UN FOU DE DIEU

 

UN FOU DE DIEU

 

« Je prophétisai, selon l’ordre que j’avais reçu.

Et comme je prophétisais, il y eut un bruit, et voici,

il se fit un mouvement, et les os s’approchèrent les uns des autres…

Je prophétisai, selon l’ordre qu’il m’avait donné. Et l’esprit entra

en eux, et ils reprirent vie, et ils se tinrent sur leurs pieds ; c’était une

armée nombreuse, très nombreuse. »

(Ézéchiel 37.7,10)

 

          La bombe atomique semble avoir tout bouleversé, sauf l’Église. En surestimant la souveraineté de Dieu et en continuant de progresser à l’aveuglette dans une atmosphère de dispensionnalisme stagnant, nous préservons la faillite spirituelle. En attendant, l’enfer se remplit. Avec le communisme dans le monde, le modernisme dans les églises, et la modération qui paralyse les groupes fondamentalistes, le Seigneur cherchera-t-il en vain un homme qui se tienne sur la brèche, à l’instar d’Ézéchiel ? Mes frères prédicateurs, de nos jours nous préférons voyager que prier, c’est pourquoi nous ne voyons pas de conversions. Que Dieu nous envoie le plus rapidement possible un prophète à contresens d’une église à contretemps.

 

          Il est trop tard pour que naisse une autre confession. D’ores et déjà, Dieu prépare ses Élie pour la dernière grande offensive terrestre menée contre le militantisme impie (politique ou pseudo-religieux). Le dernier grand mouvement de réveil, suscité et prolongé par le Saint-Esprit, ressemblera au vin nouveau qui fait éclater les vieilles outres du sectarisme. Alléluia !

 

          Remarquez qu’Ézéchiel était conduit par l’Esprit. Dans son humanité, il a dû frémir à la vue terrifiante de ces tas d’ossements humains desséchés. Mais, le destin de milliers, si ce n’est de millions d’hommes, reposait sur la foi d’Ézéchiel ; notez bien qu’il reposait sur sa foi, et non sur sa prière. Beaucoup prient, mais peu ont la foi. Que de saintes frayeurs durent ébranler son âme à ce spectacle ! Seuls le ciel et l’enfer étaient spectateurs. Si Ézéchiel avait vécu aujourd’hui, il aurait certainement communiqué une photo de cet événement à la presse ! Puis, passionné de statistiques, il aurait compté les os ; quand ceux-ci commencèrent à bouger, il aurait certainement convié des témoins pour qu’ils le voient à l’œuvre (pour que ses semblables le classent parmi les évangélistes nationaux!) Ézéchiel ne se comporta pas ainsi. Écoutez donc : « Je prophétisai, selon l’ordre que j’avais reçu », (voilà le point crucial de l’histoire, c’était un fou de Dieu) ; « ossements desséchés, écoutez la parole de l’Éternel ». De la folie ? Oui, de la démence, d’une pureté unique. Il dit aux ossements : « Écoutez ! », alors qu’ils n’avaient pas d’oreilles ! Ézéchiel exécutait ce qui lui avait été demandé. Pour sauver les apparences, nous ne manquons pas de modifier les commandements de Dieu, et c’est alors que nous perdons la face. Mais Ézéchiel obéit ; et Dieu, comme à l’accoutumée, agit : « il y eut un bruit ». Eh bien ! voilà qui nous conviendrait. Ézéchiel ne confondit pas commotion et création, ni action et onction, ni agitation et réveil.

 

          D’un seul souffle de sa bouche omnipotente, Dieu aurait pu ramener ce tas informe à la vie, mais le drame allait se dérouler en plusieurs étapes. D’abord, « il se fit un mouvement, et les os s’approchèrent les uns des autres. » (Il ne subsistait donc plus de montagnes d’ossements). Un tel phénomène nous rendrait presque hystériques ; mais pas de réaction similaire chez Ézéchiel. Mais à quoi servent les squelettes ? Peuvent-ils participer aux combats du Seigneur ? A ce stade, honoreraient-ils son nom ? Aujourd’hui, trop souvent, des guides aveugles comptent des « squelettes » qui s’avancent jusqu’à l’autel ; ils ont certainement été touchés, mais ils ne sont pas encore nés. A la vue de leurs quelques larmes brûlantes, nous les exhortons : « Croyez cette promesse », mais ils n’ont pas encore la moindre vie. Désormais, la chair doit venir recouvrir les squelettes ; puis, la peau doit couvrir la chair. Et, pour finir, nous nous retrouvons dans une vallée pleine de cadavres ! Sont-ils de quelque utilité pour Dieu ? Pas encore. Ils ont des yeux, mais ils ne voient pas, des mains, mais ils ne peuvent pas combattre, des pieds, mais ils ne peuvent pas marcher. Tel est l’état dans lequel se trouvent ceux qui cherchent, jusqu’à ce que se produise cette dernière phase : « Je prophétisai, selon l’ordre qu’il m’avait donné ». Ézéchiel persévéra, il résista au doute. Au lieu de céder au découragement, d’abord devant les squelettes, puis devant les cadavres, il considéra que Dieu était avec lui. Seul avec Dieu, il triompha. « Je prophétisai, selon l’ordre qu’il m’avait donné. Et l’esprit entra en eux, et ils reprirent vie. »

 

          Mais qui aujourd’hui peut déclarer : « Je prophétisai, selon l’ordre qu’il m’avait donné […] et ils reprirent vie » ? Nous pouvons rassembler des foules. Notre publicité habile, astucieuse et tapageuse – notre radio, notre musique, notre mise en scène, et tout ce qui s’ensuit – y veillent. Frères, nous ne savons même pas s’Il nous a demandé d’entrer dans le ministère. Ressentons-nous un serrement de cœur pour ceux qui périssent ? Le glas de toutes ces personnes qui meurent chaque minute sans Christ change-t-il notre rosée en sécheresse, nous retire-t-il notre vêtement de louange, ou abat-il notre esprit ? Pouvons-nous, en cet instant, lever les yeux vers le Dieu vivant (car lui baisse les siens sur nous) et nous écrier : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile » ? (1 Corinthiens 9.16) Pouvons-nous véritablement assurer : « L’Esprit de l’Éternel est sur moi », il m’a oint pour prêcher ? Comptons-nous pour l’enfer ? Les démons ont-ils l’occasion de s’exclamer : « Je connais Jésus, et je sais qui est le pasteur X. ! » (Actes 19.15), ou bien, quand nous prêchons, s’interrogent-ils : « Mais qui est celui-ci ? »

 

Leonard RAVENHILL

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