35 LA MONTE DU DESERT

 

LA MONTÉE DU DÉSERT

 

« Qui est celle qui monte du désert..? »

Cantique des cantiques 3.6

 

          Ici, le terme « désert » désigne tout simplement les campagnes qui environnent la ville, d'où est censée arriver Sulamith avec le cortège royal.

 

          Indépendamment de ce contexte, le « désert » est le lieu où l'Église vit actuellement. C'est l'endroit où les disciples de Christ apprennent la grâce, et les principes de la marche avec Dieu. Le prophète Jérémie déclarait en son temps:

 

          « La parole de l'Éternel me fut adressée, en ces mots: « Va, et crie aux oreilles de Jérusalem: Ainsi parle l'Éternel: Je me souviens de ton amour lorsque tu étais jeune, de ton affection lorsque tu étais fiancée, quand tu me suivais au désert, dans une terre inculte. Israël était consacré à l'Éternel... » (Jérémie 2.1-3)

 

          A propos de la nation d'Israël, Dieu dit, par la bouche du prophète Osée:

 

          « C'est pourquoi, je veux l'attirer et la conduire au désert, et je parlerai à son cœur. » (Osée 2.16)

 

          En attendant la gloire céleste, la bien-aimée n'a pas d'autre alternative que la traversée du désert. Tous les chrétiens en savent long sur ce douloureux parcours. La marche est parfois solitaire, souvent difficile, et presque toujours accomplie dans les épreuves, les souffrances, les tentations, et les tribulations.

          Il n'empêche que la bien-aimée monte, et que rien ne l'arrête. La douce voix de l'Époux lui donne énergie et consolation. Jésus bâtit son Église, et les portes du séjour des morts ne peuvent prévaloir contre elle (Matthieu 16.18). Tout en traversant le monde, cette Église se souvient qu'elle n'est pas du monde.

          La colonne des rachetés est composée d'étrangers et de voyageurs sur la terre, ainsi que l'écrivait l'apôtre Pierre dans sa première lettre:

 

          « Bien-aimés, je vous exhorte, comme étrangers et voyageurs sur la terre, à vous abstenir des convoitises charnelles qui font la guerre à l'âme. » (1 Pierre 2.11)

 

          L'Église fidèle à son Berger, monte du désert. Elle marche de progrès en progrès, au milieu de toutes les persécutions, et des sollicitations du monde. Chaque pas la rapproche de la demeure de l'Époux. Ce n'est pas l'heure de se reposer. Bientôt, au-delà du labeur et des souffrances, s'ouvrira pour elle un pays de délices. En attendant, son privilège, sa joie, et sa force, c'est de poursuivre le chemin, appuyé sur le bien-aimé; comme David qui, dans une grande angoisse, « reprit courage en s'appuyant sur l'Éternel » (1 Samuel 30.6); comme Paul et Barnabas qui, à icône, devant l'incrédulité des Juifs et l'hostilité des païens, parlèrent avec assurance, « appuyés sur le Seigneur » (Actes 14.3). L'éternité dira les richesses spirituelles puisées par les chrétiens qui auront su traverser le désert victorieusement. C'est, précisément, l'héritage délicieux qui leur est échu.

 

          La grande tentation consiste à sortir du désert pour entrer à Jérusalem, la ville royale. Quand notre Maître a emprunté cet itinéraire, ce fut uniquement pour nous montrer la croix, et le rejet du monde. Souvenons-nous alors de son enseignement:

 

          « Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à lui; mais parce que vous n'êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite: Le serviteur n'est pas plus grand que son maître. S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi; s'ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre. Mais ils vous feront toutes ces choses à cause de mon nom, parce qu'ils ne connaissent pas celui qui m'a envoyé. » (Jean 15.18-21)

 

          L'apôtre Paul a écrit:

 

          « Si nous persévérons, nous régnerons aussi avec lui; si nous le renions, lui aussi nous reniera. » (2 Timothée 3.12)

 

          Prenons garde au piège des honneurs, de la reconnaissance, et des acclamations mondaines. Au cours de son histoire chaotique, lorsque l'Église s'est trouvée honorée par le monde, ce fut pour son malheur. C'est dans ces heures sombres qu'elle perdit sa véritable identité spirituelle. Ne l'oublions jamais! Serrons précieusement sur notre cœur l'avertissement de l'apôtre, adressé aux Corinthiens:

 

          « Je suis jaloux de vous d'une jalousie de Dieu, parce que je vous ai fiancés à un seul époux, pour vous présenter à Christ comme une vierge pure. Toutefois, de même que le serpent séduisit Ève par sa ruse, je crains que vos pensées ne se corrompent et ne se détournent de la simplicité à l'égard de Christ. » (2 Corinthiens 11.2-3)

 

Paul BALLIERE

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