LA BANNIÈRE DE L'AMOUR

 

LA BANNIERE DE L'AMOUR

 

« Et la bannière qu'il déploie sur moi, c'est l'amour. »

(Cantique des cantiques 2.4)

 

          Sulamith est envahie par l'amour de son bien-aimé. Son cœur est tellement plein d'amour pour lui que tout ce qui peut se passer autour d'elle la laisse indifférente. Elle va jusqu'à dire qu'elle est malade d'amour. Il semble même qu'elle va sombrer dans une sorte d'extase. Nous en reparlerons lorsque nous méditerons les versets cinq à sept de ce deuxième chapitre du Cantique.

 

          « La bannière », ou selon d'autres traductions « l'étendard ». C'est un drapeau renfermant tout un symbole. Il était, dans certains cas, une enseigne de guerre, symbole de la patrie, d'un État, ou d'un empire. C'est aussi un signe de ralliement, symbole d'un parti, ou d'une cause.

 

La bannière de l'amour

 

          La vraie base de notre relation avec Dieu, c'est l'amour, et non le légalisme. C'est-à-dire que nous vivons, agissons, servons, et obéissons, non par devoir, non par contrainte, non pour produire des œuvres nous permettant de « monnayer » la bénédiction de Dieu, ou même son salut, mais parce que nous aimons le Seigneur.

          « La crainte n'est pas dans l'amour, mais l'amour parfait bannit la crainte; car la crainte suppose un châtiment, et celui qui craint n'est pas parfait dans l'amour » (1 Jean 4.18). Il ne s'agit pas, dans ce texte, de la sainte crainte de Dieu, mais d'une mauvaise crainte résultant d'une relation faussée avec le Seigneur. Prenons un exemple pour illustrer notre propos. Il existe une grande différence entre l'épouse qui rentre à l'heure à la maison de crainte d'être réprimandée, et celle qui le fait parce qu'elle aime son mari. De même, il existe une grande différence entre l'esclave et le fils. A ce propos, Paul écrit dans sa lettre aux Romains: « Et vous n'avez point reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte; mais vous avez reçu un Esprit d'adoption, par lequel nous crions: Abba! Père! » (Romains 8.15).

          C'est la raison pour laquelle un père de l'Église a dit: « Aime Dieu, et fais ce que tu voudras ».

 

Un symbole de ralliement

 

          « Il [le Seigneur] élèvera une bannière pour les nations, il rassemblera les exilés d'Israël, et il recueillera les dispersés de Juda, des quatre extrémités de la terre » (Esaïe 11.12).

          « Ainsi a parlé le Seigneur, l’Eternel : Voici: Je lèverai ma main vers les nations, je dresserai ma bannière vers les peuples; et ils ramèneront tes fils entre leurs bras, ils porteront tes filles sur les épaules » (Esaïe 49.22).

 

          Notre Roi déploie la bannière de l'amour sur tous ceux qui lui appartiennent. Toute l'armée du Seigneur est rangée derrière cette bannière-là. Jésus a prié le Père en ces termes: « Je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux, et que je sois en eux » (Jean 17.26). Jésus dit encore: « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui qui m'aime; et celui qui m'aime sera aimé de mon Père, je l'aimerai et je me ferai connaître à lui » (Jean 14.21). L'apôtre Paul écrit: « Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, à qui nous devons d'avoir eu par la foi accès à cette grâce, dans laquelle nous demeurons fermes, et nous nous glorifions dans l'espérance de la gloire de Dieu…Or, l'espérance ne trompe point, parce que l'amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » (Romains 5.1-2,5).

 

Un symbole de l'amour conquérant du Seigneur

 

          En dessous de cette bannière, la fiancée fait une entrée triomphale.

