QUAND DIEU ASSISTE A L'INHUMATION DE MADAME PRIÈRE

 

QUAND DIEU ASSISTE A L'INHUMATION DE MADAME PRIÈRE

 

« Il voit qu'il n'y a pas un homme, il s'étonne

de ce que personne n'intercède.»

(Esaïe 59.16)

 

          Nous entendons un message identique par la bouche du prophète Ézéchiel: « Le peuple du pays se livre à la violence, commet des rapines, opprime le malheureux et l'indigent, foule l'étranger contre toute justice. Je cherche parmi eux un homme qui élève un mur, qui se tienne à la brèche devant moi en faveur du pays, afin que je ne le détruise pas; mais je n'en trouve point. » (Ézéchiel 22.29-30)

          Voici la traduction de notre texte en français courant: « Il a constaté que personne ne réagissait; il est resté surpris que personne n'intervienne ». Le texte hébreu parle même de la désolation de Dieu: « Et il n'a vu aucun homme, et il s'est désolé que personne n'intervienne ». Notre Dieu...étonné ? Surpris ? Désolé ? Le peuple était donc sans excuse ! N'y aurait-il pas dû y avoir une, deux, dix, des dizaines, des centaines de personnes, et bien plus, qui interviennent, qui intercèdent ?

          Nous déplorons aujourd'hui, avec une grande tristesse, la désertion des réunions de prière. Certes, le mal ne se rencontre pas partout, fort heureusement. Mais souvent, les salles se remplissent pour le culte du dimanche matin; un programme spécial de « divertissement » dit spirituel avec une « tête d'affiche » fait salle comble; certaines églises organisent plusieurs cultes à la suite, faute de places. Cependant, où sont les assemblées contraintes de tenir deux, trois réunions de prière dans la même soirée faute de places ? Force nous est de constater la disparition d'une vraie vie de prière chez les croyants, l'abandon d'une intime communion avec Dieu. On a dit que les réunions de prière étaient le thermomètre de l'église. Que d'assemblées qui grelottent, en dépit d'un masque de vie et d'une fausse croissance !

          A l'époque du prophète Esaïe, qu'est-ce qui aurait dû mobiliser toute une armée d'intercesseurs ? Voyons les raisons de l'étonnement justifié de notre Dieu:

 

1. L'état du peuple de Dieu

 

          Nous invitons notre lecteur à lire le chapitre 58, précédant notre texte. Contentons-nous ici du chapitre 59. Nous y trouvons les péchés du peuple dans les affaires et dans les relations entre individus. Dieu parle même de crimes: « Ce sont vos crimes qui mettent une séparation entre vous et votre Dieu; ce sont vos péchés qui vous cachent sa face...car vos mains sont pleines de sang, et vos doigts de crimes » (v.2-3). Les mains et les doigts du peuple étaient contaminés par le péché ! Le peuple de Dieu se livrait au mensonge, aux péchés de la langue, à la fausseté et à la tricherie. Dieu déclare: « Vos lèvres profèrent le mensonge, votre langue fait entendre l'iniquité » (v.3). Les lèvres et la langue étaient aussi contaminées par le péché !

          Dieu constate l'absence de justice et de droiture: « Nul ne se plaint avec justice, nul ne plaide avec droiture » (v.4).

          Le péché s'était infiltré dans les manières de faire, au point que Dieu fait ce constat: « Leurs œuvres sont des œuvres d'iniquité » (v.6).

          La violence se manifestait au grand jour: « ...Les actes de violence sont dans leurs mains » (v.6).

          Les enfants d'Israël étaient prompts au mal: « Leurs pieds courent au mal, et ils ont hâte de répandre le sang innocent » (v.7). Non seulement les mains, les doigts, les lèvres et la langue étaient pollués par le péché, mais aussi les pieds. Tout le corps était engagé dans le mal, et au service de l'iniquité.

          Qu'en était-il au plus profond de l'être ? « Leurs pensées sont des pensées d'iniquité » (v.7). Le corps n'était pas seul au service du péché, mais l'être intérieur, le cœur, aussi. Les pensées étaient envahies par la souillure.

          De là à s'engager dans de funestes déviations, il n'y avait qu'un pas: « Ils prennent des sentiers détournés: quiconque y marche ne connaît point la paix » (v.8). La pollution causée par l'iniquité avait envahi le territoire des choix, des résolutions, et des décisions du peuple.

