LE SANG, LA CROIX, ET LE NOM DU SEIGNEUR JESUS (2° partie)

 

LE SANG, LA CROIX, ET LE NOM DU SEIGNEUR JÉSUS

(2° partie)

 

La croix

 

          Et maintenant la croix. Naturellement, c'est à la croix que le sang fut versé; et il semble que nous restions dans le même ordre de choses, car le sang est en rapport avec la croix, comme la croix est en rapport avec le sang. Cependant, dans la doctrine du Nouveau Testament, la croix a une signification qui lui est propre. Nous avons lu dans le passage tiré du chapitre 6 des Romains, auquel il y en aurait d'autres à ajouter, comme Colossiens 2 et plusieurs encore, que la croix nous libère de la chair et de l'homme naturel. La position à laquelle nous amène la croix est la suivante: ce n'est pas seulement la question de nos péchés qui a été résolue, c'est celle de notre « moi », de ce que nous sommes en nous-mêmes; nous avons été crucifiés avec Christ. C'est ici que nous nous exposons, si nous n'y prenons garde, à toutes sortes de contradictions, car les faits semblent démentir la vérité affirmée par la Parole de Dieu. N'est-ce pas une expérience commune que cette succession continuelle de chutes, de faiblesses et de rechutes, alternant avec un repentir sincère, un besoin de pardon et de purification, où l'on semble piétiner sur place. Cela se répétant sans cesse, la vie n'est qu'une suite de chutes et de regrets, de péchés et de repentirs, d'égarements et d'humiliations, de jour en jour et de semaine en semaine. Une vie de hauts et de bas, un jour dans la victoire, le lendemain dans la défaite, une vie qui se continuera jusqu'au moment où une crise plus aiguë vous arrache un cri de détresse : « Oh ! la vie chrétienne est une chose terriblement difficile; il semble qu'elle ne consiste qu'à revenir au Seigneur pour implorer son pardon, à retomber ensuite pour se repentir à nouveau; la victoire y a bien peu de place ! » Mais telle n'est pas la volonté du Seigneur. Et la raison secrète de cela, c'est très souvent que nous n'avons jamais reconnu cette vérité essentielle que, dans la croix du Seigneur Jésus, tout ce que nous sommes par nature a été mis de côté, et que, ne l'ayant pas compris, nous n’avons pas accepté cette position avec tout ce qu'elle signifie, tout ce qu'elle implique. Tout ce qu'elle signifie, c'est que, à partir du moment où je l'ai acceptée, ce n'est plus « moi » qui vis. « J'ai été crucifié avec Christ, dit l'apôtre, si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi » (Galates 2:20). Ce n'est maintenant plus à nous-mêmes à choisir notre propre chemin, à faire les choses à notre idée, à avoir notre propre volonté, nos désirs personnels, à établir le programme de notre vie, à dresser nos propres plans pour notre avenir. Non, plus rien ne viendra de nous-mêmes, ni dans le domaine de la volonté, ni dans celui de la pensée, ni dans celui du sentiment. Tout viendra désormais du Seigneur. Quand nous en sommes arrivés à accepter cette position, à reconnaître que, lorsque Christ a été crucifié, nous avons été crucifiés avec lui; que, lorsqu'il a été enseveli, nous avons été ensevelis avec Lui, pour ressusciter ensemble, avec lui, nous recevons dans notre cœur le Saint-Esprit de Christ, qui a pour but et pour objet de gouverner notre vie, de diriger notre marche et de choisir notre chemin. « Ce n'est plus moi. » « Si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts; et il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux » (2 Corinthiens 5 :14-15), et cela grâce à la puissance et à l'énergie de l'Esprit qui demeure en nous. C'est quelque chose de très absolu, qui touche à toutes les parties de notre être et qui accomplit son œuvre jusqu'au fond de nous-mêmes : voilà ce que signifie la croix. Cela ne veut pas dire que nous n'aurons plus jamais de défaillances; nous pourrons encore commettre des fautes, alors nous aurons toujours recours au sang. Mais ce que nous avons eu à apprendre, et ce que tant d'autres ont encore à apprendre, c'est que la croix a sa propre valeur, sa valeur particulière. La croix ne nous purifie pas du péché; la croix crucifie la chair. Maintenant, il se peut que nous ayons une connaissance étendue au sujet de la doctrine du sang, que nous parlions beaucoup du sang, tout en comprenant très mal ce qu'est la croix. Vous pouvez dire sur le sang beaucoup de choses très justes, tandis que votre chair se manifestera d'une façon très évidente. La chose fondamentale et indispensable, c'est la croix: « Notre vieil homme a été crucifié avec Christ » (Romains 6 :6). Comprenez-vous la différence ? A quoi cela nous servira-t-il d'opposer le sang au Diable, si notre chair n'a pas été mise de côté par la croix ? Si vous n'avez pas passé par cette œuvre profonde de la croix qui met une fin à l'homme naturel, l'ennemi reviendra par la porte de derrière, et malgré toute la phraséologie que vous posséderez sur le sang, il vous battra sur tous les points. Il y a tant de prédicateurs qui prêchent le sang, qui savent en parler de toutes les manières, alors que dans leur vie la chair est sans cesse en évidence ; le « moi » se manifeste en tout. L'on peut prêcher le sang, tout en restant dans cette assurance personnelle, cet orgueil, cette arrogance, cette ambition, toute cette attitude qui caractérise la chair . La croix résout donc le problème de l'homme, comme le sang résout celui du péché.

