LE NARCISSE, LE LIS, LES VALLÉES ET LES ÉPINES

 

LE NARCISSE, LE LIS, LES VALLEES ET LES EPINES

 

«Je suis un narcisse de Saron, un lis des vallées.

Comme un lis au milieu des épines, telle est mon amie

parmi les jeunes filles.»

(Cantique des cantiques 2.1-2)

 

          On met souvent ces mots du verset premier dans la bouche du bien-aimé. Mais cela n'a aucun sens. S'il y a bien trois personnages dans le Cantique, comme nous le pensons, Salomon ne peut pas dire cela de lui-même. Quant au berger, il est toujours absent. Ces deux versets rapportent, en fait, les paroles de Sulamith.

 

          Il y a ici, entre autres choses, une expression d'humilité. Sulamith exprime la modeste opinion qu'elle a d'elle-même. Le narcisse (ou la rose) de la plaine, et le lis des vallées ne sont que des fleurs humbles. La jeune fille sent qu'elle n'a rien en elle-même qui la rende meilleure que les autres. C'est comme si elle disait: « Je ne suis qu'une fleur sauvage, une fleur des champs ».

 

          Quelle leçon pour nous, et quelle espérance aussi ! Car l'Ecriture déclare: « Ecoutez, mes frères bien-aimés: Dieu n'a-t-il pas choisi les pauvres aux yeux du monde, pour qu'ils soient riches en la foi, et héritiers du royaume qu'il a promis à ceux qui l'aiment ? » (Jacques 2.5).

 

Une suite logique

 

          En donnant son identité de cette manière, la jeune fille explique sa préférence, évoquée dans les précédents versets: « Notre lit, c'est la verdure. Les solives de nos maisons sont des cèdres, nos lambris sont des cyprès » (1.16b-17). Le luxueux palais de Salomon ne l'attire pas le moins du monde. Elle n'est pas née dans les villes, elle est une fille des campagnes.

          « Je suis un narcisse », dit-elle; ou selon d'autres traductions « un crocus », « une tulipe », « une rose ».

 

Le narcisse de Saron

 

          Cette fleur printanière annonce l'été. « Le désert et le pays aride se réjouiront; la solitude s'égaiera, et fleurira comme un narcisse; elle se couvrira de fleurs, et tressaillira de joie, avec chants d'allégresse et cris de triomphe; la gloire du Liban lui sera donnée, la magnificence du Carmel et de Saron. Ils verront la gloire de l'Eternel, la magnificence de notre Dieu » (Esaïe 35.1-2).

 

          Ce que Jésus a fait de nous annonce l'été spirituel. « Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté; mais nous savons que, lorsque cela sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu'il est » (1 Jean 3.2). Je suis persuadé », dit Paul, « que celui qui a commencé en vous cette bonne oeuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ » (Philippiens 1.6).

 

          La rose est considérée comme la reine des fleurs. Symboliquement, elle évoque à merveille l'oeuvre de Christ, une oeuvre unique, sublime, à laquelle aucune morale, aucune philosophie, aucune religion ne peut lui être comparée.

 

          « De Saron ». Il s'agit de la côte méditerranéenne qui s'étend de Jaffa jusqu'au Carmel. Cette plaine était réputée pour la richesse de sa végétation. La rose de Saron était la plus belle et la plus rare des roses. Nous saisissons ici l'image de l'Ecriture: l'oeuvre de la grâce en nous, nous conduit vers la pureté et la perfection divine.

 

          « Au milieu des épines ». Avant de faire mention des épines, la jeune fille avait parlé de narcisse (ou de rose), et de lis. Certains croyants ont la fâcheuse habitude de ne voir, dans la vie chrétienne, que les difficultés, les épreuves et les tribulations. S'il est vrai que les épines se développent, le lis pousse aussi. Soyons de ceux qui ne craignent pas l'adversité, la honte, la moquerie, l'opposition, mais qui osent s'engager, affrontant l'hostilité avec courage et détermination. Ceux-là bénéficient de toutes les richesses de la grâce dispensées par la main généreuse de leur Père céleste.

          Le prophète Ézéchiel, lui aussi, devait affronter les épines. Dieu lui dit: « Fils de l'homme, je t'envoie...vers ces peuples rebelles, qui se sont révoltés contre moi; eux et leurs pères ont péché contre moi, jusqu'au jour même où nous sommes. Ce sont des enfants à la face impudente et au cœur endurci; je t'envoie vers eux...ne les crains pas et ne crains pas leurs discours, quoique tu aies auprès de toi des ronces et des épines, et que tu habites avec des scorpions » (Ézéchiel 2.3-4,6).

          L'apôtre Pierre fut un narcisse de Saron. Comme il « visitait tous les saints, ils descendit aussi vers ceux qui demeuraient à Lydde. Il y trouva un homme nommé Enée, couché sur un lit depuis huit ans, et paralytique. Pierre lui dit: Enée, Jésus-Christ te guérit; lève-toi, et arrange ton lit. Et aussitôt, il se leva. Tous les habitants de Lydde et du Saron le virent, et ils se convertirent au Seigneur » (Actes 9.32-35). Face à l'infirmité, à la souffrance, à l'ignorance et au péché, l'apôtre fut le narcisse de Christ dans la région du Saron, embaumant toute cette contrée de la bonne odeur de son Seigneur.

