ÉTRANGERS ET VOYAGEURS

 

ÉTRANGERS ET VOYAGEURS

 

« C‘est dans la foi qu’ils sont tous morts, sans avoir obtenu

les choses promises ; mais ils les ont vues et saluées de loi,

reconnaissant qu’ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre. »

(Hébreux 11.13)

 

          On a toujours envie de s’installer, d’être tranquille, de pouvoir à peu près prévoir le lendemain. Au fond, nous avons tous une vocation de rentier, d’homme d’ordre qui se retire des affaires, qui s’établit à la campagne pour y couler des jours heureux, entre sa femme et son jardin.

          Le Nouveau Testament ne l’entend pas ainsi. Au bon bourgeois qui se frottait les mains en disant à son âme : « réjouis-toi ! tu as des provisions ! », il répond : « insensé ! ». Il interdit de s’occuper du lendemain ; il enseigne : « nous n’avons point ici-bas de cité permanente » ; il veut que nous soyons comme les patriarches : des nomades, déménageant toujours et saluant de loin la demeure promise.

          « Étrangers et voyageurs », c’était la devise des compagnons de saint François. A l’origine, ils n’acceptaient jamais de domicile fixe, ni seulement des vivres pour deux jours. Ils avaient constaté que le confort du corps ôte la joie de l’âme, et qu’un vagabond libre est bien plus heureux qu’un bourgeois. Jésus ne voulait-il pas que l’on soit sans attaches, point encombrés de bagages, ni d’affections humaines ? Ces hommes l’étaient parfaitement : prêts à partir pour n’importe où, n’importe quand, sur un simple ordre et sans se retourner.

          En chacun d’eux, comme en tous ceux qu’il touche, le Maître avait « tué » l’homme qui cherche à s’installer, en même temps qu’il faisait « naître » le citoyen du ciel, le joyeux chemineau qui chante sur la route, portant tout son trésor dans le feu de son cœur.

 

Philippe VERNIER

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