PRÊCHEZ CHRIST

 

PRÊCHEZ CHRIST !

 

          Lisons dans Romains 1.1-3 : « Paul, serviteur de Jésus-Christ, appelé à être apôtre, mis à part pour annoncer l’Évangile de Dieu – qui avait été promis auparavant de la part de Dieu par ses prophètes dans les saintes Écritures, et qui concerne son Fils ».

 

          Avez-vous remarqué cette précision de l’apôtre : « et qui concerne son Fils » ? Elle indique à la fois l’objet de la prophétie messianique et le contenu de l’Évangile. Christ est au cœur de l’Évangile, il est également le centre du message apostolique, le remplissant tout entier. Pourquoi, alors, entendons-nous aujourd’hui tant de sermons vides de la personne et de l’œuvre de Jésus-Christ ? Marie de Magdala, en larmes au matin de la résurrection, s’écriait dans son ignorance : « Ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l’ont mis. » (Jean 20 .13) Tant de chrétiens, dans nos églises, pourraient reprendre à leur compte ces paroles de Marie ! Ils ont faim de Jésus, faim du pain de vie, et personne ne le leur donne.

 

          Il existe, en notre temps, une prédication et un enseignement pollués par toutes sortes de courants, et qui ne proclament plus « l’Évangile qui concerne son Fils ».

          Savez-vous ce que sont ces prédications vidées de la vraie sève divine ?

 

          Il y a, en premier lieu, ce que j’appelle « la prédication pour la prédication » : le désir de l’orateur n’étant pas d’élever Christ, mais de faire briller son sermon de mille feux : les belles envolées lyriques, le ton de la voix, la gesticulation (la qualité du message pouvant alors être évaluée au nombre de décamètres parcourus sur l’estrade, arpentée de long en large...à vous donner le tournis), les plaisanteries multiples...Et le peuple sort en disant : « quelle bonne réunion, on a bien « rigolé » ce matin ! »

 

          Que dire de l’Évangile « qui concerne le prédicateur » ? C’est détestable et irritant à souhait ! Dans ce genre « d’évangile », qu’est-il distillé du haut de la chaire et de l’antre de la chair ? « Moi, je...Je suis allé là, et il s’est passé ceci...J’ai prié et jeûné, et alors...J’ai eu tel miracle, tant de guérisons... » Le prédicateur ne manquera pas de préciser que tout ce qu’il dit est pour la gloire de Jésus, tout en se servant copieusement au passage ! Il est tellement grand, gros et gras, que non seulement Christ est derrière lui, mais on ne le voit pas !

 

          Savez-vous qu’il existe aussi la prédication « qui concerne l’auditoire » ? Le seul objectif du prédicateur – démagogue – est de plaire à ceux qui l’écoutent. Rappelez-vous...« la religion du veau d’or » est née d’un peuple qui avait pris l’ascendant sur le sacerdoce. Lors de son pitoyable rapport à Moïse, Aaron déclara : « Ils m’ont dit : Fais-nous un dieu qui marche devant nous... » (Exode 32.23) « Ils m’ont dit ». C’est le peuple qui dirige, gouverne, met la main sur le gouvernail. Oh, certes, cette religion n’est pas triste, elle attire du monde. On y mange, on boit, on joue, on pousse des cris, on chante, on y danse, on y danse...(Exode 32.6, 17-19). Et c’est à s’y méprendre ; ce peuple-là semble capable de renoncements : ils ont ôté les anneaux d’or qui étaient aux oreilles de leurs femmes, de leurs fils (!) et de leurs filles (Exode 32.2). On a bâti un autel, et on a annoncé une fête en l’honneur de l’Éternel (Exode 32.5). Voyez donc comme elle a fière allure la religion « new-look » qui balaie les relents légalistes, comme ils disent !