 

          Christ a vaincu par l'amour. La croix, lieu de victoire totale sur le diable, les démons, le monde, la chair, le péché, et la maladie, est la « bannière » de l'amour absolu et parfait. « Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle » (Jean 3.16). « ...Que vous puissiez comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur, et connaître l'amour de Christ, qui surpasse toute connaissance... » (Ephésiens 3.18-19). Identifiée à Christ dans sa mort, l'Église triomphe dans tous ses combats. Chantons donc...

 

La croix reste debout

Elle domine tout

C'est en vain que la haine

Contre elle se déchaîne

Lumineuse et sereine

La croix reste debout

 

Sur elle en Golgotha

Le Fils de Dieu monta

Amour incomparable

Ce Sauveur adorable

Pour l'homme misérable

Mourut en Golgotha

 

Soldats du Roi des rois

Portons partout sa croix

Car tous ceux qu'il délivre

Sous la croix doivent vivre

Sur la croix doivent suivre

Jésus le Roi des rois

 

Alléluia! Alléluia!

Au plus fort des combats

Alléluia! Alléluia!

La croix ne recule pas!

 

Un symbole de l'amour protecteur

 

          Une traduction dit: « Et l'étendard qui me protège, c'est l'amour ». Rappelons-nous les paroles de David dans le Psaume 20: « Que l'Éternel t'exauce au jour de la détresse, que le nom du Dieu de Jacob te protège! Que du sanctuaire il t'envoie du secours, que de Sion il te soutienne!..Nous nous réjouirons de ton salut, nous lèverons l'étendard au nom de notre Dieu; l'Éternel exaucera tous tes vœux » (v.2-3,6).

 

          Sulamith a beau être captive, elle sent que l'amour de son bien-aimé la protège contre les séductions dont elle est l'objet. Il en est ainsi pour nous. C'est l'amour de Jésus qui nous assure la protection contre les assauts du monde et ses attraits destructeurs. Certains croyants pensent, bien à tort, qu'il faut être dans un lieu spécial, ou dans des conditions particulièrement favorables pour pouvoir tenir spirituellement. Je ne dis pas que le croyant peut s'offrir le luxe d'aller n'importe où, avec n'importe qui. Loin s'en faut ! Je dis que si certaines circonstances de la vie nous placent, indépendamment de notre volonté, dans des conditions défavorables, l'amour du Seigneur nous gardera sûrement. Harcelé quotidiennement sur son lieu de travail par une femme perverse, Joseph resta debout. Nous le pourrons aussi dans toutes les situations où nous nous trouverons. Au milieu même du monde, Jésus est près de nous, en nous, si nous sommes en lui. Tout est là.

 

          Enfermée dans le palais, Sulamith restait près de son bien-aimé, dans son cœur. On avait enfermé son corps, mais son esprit et son cœur étaient restés libres. C'est pour cette raison qu'elle demeura triomphante jusqu'au bout.

 

          Rués de coups, et jetés dans la prison intérieure de la ville de Philippes, Paul et Silas ne succombèrent pas à la tentation des murmures, de la révolte, ou du découragement. Vers le milieu de la nuit, ils priaient et chantaient les louanges de Dieu (Actes 16.25-26). Considérons le bel exemple des chrétiens persécutés, emprisonnés. La liberté du cœur est la plus extraordinaire qui soit !

 

          Frères et sœurs, la prison que vous avez le plus à craindre est celle du péché. Combien de croyants sont enfermés dans la cellule de la haine, la geôle du ressentiment, ou la cellule de la jalousie ! Vous savez si vous êtes prisonniers. Vous savez ce qui vous enferme. Cherchez vite votre libération dans le Seigneur Jésus.

 

Un symbole de puissance

 

          Cette bannière de l'amour est également le symbole de la puissance qui envahit la bien-aimée et domine tout son être.

 

          Paul a écrit: « L'amour de Christ nous presse » (2 Corinthiens 5.14). Notre liberté d'accès vient aussi de l'amour puissant de Jésus: « Si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi » (Galates 2.20).

