LE PRINTEMPS SPIRITUEL

 

LE PRINTEMPS SPIRITUEL

 

« C'est la voix de mon bien-aimé! Le voici, il vient,

sautant sur les montagnes, bondissant sur les collines.

Mon bien-aimé est semblable à la gazelle, ou au faon des biches.

Le voici, il est derrière notre mur, il regarde par la fenêtre, il regarde par le treillis.

Mon bien-aimé parle et me dit: Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens !

Car voici, l'hiver est passé; la pluie a cessé, elle s'en est allée.

Les fleurs paraissent sur la terre, le temps de chanter est arrivé,

et la voix de la tourterelle se fait entendre dans nos campagnes.

Le figuier embaume ses fruits, et les vignes en fleur exhalent leur parfum.

Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens ! Ma colombe, qui te tiens dans les fentes du

rocher, qui te caches dans les parois escarpées, fais-moi voir ta figure,

fais-moi entendre ta voix; car ta voix est douce, et ta figure est agréable. »

(Cantique des cantiques 2.8-14)

 

          A partir du verset 8 du chapitre 2, nous assistons à des scènes d'extase, ou plus précisément à des visions prophétiques. Jusqu'alors, la Sulamithe est envahie par l'amour débordant de son bien-aimé. Maintenant, il va la conduire plus loin. Plongée comme dans une douce rêverie, la jeune fille voit son bien-aimé; elle s'entretient avec lui, comme s'il était réellement présent. Les scènes qui suivent se passent uniquement au-dedans d'elle. Elles perdent ainsi tout ce que bien des détails apporteraient de difficultés d'interprétation si on les prenait à la lettre.

 

          « C'est la voix de mon bien-aimé ! Le voici, il vient... » (v.8). Sulamith entend, comme dans un rêve, le son de la voix du bien-aimé, et le bruit de ses pas.

 

          « Le voici, il est derrière notre mur, il regarde par la fenêtre, il regarde par le treillis » (v.9). « Notre mur »: il s'agit du mur d'enceinte qui entoure l'enclos devant sa demeure.

 

          « Par la fenêtre »: La bien-aimée aperçoit le bien-aimé. Ce dernier scrute à travers le treillis ornant les fenêtres, cherchant à voir ce qui se passe dans la maison.

 

          Dans les versets 10 à 13, le bien-aimé invite Sulamith à une promenade pour découvrir toute la beauté d'une journée printanière. Rien de plus exquis que ce tableau de la nature se réveillant après la courte saison des pluies.

 

L'histoire d'Israël

 

          Tout d'abord, ces versets évoquent l'histoire d'Israël. Le texte fait allusion au déclin du peuple de Dieu, à l'hiver de ses infidélités, de son idolâtrie, de son rejet de Dieu, de sa déportation, et des temps chaotiques vécus jusqu'à la venue du Messie.

          S'ouvre alors le printemps de la grâce. Le temps de chanter est arrivé. Le prophète Esaïe s'était écrié: « Je chanterai à mon bien-aimé le cantique de mon bien-aimé sur sa vigne. » (Esaïe 5.1)

 

          Lorsque Jésus est né, et que l'ange eut annoncé la bonne nouvelle aux bergers, « soudain il se joignit à l'ange une multitude de l'armée céleste, louant Dieu et disant: Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, et paix sur la terre parmi les hommes qu'il agrée ! » (Luc 2.13-14)

          La venue du Messie était l'espérance d'Israël, l'attente des esprits éveillés. Siméon était l'un d'eux. « Cet homme était juste et pieux, il attendait la consolation d'Israël, et l'Esprit-Saint était sur lui. Il avait été divinement averti par le Saint-Esprit qu'il ne mourrait point avant d'avoir vu le Christ du Seigneur. » (Luc 2.25-26)

          Anne, la prophétesse, de la tribu d'Aser, faisait aussi partie de ces esprits éveillés. Alors que les parents apportaient au temple le petit enfant Jésus, « étant survenue, elle aussi, à cette même heure, elle louait Dieu, et elle parlait de Jésus à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. » (Luc 2.38)