          Paul déclarait : « Et maintenant, est-ce la faveur des hommes que je désire, ou celle de Dieu ? Est-ce que je cherche à plaire aux hommes ? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur de Christ. » (Galates 1.10) Nous sommes entrés dans « un temps où les hommes ne supportent plus la saine doctrine ; mais ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donnent une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détournent l’oreille de la vérité, et se tournent vers les fables. » (2 Timothée 4.3-4)

          Lors de l’A.G. (« Assemblée générale ») où étaient seulement présents Dieu et Moïse, l’Éternel, Président et Secrétaire de l’Assemblée – car il cumule les mandats, et qui pourrait contester...– fit son rapport : « Ton peuple, que tu as fait sortir d’Égypte, s’est corrompu. » (Exode 32.7). Ce n’est pas tout. Un peu plus tard : « Moïse vit que le peuple était livré au désordre, et qu’Aaron l’avait laissé dans ce désordre, exposé à l’opprobre parmi ses ennemis. » (Exode 32.25)

          Quand la prédication « concerne l’auditoire » et non plus Christ, on s’achemine vers le désordre moral et spirituel. Le temps a toujours démontré, et démontrera encore, la réalité de ces propos.

 

          Bien en marge de « l’Évangile qui concerne son Fils », voici la prédication « qui concerne le monde », aussi étonnant que cela puisse paraître à première vue. Le peuple de Dieu entend une prédication sociale, humaniste, psychologique au détriment d’une parole ointe de l’Esprit et glorifiant Jésus. Je ne dis pas qu’il faille ignorer les réalités psychologiques, et les besoins de l’être humain dans ce domaine ; mais le monde a ses remèdes – ils valent ce qu’ils valent – et l’Église a Christ. Jésus est la vérité : la vérité spirituelle, la vérité morale, la vérité affective, la vérité psychologique, la vérité sociale, la vérité familiale. Malheureusement, dans nos milieux évangéliques, certains discours pourraient être entendus de la bouche d’un psychologue, ou d’un psychanalyste, hormis les versets placés au bord de l’assiette, pour faire une jolie et appétissante décoration évangélique. Dans la maison du Père, les serviteurs ont pour vocation de servir le pain en abondance, et non les carouges d’un pays éloigné.

          De plus en plus, l’Église de notre Seigneur Jésus-Christ est travestie en entreprise (petite, moyenne ou grande), les pasteurs en PDG, les sermons en techniques de développement et cours de management pour cadres. Le peuple est subjugué, le Saint-Esprit attristé. Et il se retire. Nous sommes aux antipodes de la personne de Christ. Qu’importe ! Il y a de plus en plus de monde dans les cultes, et les nouveaux « directeurs des relations humaines évangéliques » ne savent plus où donner de la tête.

 

          Il faut aussi examiner avec soin la prédication « qui concerne le légalisme ». Certains prédicateurs enfourchent constamment et passionnément leur « dada ». Les sermons, excessifs, aigris, amers et critiques, sont consacrés une fois sur deux – et même plus – au port du voile pour les femmes chrétiennes, à la longueur des cheveux, aux tenues vestimentaires, au maquillage, aux bijoux…

 

          Il faut néanmoins, par souci d’équilibre, s’entendre sur la nature exacte du légalisme. Les légalistes sont des personnes qui s’appuient sur la loi de Dieu pour être justifiées. Ils peuvent même aller très loin dans ce domaine, donnant des préceptes et des commandements d’hommes, observant la tradition des hommes, et transformant ainsi l’Évangile libérateur en un joug écrasant. Le Nouveau Testament devient alors une nouvelle Loi, écrite sur la pierre de leur esprit obtus, et brandie avec menaces. « Maudit est quiconque n’observe pas tout ce qui est écrit dans le Nouveau Testament : c’est un candidat à l’enfer », proclament-ils.