 

          Le narcisse est une fleur très odorante. Son parfum est plaisant et rafraîchissant.

          Comme Pierre, comme Paul, et tant d'autres, répandons le parfum suave de Jésus.

          « Grâces soient rendues à Dieu, qui nous fait toujours triompher en Christ, et qui répand par nous en tout lieu l'odeur de sa connaissance ! Nous sommes, en effet, pour Dieu la bonne odeur de Christ, parmi ceux qui sont sauvés et parmi ceux qui périssent » (2 Corinthiens 2.14-15).

 

          Que l'on retire les pétales du narcisse un à un pour les placer dans un vase, ils gardent leur parfum. Nos persécuteurs nous dépouillent dans le vase de leur haine ? Le Seigneur permet notre dépouillement dans le vase de l'épreuve ? Gardons le parfum de Christ en nous !

 

Le lis des vallées

 

          Il existe plusieurs fleurs de différentes couleurs qui portent ce nom. On peut penser ici à l'anémone rouge.

 

          L'image est saisissante. Nous devons notre beauté spirituelle à la purification par le sang de Jésus. Nous sommes vêtus du rouge rédempteur.

 

          Par ailleurs, Jésus dit: « Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une coudée à la durée de sa vie ? Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement ? Considérez comment croissent les lis des champs: ils ne travaillent ni ne filent; cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux. Si Dieu revêt ainsi l'herbe des champs, qui existe aujourd'hui et qui demain sera jetée au four, ne vous vêtira-t-il pas à plus forte raison, gens de peu de foi ? » (Matthieu 6.27-30). Le lis nous enseigne la dépendance de Dieu pour nos besoins terrestres et légitimes. Faisons pleinement confiance à notre Père céleste. Il saura pourvoir à tous nos besoins. Plus encore: c'est lui aussi qui vêt notre âme, non comme récompense de nos œuvres, mais en réponse à notre foi. Notre vêtement est Christ lui-même. « Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, et n'ayez pas soin de la chair pour en satisfaire les convoitises » (Romains 13.14). Soyons aujourd'hui, comme l'Israël de demain, auquel l'Éternel a fait cette promesse: « Je serai comme la rosée pour Israël, il fleurira comme le lis » (Osée 14.5).

 

          Salomon, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un des lis des champs. C'est Jésus qui le dit ! Une seule petite fleur des champs était plus belle que toute la gloire de ce grand roi ! Ne nous laissons pas impressionner par le jugement et l'appréciation de ce monde. Notre beauté spirituelle est de loin supérieure au faste de la terre.

 

          « Un lis des vallées ». On appelle « champ » une surface de terre plane, réservée à la culture, et travaillée par des agriculteurs. Mais le mot « vallée » fait penser ici à des terrains plus rocailleux et incultes. Il est l'image du monde. Nous sommes appelés à être des lis dans les vallées de ce monde impur, incrédule, désespéré, laid et infidèle.

 

          Après avoir été imprégné de la gloire magnifique, sur la montagne de la transfiguration, Jésus a été le lis dans la vallée de l'enfant lunatique, possédé d'un démon; et il l'a délivré. C'est aussi la vocation de l'Église: être un lis dans les vallées si nombreuses de nos contemporains.

 

Un lis au milieu des épines

 

          « Comme un lis au milieu des épines, telle est mon amie parmi les jeunes filles. » (verset 2) Par ces paroles adressées à la Sulamithe, Salomon entre dans la pensée de la jeune fille, mais il la corrige et la change en louange. Il oppose le lis aux épines, qui sont aussi l'emblème de tout ce qui est fastidieux et opposé à l'action de la Parole de Dieu. Jésus a parlé des épines des soucis, de la séduction des richesses, et de l'invasion des convoitises (Marc 4.18-19).

 

          Il y avait un contraste évident entre Sulamith et les jeunes filles mondaines qui l'entouraient.

          Il en est ainsi de nous, qui sommes environnés de vanité, d'impureté et de méchanceté. C'est pourquoi Paul nous exhorte en ces termes: « Faites toutes choses sans murmures ni hésitations, afin que vous soyez irréprochables et purs, des enfants de Dieu irrépréhensibles au milieu d'une génération perverse et corrompue... » (Philippiens 2.14-15).

 

          Le mot hébreu traduit par « épines » dans ce verset du Cantique, évoque des chardons envahissant la terre. Dans ces buissons, le lis fait figure de miracle, par sa forme, sa couleur et son parfum.

          Du temps de l'apôtre Paul, au milieu des buissons et des chardons de la maison de César, il y avait les saints, les lis de Dieu: « Tous les saints vous saluent, et principalement ceux de la maison de César » (Philippiens 4.22). Ils étaient un miracle du Saint-Esprit. S'ils ont pu vivre leur foi et refléter Christ dans la plus farouche hostilité, nous le pouvons aussi. Leur Dieu est notre Dieu. Leur force est notre force. Nous n'aurions aucune excuse pour justifier notre défaillance et notre infidélité au Seigneur.

 

Paul BALLIERE

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