LA CHAMBRE DE LA GRACE

 

LA CHAMBRE DE LA GRÂCE

 

« Les gardes qui font la ronde dans la ville m'ont rencontrée: Avez-vous vu

celui que mon cœur aime ? A peine les avais-je passés, que j'ai trouvé celui que mon

cœur aime; je l'ai saisi, et je ne l'ai point lâché jusqu'à ce que je l'aie amené dans la

chambre de ma mère, dans la chambre de celle qui m'a conçue. »

(Cantique des cantiques 3.3-4)

 

          Les gardes faisant la ronde dans Sion n'avaient été d'aucun secours à la Sulamithe dans sa recherche. Elle dut chercher plus loin, et seule. Rappelons-le: c'est lorsque nos plans personnels, nos méthodes et nos efforts ont été épuisés que le Seigneur se révèle à nous. Le cœur tumultueux de la ville n'abrite pas celui que nous aimons. C'est dans la solitude que nous le trouvons, dans la fraîcheur d'un amour renouvelé par l'Esprit. Lorsque les pas lourds d'un monde ignorant se sont perdus dans la nuit, quel bonheur de rencontrer nous-mêmes l'Époux céleste !

 

          « J'ai trouvé ». Nous le trouvons car il se laisse trouver. Il prend en compte cet embryon de réveil qui se forme dans notre cœur, et il nous répond, plein de grâce.

          Nous le trouvons, comme André qui le suivit avec un autre disciple de Jean-Baptiste, sans le connaître encore ; comme Philippe qui eut sa vie bouleversée par un appel d'amour ; comme Marie de Magdala, dont les pleurs ont été séchées, au jour de la résurrection, par une nouvelle révélation du Messie.

 

          Il n'est pas possible que nous le confondions avec quelqu'un d'autre. Lui seul peut satisfaire notre cœur aimant et confiant.

 

          « Je l'ai saisi ». Quelque effort qu'il pourrait faire pour se dégager, tenons-le fermement, dans l'étreinte passionnée de la foi, comme celui qui s'agrippe pour sauver sa vie. Saisissons-le dans la vigueur et l'intensité de nos affections réveillées. Attachons-nous à lui dans la conscience de notre propre besoin, et de la valeur inestimable de sa personne bénie. Auprès de quel autre nous en irions-nous ? Saisissons la vie éternelle pour laquelle nous avons été appelés. Poursuivons notre route, cherchant à saisir la perfection en Christ, puisque nous aussi nous avons été saisis par lui.

 

          « Je ne l'ai point lâché ». La communion avec Jésus est si douce ! Soyons aussi déterminés que la bien-aimée. Comme Jacob luttant avec Dieu à Peniel. C'est à ce prix que le soleil se lève dans une vie, et qu'un chemin nouveau s'ouvre avec le Seigneur.

 

La chambre de la mère, ou le retour à la grâce

 

          « ...Jusqu'à ce que je l'aie amené dans la maison de ma mère, dans la chambre de celle qui m'a conçue. » (3.4)

 

          La bien-aimée prend l'initiative de conduire son bien-aimé dans la chambre de sa mère, où se sont tissées les racines de son être, là où elle fut conçue, la chambre de celle qui l'a mise au monde, ainsi que le traduit la version Zadoc Kahn.

          Là, à cet endroit, il y eut un couple dont elle est le fruit. Maintenant, à son tour, au même endroit, elle forme un couple avec son bien-aimé, grâce à sa volonté d'amour.

