LE FATAL BAIN TIÈDE OU L'ON S'ENDORT

 

LE FATAL BAIN TIÈDE OU L’ON S’ENDORT

 

« Ni froid ni bouillant. »

Apocalypse 3.15

 

          Une boisson tiède donne la nausée : de même un chrétien tiède ; rien ne rebute davantage ceux qui cherchent leur voie que le peu d’enthousiasme des prétendus fidèles ? Ça les dégoûte d’essayer.

          Ainsi, des adversaires acharnés font moins de mal à ton Maître que des disciples ramollis : « pour provoquer tant de haine – dit-on à voir les uns – il faut une puissance ! » tandis qu’à la tiédeur des autres on conclut qu’ils servent une vérité morte, ou mourante ; et on passe.

          Du tiède, il n’y a pas de changement à espérer, parce qu’il se figure être chaud et se contente de ce qu’il est. L’athée, lui, par cela même qu’il est froid, appelle ou évoque le feu. Il est un mécontent, comme est aussi un mécontent celui qui – bouillant – sait qu’il peut refroidir. C’est par l’insatisfaction que le froid s’apparente au bouillant, et c’est la satisfaction du tiède qui le perd : « tu dis : je suis riche et n’ai besoin de rien ; tu ne sais pas que tu es malheureux... »

          C’est toujours la même histoire : les riches qui ont du mal à passer après les pauvres ; les justes qui voient tous les pécheurs les devancer ; les bien-portants qui ont peine à guérir après tous les malades.

          Prends garde que ton insensibilité même aux avertissements qu’on t’adresse ne soit l’effet de ce fatal bain tiède où l’on s’endort. J’aimerais mieux te voir glacé : tu marcherais au moins et finirais par découvrir le feu !

 

Philippe VERNIER

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