RECHERCHES : PROPHÈTES POUR JUGEMENT DERNIER !

 

RECHERCHES : PROPHÈTES POUR JUGEMENT DERNIER !

 

          La tête de Paul est déjà à moitié dans la gueule du lion. Qu’importe ! Devant Agrippa, Paul, disciple audacieux et indomptable, ne craque ni ne ménage ! Il ne pourra jamais être un prédicateur qui plaisante. Le courage physique conférera, d’une certaine façon, de la hardiesse à l’homme ; la force morale qui se moque de l’opinion d’autrui, quel qu’il soit, le rendra audacieux, d’une autre manière. Ces deux sortes de courage firent de Paul le Daniel chrétien dans la « fosse aux lions » romaine. Des hommes peuvent s’efforcer de détruire le corps d’un prophète, mais ils ne peuvent pas détruire le prophète.

          Alors que j’écris, les aiguilles de l’horloge s’approchent de minuit, et d’un coup d’œil par la fenêtre, j’aperçois un ciel d’un noir d’encre. Transposez cette image au domaine de la politique, elle indique un ciel sans la moindre étoile pour se diriger. Transposez ce ciel de minuit dans le domaine de la moralité, et il devient alors d’épaisses ténèbres. Considérez maintenant le domaine de la religion. Comptez le nombre d’auditeurs qui regardent à la télévision un évangéliste renommé ; dites-moi combien de « personnalités » servent comme évangélistes à l’heure actuelle ; n’oubliez pas le nombre de conversions pour toutes les campagnes d’évangélisation de l’année dernière, et quand vous aurez terminé, je m’écrierai, avec la violence d’une tornade : La lumière du réveil ne s’est pas encore levée sur cette génération vouée à l’enfer, qui rejette Christ et qui se précipite vers l’abîme. Nous ne nous contentons plus d’être confortablement assis à Sion. Nous avons dépassé ce stade ; nous dormons carrément. Dans les églises, les oreillers ont remplacé les piliers.

          Paul, debout devant Agrippa, avait la tête à moitié enfoncée dans la gueule du lion. Parfaitement conscient que les pas des fossoyeurs se rapprochaient, il s’enflamma, et le roi Agrippa, misérable et immoral, finit par marmonner : « Tu vas bientôt me persuader de devenir chrétien. » (Actes 26.28) Alors, Festus, simple invité, oublia le protocole et s’exclama : « Tu es fou, Paul, ton grand savoir te fait déraisonner. » (Actes 26.24) Paul riposta : « Je ne suis pas fou, très excellent Festus. » (J’imagine que le ton de sa voix sous-entendait que les pécheurs qui écoutaient, eux, étaient fous.)

          Mais dites-moi, aujourd’hui, quand nous prêchons l’Évangile éternel, quelqu’un pense-t-il que nous sommes fous ? Impossible, car nous avons les offrandes en tête, notre renommée à préserver, nos foules à considérer, et le nombre de nos jours à compter, n’est-ce pas ?

          Des hommes bénins, quoique cruels et sanguinaires, règnent dans beaucoup de hauts lieux sur cette terre. « La tête qui porte la couronne trouve difficilement du repos. » Le cri de ceux que l’on a assassinés doit monter : « O Dieu, n’exerceras-tu pas tes jugements et ta vengeance sur ceux qui vivent sur la terre ? » Le cri des « vivants » (je veux dire ceux qui possèdent réellement la vie intérieure de Dieu) doit s’élever : « Fais-moi justice de ma partie adverse […] Et Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit ? » (Luc 18.3,7) L’heure approche certainement où toute grâce deviendra impossible, où la vengeance s’avérera inévitable.

          On demandera beaucoup à celui qui aura beaucoup reçu. Des millions de personnes marchent dans les ténèbres parce qu’elles n’ont pas de lumière ; mais les démocraties sont profondément coupables en ce qu’ayant reçu la lumière, elles l’ont dissimulée sous le « boisseau des affaires » ou dans le lit de l’oisiveté. Sans conteste, ce péché analogue à celui de Sodome mérite un jugement similaire à celui de Sodome. « Voilà quel a été le crime de Sodome, ta sœur », déclare Ézéchiel 16.49), « elle avait de l’orgueil, elle vivait dans l’abondance et dans une insouciante sécurité ». Nous avons besoin de prophètes pour ce jour de jugement – de saints hommes de Dieu – pour parler « selon que l’Esprit leur donnera de s’exprimer ». S’il n’oint plus les prédicateurs, alors nous n’avons plus qu’à plier boutique. Heureusement, il continue à oindre.

 

Leonard RAVENHILL

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