UNE QUÊTE D’IDENTITÉ

 

UNE QUÊTE D’IDENTITÉ

 

« Qui est celle qui monte du désert, comme des colonnes de fumée,

au milieu des vapeurs de myrrhe et d'encens et de tous les aromates des marchands ?

Voici la litière de Salomon, et autour d'elle soixante vaillants hommes,

Des plus vaillants d'Israël. Tous sont armés de l'épée, sont exercés au combat;

Chacun porte l'épée sur sa hanche, en vue des alarmes nocturnes.

Le roi Salomon s'est fait une litière de bois du Liban.

Il en a fait les colonnes d'argent, le dossier d'or, le siège de pourpre;

Au milieu est une broderie, œuvre d'amour des filles de Jérusalem.»

(Cantique des cantiques 3.6-10)

 

          Nous abordons ici la seconde partie du livre (3.6 à 8.4). Dans cette section du Cantique des cantiques, nous découvrons une répétition de l'épreuve à laquelle est soumise Sulamith, et la fidélité à son berger bien-aimé. Toutefois, l'épreuve subie est singulièrement aggravée.

 

          Un intervalle est ici supposé avec ce qui précède. Que s'est-il donc passé entre ce moment, et ce que nous avons vu précédemment ? Salomon, rencontrant une résistance aussi prononcée chez la jeune fille, l'avait-il renvoyée chez sa mère ? Est-ce là qu'il la fait chercher une seconde fois par un pompeux cortège, espérant que la magnificence royale au milieu de laquelle elle est ramenée éblouira son cœur et préparera la victoire qu'il compte obtenir ?

 

          Il apparaît clairement que Salomon a décidé de soumettre la Sulamithe à l'épreuve la plus forte qu'il puisse imaginer: lui offrir la position de reine. Il la fait donc monter sur son propre trône portatif, et parcourir ainsi les rues de la capitale, entourée de tout le cortège qui l'accompagne lui-même lorsqu'il s'y montre comme roi.

 

Qui parle dans ce texte ?

 

          Sans aucun doute, celui ou ceux qui acclament le cortège royal arrivant à Jérusalem. Vraisemblablement, c'est le peuple d'Israël qui acclame son roi Salomon. Car, finalement, celui qui est au centre de ce cortège n'est qu'un homme, certes puissant, glorieux et riche, mais un homme qu'on encense ! Quel faste, et quel enthousiasme pour un homme...mortel !

 

Une quête d'identité

 

          « Qui est celle qui monte du désert ? »

          Nous retrouverons cette même question au chapitre 8 verset 5, mais dans un contexte totalement différent. Nous en reparlerons beaucoup plus tard.

 

          On l'observe. Partout, et pour tout. On s'interroge sur son identité. Qui est donc celle qui monte du désert ? La bien-aimée, l'Église fidèle ! Elle suscitera toujours de brûlantes questions.

          N'en fut-il pas ainsi de son Seigneur ?

 

          « Un jour Jésus enseignait. Des pharisiens et des docteurs de la loi étaient là assis, venus de tous les villages de la Galilée, de la Judée et de Jérusalem; et la puissance du Seigneur se manifestait par des guérisons. Et voici, des gens, portant sur un lit un homme qui était paralytique, cherchaient à le faire entrer et à le placer sous ses regards. Comme ils ne savaient par où l'introduire, à cause de la foule, ils montèrent sur le toit, et ils le descendirent par une ouverture, avec son lit, au milieu de l'assemblée, devant Jésus. Voyant leur foi, Jésus dit: Homme, tes péchés te sont pardonnés. Les scribes et les pharisiens se mirent à raisonner et à dire: Qui est celui-ci qui profère des blasphèmes ? Qui peut pardonner les péchés, si ce n'est Dieu seul ? » (Luc 5.17-21).

 

          Cette question a résonné sur les chemins d'Israël, dans les maisons, dans les synagogues, dans le temple, et même au milieu de la mer.

