CRISE D’AUTORITÉ ET IDOLÂTRIE

 

CRISE D’AUTORITÉ ET IDOLÂTRIE

 

« Après lui, il y eut Schamgar, fils d'Anath. Il battit

six cents hommes des Philistins

avec un aiguillon à bœufs. Et lui aussi fut un libérateur »

(Juges 3.31)

 

« Au temps de Schamgar, fils d'Anath, au temps de Jaël,

les routes étaient abandonnées, et ceux qui voyageaient prenaient des chemins

détournés. Les chefs étaient sans force en Israël, sans force,

quand je me suis levée, moi Débora, quand je me suis levée

comme une mère en Israël.

Il avait choisi de nouveaux dieux: alors la guerre était aux portes;

on ne voyait ni bouclier ni lance chez quarante milliers en Israël »

(Juges 5.6-8)

 

          Cette période de l'histoire d'Israël fut un temps de déclin, ainsi que nous l’avons souligné dans nos deux précédentes études.

          L'Écriture décrit, en six points, le chaos moral et spirituel dans lequel Israël était plongé. Nous avons considéré précédemment l'abandon des routes et les déviations. Mais d'autres caractéristiques de la chute du peuple apparaissent dans notre texte.

 

Les chefs sans force

 

          « Les chefs étaient sans force en Israël, sans force » (Juges 5.7).

 

          Le mal était grave, puisqu'il paraît nécessaire au Saint-Esprit de le répéter deux fois. Une autre traduction dit: « Le gouvernement manquait en Israël, il manquait ». Ce qui revient à dire que le peuple souffrait d'une absence d'autorité en son sein. Ce mal moral et spirituel peut s'expliquer de deux manières.

 

          Premièrement, le peuple était si peu disposé à l'ordre spirituel, familial, moral, et social, qu'aucun chef n'aurait rien pu changer. Ne constatons-nous pas ce fait dans bien des églises aujourd'hui ? L'autorité spirituelle est contestée par bon nombre de prétendus croyants. Or, l'Écriture déclare: « Obéissez à vos conducteurs et ayez pour eux de la déférence, car ils veillent sur vos âmes comme devant en rendre compte; qu'il en soit ainsi, afin qu'ils le fassent avec joie, et non en gémissant, ce qui ne vous serait d'aucun avantage. » (Hébreux 13.17) Une chrétienne de notre église m'a dit un jour: « Prêchez, et laissez-nous vivre tranquilles! ». Lorsque les conducteurs spirituels sont fidèles à la parole de Dieu et dirigent bien l'Église du Seigneur, les croyants leur doivent obéissance et déférence.

 

          L'autorité est également remise en question dans les familles. Le Saint-Esprit a annoncé ces temps-là. « Sache que, dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles. Car les hommes seront...rebelles à leurs parents... » (2 Timothée 3.1-2)

 

          L'autorité, que nous pourrions appeler « civile », est tout aussi bafouée, même de la part de ceux qui se disent disciples de Christ. Cependant l'Écriture déclare: « Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures; car il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. C'est pourquoi celui qui s'oppose à l'autorité résiste à l'ordre que Dieu a établi... » (Romains 13.1-2)

 

          Deuxièmement, les chefs avaient abdiqué et capitulé. L'autorité était en voie de disparition; celle des chefs religieux, celle des chefs de famille, et celle de tous ceux qui auraient dû l'exercer dans quelque domaine que ce soit. Il est un mal grave dans la société aujourd'hui. Les chefs cèdent devant la pression du péché et devant les revendications les plus immorales. C'est « la rue » qui fait la loi. La parole de Dieu déclare: « Malheur à toi, pays dont le roi est un enfant, et dont les princes mangent dès le matin. » (Ecclésiaste 10.16) Cette lèpre gagne malheureusement l'Église de Christ. Le souci de conserver une bonne cote de popularité, la préoccupation constante de ne surtout pas déplaire à certains personnes influentes et fortunées de l'assemblée, la crainte de perdre des membres, amènent certains pasteurs à « lâcher du lest » et à baisser les bras. Ils plaisent à leur auditoire, et sont souvent adulés, mais ils attristent le Saint-Esprit. C'est un choix. C'est leur choix. Ils ont gagné la faveur d'en bas, mais perdu l'onction d'en haut. Le prophète Esaïe faisait ce bilan affligeant: « Le pays est triste, épuisé; les habitants sont abattus, languissants; les chefs du peuple sont sans force. Le pays était profané par ses habitants; car ils transgressaient les lois, violaient les ordonnances, ils rompaient l'alliance éternelle. (Esaïe 24.4-5)

