LA LUMIÈRE DE CONDAMNATION

 

Le rôle de la lumière dans le réveil de l’Église

 

Chapitre 4

 

La lumière de condamnation

 

Lors d'un réveil, le cœur attiédi du croyant

est condamné par la lumière de Dieu.

 

          Dieu est le créateur des astres resplendissants. Le psalmiste a loué la grandeur et la puissance de l’Éternel par ces mots : « Louez...celui qui a fait les grands luminaires...le soleil pour présider au jour...la lune et les étoiles pour présider à la nuit... » (Psaume 136.7-9)

          Dans le Nouveau Testament, cette pensée est reprise par Jacques :

 

          « Ne vous y trompez pas, mes frères bien-aimés : toute grâce excellente et tout don parfait descendent d'en haut, du Père des lumières, chez lequel il n'y a ni changement, ni ombre de variation. » (Jacques 1.16-17)

 

          Le « Père des lumières » ! Il est l'auteur des astres. Ces grands luminaires sont eux-mêmes les symboles de la lumière éternelle de leur créateur. Mais Dieu engendre aussi des lumières d'une toute autre nature. Celles-là appartiennent au monde spirituel. Trois grandes lumières se manifestent tout au long de l’Écriture, soit dans la vie d'un homme ou d'une femme, soit dans l'histoire du peuple d'Israël ou dans la marche de l’Église. Quand le Seigneur m'a enseigné ces choses, mon cœur en a été bouleversé. Je voudrais partager avec vous ces vérités qui réapparaissent désormais comme la trame essentielle de toute la révélation des Écritures. Ces trois lumières constituent ensemble l'un des principes fondamentaux du gouvernement de Dieu. Nous verrons qu'elles agissent successivement. La première d'entre elles est la lumière de condamnation.

 

          Dans le chapitre précédent, nous disions que, lors d'une conversion, la lumière dévoile le cœur du pécheur et l'amène à se reconnaître tel qu'il est aux yeux du Dieu saint. Quelle révélation ! La repentance et un changement de vie radical s'ensuivent nécessairement. Le pécheur transformé devient lumière.

          Un soir, une femme assista à l'une de nos réunions d'évangélisation. Elle fut très attentive au message de l’Évangile, et visiblement touchée. La semaine suivante, elle revint accompagnée d'un homme. Je pensais que c'était son mari. Les semaines suivantes, elle revint de manière très assidue, mais seule. Intrigué, je lui demandai : « Votre mari n'est pas intéressé par l’Évangile ? Il ne désire plus venir ? ». « Ce n'est pas mon mari », me répondit-elle, « c'était mon amant. Je suis venue la première fois pour prier Dieu, et lui demander de faciliter la rupture avec mon mari. Je voulais que les choses se déroulent le mieux possible. Mais en vous écoutant, j'ai compris ma culpabilité devant Dieu. J'ai rompu avec mon amant ». Elle mit fin à sa relation adultère, ne quitta pas son mari, et se convertit au Seigneur. Que s'était-il donc passé dans son cœur, ce deuxième soir, à l'écoute du message de l’Évangile ? Une action profonde et puissante de la lumière de condamnation.

          Paul rappela aux chrétiens d’Éphèse :

 

          «Autrefois vous étiez ténèbres, et maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. » (Éphésiens 5.8)

 

          Aux croyants de Thessalonique, convertis depuis peu, Paul écrit :

 

          « Vous frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres... vous êtes tous des enfants de la lumière et des enfants du jour. Nous ne sommes point de la nuit ni des ténèbres. » (1 Thessaloniciens 5.4-5)

 

          Job dit :

 

          « Il [Dieu] met à découvert ce qui est caché dans les ténèbres, il produit à la lumière l'ombre de la mort. » (Job 12.22)

 

          Très tôt dans ma vie d'adolescent, le Seigneur m'a appris à le connaître comme le Père de la lumière de condamnation. A quatorze ans, je n'avais pas que de bons copains. Certains de ceux que je fréquentais m'avaient donné un magazine rempli de photos impures. Je cherchai immédiatement la manière de le cacher. Il ne fallait surtout pas que mes parents tombent sur ce genre de revue ! La cachette fut vite trouvée. A l'époque, j'apprenais le dessin industriel. Je possédais une grande planche à dessin, enfermée dans une pochette de tissu. Mes parents ne regardant jamais mes « œuvres », je me trouvais en pleine sécurité. Or, un dimanche, en fin d'après-midi, nous étions rentrés de l’Église., quand ma tante me dit : « Tu ne nous as jamais montré tes dessins, j'aimerais beaucoup les voir ». Je me dis : « Qu'est-ce qui lui prend tout à coup ? » Dissimulant assez mal la panique qui m'envahissait, je répondis d'un air le plus détaché possible : « c'est inutile, tu n'y comprendrais rien. » Mais elle insista, ma très chère tante ! Aujourd'hui, je la bénis. Mais pas ce jour-là ! Il me fallut ouvrir la pochette, sortir les dessins, et je ne sais pourquoi (ou plutôt si !) mes parents ont voulu que je sorte tout. Les yeux de toute la famille étaient maintenant sur le magazine et sur moi. Vous imaginez l'état dans lequel je me trouvais. L'ombre de la mort venait d'être mise à la lumière par le Seigneur. Béni soit le Dieu qui engendre cette lumière-là ! Je n'ai jamais oublié la cuisante leçon de ce dimanche.

