MALADE D'AMOUR

 

MALADE D'AMOUR

 

« Soutenez-moi avec des gâteaux de raisins,

fortifiez-moi avec des pommes; car je suis malade d'amour.

Que sa main gauche soit sous ma tête, et que sa droite m'embrasse!

Je vous en conjure, filles de Jérusalem, par les gazelles et les biches des champs,

ne réveillez pas, ne réveillez pas l'amour, avant qu'elle le veuille. »

(Cantique des cantiques 2.5-7)

 

La bien-aimée malade d'amour

 

          Sulamith est malade d'amour, ou blessée de charité (selon certaines traductions) devant toute l'expression de l'amour de son bien-aimé. Elle a désiré s'asseoir à son ombre; il l'a fait entrer dans la maison du vin; et la bannière qu'il déploie sur elle, c'est l'amour (versets 3 et 4).

          L'amour a comme blessé la jeune fille. Elle défaille, tant il est vrai qu'il n'y a pas d'amour sans souffrances. Elle cherche du soutien afin de pouvoir supporter le caractère si béni de l'amour qui l'étreint. La joie est si grande qu'elle paraît à Sulamith ne pouvoir être supportée sans un fortifiant spécial.

 

          Il est possible d'avoir un tel sentiment débordant de l'amour de Christ, que nous ayons besoin d'être soutenus et fortifiés pour le supporter. D'autant plus que Dieu visite les siens en sainteté et en gloire. N'est-ce pas ce qu'éprouve le psalmiste lorsqu'il dit: « Mon âme soupire et languit après les parvis de l'Éternel, mon cœur et ma chair poussent des cris vers le Dieu vivant » (Psaume 84.3) ?

          L'être malade d'amour s'écrie: « Comme une biche soupire après des courants d'eau, ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu! Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant: quand irai-je et paraîtrai-je devant la face de Dieu ? » (Psaume 42.2-3).

          Sommes-nous envahis d'un sentiment aussi débordant ? Pouvons-nous dire à notre bien-aimé Seigneur: « Mon âme languit après ton salut; j'espère en ta promesse. Mes yeux languissent après ta promesse; je dis: quand me consoleras-tu ?..Mes yeux languissent après ton salut, et après la promesse de ta justice » (Psaume 119.81,82,123) ?

          Il est possible d'être malade d'amour pour Jésus-Christ, d'être bouleversé par son amour au point de soupirer de désir jour et nuit, et de dire: « Au jour de ma détresse, je cherche le Seigneur; la nuit, mes mains sont étendues sans se lasser; mon âme refuse toute consolation. Je me souviens de Dieu, et je gémis; je médite, et mon esprit est abattu. Tu tiens mes paupières en éveil; et, dans mon trouble, je ne puis parler. Je pense aux jours anciens, aux années d'autrefois. Je pense à mes cantiques pendant la nuit, je fais des réflexions au dedans de mon cœur, et mon esprit médite » (Psaume 77.3-7). Sommes-nous remplis de l'amour de Jésus au point de ne pouvoir parler de rien d'autre ? De ne vouloir entendre rien d'autre ? De ne savoir penser à rien d'autre ? De ne prendre plaisir à désirer, souhaiter, espérer rien d'autre que Christ ? Il convient que Jésus nous envahisse à ce point de son amour, que nous disions comme l'apôtre Paul: « Christ est ma vie, et la mort m'est un gain » (Philippiens 1.21); et encore: « Je regarde toutes choses comme une perte, à cause de l'excellence de la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur, pour lequel j'ai renoncé à tout, et je les regarde comme de la boue, afin de gagner Christ » (Philippiens 3.8).

 

Le besoin d'être soutenus

 

          Ici donc, la Sulamithe s'adresse aux jeunes filles qui l'entourent. « Soutenez-moi avec des gâteaux de raisins », dit-elle. Cette expression a embarrassé bon nombre de traducteurs. Nous la retrouvons dans le livre du prophète Osée: « ...les enfants d'Israël, qui se tournent vers d'autres dieux, et qui aiment les gâteaux de raisins » (3.1). Certains ont traduit par le mot « fleurs », d'autres par « parfums ». En fait, le terme hébreu pour parler de ces gâteaux évoque l'idée de feu. Il s'agit probablement d'offrandes faites aux divinités et brûlées en leur honneur.

 

          Le monde a ses dieux et ses sacrifices. Nous avons notre Dieu et nos sacrifices. Le don de notre vie au Seigneur, notre consécration consumée par le feu de l'Esprit, voilà ce qui va nous soutenir. C'est ce qui soutenait l'apôtre dans sa course chrétienne: « Et maintenant voici, lié par l'Esprit », disait-il, « je vais à Jérusalem, ne sachant pas ce qui m'y arrivera...Mais je ne fais pour moi-même aucun cas de ma vie, comme si elle m'était précieuse, pourvu que j'accomplisse ma course avec joie, et le ministère que j'ai reçu du Seigneur Jésus, d'annoncer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu. » (Actes 20.22,24)

 

Le besoin d'être fortifiés

 

          « Fortifiez-moi avec des pommes ».

