LE CŒUR BRISE, LE DEUIL, ET LE PÉCHÉ

 

LE CŒUR BRISE, LE DEUIL, ET LE PÉCHÉ

 

          L’une des choses les plus douloureuses qui soit est de devoir regarder la vérité en face. Nous sommes bien habitués à la doctrine. La plupart d’entre nous savent d’avance les mots que prononcera tout prédicateur moyen. Mais un rasoir paraît émoussé comparé à la vérité effilée par l’Esprit. Des pasteurs, et d’autres hommes en divers points du globe, semblent partager ces mêmes accents de deuil à cause du manque d’efficacité durable de l’évangélisation moderne (même si elle est fondamentaliste) – nous pourrions la qualifier d’évangélisation météorique – brillante un instant, mais vite disparue.

 

          On devrait examiner trois points cruciaux: le cœur brisé, le deuil et le péché. En premier lieu, « l’Éternel est près de ceux qui ont le cœur brisé, et il sauve ceux qui ont l’esprit dans l’abattement. » (Psaume 34.19) ; en fait, Dieu n’utilise que ce qui est brisé. Jésus, par exemple, prit le pain du petit garçon et le rompit ; alors, il réussit à nourrir la foule. Le vase d’albâtre fut cassé ; ce ne fut qu’après que son parfum put s’échapper et remplir la maison et le monde. Jésus dit : « Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous. » (1 Corinthiens 11.24) Si le Maître suivit cette voie-là, le serviteur ne devrait-il pas l’emprunter aussi ? Car en voulant sauver notre vie, non seulement nous la perdons, mais nous perdons aussi celle d’autrui.

 

          En deuxième lieu, s’affliger à cause du péché ! Jérémie s’écriait : « Répands ton cœur comme de l’eau ! » (Lamentations de Jérémie 2.19), alors que le psalmiste assure : « Mes yeux répandent des torrents d’eau. » (Psaume 119.136) Chers frères, nos yeux sont secs parce que notre cœur reste sec. Nous vivons des temps où il nous est possible d’avoir de la piété sans pitié. C’est inconcevable. Quand deux officiers de l’Armée du Salut écrivirent à William Booth pour lui expliquer qu’ils avaient tout essayé pour obtenir un réveil, mais en vain, il leur envoya cette réponse succincte : « Essayez les larmes ! » Ils le firent, et ils connurent un réveil.

          Les écoles bibliques n’enseignent pas les « larmes ». Elles en sont incapables, bien sûr. Seul le Saint-Esprit les enseigne, et tout prédicateur, quoique couvert de diplômes et de doctorats, n’ira pas très loin s’il ne connaît pas l’amertume de l’âme envers le péché qui règne actuellement. David Livingstone répétait sans arrêt : « Seigneur, quand les blessures causées par le péché seront-elles guéries ? » Mais sommes-nous abattus par le chagrin quand nous prions ? Trempons-nous notre oreiller comme cela arrivait à John Welch quand il priait pour les âmes ? Andrew Bonar, un Écossais très érudit, allongé dans son lit le samedi soir, tandis que les gens qui revenaient des tavernes et des spectacles, parcouraient les rues au-dessous de ses fenêtres, se lamentait du fond de son cœur torturé : « Oh ! Ils périssent, ils périssent ! » Hélas, frères, nous n’avons pas appris Christ de cette façon. Beaucoup d’entre nous ne connaissent qu’une succession de prédications bien tournées, sans larmes, sans passion, sans âme, et personne n’en attend davantage d’un pasteur de nos jours.

 

          Troisièmement, que dire du péché ? « Les insensés se font un jeu du péché », affirme la Bible. Seuls les insensés osent agir de la sorte. Les Pères de l’Église ont distingué sept péchés mortels. Ces sept péchés forment la matrice d’où sont issus soixante-dix fois soixante-dix millions de péchés. Ils constituent les sept têtes d’un monstre qui dévore cette génération à une vitesse terrifiante. Nous avons devant nous une jeunesse anesthésiée par les plaisirs, qui ne se soucie pas le moins du monde de Dieu. Rendue arrogante par un certain pseudo-intellectualisme et imperméable par une indifférence bien entretenue à l’égard des choses spirituelles, elle dédaigne aussi malheureusement les normes établies de la moralité.

          Il serait comique, s’il ne s’agissait pas d’un problème tragique, de lire qu’une certaine vedette de cinéma (connue pour ses tenues extrêmement légères) a refusé d’assister à la première de son propre film parce que quelques scènes indécentes la bouleverseraient. Il y a une demande pour ce genre de produit, d’où l’offre. Souvenez-vous que dans la mythologie grecque, Augias était roi d’Elide et célèbre pour son immense richesse en troupeaux qui comptaient douze taureaux blancs, consacrés à Hélios. Pendant de nombreuses années, l’étable de ces bœufs ne fut pas nettoyée. Puis, Eurysthée contraignit Héraclès à nettoyer cette étable à fond en une journée. Héraclès s’acquitta de sa tâche en détournant les fleuves Alphée et Pérée de leurs cours pour qu’ils traversent l’étable.

 

          Tombons à genoux, ô chrétiens ! Renoncez à cette stupidité d’asperger l’iniquité individuelle et internationale actuelle d’eau de rose théologique ! Devant cette putréfaction, ouvrez les vannes des puissants fleuves de la prière, de la prédication accompagnée de l’onction, jusqu’à ce que tout soit purifié.

 

Leonard RAVENHILL

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