A L'ECOLE DE L'AMOUR

 

A L'ECOLE DE L'AMOUR

 

« Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui...

Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi...

Je suis à mon bien-aimé.»

(Cantique des cantiques 2.16; 6.3; 7.11)

 

1. L'école de l'amour

 

          Parmi les lois spirituelles qui régissent le royaume de Dieu, se trouve celle de la croissance progressive. La germination et le développement de la semence divine échappent à la compréhension, au contrôle, et au travail de l'homme. « Il en est du royaume de Dieu comme quand un homme jette de la semence en terre; qu'il dorme ou qu'il veille, nuit et jour, la semence germe et croît sans qu'il sache comment. La terre produit d'elle-même, d'abord l'herbe... », dit Jésus (Marc 4.26-28).

          Il en est ainsi de l'amour. Dans ce domaine, comme dans beaucoup d'autres, nous sommes à l'école de Dieu. Nous apprenons de lui à aimer. « Nous avons connu l'amour, en ce qu'il a donné sa vie pour nous » (1 Jean 3.16). Comme dans tout apprentissage, nous sommes appelés à progresser. « Que le Seigneur augmente de plus en plus parmi vous, et à l'égard de tous, cette charité que nous avons nous-mêmes pour vous », écrivait Paul aux Thessaloniciens (1 Thessaloniciens 3.12) ; et encore: « Nous vous exhortons, frères, à abonder toujours plus dans cet amour » (1 Thessaloniciens 4.10) ; et encore: « Nous devons à votre sujet, frères, rendre continuellement grâces à Dieu, comme cela est juste, parce que...la charité de chacun de vous tous à l'égard des autres augmente de plus en plus » (2 Thessaloniciens 1.3).

          Apprenons à aimer plus: c'est l'intensité de l'amour. « Ce que je demande dans mes prières, c'est que votre amour augmente de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence » (Philippiens 1.9)

          Il nous faut aimer bien: c'est la qualité de l'amour.

          Il nous faut aussi aimer mieux: c'est la correction de l'amour.

          Apprenons encore à aimer comme Dieu: c'est l'imitation de l'amour. « Pour ce qui est de l'amour fraternel, vous n'avez pas besoin qu'on vous en écrive; car vous avez vous-mêmes appris de Dieu à vous aimer les uns les autres » (1 Thessaloniciens 4.9).

          Veillons à aimer toujours: c'est la constance et la persévérance de l'amour. L'église d'Ephèse avait failli dans ce domaine. Jésus lui fait ce reproche: « Ce que j'ai contre toi, c'est que tu as abandonné ton premier amour » (Apocalypse 2.4).

 

2. D'abord l'herbe

 

          La Sulamithe est à l'école de l'amour. Elle a d'abord éprouvé « l'amour en herbe ». « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui », dit-elle. C'est « l'amour en retour ».

          « Pour nous, nous l'aimons, parce qu'il nous a aimés le premier », écrit l'apôtre Jean (1 Jean 4.19). Cet amour est est le miracle de la grâce, le fruit de la vie divine en nous, la réponse à l'amour de Jésus pour nous. Autrefois, nous étions dignes d'être haïs, nous haïssant les uns les autres. Maintenant, après avoir été saisis par Jésus-Christ, nous prenons la bonté et l'amour de Dieu notre Sauveur à pleines mains, à plein cœur. Nous buvons à longs traits le lait spirituel qui se trouve dans la Parole de Dieu. Nous sommes des consommateurs avides du salut. Jésus donne en abondance. Nous recevons de sa plénitude. Il est notre part d'héritage et notre breuvage. Rien ne nous donne une joie indicible comme la communion avec lui. Il nous aime. Nous l'aimons. Il est à nous, et nous sommes à lui.

          A lui, par sa miséricorde et par son élection.

          A lui, parce qu'il a déployé sur nous son amour, et qu'il nous a choisis pour être siens.

          A lui, par la foi et par la soumission.

          A lui, jusqu'à la fin du jour. C'est une union que la mort et l'éternité ne peuvent ni altérer, ni dissoudre. Jusqu'à ce moment-là, notre communion avec lui est vécue parmi les ombres. Mais quand poindra l'aurore du grand jour, ces ombres fuiront. En attendant, nous sommes à notre bien-aimé tout autant à l'heure de la souffrance qu'au jour de la gloire.

          Que notre amour augmente de plus en plus ! Que notre terre, après avoir produit l'herbe, donne aussi l'épi !

 

3. Puis l'épi

 

          La Sulamithe ne dit plus: « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui », mais « je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi ». Voilà donc la croissance dans l'amour, la croissance de l'amour, exprimée ici dans sa forme la plus pure, la plus simple, la plus puissante aussi.