          Et comme si tout cela ne suffisait pas, la parole de Dieu met encore le doigt sur d'autres plaies: l'infidélité envers Dieu, l'abandon du Seigneur, et l'absence de vérité: « Nous avons été coupables et infidèles envers l'Éternel, nous avons abandonné notre Dieu...La vérité trébuche sur la place publique...La vérité a disparu. » (v.13-15)

          Le niveau d'apostasie était tel, que celui qui voulait se sanctifier était persécuté par les autres ! « Celui qui s'éloigne du mal est dépouillé. » (v.15)

 

2. De cause à effet

 

          Les redoutables conséquences d'un tel état moral et spirituel sont inévitables. Le prophète, se faisant l'écho du peuple, déclare: « Nous attendons la lumière, et voici les ténèbres, la clarté, et nous marchons dans l'obscurité. Nous tâtonnons comme des aveugles le long d'un mur, nous tâtonnons comme ceux qui n'ont point d'yeux; nous chancelons à midi comme de nuit, au milieu de l'abondance nous ressemblons à des morts » (v.9-10). Au lieu de la révélation, les enfants d'Israël étaient plongés dans la cécité spirituelle. La marche assurée avait cédé la place au tâtonnement. Le peuple n'était plus animé par la force et la vie divines. Il chancelait comme un mort. La rétribution du mal fut sévère: « C'est pourquoi l'arrêt de délivrance est loin de nous, et le salut ne nous atteint pas...Nous attendons la délivrance, et elle n'est pas là, le salut, et il est loin de nous...Et la délivrance s'est retirée, et le salut se tient éloigné. » (v.9,11,14)

 

3. L'étonnement de Dieu

 

          Comme nous le faisions remarquer plus haut, l'Éternel est surpris, indigné, étonné de voir qu'il n'y a pas un homme, de ce que personne n'intercède ! (v.16) A quoi le peuple en était-il réduit ? A quelle bassesse était-il parvenu ? Dans quelle profondeur était-il tombé pour ne pas réagir devant une telle situation ? Si nous avions interrogé les enfants d'Israël, un à un, voici, à peu de choses près, ce que nous aurions entendu:

          L'un aurait avoué, sans honte: « J'aime mon péché, et je n'ai pas du tout l'intention de changer de voie ».

          Un autre aurait déclaré, plongé dans l'aveuglement le plus complet: « Pourquoi l'Éternel nous abonne-t-il ? Pourquoi ne nous délivre-t-il pas ? Pourquoi ne sauve-t-il pas comme autrefois ? »

          Écoutez un autre, résigné celui-là, qui se serait désolé: « Le mal est trop grave, trop étendu, trop profond, il n'y a pas de remède possible ».

          Mais voici maintenant un égaré qui aurait affirmé avec effronterie: « Dieu est miséricordieux, plein de bonté et de compassion, il bénira quand même ! »

          Un insouciant aurait surenchéri: « Intercéder ? Pourquoi donc ? »

          Serait alors survenu un « sage modérateur » se voulant rassurant: « Tout ne va pas si mal. Il y a encore d'excellentes choses au milieu de nous. Attention aux prophètes rabat-joie qui dressent toujours un portrait noir, négatif, légaliste, défaitiste, et qui se prennent pour des supra-spirituels ! »

          Puis un autre, et un autre, et une foule innombrable auraient justifié l'absence de prière. « Comment le savez-vous ? », me direz-vous. Parce que nous entendons les mêmes propos aujourd'hui !

 

          Finalement, après avoir cherché du haut de son trône, Dieu ne trouva pas UN seul homme se tenant devant lui ! Il assista à l'inhumation de Madame Prière !

 

4. Intercéder

 

          « Il s'étonne de ce que personne n'intercède. » (v.16) « Intercéder » signifie « intervenir, user de son influence en faveur de quelqu'un, d'où prier; se faire l'avocat de quelqu'un en intercédant chaleureusement pour lui; défendre; parler pour ».

          « Intervenir » veut dire « prendre part à une action, à une affaire en cours, dans l'intention d'influer sur son déroulement; s'entremettre, s'immiscer ». Si la parole de Dieu, le Saint-Esprit, quelques prédications, et notre propre cœur nous amènent à reconnaître notre déclin, notre tiédeur, notre relâchement, notre éloignement de Dieu, notre position rétrograde, ne devrions-nous pas intercéder devant le Seigneur ? Au lieu de l'insouciance, préférons la repentance. Plutôt que de nous réfugier dans l'indifférence, choisissons d'abandonner nos voies et de revenir vers Dieu de tout notre cœur. Il arrive que des réunions de prière soient truffées de chants, de discours religieux interminables, laissant peu de place à l'intercession. Pourquoi ? L'esprit de prière est-il en agonie dans certaines églises ? Comblons-nous le temps parce que les croyants ne savent plus se tenir devant leur Dieu ? Pensons-nous renverser les forteresses sataniques qui enserrent nos cités avec quelques minutes de prière ? Ne devrions-nous pas être saisis d'une sainte indignation qui nous pousserait à prier intensément pour nos proches, nos familles, notre nation ? Dans quel état sont-ils ? Pensons à l'intercession d'un Moïse, d'un Daniel, d'un Esdras, d'un Néhémie, d'un Paul, et de tant d'autres ! Ces temps sont-ils révolus ? Dieu aurait-il prévu un cimetière pour Madame Prière ?

 

Paul BALLIERE

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