 

          Amis chrétiens, nous sommes le fruit d'un « couple » divin magnifique: la parole de Dieu, et le Saint-Esprit. C'est ce que Jésus apprend à Nicodème, un chef des Juifs:

 

          « En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. Nicodème lui dit: Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître ? Jésus répondit: En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est esprit. Ne t'étonne pas que je t'aie dit: Il faut que vous naissiez de nouveau. Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit. » (Jean 3.3-8)

 

          Quelle est cette eau dont parle Jésus ? C'est la parole de Dieu. Le Christ enseignait ses disciples, leur disant:

 

          « Déjà vous êtes purs, à cause de la parole que je vous ai annoncée. » (Jean 15.3)

 

          Jacques déclare:

 

          « Il [Dieu] nous a engendrés selon sa volonté, par la parole de vérité, afin que nous soyons en quelque sorte les prémices de ses créatures. » (Jacques 1.18)

 

          Quant à l'apôtre Pierre, il écrit:

 

          « Vous avez été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu. » (1 Pierre 1.23) Pour ce qui est du rôle de l'Esprit dans notre nouvelle naissance, Jésus dit: « Et quand il sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice, et le jugement: en ce qui concerne le péché, parce qu'ils ne croient pas en moi; la justice, parce que je vais au Père, et que vous ne me verrez plus; le jugement, parce que le prince de ce monde est jugé. » (Jean 16.8-11)

 

          Paul écrit à Tite:

 

          « Lorsque la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour pour les hommes ont été manifestés, il nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde, par le baptême de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit. » (Tite 3.4-5)

 

          L'apôtre rappelait aux Corinthiens:

 

          « Ne vous y trompez pas: ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs, n'hériteront le royaume de Dieu. Et c'est là ce que vous étiez, quelques-uns de vous. Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ, et par l'Esprit de notre Dieu. » (1 Corinthiens 6.9-11)

 

          Quelle est « la chambre » où nous avons été conçus ? La grâce ! La grâce dans la personne de Christ. « La grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. » (Jean 1.17) C'est en lui et par lui que nous avons reçu une nouvelle vie.

 

          La parole de Dieu est la parole de la grâce:

 

          « Ils [Paul et Barnabas] restèrent cependant assez longtemps à Icône, parlant avec assurance, appuyés sur le Seigneur, qui rendait témoignage à la parole de sa grâce... » (Actes 14.3)

 

          L'Esprit est l'Esprit de la grâce:

 

          « De quel pire châtiment pensez-vous que sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, qui aura tenu pour profane le sang de l'alliance, par lequel il a été sanctifié, et qui aura outragé l'Esprit de la grâce ? » (Hébreux 10.29)

 

          Nous n'avons pas été engendrés à cette vie glorieuse de la grâce pour vivre autrement et ailleurs que dans une relation d'amour avec Jésus. La chambre de notre mère, c'est la grâce de la Jérusalem d'en haut. C'est elle notre mère, ainsi que l'écrit l'apôtre Paul aux Galates:

 

          «Dites-moi, vous qui voulez être sous la loi, n'entendez-vous pas la loi ? Car il est écrit qu'Abraham eut deux fils, un de la femme esclave, et un de la femme libre. Mais celui de l'esclave naquit selon la chair, et celui de la femme libre naquit en vertu de la promesse. Ces choses sont allégoriques; car ces femmes sont deux alliances. L'une du mont Sina, enfantant pour la servitude, c'est Agar, - car Agar, c'est le mont Sina en Arabie, - et elle correspond à la Jérusalem actuelle, qui est dans la servitude avec ses enfants. Mais la Jérusalem d'en haut est libre, c'est notre mère; car il est écrit: Réjouis-toi, stérile, toi qui n'enfantes point ! Éclate et pousse des cris, toi qui n'as pas éprouvé les douleurs de l'enfantement ! Car les enfants de la délaissée seront plus nombreux que les enfants de celle qui était mariée. Pour vous, frères, comme Isaac, vous êtes enfants de la promesse...C'est pourquoi, frères, nous ne sommes pas enfants de l'esclave, mais de la femme libre. C'est pour la liberté que Christ nous a affranchis. » (Galates 4.21-28,31)

 

          La bien-aimée de Christ, l'Église, tire son origine du régime souverain de la grâce divine. Elle doit alors posséder le bien-aimé avec un vrai sentiment de la grâce, parce qu'elle a appris à se connaître.

 

          On ne peut vivre avec Christ dans une autre chambre.

 

Paul BALLIERE

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