 

L'histoire de l'Église

 

          Ce texte du Cantique annonce prophétiquement l'histoire de l'Église. Car ces choses ont été écrites pour nous. L'Église est passée, elle aussi, par un long hiver. Pendant des siècles, tout semblait engourdi. Mais « il y a un temps pour pleurer, et un temps pour psalmodier ». Après l'hiver de la papauté, les Églises de réveil ont vibré sous les accents joyeux du salut par la foi. Des cantiques magnifiques ont célébré la grâce éminente de Dieu. Les hymnes des réformateurs se sont élevés, tout empreints du triomphe de la rédemption.

 

Le renouveau pentecôtiste: un privilège « territorial »

 

          Plus près de nous encore, il y eut l'effusion de l'Esprit de Dieu. « La voix de la tourterelle se fait entendre dans nos campagnes » (v.12). Au début du siècle dernier, Dieu a de nouveau allumé le feu de l'Esprit au milieu de son peuple. Les promesses d'antan, enfouies sous des amas de traditions humaines et d'apostasie, ont retrouvé tout leur éclat, toujours vraies, et toujours actuelles. Désormais, les croyants allaient être revêtus de la puissance de l'Esprit, et manifester les dons surnaturels à la gloire de Christ.

 

          Tandis que les fleurs paraissent sur la terre, le roucoulement de la tourterelle s'entend dans notre contrée. Ainsi, la parole de Dieu est proclamée dans le monde, et les promesses divines sont offertes à tous. Mais la voix de l'Esprit qui inspire confiance, console, réconforte, guide et soutient, est le privilège exclusif des enfants de Dieu. C'est un privilège « territorial ». La voix de la tourterelle se fait entendre dans NOS campagnes. Pour recevoir l'Esprit promis, et vivre de sa plénitude, il faut d'abord connaître la puissance de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ. « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous...afin que la bénédiction d'Abraham ait pour les païens son accomplissement en Jésus-Christ, et que nous recevions par la foi l'Esprit qui avait été promis ». Seuls ceux qui ont trouvé refuge dans la contrée de la repentance, de la conversion, et de l'obéissance du baptême, peuvent s'approprier la promesse du don du Saint-Esprit. Ni les fantaisies doctrinales, ni les déviations expérimentales offrant un évangile soldé, sans renoncement au péché, et sans rupture avec l'idolâtrie, n'ébranleront le fondement biblique de la vie de l'Esprit. Le monde ne peut recevoir le Consolateur, l'Esprit de vérité, parce qu'il ne peut ni le voir ni le connaître. Ce n'est qu'après avoir entendu la parole de vérité, l'Évangile qui nous sauve, et après avoir cru en Jésus-Christ, que nous pouvons être marqués du sceau de l'Esprit Saint promis. Demeurant dans la contrée de la grâce, prenons possession de tout notre héritage en Jésus-Christ. Ne soyons ni négligents, ni indifférents, ni paresseux. Désirons ardemment vivre dans la communion de l'Esprit de Dieu.

 

          Comme fils, laissons-nous conduire par lui.

          Comme disciples, recevons son enseignement.

          Comme témoins, soyons remplis de sa puissance et animés de sa sagesse.

          Comme serviteurs, soumettons-nous à ses plans.

          Comme intercesseurs, ouvrons nos cœurs à ses pensées et à ses soupirs.

          Comme combattants, revêtons-nous de ses armes.

          Comme citoyens du ciel, désirons avec ferveur la venue de l'Époux. « C'est la voix de mon bien-aimé! Le voici, il vient... »

 

Notre histoire

 

          Le texte du Cantique des cantiques évoque également notre hiver personnel; celui de notre ancienne vie de péché et d'incrédulité. Mais le soleil de justice s'est levé, notre guérison était sous ses ailes. Nous sommes alors sortis de ce misérable monde. Nous avons fui ses désirs, ses recherches, ses aspirations, et ses compagnies. Nous nous sommes séparés de ce qui est égoïste, bas, mondain, et corrompu. Le temps de chanter la grâce libératrice était arrivé.

