PRÊCHER CHRIST !

 

PRÊCHER CHRIST !

 

          J'étais jadis un évangéliste de première catégorie, entouré d'un aréopage d'itinérants et de supporters. On venait par milliers écouter mes prédications. Mais je m'épuisais progressivement, trop absorbé que j'étais pour recevoir de Christ de nouvelles révélations. Meurtri et abandonné, il m'est souvent arrivé de pleurer, seul. C'est alors que, dans mon désespoir, un chrétien me donna un exemplaire du livre « The Christian in complete armour ("L'armure complète du chrétien") de William Gurnall, un auteur puritain. je fus littéralement abasourdi par ce livre et l'immense connaissance de Dieu qui s'en dégageait. Il me fallut admettre que j'étais bien loin de connaître Dieu comme cet homme. Ce fut le déclic; j'abandonnai toute autre lecture pour me plonger dans celle des auteurs puritains les plus récents. Ces auteurs me donnèrent l'envie de trouver ma place en lui. Je les absorbai tous jusqu'à ce que Dieu me dise: Arrête! Maintenant, nourris-toi de ma Parole.

 

          Ne nous faisons pas d'illusions: nos bonnes œuvres ne combleront pas le vide, pas plus que des prédications axées sur des questions sociales. Le meilleur des conteurs ne nous sera d'aucune aide; toutes nos expériences personnelles et nos mises en pratique ne seront d'aucun secours. Rien ne nous permet d'accéder à ces révélations successives dans la connaissance de Christ, tant que nous ne nous serons pas examinés nous-mêmes, que nous ne cesserons pas d'aller d'un prédicateur à l'autre et que nous ne commencerons pas à étudier Christ dans le secret de la prière. Nous servons tous le même Dieu et tirons notre enseignement du même Saint-Esprit; il en est ainsi pour tout homme ou femme ayant grandi dans la plénitude de Dieu. Il faut qu'il y ait cette aspiration profonde, cette faim, ce désespoir. Il faut aussi que nous ayons suffisamment faim pour dévorer son Livre et recevoir notre propre attouchement divin.

 

          Si vous vous êtes relâchés dans ce domaine, je vous encourage donc, frères: prenez la ferme décision, dans votre cœur, de prêcher Christ avec une intensité plus forte que celle de l'an passé. Offrez Christ, et Christ seul. Ne donnez plus de prédications à succès, plus de prédications qui ne sont que le reflet de vos propres motivations et inclinations, plus de prédications à caractère politique. Ce ne sont que des résidus propagés par ceux qui n'ont pas reçu une révélation récente de Christ.

 

          Paul lui-même disait que Christ s'était révélé en lui (Galates 1.16). Aux yeux de Dieu, c'est un crime que de prêcher une parole qui n'a pas déjà exercé sa puissance dans la vie et le ministère du pasteur en personne. Cela peut paraître possible pour ceux qui, demeurant superficiels, prêchent Christ avec assurance, mais il n'en est pas de même pour des hommes et des femmes de Dieu. Il nous faut annoncer une révélation toujours croissante de Christ. Mais encore faut-il que cette révélation nous ait transformés en profondeur. Ma prière est désormais la suivante: "Mon Dieu, garde ma prédication dans les choses que l'Esprit me révèle. Que ce soit Christ dans sa plénitude! Qu'elle pénètre dans mon être tout entier et fasse partie intégrante de ma vie spirituelle avec toi".

          Paul a fait aussi entendre son inquiétude personnelle: "... de peur, après avoir prêché aux autres, d'être moi-même disqualifié" (1 Corinthiens 9.27). Paul n'aurait certes jamais douté de sa confiance en Christ: ce n'était pas son état d'esprit. Il allait jusqu'à redouter l'idée même d'avoir à comparaître devant Christ, au jour du Jugement, et d'être accusé d'avoir prêché un Christ qu'il connaissait à peine et un évangile qu'il ne mettait guère en pratique. C'est la raison pour laquelle Paul parle si souvent du "Christ vivant" ou de "Christ vivant en moi". Aux yeux de l'apôtre, tout prédicateur qui enseigne aux autres, doit toujours parfaire sa connaissance et son expérience de Christ, sous peine de se voir désapprouvé.

 

          Nous ne pouvons continuer plus longtemps à nous donner le nom de serviteurs de Dieu si nous n'avons pas répondu au préalable à cette question, de manière personnelle: Mon désir est-il Christ et Christ seul ? Est-il vraiment tout pour moi, ma seule raison de vivre?

 

          Avez-vous répondu "oui" ? Si vous le pensez réellement, vous serez alors en mesure de considérer votre vie comme n'ayant aucune valeur propre, à l'instar de Paul, qui disait "considérer toute chose comme vaine afin de gagner Christ". Est-ce effectivement ainsi que vous avez considéré toutes choses pour donner la priorité à la connaissance de Christ? Si vous ne désirez rien d'autre que Christ, alors vous ne considérez pas votre ministère comme une carrière, mais comme une prière. S'il est tout pour vous, vous repousserez la tentation perverse du succès. Vous trouverez refuge auprès de lui et n'aurez nul besoin d'y être poussé. Vous entrerez souvent dans le secret de la prière en sachant que vous êtes assis à sa table. Vous serez pleins d'amour pour lui, vous chanterez ses louanges, les mains levées vers le ciel, et vous le remercierez de sa sagesse. Malheureusement, la plupart d'entre nous se servent de Christ pour promouvoir leur ministère, bâtir leur propre royaume et développer leur carrière Nous marchandons son nom. Seigneur, pardonne-nous! L'aimons-nous vraiment ? Est-ce vraiment lui que nous désirons ? Il nous faut tout d'abord répondre à cette question. Tant que nous n'avons pas réalisé que Christ est le seul dont nous ayons besoin et qu'il est ce que nous désirons par dessus tout, nous ne devrions pas aller et agir en son nom, car nous ne pouvons aider les autres dans leur transformation qu'en leur donnant ce que nous possédons nous-mêmes de Christ. Et nous l'acquerrons, dans ces moments passés à sa table, faisant de lui notre unique nourriture.

 

David WILKERSON