VIE CACHÉE
« Votre vie est cachée avec Christ en Dieu. » (Colossiens 3.3)
Les icebergs laissent seulement émerger, paraît-il, un sixième de leur masse ; tout le reste est sous l’eau ; et c’est ce qui les rend si redoutables aux navigateurs ; c’est ce qui fait leur puissance. De même la vie d’un chrétien doit être en grande partie cachée ; c’est de ce qu’on n’aperçoit pas qu’elle tire sa force.
La solidité d’une maison ne peut se conclure de son aspect extérieur, c’est à ses fondations invisibles qu’elle tient ; vienne la tempête, telle modeste demeure résistera quand les palais s’effondreront. De même pour tout édifice spirituel : il ne s’agit pas de briller et d’éblouir les hommes, mais d’être solidement fondé, d’avoir « une vie cachée avec Christ en Dieu ».
Cette vie cachée est faite de ce que chaque jour tu apportes à ton Maître, le plus souvent de tes larmes et de tes détresses, des échecs et des ruines de tes édifices extérieurs. Ce ne sont certes pas des matériaux fameux, et les heures que tu passes seul avec ton Dieu sont souvent misérables ; ce qui importe, c’est que, loin des regards curieux, tu cherches sa présence ; pendant que tu gémis, il bâtit patiemment en toi, dans le plus grand secret, les fondations indispensables.
Extérieurement, tu resteras peut-être très semblable à l’homme d’autrefois ou à ceux qui t’entourent ; on te trouvera l’air d’un paisible honnête homme, sans rien qui te distingue du troupeau. Il faudra les secousses de la tempête, le choc contre l’obstacle, pour révéler aux autres et à toi-même ta solidité mystérieuse, cette vie cachée que nul ne soupçonnait.
Philippe VERNIER
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