 

          La pomme est un fruit doux et suave. C'est le fruit du bien-aimé lui-même, car la jeune fille avait proclamé: « Comme un pommier au milieu des arbres de la forêt, tel est mon bien-aimé parmi les jeunes hommes. » (v.3)

 

          Bien-aimés frères et sœurs, nous serons fortifiés par ce qui vient de Christ. Il est notre nourriture en même temps que nos délices. Que de croyants en défaillance parce qu'ils vivent sous-alimentés! Ils souffrent d'une profonde anorexie spirituelle. Ils n'ont aucun appétit pour les choses d'en haut. Ils n'éprouvent aucune faim de Jésus. Ils ne se nourrissent pas de son enseignement, de son caractère, de sa vie. L'ombre de la mort se profile déjà sur leur âme.

          Si telle était notre situation en ce jour, jetons-nous aux pieds du Seigneur, humilions-nous devant lui, repentons-nous de notre tiédeur, et permettons au Saint-Esprit d'opérer en nous une œuvre de restauration et de réveil.

          Entendez la bien-aimée ! « Soutenez-moi », « fortifiez-moi », « faites-moi revenir le cœur », « ranimez-moi ». Elle était malade d'amour. Nous le sommes si souvent de tiédeur et d'indifférence!

 

L'étreinte du bien-aimé

 

          « Que sa main gauche soit sous ma tête, et que sa droite m'embrasse !» (v.6)

 

          Ce désir est évoqué dans les mêmes termes, plus loin dans le Cantique (voyez 8.3). Dans la vivacité de sa passion, la jeune fille croit se sentir dans les bras de son bien-aimé. Ici, nous avons l'expression d'une grande intimité dans l'affection. La bien-aimée est dans l'étreinte du bien-aimé. Son seul désir est d'être soutenue dans sa joie. Quelle condition bénie! Il n'en existe pas de meilleure pour l'âme du racheté.

 

          La main gauche du bien-aimé la soutient, sa main droite l'embrasse, l'enlace, l'étreint. Pensons à la bénédiction prophétique de Moïse sur la tribu de Benjamin: « Sur Benjamin il dit: C'est le bien-aimé de l'Éternel, il habitera en sécurité auprès de lui; l'Éternel le couvrira toujours, et résidera entre ses épaules. » (Deutéronome 33.12) Et l'homme de Dieu dit encore: « Le Dieu d'éternité est un refuge, et sous ses bras éternels est une retraite. » (Deutéronome 33.27)

 

          Ô, quelles sont bénies les mains de notre Berger bien-aimé ! Lui-même a dit à propos de ses brebis: « Je leur donne la vie éternelle; et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous; et personne ne peut les ravir de la main de mon Père. Moi et le Père nous sommes un. » (Jean 10.28-30) Dans ces paroles, Christ nous enseigne que son amour s'exprime aussi dans ses mains.

 

          Considérons ce que le livre des Proverbes nous dit à propos de la sagesse: « Dans sa droite est une longue vie; dans sa gauche, la richesse et la gloire. » (3.16) Les mains gauche et droite de notre Bien-aimé ne sont-elles pas celles de la sagesse divine ? N'est-il pas notre sagesse ? N'a-t-il pas été fait, de par Dieu, pour nous sagesse, justice et sanctification et rédemption (1 Corinthiens 1.30) ? Dans la main droite de Christ est une longue vie; et pour cause, c'est la vie éternelle ! Cette vie nous embrasse, nous enlace, nous étreint.

          Dans la main gauche de Jésus se trouve la richesse: « Car vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, qui pour vous s'est fait pauvre, de riche qu'il était, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis » (2 Corinthiens 8.9). Elle contient également la gloire: « Le Dieu de toute grâce, qui vous a appelés en Jésus-Christ à sa gloire éternelle, après que vous aurez souffert un peu de temps, vous perfectionnera lui-même... » (1 Pierre 5.10)

          La richesse de la grâce de Christ, et l'espérance de la gloire éternelle soutiennent notre tête. Nous pouvons la tenir levée dans les combats, les épreuves, les souffrances et les tentations. Jésus est notre ressource et notre délivrance.

          La bien-aimée qui a une si tendre place sur le cœur de l'amour du berger, ne manquera pas d'avoir une place protégée entre les mains de sa puissance.

 

          Nous aussi.

 

          « Je vous en conjure, filles de Jérusalem, par les gazelles et les biches des champs, ne réveillez pas, ne réveillez pas l'amour, avant qu'elle le veuille. » (v.7) En parlant ainsi, Sulamith se sent tomber en défaillance et elle supplie les jeunes filles qui l'entourent de ne pas la réveiller de son rêve d'amour avant qu'elle en sorte elle-même.

 

          Les gazelles et les biches sont des animaux charmants. Leur grâce et leur timidité les font fuir au moindre bruit. Ils sont le symbole le plus délicat d'un amour tel que celui de Sulamith. D'ailleurs, la jeune fille proclame un peu plus loin: « Mon bien-aimé est semblable à la gazelle ou au faon des biches. » (Cantique des cantiques 2.9)

 

          Bien-aimés frères et sœurs, veillons avec une extrême attention sur notre marche quotidienne. Que rien, rien, ne vienne heurter l'amour si fort, mais si délicat de Christ pour nous!

 

Paul BALLIERE

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