 

          C'est pourquoi « l'anarchie régnait en Israël » (version du Rabbinat). C'est l'état d'un peuple qui n'a plus de gouvernement. Les conséquences sont dramatiques. Le désordre et la confusion règnent là où le cœur naturel de l'homme est livré à lui-même. Il suffit de lire l'épître de Jacques pour s'en convaincre: « Là où il y a un zèle amer et un esprit de dispute, il y a du désordre et toutes sortes de mauvaises actions. » (Jacques 3.16) A propos de notre texte (Juges 5.7), la traduction de Jérusalem est remarquable: « Les champions de Dieu se taisaient ».

 

          Mais Dieu est toujours là ! Il prend soin de sa gloire. Il suscite une simple femme, Débora, un faible instrument qu'il va saisir dans ses mains puissantes. Mais ce n'est pas le moment de parler là-dessus.

 

De nouveaux dieux

 

          « Il avait choisi de nouveaux dieux » (Juges 5.8).

 

          Notez que c'est un choix délibéré. Le peuple de Dieu sombre ici dans la confusion spirituelle. En réalité, il n'existe pas d'autres dieux. Mais l'homme s'en fabrique de toutes sortes. Que de chutes dans l'histoire d'Israël à ce sujet !

          L'apôtre Paul n'hésite pas à rappeler à l'Église de Dieu: « Pour ce qui est donc de manger des viandes sacrifiées aux idoles, nous savons qu'il n'y a point d'idole dans le monde, et qu'il n'y a qu'un seul Dieu. Car, s'il est des êtres qui sont appelés dieux, soit dans le ciel, soit sur la terre, comme il existe réellement plusieurs dieux et plusieurs seigneurs, néanmoins pour nous il n'y a qu'un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui sont toutes choses et par qui nous sommes. » (1 Corinthiens 8.4-6) Croyez-vous que le peuple de Dieu soit aujourd'hui à l'abri du piège de l'idolâtrie ? Ce n'est pas sans raison que l'apôtre Jean nous met fermement en garde: « Petits enfants, gardez-vous des idoles. » (1 Jean 5.21) C'est la dernière ligne de sa première épître. Quelle étrange salutation finale ! Mais le Saint-Esprit savait...

 

          Bien sûr, nous n'érigerions pas une statue d'Astarté dans notre salon, et nous ne participerions pas aujourd'hui à son culte souillé. C'est démodé. Mais, fuyons-nous les films érotiques de la déesse « télévision » ? Nous ne dresserions pas l'image taillé d'un Baal dans notre bureau ! Quelle horreur ! Mais marchons-nous loin, très loin, des sites pornographiques d'internet ? Nous ne livrerions pas nos enfants au dieu Kémosch, pour qu'ils soient brûlés en l'honneur de l'idole. Nos entrailles frémiraient de douleurs indescriptibles. Mais que les laissons-nous regarder, écouter ? Qui leur permettons-nous de fréquenter ? Où peuvent-ils aller avec notre consentement ? Je crains que beaucoup d'enfants et d'adolescents dans nos églises aujourd'hui soient livrés à de nouveaux dieux. Ils n'ont même pas besoin d'aller se vautrer dans le monde pour y mourir, ils expirent dans le foyer de leurs parents laxistes et permissifs.

 

          Une idole ? Ce peut être une voiture, une maison, un passe-temps. Une chose ou une personne qui, dans votre vie de chrétien, dévore votre temps, votre argent, vos affections, vos pensées, et prend la place de Dieu, est devenue votre idole. Croyez-moi, les nouveaux dieux sont arrivés, érigés, tolérés, adorés. Et l'Église d'Occident est exsangue. Vivons-nous le temps de Schamgar et de Jaël ? Je crains que oui.

 

          Mais ce que Dieu a fait de leur temps, il peut le faire encore. Nous le verrons.

 

Paul BALLIERE

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