          Comme je comprends David lorsqu'il écrit :

 

          « Où irais-je loin de ton esprit, et où fuirais-je loin de ta face ? Si je monte aux cieux, tu y es ; si je me couche au séjour des morts, t'y voilà. Si je prends les ailes de l'aurore, et que j'aille habiter à l'extrémité de la mer, là aussi ta main me conduira, et ta droite me saisira. Si je dis : au moins les ténèbres me couvriront, la nuit devient lumière autour de moi ; même les ténèbres ne sont pas obscures pour toi, la nuit brille comme le jour, et les ténèbres comme la lumière. » (Psaume 139.7-12)

          Un homme était dans notre Église, ce soir-là, pour la première fois. Vint le moment de la prédication. Pendant plusieurs minutes, je m'en tins fidèlement au message que j'avais préparé. Puis subitement, je me surpris à dire des choses étranges, n'ayant aucun rapport avec le cours normal du message. Tout en poursuivant, je pensai intérieurement : « Mais, qu'est-ce qui t'arrive ? Qu'est-ce que tu racontes ? ». Je dis : « Vous êtes venu ce soir écouter la Parole de Dieu. Mais il y a quelques jours, vous avez consulté un marabout. Il vous a remis une médaille, objet de sorcellerie. Vous la portez ce soir, sous votre chemise ». Et je continuais en dénonçant ces œuvres de ténèbres. Puis, j'essayai tant bien que mal de retomber sur mes pieds et de terminer mon message à peu près convenablement. A la fin de la réunion, cet homme s'avança vers moi. Il me dit : « C'est la première fois que je viens ici. Cette semaine, je suis allé consulter un marabout. Il m'a remis une médaille. Je la porte ce soir autour de mon cou, sous ma chemise ». Il était bouleversé. Quelques jours plus tard, il me reçut à son domicile. Je pus lui exposer la voie du salut en Jésus-Christ. La lumière de condamnation venait d'éclairer les ténèbres de l'occultisme.

 

          Il est indispensable que, du sein de notre nuit, Dieu révèle les choses profondes, enfouies, cachées, masquées qui l'offensent et nous perdent. Lorsque nous sommes à l'ombre de la mort, c'est que la mort n'est pas loin ! Dans son amour, le Seigneur fait ressortir par la lumière l'ombre de la mort. Il nous montre ce qui nous conduit tout droit vers la perdition. Si nous nous laissons faire, nous sommes sauvés.

 

          Comprenez bien le sens du mot « condamnation ». Quand Paul écrit : « Tout ce qui est condamné est manifesté par la lumière» (Éphésiens 5.13), il emploie le verbe « élegcho » qui signifie « faire honte, convaincre d'une faute, d'une erreur, d'un tort, reprocher, blâmer ». C'est le rôle joué par la lumière dans la conscience du pécheur.

          Lorsque Jésus annonce la venue et l'œuvre du Saint-Esprit, il déclare : « Quand il sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice, et le jugement. » (Jean 16.8) Le verbe traduit par « convaincre » est également « élegcho ». Sous l'action puissante de l'Esprit, le pécheur se sent blâmé. Il éprouve de la honte. Il est convaincu de ses péchés. Il sent tout le poids de la condamnation divine. Mais cette condamnation ne conduit pas vers le mépris, le rejet et la perdition. Quand la lumière de condamnation brille dans un cœur, elle éclaire ensuite le chemin menant à la rédemption. Autrement dit, Dieu blâme, il censure, il désapprouve, mais ce n'est pas pour frapper de la peine éternelle. C'est, au contraire, pour racheter. Ainsi, pour être sauvé, le pécheur doit être sondé, fouillé par la lumière et « condamné » pour être ensuite purifié et transformé.

 

QUE SE PASSE-T-IL LORS D'UN RÉVEIL ?