          Une nouvelle étape a été franchie vers la maturité spirituelle. Les sentiments de la bien-aimée ont mûri sous les doux rayons de la contemplation amoureuse. Ses yeux et son cœur ont caressé la beauté inégalable du berger. Elle l'aime, mais elle l'aime mieux. Le stade de « l'amour en retour » est maintenant dépassé. Elle n'aime plus seulement parce qu'elle a été aimée en premier. Elle se donne à son bien-aimé, sans se soucier de l'avenir. L'amour jaillit, bouillonne, intense, exclusif. Elle est toute à son berger parce qu'elle s'est donnée à lui. Qu'il soit présent ou absent, elle est sienne, avant toute autre chose.

 

          L'amour en épi ! Apprenons cet amour-là, qui donne avant même de recevoir, qui se donne sans attendre le don de l'Être aimé, le don de Dieu. Ne disons pas: « Je t'aimerai si... »; ou: « Je t'aime parce que... »; ou encore: « Moi aussi, je t'aime ! ». Mais déclarons notre amour désintéressé et spontané.

 

          D'où vient cette croissance ? Le bien-aimé n'est pas seulement le berger, quoiqu'il fasse « paître son troupeau parmi les lis ». Il se distingue entre dix mille. Il est plein de charme et revêtu de magnificence. Il est le grand Roi, dont le royaume n'est pas de ce monde. Lorsque nous contemplons la splendeur de notre Époux céleste, nous nous donnons à lui avec bonheur. Nous ne vivons plus pour nous-mêmes, mais pour lui. Nous ne cherchons pas nos intérêts, mais les siens. Quelles que soient les incertitudes du lendemain, nous sommes à notre Bien-aimé. Les mirages de cette terre, séducteurs, trompeurs, ne feront pas vaciller notre âme. Ce qui est réel, c'est notre amour pour Jésus-Christ, auquel répond le sien, fidèle et constant.

 

          Soyons aptes, et toujours prêts à donner raison de l'espérance qui est en nous, à tous ceux qui nous la demandent. Un tel témoignage personnel est encourageant pour qui cherche le Seigneur avec ardeur.

 

4. Puis le grain tout formé dans l'épi

 

          « Je suis à mon bien-aimé. » (7.11)

 

          Ce cri triomphant de la Sulamithe n'est ni précédé, ni suivi comme auparavant de l'affirmation: « Mon bien-aimé est à moi ». La bien-aimée est tout entière à son bien-aimé. Voilà l'amour parvenu à une pleine maturité. Il se donne à l'être aimé, sans rien exiger en retour. Quoi qu'il advienne, il se déploie avec force.

 

          Cet amour remplissait le cœur des compagnons de Daniel. Quand bien même Dieu ne les aurait pas délivrés de la fournaise ardente, ils n'auraient pas servi les dieux du roi Nebucadnetsar, ni adoré la statue d'or qu'il avait élevée. Ils étaient à leur Bien-aimé, quoi qu'il en coûte. Accepter de n'être plus rien, perdre sa propre vie, être au Seigneur pour vivre et pour mourir, n'avoir pour seul désir que de l'aimer, c'est bien là « le grain dans l'épi ». L'apôtre Paul avait atteint ce degré d'amour. « Je ne fais pour moi-même aucun cas de ma vie, comme si elle m'était précieuse, disait-il, pourvu que j'accomplisse ma course avec joie, et le ministère que j'ai reçu du Seigneur Jésus, d'annoncer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu. » (Actes 20.24)

 

          Remplis d'un tel amour, nous nous oublions nous-mêmes. Nous supportons tout, prêts à souffrir jusqu'au bout pour le Seigneur. « Car l'amour de Christ nous presse, parce que nous estimons que, si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts; et qu'il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. » (2 Corinthiens 5.14-15) « En effet, nul de nous ne vit pour lui-même, et nul ne meurt pour lui-même. Car si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur; et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur » (Romains 14.7-8).

          « Vous ne vous appartenez point à vous-mêmes. Car vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit, qui appartienne à Dieu. » (1 Corinthiens 6.19-20)

 

          Veillons donc à ce que notre cœur soit honnête et bon, pour que le germe d'amour semé en nous par la main divine, produise un fruit béni, celui de l'Esprit. C'est ainsi que le divin englobe l'humain, que le ciel rencontre la terre et l'exauce. Instant après instant, ce baiser éternel façonne l'amour mature, paisible et triomphant, généreux et sage, humble et magnifique, paré d'une splendeur à faire pâlir les gloires du siècle présent. Le fruit mûr est maintenant prêt pour la moisson, les noces de l'Agneau, l'union spirituelle et incorruptible avec le Fiancé divin. Christ apparaîtra à ceux qui l'attendent pour leur salut. Ses désirs ne se portent-ils pas vers eux ?

 

Paul BALLIERE

www.batissezvotrevie.fr