JOSEPH, L'HOMME FORGE PAR DIEU (suite 4)

          Nous publions la suite du message du pasteur W.H. BEUTTLER, donné en France en Mai 1959, à Rouen. Ce texte provient de la traduction orale. Nous avons cru bon de le garder tel quel, afin d’en conserver toute la valeur spirituelle.

 

JOSEPH, L’HOMME FORGE PAR DIEU

(suite 4)

 

          Dieu a-t-il placé quelque chose dans votre cœur quant à sa volonté, son plan ? Priez-vous et dites-vous : « Seigneur, accomplis ta volonté en moi. Je veux régner avec ton Fils mille ans ; je veux une place, un ministère » ? Vous pouvez faire cette prière, prier dur, prier souvent, mais ne soyez pas surpris lorsque Dieu répondra en vous laissant descendre dans un puits et que votre frère vous dira : « Adieu, maintenant c’est terminé, nous verrons bien ce qu’il adviendra de tes visions ! Nous avons bien pris soin de toi ! »

          Il est fort probable que Joseph n’ait pas compris ; il ne savait pas à ce moment-là ce que Dieu accomplissait. Ses frères l’avaient quitté et il était tout seul dans le puits. Vous pouvez réaliser quels étaient ses sentiments ! Que diriez-vous si vous étiez à sa place ? Tout seul ! Il lui semblait que Dieu l’avait abandonné. Il devait se dire : « Dieu m’a pourtant montré qu’un jour, je serai un gouverneur, mais ceci ne me semble pas être un trône, il ne me semble pas que je sois dans une place d’autorité ! Quelque chose ne doit pas tourner rond ! » Mais si, tout allait bien ; il était sur le chemin...un étrange chemin…

          N’avez-vous jamais fait cette expérience que lorsque Dieu vous amène à une place, à ce moment-là, vous vous trouvez tout seul, personne ne vous comprend, personne ne prend soin de vous, personne ne s’intéresse à vous. Tout semble perdu ! Pas d’issue !

          Joseph se trouvait dans cette place-là, mais Dieu était avec lui.

          Mes amis, c’est quelque chose que d’être à l’école de Dieu !

          L’été dernier, je suis allé en Amérique du Sud, et je me souviens d’avoir quitté Rio de Janeiro pour le Chili. J’ai beaucoup voyagé, mais je ne sais ce qui m’est arrivé ce jour-là. J’étais à 5 heures du matin sur le terrain d’aviation de Rio de Janeiro, et je m’ennuyais ; il me semblait que j’étais seul. Parfois, j’éprouve ce sentiment d’ennui et cette impression d’être seul. Je me suis déjà trouvé dans cette situation à Rouen, autrefois. Je n’oublierai jamais ma première visite parmi vous. Assis dans un petit parc, tout seul ! C’était un jour où il faisait très froid, et j’avais le col de mon manteau relevé ; j’étais assis sous l’un des arbres de ce parc ; il pleuvait et la pluie coulait au bas de mon visage. J’étais assis, là, tremblant de froid ! J’ai dit : « O Dieu ! Pourquoi ne me laisses-tu pas retourner aux États-Unis, dans mon foyer, et n’envoies-tu pas quelqu’un d’autre en France ? » Que d’expériences il faut traverser !

          Ce matin-là, au Chili, j’ai fait une autre expérience d’ennui. J’étais sur le chemin vers le Sud, et j’avais tellement le mal du pays, de mon foyer !..Nous nous envolions vers Saint-Paul et ce sentiment m’a tellement saisi que j’ai commencé à pleurer comme un bébé. Je pleurais, pleurais, pleurais...et je ne voulais pas qu’on me voie, et spécialement, l’hôtesse de l’air ! Je savais bien que si elle me voyait pleurer, elle viendrait vers moi, elle me dirait : « Monsieur, qu’est-ce qui ne va pas ? » Je ne voulais pas être ennuyé par qui que ce soit, et ainsi, je regardais par le hublot, comme si j’étais fort intéressé par le paysage ! Et je pleurais, pleurais, pleurais…

          Alors, nous sommes arrivés à Saint-Paul. Il y avait là un avion tout prêt, un américain, qui était sur le point de décoller pour les États-Unis, et cela a rendu ma situation pire. Je savais que cet avion serait à New-York le lendemain matin, et j’avais envie de dire : « Attendez une minute ! Laissez-moi sortir de cet avion ! Je vais aller dans l’autre avion là-bas ! » Mais, je me suis dit à moi-même : « Beuttler, reste un moment tranquille. Ce n’est pas encore l’heure de rentrer chez toi. Tu as encore un long voyage à faire, tu dois prêcher au Chili, en Argentine, en Uruguay, au Paraguay, et au Pérou. Tu es encore excessivement loin de ta maison, aussi, tiens-toi bien ! Cet avion-là n’est pas pour toi ». J’ai tenu bon. Un petit moment plus tard, nous avons continué notre route vers le Sud ; c’était un long jour de vol, de 5h du matin à 9h du soir, et encore 3 heures en plus. Alors, en descendant vers le Sud, j’ai pleuré, pleuré, pleuré jusqu’à ce qu’il n’y ait plus une larme en moi. Dans mon cœur, il y avait une douleur indescriptible et ce qui rendait la chose infiniment pire, c’était mon enfant, ma petite fille à la maison. Je sortais de ma valise un nouveau mouchoir, car l’autre était trempé ! J’ouvrais mon mouchoir et là, il y avait quelques mots écrits sur ce mouchoir par ma petite fille, et voici ce qui était écrit : « Cher papa, reviens à la maison bien vite, je t’attends tous les jours ! » Cela rendait la chose pire encore. Dans toutes les affaires de la valise, je trouvais ici et là une petite note semblable...Quand je sortais quelque chose d’autre, encore ce mot de ma petite fille…

          J’ai dû prêcher à Valparaiso. Mon cœur souffrait constamment ; je ne pouvais me guérir de ce mal du pays, et un soir, lorsque je suis allé me coucher, j’ai prié. J’ai dit : « Seigneur, cela ne peut pas continuer ainsi. J’ai encore un si long voyage à faire ; je ne peux plus continuer ma route avec cela dans mon cœur. S’il te plaît, fais quelque chose pour moi ». Je suis allé au lit, je me suis endormi. Dans la nuit même, le Seigneur m’a réveillé, alléluia ! Il y avait la présence intense de Dieu dans cette chambre, et c’est cette présence qui m’a sorti de mon sommeil. J’ai su immédiatement ce que cela voulait dire ; je me suis levé, ce sentiment était encore dans mon cœur. J’ai dit : « Seigneur, pourquoi ne m’aides-tu pas ? » Et Dieu m’a parlé au milieu de la nuit et il m’a donné ce verset biblique : « Ma présence t’accompagnera et je te donnerai du repos ».

          Avec ces paroles mêmes, ces sentiments qui étaient dans mon cœur ont disparu ; j’étais complètement libéré, et j’ai été libéré jusqu’à ce jour à tout jamais.

          Mes amis, cela coûte quelque chose que de marcher avec Dieu ! Je retournerai aux États-Unis en septembre prochain ; je sais très bien ce que certaines personnes vont me dire là-bas : « Alors, tu as eu un bon temps ? Tu as vu beaucoup de belles choses ? As-tu eu beaucoup de joies ? As-tu pris beaucoup de photos ? » Que leur répondrai-je ?...Mes amis, cela coûte quelque chose que de suivre Dieu. Mais, nous avons laissé Joseph dan son puits...

 

(à suivre)

W.-H BEUTTLER

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