LA MÉDITATION D’UN CHAPITRE DE L’ANCIEN TESTAMENT
Josué 1
A part quelques exceptions (les Psaumes, par exemple) l’Ancien Testament nous apparaît, au début, comme un monde étranger et impénétrable. Quel profit spirituel pouvons-nous tirer de la lecture et de la méditation de chapitres historiques de la première partie de la Bible ?
En règle générale, nous trouvons dans ces chapitres deux sortes d’indications :
1) ce que Dieu a dit ou ce qu’il a fait : ses promesses et leur réalisation.
2) ce que l’homme fait ou ce qu’il doit faire. Nous pouvons lire le chapitre à travers l’une ou l’autre lunette – ou à travers les deux.
Prenons en exemple le premier chapitre des livres historiques : Josué 1.
Ce que Dieu fait
Lisons d’abord le chapitre en relevant tout ce que Dieu fait ou promet. Marquons d’un signe spécial tous les verbes qui nous parlent de l’action de Dieu : v. 1 : « l’Éternel dit » ; v. 2 : « je donne » ; v. 5 : « Je serai avec toi , comme j’ai été avec Moïse ; je ne te délaisserai point, je ne t’abandonnerai point… » (Nous en trouverons une quinzaine)
Nous marquerons du même signe les autres promesses dont l’accomplissement dépend de l’intervention divine : v. 4 : « vous aurez pour territoire… tout le pays des Héthiens… » ; v. 5 : « Nul ne tiendra devant toi… » ; v. 7 : « afin de réussir dans tout ce que tu entreprendras… » ; v. 8 : « tu auras du succès dans tes entreprises, tu réussiras. »
Parmi ces verbes, nous pouvons distinguer, à l’aide d’une marque supplémentaire, le verbe donner (donner le pays, donner la possession du pays, tout lieu que foulera la plante de votre pied) : nous le trouvons 8 fois dans ce chapitre, plus 2 fois : « accorder du repos » (v. 2, 3, 6, 11, 13, 14, 15).
Que nous apprend ce premier aspect ? Dieu intervient dans l’histoire d’Israël, il dirige le cours des événements. Le succès des entreprises dépend de lui, car c’est lui qui donne la possession du Pays promis, qui soutient les chefs militaires et leurs armées.
Si nous avons lu de manière suivie les premiers livres de la Bible, cette vision de l’Histoire ne sera pas nouvelle pour nous. En effet, tout au long du Deutéronome, nous trouvons la même promesse : « Je donnerai le pays à Caleb et à ses enfants (1. 36) ; « c’est aux enfants de Lot que j’ai donné Ar en propriété » (2. 9) ; « voici je livre entre tes mains Sihon et son pays » (2. 24, 31). L’Éternel notre Dieu nous le livra (v. 33). Nous trouvons ce verbe donner 75 fois dans le livre et 12 fois le verbe livrer.
Que pouvons-nous tirer de ces constatations pour notre vie personnelle ou notre vie d’Église ? Le peuple d’Israël, dans sa marche à travers le désert et lors de son entrée en Canaan, se trouvait devant des difficultés humainement insurmontables : des peuples nombreux et bien armés occupaient le passage et le pays. Pourquoi alors s’obstiner ? Ne valait-il pas mieux retourner en Égypte ? Prévenant le découragement de son peuple, Dieu intervient et promet la victoire : il livrera les ennemis entre les mains d’Israël, il donnera le pays à ses enfants et leur accordera du repos. A Josué, le chef du peuple, il rappelle ses interventions du passé, il lui promet la même assistance qu’à Moïse. : « Je serai avec toi, comme j’ai été avec Moïse ».
Nous sommes aussi confrontés journellement avec des difficultés qui nous paraissent souvent insurmontables. L’Ennemi nous défie et nous nargue, le pays promis nous paraît occupé par des adversaires inexpugnables. Le découragement nous guette. Ne serait-il pas plus simple et plus sage de « retourner en Égypte », c’est-à-dire de faire comme tout le monde ?
A ce moment, la promesse de Dieu nous saisit et nous empoigne. « Ne t’effraie point et ne t’épouvante point, car l’Éternel ton Dieu est avec toi dans tout ce que tu entreprendras… je ne te délaisserai point, je ne t’abandonnerai point ».
Ce qui importe, ce n’est pas l’obstacle, mais la promesse divine. Si Dieu donne, s’il livre l’adversaire entre nos mains, qui pourra lui résister ? s’il nous accorde son repos, qui nous le ravira ? Nous sommes donc amenés à nous demander si nous pouvons nous appuyer comme Josué (v.6) sur une promesse de Dieu pour avancer dans le problème particulier qui nous préoccupe. Pouvons-nous nous approprier dans ce cas ce qui est dit dans Matthieu 18. 19 ou Marc 11. 24 ou Romains 8. 32 ?
Lire la Bible à travers cette perspective nous encourage et nous fortifie dans notre résolution de compter davantage sur la puissance de Dieu dans notre vie de tous les jours.
Les mêmes promesses sont valables pour l’Église, peuple de Dieu de la nouvelle alliance. Elle aussi se trouve, comme le peuple d’Israël, devant des montagnes imprenables, le pays promis semble s’éloigner au fur et à mesure que l’on s’en rapproche, le monde menace et ricane. Mais Dieu a dit : « Ne crains point petit troupeau ; car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume » (Luc 12. 32). L’Église peut compter sur sa promesse, elle sait que « les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle » (Matthieu 16. 18).