 

          Rappelons ce que Paul écrit aux Éphésiens :

          « Mais toutes choses, étant reprises (ou condamnées) par la lumière, sont manifestées ; car ce qui manifeste tout, c'est la lumière. » (Éphésiens 5.13, version Darby)

 

          Il y a donc une action de la lumière antérieure au réveil, car ce n'est qu'ensuite que Paul ajoute :

 

          « C'est pourquoi il dit : Réveille-toi, toi qui dors, et relève-toi d'entre les morts... » (Éphésiens 5.14)

 

          Cette action est celle de la condamnation de tout ce qui est mauvais dans un cœur. Les œuvres de ténèbres, secrètes, mauvaises, sont placées dans la lumière, de diverses manières, par le Seigneur. Elles sont reprises, jugées, et condamnées.

          Lors d'un vrai et profond réveil, le cœur du croyant est pénétré et condamné par la lumière.

          Tant de soi-disant chrétiens sont en réalité sous l'occupation ennemie. Leur existence quotidienne est envahie à nouveau par des œuvres de ténèbres. La tiédeur, les compromis, les convoitises, la religiosité, le doute sont le lot de beaucoup de membres d’Églises aujourd'hui.

          Le désir de l'Esprit est de les amener à nouveau, par la repentance, à un rétablissement spirituel complet. Trop de croyants s'imaginent que la repentance ne les concerne plus. A cinq Églises d'Asie Mineure, à Éphèse, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, et à Laodicée, Jésus lance un vibrant appel à la repentance (Apocalypse 2.5, 16, 21, 22 ; 3.3, 19).

          Moïse priait en ces termes :

 

          « Tu mets devant toi nos iniquités, et à la lumière de ta face nos fautes cachées. » (Psaume 90.8)

 

          Le prophète Daniel déclare :

 

          « Il [Dieu] révèle ce qui est profond et caché, il connaît ce qui est dans les ténèbres, et la lumière demeure avec lui. » (Daniel 2.22)

 

          Dans son entretien avec Job, Bildad affirme :

 

          « Sur qui sa lumière ne se lève-t-elle pas ? Comment l'homme serait-il juste devant Dieu ? Comment celui qui est né de la femme serait-il pur ? (Job 25.3-4)

 

          Annonçant le châtiment de Jérusalem, Sophonie ajoute :

 

          « L’Éternel est juste au milieu d'elle, il ne commet point d'iniquité ; chaque matin il produit à la lumière ses jugements, sans jamais y manquer ; mais celui qui est inique ne connaît pas la honte. » (Sophonie 3.5)

 

          Ainsi, pour vivre un réveil et marcher dans la sainteté, le cœur du croyant doit être éclairé par la lumière de condamnation. Toute transgression doit être confessée à Dieu, et tout péché abandonné.

 

          J'avais été invité en Allemagne pour un camp de jeunesse. La plupart des jeunes étant engagés avec Christ, les organisateurs m'avaient demandé d'apporter un message d'édification. Ce que je fis pendant plusieurs réunions. Mais un soir, le Saint-Esprit me conduisit dans une toute autre direction. Dénonçant le péché sous ses différents aspects, j'appelai l'auditoire à la repentance. Les jeunes commencèrent à pleurer, et beaucoup consacrèrent à nouveau leur vie à Christ. Mais ce qui suivit fut bouleversant. Bien des jeunes ne rejoignirent pas leur chambre. Ils furent pressés par l'Esprit de Dieu à venir me confesser leurs péchés. Ils attendirent à l'extérieur de la salle de réunion, et ils vinrent les uns après les autres m'ouvrir leur cœur. Cela dura jusque tard dans la nuit. Ce que j'entendis dans ces moments-là fut profondément attristant. Les uns avouèrent faire usage de drogues douces. D'autres confessèrent des liens d'impudicité, de pornographie ; d'autres encore mirent en lumière certains péchés secrets dont ils étaient toujours esclaves.

          Ils étaient chrétiens ! Du moins le pensaient-ils. Certains d'entre eux avaient un service dans leur Église : musique, direction des chants...Il était indispensable que la lumière vienne condamner toutes les œuvres mauvaises enfouies dans leur cœur.

 

          Lorsque l’Éternel l'eut délivré de tous ses ennemis, David adressa à l’Éternel un cantique dans lequel nous lisons ces paroles :

 

          « Oui, tu es ma lumière, ô Éternel ! L’Éternel éclaire mes ténèbres. » (2 Samuel 22.29)

 

          Dans le Psaume 27, il s'écrie

 

          « L’Éternel est ma lumière et mon salut. » (Psaume 27.1)

 

          Le salut ne vient qu'après la lumière. Le réveil ne vient qu'après la lumière. Telles sont les lois qui régissent le gouvernement de Dieu.

          Quand la lumière de condamnation a été reçue, et qu'elle a accompli son œuvre, Dieu engendre une seconde lumière : la lumière de communion.

 

Paul BALLIERE

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