 

Un symbole d'ordre

 

          Rappelons ici les ordonnances divines concernant le campement des enfants d'Israël. Dieu dit: « Les enfants d'Israël camperont chacun dans son camp, chacun près de sa bannière, selon leurs divisions...Les enfants d'Israël camperont chacun près de sa bannière, sous les enseignes de la maison de ses pères; ils camperont vis-à-vis et tout autour de la tente d'assignation. A l'orient, le camp de Juda, avec sa bannière, et avec ses corps d'armée...Au midi, le camp de Ruben, avec sa bannière, et avec ses corps d'armée...A l'occident, le camp d'Ephraïm, avec sa bannière, et avec ses corps d'armée...Au nord, le camp de Dan, avec sa bannière, et avec ses corps d'armée » (Nombres 1.52; 2.2,3,10,18,25). Lorsque le peuple partit du Sinaï, « la bannière du camp des fils de Juda partit la première, avec ses corps d'armée...La bannière du camp de Ruben partit, avec ses corps d'armée...La bannière du camp des fils d'Ephraïm partit, avec ses corps d'armée...La bannière du camp des fils de Dan partit, avec ses corps d'armée...Tel fut l'ordre d'après lequel les enfants d'Israël se mirent en marche, selon leurs corps d'armée; et c'est ainsi qu'ils partirent » (Nombres 10.14,18,22,25,28).

 

          Un proverbe dit: « Charité bien ordonnée commence par soi-même ». Même si la conception chrétienne de la charité peut, à juste titre, contester ces propos, ces derniers expriment néanmoins une réalité: la charité doit avoir de l'ordre ! Sous une bannière, les troupes sont bien ordonnées. La charité doit l'être aussi. Le Maistre de Sacy a traduit notre verset du Cantique des cantiques de la manière suivante: « Il a réglé dans moi mon amour ». Il peut y avoir du désordre dans notre amour. Par quelques exemples: nous aimons ce que nous ne devrions pas aimer: le monde et les choses du monde. Nous aimons ceux que nous devons aimer, mais plus qu'il n'est juste de le faire. C'est ainsi qu'un être cher prend la première place dans notre cœur, et devient une idole. Jésus a dit: « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi » (Matthieu 10.37). Nous aimons ceux que nous devons aimer, mais moins que nous le devrions: nos frères en la foi, les âmes perdues. Il est donc indispensable que nous laissions le Seigneur mettre de l'ordre dans nos sentiments, et régler notre amour. L'apôtre Paul a écrit: « Pour ce qui est de l'amour fraternel, vous n'avez pas besoin qu'on vous en écrive; car vous avez vous-mêmes appris de Dieu à vous aimer les uns les autres, et c'est aussi ce que vous faites envers tous les frères dans la Macédoine entière. Mais nous vous exhortons, frères, à abonder toujours plus dans cet amour » (1 Thessaloniciens 4.9-10).

          Notre amour pour Dieu doit être le premier. Et pour cet amour-là, il n'y a pas de mesure. « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée » (Luc 10.27). Il est malheureusement possible d'avoir, à l'égard du Seigneur, un sentiment inférieur à celui que nous devrions éprouver.

 

          Lorsqu'il est question du prochain, le langage n'est pas le même: « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Matthieu 22.39). Il est possible qu'entre notre amour pour nous-même et notre amour pour le prochain, nous n'ayons pas gardé un sentiment d'égalité. Reconnaissons honnêtement que, bien souvent, nous avons fait des différences notoires. Or, l'Écriture dit: « comme toi-même ».

 

          Dans bien des domaines, notre amour n'est pas en ordre. Apprenons de notre Bien-aimé. A-t-il aimé, de la même manière, les Hébreux et les Égyptiens ? A-t-il aimé le reste d'Israël, comme il a aimé Moïse, Aaron et Marie ? A-t-il aimé Aaron et Marie, comme il a aimé Moïse ? Nous voyons bien que le Seigneur règle la balance de son amour.