 

Le nom

 

          Et maintenant quelques mots au sujet du nom. Ici encore il y a souvent confusion, et l'on entendra plaider l'efficace du sang là où l'on devrait se servir du nom. C'est le nom qui est la puissante arme du croyant contre l'ennemi, principalement dans la question du service. Le nom va plus loin que le sang, dans ce sens particulier, – j'insiste, dans ce sens particulier – car le nom est lié à l'autorité de Christ sur l'ennemi. Le sang enlève à l'ennemi toute base d'accusation et de condamnation. Le nom du Seigneur Jésus est l'arme puissante par laquelle toute autorité est enlevée à Satan, dans tous les domaines, lorsque la question du péché et celle de la chair ont été résolues. Après que nous en avons fini avec la question du péché, nous avons en effet besoin de quelque chose de plus. Nous avons besoin d'une position d'autorité sur les œuvres de l' ennemi, non seulement dans notre propre vie, mais dans toutes les situations qui nous entourent, car son activité se manifeste partout sur cette terre. Or, c'est dans le nom que nous avons cette puissance. Le nom représente l'autorité de Christ, et l'autorité que nous avons en Christ, sur l'ennemi. Le chapitre 16 du livre des Actes en est un exemple classique. Ce que nous trouvons là, vous vous en souviendrez, c'est l'apôtre Paul qui, en ce qui concerne le péché dans sa propre vie, est au bénéfice de toute la vertu du sang précieux; l'apôtre Paul qui a fait l'expérience de toute la signification de la croix et en qui il n'y a plus rien de lui-même, mais tout de Christ et en Christ. Il est dans une solide position, un homme entièrement crucifié, établi par la foi sur cette base où, par le sang, il n'y a « pas de condamnation », et c'est là qu'il rencontre l'ennemi actif et occupé au dehors. Il regarde au Seigneur, il attend son heure pour intervenir dans cette situation, ne voulant pas le faire de lui-même. Il attend « pendant plusieurs jours » le moment du Seigneur, et alors, au nom de Jésus-Christ, il ordonne à cette œuvre satanique de cesser. Paul est dans une position de triple puissance, en raison de la croix, du sang et du nom, mais au moment de l'action, c'est le nom qu'il invoque, ce n'est pas le sang qu'il fait intervenir. L'activité du Diable nous apparaît parfois purement objective, et nous nous mettons à invoquer le sang. Mais ici, il nous faut prendre garde; il nous faut veiller à ce que nos propres cœurs soient couverts par le sang, sinon l'ennemi se retournera contre nous. L'apôtre Paul n'invoqua pas le sang contre l'ennemi; c'est au nom de Jésus-Christ qu'il lui ordonna de sortir. Nous trouvons dans l'histoire des fils de Scévas (Actes 19), un exemple frappant dans l'autre sens. Ces hommes, qui ne s'appuyaient pas sur le fondement de la croix, qui n'étaient pas au bénéfice de la vertu du sang, ne faisaient que répéter une vaine formule en disant: « Je vous adjure par ce Jésus que Paul prêche ». Aussi les démons se tournèrent-ils contre ces hommes présomptueux en leur répondant: « Je connais Jésus et je sais qui est Paul; mais vous, qui êtes-vous ? » Et ces fils de Scévas connurent une expérience redoutable. Ils apprirent qu'il n'y a rien dans une simple formule, mais qu'il y a quelque chose, qu'il y a tout dans une attitude fondée sur la croix, dans la vertu du sang, car elle nous fait entrer dans l'autorité du nom. Et le nom possède cette valeur objective, cette autorité sur l'ennemi.

 

          « C’est pourquoi aussi Dieu l’a haut élevé et lui a donné un nom au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus se ploie tout genou des êtres célestes, et terrestres, et infernaux, et que toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. » (Philippiens 2 :9-11).

 

          « En le ressuscitant d’entre les morts; et il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination, et de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir. » (Éphésiens 1 :20-21 ).

 

          Le nom représente cette élévation suprême du Seigneur Jésus. Ainsi, le sang nous sépare d'avec le péché; la croix nous sépare d'avec nous-mêmes, d'avec notre vie propre; et le nom nous met en union avec le Seigneur souverainement élevé, assis sur le trône, revêtu de toute autorité. Nous espérons maintenant, sans en dire davantage, que quelques-unes de nos difficultés seront résolues, et que en tout cas, nous verrons un peu plus clairement la valeur particulière de chacune de ces choses que nous ne confondrons plus désormais. Nous comprendrons ainsi que ce nom puissant et précieux ne saurait être invoqué sans mettre en cause tout l'honneur et toute la gloire de notre Seigneur Jésus-Christ. Et, s'il doit, lui, être honoré et glorifié en nous, il faut que la question du péché soit résolue. que notre « moi » soit mis de côté, que Christ ait en nous la première place, qu'il soit pour nous sur le trône. qu'il ait toute la place, en toutes choses.

 

T. AUSTIN-SPARKS

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