De la même manière, par une sorte d'abondance, de repos trompeur, et de fausse paix, le monde essaie de détourner l'Église de son Seigneur. Mais l'âme fidèle ne se laisse pas prendre. Elle reste attachée aux vraies promesses de son Bien-aimé: « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne se trouble point, et ne s'alarme point » (Jean 14.27). Et Jésus a ajouté: « Le prince du monde vient. Il n'a rien en moi » (Jean 14.30). Que l'adversaire n'ait rien en nous, aucun territoire, pas même la moindre parcelle de nos pensées ou de nos sentiments ! Notre Berger divin mérite notre fidélité, notre séparation d'avec le monde, et notre sainteté.
Jésus comme la myrrhe
Nous en avons abondamment parlé dans l'étude précédente. Mais revenons sur ce texte.
Ce verset est très intime et personnel. La version Darby, et d'autres traductions rendent ainsi ce verset 13: « Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe; il passera la nuit entre mes seins ». C'est ce que dit littéralement le texte hébreu. Cette parole indique combien le Seigneur doit être aimé dans le secret d'une affection personnelle. Pour le croyant fidèle, il ne s'agit pas de faire semblant d'aimer Christ devant les autres !
« Il passera la nuit entre mes seins ». Pendant la nuit de son rejet sur la terre, Christ repose dans les affections de son épouse, avec le parfum de son amour souffrant. Israël a rejeté le Roi céleste au profit d'un roi terrestre. Sulamith symbolise l'Israël fidèle à l'Éternel, et elle est aussi l'image de l'Église fidèle à Christ dans ces temps mauvais, dans cette nuit qui s'abat sur le monde. « La nuit est avancée, le jour approche. Dépouillons-nous donc des œuvres des ténèbres, et revêtons les armes de la lumière. Marchons honnêtement, comme en plein jour, loin des excès et de l'ivrognerie, de la luxure et de l'impudicité, des querelles et des jalousies. Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, et n'ayez pas soin de la chair pour en satisfaire les convoitises » (Romains 13.12-14).
La myrrhe parle en effet des souffrances de Jésus-Christ.
Des souffrances annoncées: « Ils [les mages] entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l'adorèrent; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l'or, de l'encens et de la myrrhe » (Matthieu 2.11).
Des souffrances endurées à la croix: « Ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de myrrhe, mais il ne le prit pas » (Marc 15.23).
Des souffrances consommées: « Après cela, Joseph d'Arimathée, qui était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs, demanda à Pilate la permission de prendre le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Il vint donc, et prit le corps de Jésus. Nicodème, qui auparavant était allé de nuit vers Jésus, vint aussi, apportant un mélange d'environ cent livres de myrrhe et d'aloès. Ils prirent donc le corps de Jésus, et l'enveloppèrent de bandes, avec les aromates, comme c'est la coutume d'ensevelir chez le Juifs » (Jean 19.38-40).
Nous devrions chérir plus abondamment notre Seigneur Jésus-Christ à cause de son amour; un amour qui l'a amené à donner sa vie pour nous. Aimons-le ardemment pour un tel sacrifice !
La contemplation des souffrances de Jésus-Christ nous éloigne de notre propre volonté et de toute satisfaction personnelle. Considérons que, dans ses souffrances, il s'est livré à la volonté de Dieu, il s'est donné pour Israël, et il s'est donné pour son Église. Son sang fut répandu, et sa vie fut livrée pour que nous connaissions l'amour infini de Dieu. Il fut l'homme de douleur, habitué à la souffrance, celui qui s'est fait pauvre afin que nous soyons enrichis.
Le temps est à venir où, après de longues et accablantes souffrances, Israël verra que son Messie s'est identifié à ses souffrances et a été blessé pour ses transgressions. Pour le peuple élu, le Bien-aimé sera alors un bouquet de myrrhe.
« Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe ». Ces paroles montrent que, bien qu'étant dans l'entourage de Salomon, la jeune fille a conscience d'être près de son bien-aimé. Il doit en être ainsi de nous. Nous sommes dans l'entourage du monde, nous voyons sa « table », mais nous marchons comme voyant celui qui est invisible. Les yeux de notre cœur contemplent Jésus, couronné de gloire et d'honneur. Nous comprenons que son amour a dû souffrir pour nous acquérir. Il n'est pas seulement question d'expiation, mais aussi d'union, de communion intime avec lui, et de la jouissance de son amour.
C'est ce souvenir que nous partageons dans la Cène. Là, le Roi est à table avec nous. C'est sa table. Il serait bon que notre nard exhale son parfum !
Jésus n'a pas seulement porté nos péchés. Il nous voulait pour lui-même, pour le plaisir de Dieu, dans une éternelle intimité d'amour. « ...notre Sauveur Jésus-Christ...s'est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité, et de se faire un peuple qui lui appartienne, purifié par lui, et zélé pour les bonnes œuvres » (Tite 2.14).
Quel bonheur pour le cœur de Christ de voir les souffrances de son amour portées dans nos cœurs pendant la nuit de son absence et de son rejet dans ce monde !
Pour l'éternité, son amour souffrant trouvera place dans le cœur des rachetés. Le bouquet de myrrhe ne perdra jamais son parfum. Lorsque la nuit sera passée, il sera encore là, jusque dans le jour éternel de Dieu.
C'est sur notre cœur que Christ se réjouit de reposer. Laissons-nous embaumer jour et nuit par le sentiment de son amour. « A cause de cela, dit Paul, je fléchis les genoux devant le Père, duquel tire son nom toute famille dans les cieux et sur la terre, afin qu'il vous donne, selon la richesse de sa gloire, d'être puissamment fortifiés par son Esprit dans l'homme intérieur, en sorte que Christ habite dans vos cœurs par la foi, afin qu'étant enracinés et fondés dans l'amour, vous puissiez comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur, et connaître l'amour de Christ, qui surpasse toute connaissance, en sorte que vous soyez remplis jusqu'à toute la plénitude de Dieu » (Ephésiens 3.14-19).
« ...entre mes seins ». Salomon n'a pu parler que des joues et du cou de Sulamith (v.10). Elle, elle parle de la position de son bien-aimé « entre ses seins ». Le monde peut voir l'extérieur du chrétien, l’extérieur de l'Église; seul Christ pénètre dans l'intimité de notre vie, dans notre cœur, et il en connaît tous les secrets, toutes les profondeurs.
Paul BALLIERE
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