 

          « Il monta dans la barque, et ses disciples le suivirent. Et voici, il s'éleva sur la mer une si grande tempête que la barque était couverte par les flots. Et lui, il dormait. Les disciples s'étant approchés le réveillèrent, et dirent: Seigneur, sauve, nous périssons ! Il leur dit: Pourquoi avez-vous peur, gens de peu de foi ? Alors il se leva, menaça les vents et la mer, et il y eut un grand calme. Ces hommes furent saisis d'étonnement: Quel est celui-ci, disaient-ils, à qui obéissent même les vents et la mer ? » (Matthieu 8.23-27)

 

          La bonne nouvelle de Christ, et sa doctrine, que l'Église a reçues et crues, ont suscité la même interrogation.

 

          « Ils se rendirent à Capernaüm. Et, le jour du sabbat, Jésus entra d'abord dans la synagogue, et il enseigna. Ils étaient frappés de sa doctrine; car il enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les scribes. Il se trouva dans leur synagogue un homme qui avait un esprit impur, et qui s'écria: Qu'y a-t-il entre nous et toi, Jésus de Nazareth ? Tu es venu pour nous perdre. Je sais qui tu es: le Saint de Dieu. Jésus le menaça, disant: Tais-toi, et sors de cet homme. Et l'esprit impur sortit de cet homme, en l'agitant avec violence, et en poussant un grand cri. Tous furent saisis de stupéfaction, de sorte qu'ils se demandaient les uns aux autres: Qu'est-ce que ceci ? Une nouvelle doctrine ! Il commande avec autorité même aux esprits impurs, et ils lui obéissent ! » (Marc 1.21-27)

 

          Un certain jour de Pentecôte, la même question jaillit d'une foule nombreuse, témoin d'un fait surnaturel.

 

« Le jour de la Pentecôte, ils [les premiers chrétiens] étaient tous ensemble dans le même lieu. Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d'un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d'eux. Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. Or, il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs, hommes pieux, de toutes les nations qui sont sous le ciel. Au bruit qui eut lieu, la multitude accourut, et elle fut confondue parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue... Ils étaient tous dans l'étonnement, et, ne sachant que penser, ils se disaient les uns aux autres: Que veut dire ceci ? » (Actes 2.1-6,12)

 

          Jésus, sa doctrine, ses œuvres, les chrétiens authentiques remplis de l'Esprit, susciteront toujours des questions. Montrons donc hardiment notre identité spirituelle, et soyons reconnus pour être avec Jésus.

 

          Revenons au Cantique des cantiques. En cette circonstance, Sulamith était-elle à sa place ? Si elle était restée dans sa campagne, les gens de son entourage ne se seraient pas posé la question de son identité, car ils la connaissaient. Tandis que là...

 

          Quand l'Église n'est pas, ou n'est plus à sa place; lorsqu'elle n'est pas là où elle devrait être, là où Dieu la veut, elle suscite encore plus de questions, à l'exemple de David autrefois qui, lui non plus, n'était pas là où l'Éternel le voulait.

 

          « Les Philistins rassemblèrent toutes leurs troupes à Aphek, et Israël campa près de la source de Jizreel. Les princes des Philistins s'avancèrent avec leurs centaines et leurs milliers, et David et ses gens marchaient à l'arrière-garde avec Akisch. Les princes des Philistins dirent: Que font ici ces Hébreux ? » (1 Samuel 29.1-3)

 

          Il est des endroits où l'on ne devrait jamais rencontrer les enfants de Dieu. Il est des personnes que les disciples de Christ ne devraient pas fréquenter. Que dire des propos qu'un chrétien ne devrait jamais tenir ? D'un comportement qu'il ne devrait jamais afficher ?

          L'un de mes camarades chrétiens avait pris un sérieux recul quant aux choses de Dieu. On dirait aujourd'hui, dans le jargon évangélique, qu'il était rétrograde. Un soir, alors qu'il était sorti en boîte de nuit, et qu'il dansait avec une fille dans ses bras, il se mit à « évangéliser » sa partenaire d'un instant. Que lui est-il donc passé par la tête dans cet instant de folie ? La fille s'est arrêtée de danser tout net, et lui a dit: « Parce que tu es chrétien, toi ? Alors, qu'est-ce que tu fais ici ? »

          Le monde sait où le monde se trouve. Le monde sait aussi où l'Église doit se trouver. Que de fils prodigues qui, là où ils sont aujourd'hui, meurent de faim. Qu'ils reviennent donc, sans perdre un instant, à la maison du Père !

 

Paul BALLIERE

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