 

          Ô, que notre Bien-aimé déploie sur nous la bannière de l'amour ! Apprenons de lui à aimer, à bien aimer.

 

          Considérons l'amour fraternel. La parole de Dieu dit: « C'est pourquoi, renoncez au mensonge, et que chacun de vous parle selon la vérité à son prochain; car nous sommes membres les uns des autres » (Ephésiens 4.25). Il nous convient de garder l'ordre de l'amour. Nos frères ne sont pas des étrangers, mais nos membres !

 

          A propos de notre comportement à l'égard des responsables spirituels, Paul écrit: « Nous vous prions, frères, d'avoir de la considération pour ceux qui travaillent parmi vous, qui vous dirigent dans le Seigneur, et qui vous exhortent. Ayez pour eux beaucoup d'affection, à cause de leur œuvre » (1 Thessaloniciens 5.12-13). Notons bien la remarque de l'apôtre: « à cause de leur œuvre ». Ces hommes travaillent, dirigent, exhortent. Nous aurons pour eux « beaucoup d'affection ». Il n'en sera pas ainsi à l'égard de ceux qui ne font rien, et ne vivent qu'en égoïstes au sein du peuple de Dieu.

 

          Le frère fidèle, saint, pur, vrai, obéissant à Dieu, sera aimé d'une autre manière que celui qui ne marche pas droit. Le Seigneur a-t-il aimé les autres disciples comme il a aimé Jean ? Que dit l'Écriture ? « Un des disciples, celui que Jésus aimait, était couché sur le sein de Jésus » (Jean 13.23). Lors de la crucifixion, « Jésus, voyant sa mère, et auprès d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère: Femme voilà ton fils » (Jean 19.26). Le matin de la résurrection, Marie de Magdala « courut vers Simon Pierre et vers l'autre disciple que Jésus aimait... » (Jean 20.2). Un matin, Jésus ressuscité s'était encore montré à ses disciples. « Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre: C'est le Seigneur! » (Jean 21.7). Un peu plus tard, alors qu'il venait d'avoir un entretien privé avec le Seigneur, « Pierre, s'étant retourné, vit venir après eux le disciple que Jésus aimait, celui qui, pendant le souper, s'était penché sur la poitrine de Jésus » (Jean 21.20).

 

          Pour ce qui est de l'amour pour nos ennemis, que nous enseigne Jésus ? « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent... » (Matthieu 5.44). Pour cet amour-là aussi, il y a de l'ordre, et Jésus déploie sa bannière. Il existe une différence notoire entre l'ennemi « se conduisant bien », chaste, sobre, tout en se fourvoyant sur certains points en homme qu'il est, et l'ennemi prompt à ce qui est scandaleux, ne faisant rien de saint, ni de religieux. Sinon, pourquoi cette note importante dans l'évangile de Marc, à propos du jeune homme riche: « Jésus, l'ayant regardé, l'aima » (10.21) ? N'en déplaise à certains promoteurs de l'amour mièvre, Dieu déploie la bannière de l'amour, et il a de l'ordre dans sa façon d'aimer. Certes, la force d'amour est unique. Mais il y a des motifs, et un ordre d'aimer. Sous la bannière de l'amour, nous rangeons notre manière d'aimer selon le modèle divin.

 

La force de la bien-aimée

 

          C'est tout ce que nous venons d'étudier qui fait de la bien-aimée ce qu'elle est: « Tu es belle, mon amie, comme Thirtsa, agréable comme Jérusalem, mais terrible comme des troupes sous leurs bannières...Qui est celle qui apparaît comme l'aurore, belle comme la lune, pure comme le soleil, mais terrible comme des troupes sous leurs bannières ? » (Cantique des cantiques 6.4,10). La bannière de l'amour de son bien-aimé la rend redoutable.

 

          Il peut en être ainsi de nous. Le Saint-Esprit place devant nous cette voie d'excellence, d'équilibre et de maturité, dans laquelle nous devons et pouvons marcher.

 

Paul BALLIERE

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