          Cela étant clairement précisé, lorsqu’un croyant, sauvé par Jésus-Christ, ayant embrassé dans la force de sa foi l’œuvre de Christ au Calvaire, obéit au Nouveau Testament, et se soumet à l’enseignement apostolique, il n’observe pas la Parole de Dieu pour être justifié, mais parce qu’il est justifié. N’en déplaise aux chiens (Philippiens 3.2) qui aboient des sottises, il ne faut pas confondre obéissance et légalisme. Lorsque, juste avant son ascension, Jésus fit cette recommandation à ses disciples : « Enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Matthieu 28.20), il n’entendait pas bâtir une Église de légalistes, mais son Corps mystique, fait de disciples, c’est-à-dire de membres obéissants. Le Maître veut imprégner tout notre être de sa sainteté. N’a-t-il pas déclaré : « Nettoie premièrement l’intérieur de la coupe et du plat, afin que l’extérieur aussi devienne net » ? (Matthieu 23.26). Certains prédicateurs n’ont de cesse d’adresser des paroles blessantes – quand ce ne sont pas des moqueries – aux croyants sincères, soucieux de la netteté de leur « extérieur », affirmant avec force que « tout cela » n’a pas d’importance. Admettons ! Mais alors, pourquoi passent-ils tant de temps à ces critiques acerbes ? Il est, de nos jours, des pseudo-théologiens qui, à force de confondre légalisme et obéissance, finissent par ne plus savoir ni ce qu’ils disent, ni ce qu’ils affirment.

 

          Je n’écrirai pas longuement sur la prédication pervertie, infectée par le péché. Celle-là « concerne le laxisme ». Les auditeurs ne sont plus conduits dans la liberté en Christ, mais dans le libertinage. Des méga-églises rassemblent des milliers de « fidèles » chaque dimanche matin pour le culte, au cours duquel des adultères, des couples en concubinage célèbrent la gloire du Dieu saint, et des homosexuels distribuent la « sainte » Cène ! Ainsi que le déclare le livre du Lévitique : « C’est à la tête qu’est la plaie de lèpre. » (13.44) La prédication corrompue par l’iniquité est génératrice d’apostasie galopante.

 

          Voici arrivée la prédication ayant pour centre le dernier courant théologique à la mode. Des idées neuves, n’est-ce pas ce que le peuple de Dieu attend ? Des dieux que n’ont, ni connus, ni servis, nos pères ; des chemins non encore frayés, n’est-ce pas une religion enthousiasmante ? Une telle prédication se pare d’un grand souci de marginalité et d’originalité.

          Mais prêcher Christ n’a rien de nouveau. Cependant, certains se lassent. Pensez donc ! Zachée habite toujours à Jéricho ; depuis des siècles, les prédicateurs le font monter et descendre de son arbre, et c’est toujours un sycomore !

          La séduction des nouveautés a tôt fait de s’engouffrer dans une telle lassitude. « Nous sommes dégoûtés de cette vieille manne, de ce misérable évangile poussiéreux ; donnez-nous la viande des nouvelles doctrines ! », réclame un peuple apostat. Répondant à ces appels émouvants, se lève une armée de prédicateurs révolutionnaires, agitant la bannière de nouvelles doctrines, aussi enjôleuses que destructrices.

 

          Des églises souffrent d’une prédication « à géométrie variable ». Certains hommes sont les champions du « flou artistique » en matière de théologie. Manquant de conviction, d’onction et de communion avec Dieu, ils n’ont de repères ni pour eux, ni pour les autres. Leur enseignement souffle le chaud et le froid, le meilleur et le pire, laissant les auditeurs dans le désarroi. Leurs sermons se parent de toutes les nuances doctrinales – voire philosophiques – puisées dans une bibliothèque bien garnie, ou/et sur le net chauffé à blanc. De tels hommes ont le plumage multicolore des perroquets, et sont passés maîtres dans l’art d’imiter leurs maîtres à penser.

          Il nous faut une connaissance exacte de l’Écriture, des convictions claires et profondes. Il nous faut un fondement solide en Christ.

 

          Mes frères, nous vous en supplions, devant Dieu et devant Jésus-Christ, qui doit juger les vivants et les morts, et au nom de son apparition et de son royaume, prêchez-nous « l’Évangile qui concerne son Fils » !

          N’ayez la pensée de savoir parmi nous autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié !

 

Paul BALLIERE

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