LA PORTE BASSE

 

LA PORTE BASSE

 

« Il y aura là un chemin frayé, une route, qu’on appellera la voie sainte ;

nul impur n’y passera ; elle sera pour eux seuls ;

Ceux qui la suivront, même les insensés, ne pourront s’égarer. »

(Esaïe 35.8)

 

          Au sommet de la colline, gardant l’accès à la voie sainte, se dresse la Croix. Sombre et âpre, elle divise le temps et les hommes. Au pied de la Croix se trouve une porte basse, si basse que, pour la franchir, il faut se baisser et ramper. C’est le seul accès à la voie sainte, au chemin frayé sur la hauteur, et il nous faut y passer si nous voulons pénétrer plus avant. Cette porte s’appelle la porte des brisés. Seuls ces derniers peuvent y passer. Être brisé, c’est pouvoir dire : « Non plus moi, mais Christ ». En chacun de nous se trouve un « moi » orgueilleux, au cou roide. Ce cou a commencé à se roidir dans le jardin d’Éden, où Adam et Eve, qui s’étaient toujours soumis à la volonté de Dieu, se rebellèrent, réclamèrent leur indépendance, cherchant à être « comme des dieux ». A travers toute la Bible, Dieu reproche à son peuple d’avoir eu le cou roide ; or, nous l’avons aussi : nous sommes durs et révoltés, susceptibles et facilement offensés. Nous nous irritons ; nous envions, critiquons ; nous refusons de pardonner et gardons rancune. Nous luttons par nous-mêmes et essayons d’accomplir par nos propres efforts ce qui devrait être laissé à Dieu. Nous sommes indulgents envers nous-mêmes – et combien souvent cela conduit à l’impureté ! Toutes ces choses et beaucoup d’autres ont leur source dans notre moi orgueilleux. Si Christ le remplaçait vraiment en nous, nous n’aurions pas ces réactions. Avant que nous puissions pénétrer sur les hauteurs de la voie sainte, il faut que Dieu courbe et brise le moi, de sorte que Christ règne à sa place. Être brisé, cela signifie n’avoir plus de droits, ni devant Dieu, ni devant les hommes ; non pas simplement les abandonner, mais reconnaître que nous n’en avons point, si ce n’est celui de mériter l’enfer. Cela signifie ne plus rien posséder en propre, ni temps, ni argent, ni biens, ni position.

 

          Pour en arriver là, Dieu nous conduit au pied de la Croix, où il nous montre ce que c’est que le brisement véritable. Là, nous voyons ces mains et ces pieds blessés, ce visage empreint d’amour et couronné d’épines, et le brisement complet de celui qui a dit : « Que ta volonté soit faite et non la mienne », tandis qu’il buvait jusqu’à la lie la coupe amère de nos péchés. Ainsi, c’est en regardant à lui et en réalisant que ce sont nos péchés qui l’ont cloué là, que nous serons brisés à notre tour. En contemplant l’amour et le brisement de Dieu mourant à notre place, nos cœurs se fondront, nous voudrons être brisés pour lui, et cette prière deviendra la nôtre :

 

Sauve-moi de moi-même, ô mon Sauveur,

Je veux me perdre en toi,

Que ce ne soit plus moi,

Mais toi, Jésus, qui demeures en mon cœur. .

 

          Plusieurs ont constaté qu’il n’est pas de prière plus promptement exaucée par Dieu que celle dans laquelle nous lui demandons de nous briser.

 

Roy HESSION

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