HORS DU CAMP

 

HORS DU CAMP

 

          Il y a quelques mois, le Saint-Esprit a parlé fortement à mon cœur par un verset des Saintes Écritures ; ou plutôt, par trois versets qui se suivent pour ne former finalement qu’un tout.

          Voici le premier. Il concerne Israël : « Les corps des animaux, dont le sang est porté dans le sanctuaire par le souverain sacrificateur pour le péché, sont brûlés hors du camp. » (Hébreux 13.11). L’auteur de l’épître rappelle une ordonnance lévitique touchant le sacrifice d’expiation. Par exemple, dans le cas où toute l’assemblée d’Israël pécherait involontairement, en faisant contre l’un des commandements de l’Éternel des choses qui ne doivent point se faire et en se rendant ainsi coupable, elle devait offrir un jeune taureau en sacrifice d’expiation. Voici ce que Dieu avait prescrit : le sacrificateur ayant reçu l’onction « emportera le taureau hors du camp, et il le brûlera...C’est un sacrifice d’expiation pour le péché. » (Lévitique 4.21). La même ordonnance avait été donnée pour la célébration du « Yom Kippour » : « On emportera hors du camp le taureau expiatoire et le bouc expiatoire dont on a porté le sang dans le sanctuaire pour faire l’expiation, et l’on brûlera au feu leurs peaux, leur chair et leurs excréments. » (Lévitique 16.27). Deux traits fondamentaux et prophétiques caractérisent le sacrifice au grand jour de l’expiation. Le sang était porté dans le sanctuaire et le corps de la victime était brûlé hors du camp.

 

          Ces prescriptions n’étaient qu’une ombre, un pâle reflet d’un sacrifice infiniment plus grand, plus glorieux, une offrande parfaite, définitive, et pleinement efficace pour purifier toute conscience d’homme souillée par le péché : la mort de Jésus sur la croix.

          C’est alors que l’Esprit de Dieu me prit par le cœur et me conduisit vers le verset suivant. Il concerne Christ : « C’est pour cela que Jésus aussi, afin de sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. » (Hébreux 11.12)

          Son sang a été porté au ciel pour nous en assurer l’entrée. Il y est la preuve que c’est là notre place. Approchons-nous donc, et entrons ! Mais le corps de Christ a été porté hors de la porte. Le Sauveur, le Seigneur, le Roi a été chassé hors du camp. Par qui ? Le Saint-Esprit avait quelque chose à m’enseigner à ce sujet. Voici ce qu’il me dit : « As-tu remarqué que ce ne sont pas les Grecs, ni les Barbares, ni même les Romains qui ont mis à mort Jésus, hors de la porte, mais un système religieux hypocrite et apostat ? Ses chefs corrompus ont dressé la croix du Fils de Dieu, hors du camp ».

          Je réfléchissais alors. Le « camp », en effet, ne désigne pas Rome, et son paganisme, ses dieux impotents et ses croyances mortes, mais Jérusalem, et ses privilèges, sa sublime élection et ses révélations divines. C’est là que Jésus fut rejeté par les Juifs, méprisé par son peuple. Pour avoir condamné leur justice propre et leur formalisme. Ce n’est pas le monde irréligieux qui a vomi son Messie, mais les serpents et autres races de vipères sortis tout droit des chaires de synagogues. N’entendez-vous pas, dans les ruelles de la cité sainte, l’écho des vociférations d’un peuple enivré de ténèbres ? Ne voyez-vous pas, sur les pavés de la Via Dolorosa, les traces ensanglantées de l’Homme de douleur, venu pour chercher, aimer et sauver ?

 

          Le Saint-Esprit n’en avait pas terminé avec moi. Il m’amena vers le verset suivant : « Sortons donc pour aller à lui, hors du camp, en portant son opprobre. » (Hébreux 13.13)

          Sans nul doute, ces trois versets sont les trois maillons d’une pensée principale. Avez-vous remarqué le lien qui les unit ? « C’est pour cela » (v.12), et « sortons donc » (v.13). Quant à l’expression « hors du camp » ou « hors de la porte », elle est présente dans chacun des trois versets. Sans nul doute, tout se tient dans la pensée divinement révélée à l’auteur de l’épître.

          « Sortons donc pour aller à lui ». Ne sommes-nous pas enclins à chercher notre « religion » et ses avantages dans quelque chose d’extérieur, alors que la religion véritable ne se trouve que dans la communion avec Jésus ? La mort de Christ est un acheminement à quelque chose de grand. Elle est le secret puissant, le chemin vivant au moyen duquel nous entrons en communion avec le Sauveur ; en sorte que nous venons à Dieu, comme lui, par le sentier du sacrifice de nous-mêmes, de la séparation du monde et de la mort au péché. Sa mort et sa vie agissent puissamment en nous, de manière à nous rendre capables de sortir comme lui hors de la porte et d’être crucifiés au monde, en portant l’opprobre de notre Sauveur.

          « Sortons donc ». Amis chrétiens, nous ne pouvons pas être, ou rester, là où la croix n’est pas, là où la croix n’est plus. Il faut aller là où l’amour, mais aussi la justice, la vérité et la sainteté de Dieu l’ont dressée. Le temps ne serait-il pas venu de sortir du monde religieux, c’est-à-dire de tout ce qui n’est pas en harmonie avec la croix de Christ et l’esprit de renoncement ? De fuir les systèmes corrompus par des hommes assoiffés de pouvoir ? De rompre avec des organisations où la fièvre de domination de certains responsables a évincé depuis longtemps la souveraineté et la conduite de l’Esprit de Dieu ? Ne devons-nous pas fuir ces empires dictatoriaux qu’on a peine à appeler encore « églises », là où le mensonge et l’injustice sont le pain quotidien d’ouvriers trompeurs ?

          Mon église est-elle devenue une piste de danse ? Une salle de théâtre ? Un lieu de spectacle ? Une salle de restauration dominicale ?

          A quoi bon sortir de telle église pour nous joindre à telle autre, où se retrouvera finalement aussi l’esprit du « camp ». Non, sortons pour aller « à Lui », pour avoir avec lui une communion plus étroite, pour être rendus plus entièrement conformes à lui, qui a porté sa croix, à son esprit doux, patient et plein d’amour.

          Sortons, sans faire porter notre opprobre à ceux que nous quitterons, mais portons son opprobre, la sienne.

          Le temps vient où l’Esprit de Dieu fera sortir le Résidu fidèle, méprisé, ridiculisé, du milieu de l’ apostasie galopante. Il saura en prendre soin. Il est le Souverain pasteur des brebis.

          « Le solide fondement de Dieu reste debout, avec ces paroles qui lui servent de sceau : Le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent ; et : Quiconque prononce le nom du Seigneur, qu’il s’éloigne de l’iniquité. » (2 Timothée 2.19)

 

          Je n’ai jamais oublié cet entretien avec le Saint-Esprit.

 

Paul BALLIERE

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