Lève-toi
Pour édifiante qu’elle soit, cette première lecture ne fait cependant pas entièrement justice au texte. Tout ce que nous avons relevé concernant l’action de Dieu est vrai, mais ce n’est pas toute la vérité.
Relisons le chapitre en marquant d’un signe différent tous les verbes indiquant ce que l’homme fait ou doit faire : v. 2 : « lève-toi, passe ce Jourdain… pour entrer dans le pays… » ; v. 6 : « Fortifie-toi et prends courage, car c’est toi qui mettras ce peuple en possession du pays… » ; v. 7-8 : « Fortifie-toi seulement et aie bon courage en agissant fidèlement selon toute la loi que Moïse, mon serviteur, t’a prescrite ; ne t’en détourne ni à droite ni à gauche, afin de réussir dans tout ce que tu entreprendras. Que ce livre de la loi ne s’éloigne point de ta bouche ; médite-le jour et nuit, pour agir fidèlement selon tout ce qui y est écrit… » ; v. 10 : « Josué donna cet ordre » ; v. 11 : Préparez-vous des provisions, car dans trois jours vous passerez ce Jourdain pour aller conquérir le pays. »
Nous relèverons plus d’une trentaine de verbes qui mettent l’accent sur l’homme et son action. Si, tout à l’heure, nous pouvions avoir l’impression que tout dépendait de l’intervention divine, à présent, en lisant le texte à travers cette « fenêtre », nous pourrions supposer que tout ne tient qu’à l’homme. Les deux conclusions se complètent mais ne se contredisent pas.
Josué, quoique chef du peuple et ancien ami et bras droit de Moïse, était menacé de découragement – comme nous. Dieu ne lui ôte pas sa peur d’un coup de baguette magique, il lui donne cet ordre : « Fortifie-toi et prends courage. Ne t’effraie point et ne t’épouvante point ». Il s’adresse donc à la volonté de Josué comme si elle avait pouvoir sur ses craintes, comme si le courage était une chose dont nous pourrions nous emparer. Et pourquoi cela ne serait-il pas vrai, puisque Dieu le dit ? Trois fois l’Éternel répète ces paroles à Josué : « Fortifie-toi et prends courage » (v. 6, 7, 9). Dieu a donc mis la force en nous (voyez Juges 6. 14) et notre volonté peut en user. Une fois (v. 18), c’est le peuple qui donne cette même exhortation à son chef ; les « bonnes paroles » des autres peuvent donc aussi nous être utiles.
Que doit faire encore Josué ? Méditer le livre de la loi et agir fidèlement selon tout ce qui y est écrit (v. 8). Cela n’aurait-il rien à nous dire ? Puis agir : « Lève-toi, passe ce Jourdain pour entrer dans le pays » (v. 2). Il doit entreprendre une action (v. 9). Nous le voyons donner des ordres aux officiers (v. 10-11) et au peuple (v. 12ss). Les Israélites, de même, doivent combattre et aider leurs frères (v. 14), ils promettent d’obéir à Josué, de faire tout ce qu’il a ordonné (v. 16-17). L’assistance divine ne nous dispense donc pas d’agir, c’est-à-dire d’appliquer nos efforts à la réalisation de ce que Dieu nous demande. Les promesses de Dieu ne sont pas, pour l’Église, un oreiller de paresse. Dieu lui demande de combattre avec toutes les forces disponibles jusqu’à ce que le repos intérieur soit assuré à tous ceux pour qui Christ est mort. D’autres luttes encore requièrent un engagement total, sur le plan social par exemple.
L’histoire de l’Église prouve que les victoires ont été remportées, non par ceux qui attendent sans agir l’intervention divine, mais par des lutteurs qui se dépensent sans compter pour la cause de Dieu.
L’articulation des deux thèmes
Dans toute la Bible nous trouvons juxtaposés les promesses divines et les ordres. « L’Éternel, votre Dieu, vous livre ce pays pour que vous le possédiez. Vous tous, soldats, vous marcherez en armes… » (Deut. 3.18). Aux centaines de promesses de ce livre du Deutéronome, correspondent des centaines de commandements, engageant les Israélites à s’emparer militairement du pays que Dieu leur donne. Comment Josué pouvait-il comprendre ces deux sortes d’indications apparemment contradictoires ?
Puisque Dieu donne le pays, la possession en est donc assurée. La foi se saisit de la promesse et agit sur cette base. Nos efforts ne sont que le moyen de nous emparer de l’objet promis. Cette attitude nous permettra de nous approprier toutes les bénédictions spirituelles que Dieu tient en réserve pour nous qu’il s’agisse du salut (Jean 3. 16), de la sanctification (Rom. 6. 1-12 ; Phil. 2.12) ou des dons spirituels (2 Pi. 1. 3-11).
Ainsi ce premier chapitre du livre de Josué nous enseigne les principes essentiels de la pédagogie divine que nous pouvons appliquer directement à nous. Nous retrouvons ces principes dans tous les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament.
En notant d’une part ce qui concerne Dieu, de l’autre ce qui se rapporte à l’homme, nous sommes gardés de toute insistance unilatérale sur un seul des deux aspects complémentaires de toute œuvre divine. Les promesses et les récits d’interventions divines fortifient notre confiance en Dieu, les ordres et les exemples stimulent notre action, la juxtaposition des deux éduque notre foi.
Soyez enthousiastes pour entreprendre ainsi l’exploration méthodique des chapitres de l’Ancien Testament. Vous y trouverez une mine inépuisable d’enseignements pour votre cœur.
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