 

          Les chants harmonieux s'accordent merveilleusement avec les matins printaniers. L'aurore d'un jour nouveau, dans la vie spirituelle, inspire des louanges. Sur le rivage de la mer Rouge, la première chose que firent Moïse et les enfants d'Israël fut de chanter la gloire de l'Éternel. Par la grandeur de sa majesté, il venait de lancer la servitude de l'Égypte au fond des eaux comme une pierre.

 

          Chantons nous aussi, louons le Seigneur, exaltons-le. Il a fait pour nous de grandes choses. Chantons avec l'intelligence; chantons dans nos cœurs inspirés par l'Esprit; entretenons-nous par des psaumes, des hymnes, et des cantiques spirituels. Le temps de chanter est revenu. Notre Sauveur a changé nos lamentations en allégresse. Il a ôté notre vêtement de deuil, et nous a ceints de joie. La grâce de Dieu, riche à l'infini, nous a introduits dans une saison nouvelle. Il y eut un soir, avec ses chagrins. Il y a un matin, avec ses transports de joie. C'est la journée que notre rédempteur a faite.

 

L'hiver d'une vie spirituelle en sommeil

 

          Combien de croyants se reconnaissent dans notre texte! Leur vie spirituelle est éteinte. Ils ont besoin d'un nouveau printemps! En examinant de près les versets de notre méditation, nous remarquons un changement de condition et de circonstances par rapport à tout ce qui précède. La voix du bien-aimé est connue, ses activités d'amour sont perçues, mais l'épouse n'est pas dans sa compagnie.

          La parole de Dieu nous enseigne ici quelque chose de profond. Il existe des différences dans les joies de l'amour pour Dieu. Certes, l'amour est partagé des deux côtés. La Sulamithe dit: « Mon bien-aimé ». Lui dit: « Mon amie, ma belle ». Mais ils ne sont pas ensemble! Elle est dedans. Lui est dehors. Il y a entre eux un mur, des fenêtres, des treillis. Le bien-aimé voudrait la faire sortir du lieu où elle est, pour l'entraîner avec lui vers des régions où lui-même est attiré, et il lui en décrit la beauté pour l'inciter à le suivre.

          Nous devons comprendre que, tout en aimant Jésus, il est malheureusement possible de ne pas toujours bénéficier des pleins privilèges de son amour. Nous pouvons aimer réellement Jésus, sans être en plein accord avec sa pensée, en raison de l'état et des conditions dans lesquelles nous nous trouvons.

          L'enseignement du Cantique nous montre, en premier lieu, comment Jésus agit et parle pour faire connaître à notre âme la place que nous occupons dans ses pensées et dans son cœur, afin qu'en retour, nous entrions dans la pleine jouissance de son amour.

          Ensuite, nous découvrons comment Jésus voudrait corriger notre position. Soit par l'attrait de sa personne, et tout ce dont nous pouvons bénéficier en sa présence, soit en nous révélant les conséquences malheureuses qui découlent de l'apathie, du sommeil spirituel, et de l'indifférence aux appels de son amour.

          Il n'est pas dit que l'épouse soit volontairement au milieu de choses inconvenantes ou mauvaises, mais elle n'est pas avec le bien-aimé ! Elle est dans une sorte d'hiver spirituel au lieu de jouir de la richesse du printemps en compagnie de l'époux.

          Nous sommes appelés à réfléchir à notre état spirituel présent. Jésus veut nous faire sortir du froid et des intempéries de l'hiver spirituel. C'est un appel au réveil, à la découverte du printemps divin, avec son évidente abondance de vie: des fleurs, des chants, des fruits et des parfums.

 

Paul BALLIERE

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