BRODERIE D'AMOUR

 

BRODERIE D'AMOUR

 

« Le roi Salomon s'est fait une litière de bois du Liban. Il en a fait les colonnes

d'argent, le dossier d'or, le siège de pourpre; au milieu est une broderie,

œuvre d'amour des filles de Jérusalem. »

Cantique des cantiques 3.10

 

          Dans notre précédente étude, nous avons considéré la vaillance exemplaire de certains hommes entourant le roi Salomon.

          Notre texte fait allusion à une œuvre d'amour des filles de Jérusalem.

 

          Ce n'est point à dire que la vaillance ne sied qu'aux hommes, et les œuvres d'amour uniquement aux femmes. Hommes et femmes doivent être vaillants pour le Seigneur, et œuvrer avec amour pour lui. Mais il est instructif d'examiner le travail des filles de Jérusalem pour leur roi.

 

Une œuvre d'amour

 

          v.10: « ...Au milieu est une broderie... »

 

          Au milieu de quoi ? De la litière de Salomon. C'est ce dont parle notre texte. Ce qui signifie qu'au milieu de ce qui symbolise le repos, un travail d'amour était mis en évidence.

          Comprenons-nous l'enseignement de l'Ecriture ? Le repos de Jésus-Christ est un repos actif, et non passif, un repos aimant, et non indifférent. Nous reviendrons sur cette pensée.

 

          Cette admirable broderie était le résultat d'un travail de mains, par lequel les filles de la capitale avaient témoigné leur amour à Salomon. C'était « une œuvre d'amour ». Le texte hébreu dit: « brodé amour par les filles de Jérusalem ».

 

          L'amour véritable pour Dieu travaille et il œuvre avec amour. En écrivant aux tout-nouveaux convertis de Thessalonique, l'apôtre Paul exprimait sa joie dans le Seigneur, au souvenir de leur charité active: « Nous rendons continuellement grâces à Dieu pour vous tous, faisant mention de vous dans nos prières, nous rappelant sans cesse l'œuvre de votre foi, le travail de votre charité, et la fermeté de votre espérance en notre Seigneur Jésus-Christ. » (1 Thessaloniciens 1.2-3) « Dieu n'est pas injuste, pour oublier votre travail et l'amour que vous avez montré pour son nom... », écrit l'auteur de l'épître aux Hébreux (6.10).

          L'apôtre Jean nous met en garde: « Petits enfants, n'aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité. » (1 Jean 3.18) Le Seigneur se réjouit d'avoir avec lui, dans tous ses mouvements, les affections des siens. Les vraies filles de Jérusalem trouvent plaisir à confectionner cette « œuvre d'amour ». Fil après fil, elles brodent un ouvrage d'art.

          Avec quels fils pouvons-nous broder une œuvre d’amour pour notre Roi Jésus ?

 

1. Les fils de la prière et du témoignage

 

          Quelle est donc cette femme brodant une œuvre d'amour avec ces fils-là ? Anne, la prophétesse ! « Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser. Elle était fort avancée en âge, et elle avait vécu sept ans avec son mai depuis sa virginité. Restée veuve, et âgée de quatre-vingt-quatre ans, elle ne quittait pas le temple, et elle servait Dieu nuit et jour dans le jeûne et dans la prière. Etant survenue, elle aussi, à cette même heure, elle louait Dieu, et elle parlait de Jésus à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. » (Luc 2.36-38) Une vraie « fille de Jérusalem » ! Elle n'a pas considéré son âge avancé, avec son cortège de douleurs et de limites physiques; elle ne s'est pas apitoyée sur la solitude de son veuvage; elle n'a pas sombré dans l'amertume, s'en prenant à la vie, à la mort, à Dieu, mais elle a pris les fils du jeûne, de la prière, et du témoignage pour broder une œuvre d'amour pour son Roi-Messie, Jésus. Le Seigneur a besoin de telles femmes dans son royaume !

 

2. Le fil de la joie du salut

 

          « Un pharisien pria Jésus de manger avec lui. Jésus entra dans la maison du pharisien, et se mit à table. Et voici, une femme pécheresse qui se trouvait dans la ville, ayant su qu'il était à table dans la maison du pharisien, apporta un vase d'albâtre plein de parfum, et se tint derrière, aux pieds de Jésus. Elle pleurait; et bientôt elle les mouilla de ses larmes, puis les essuya avec ses cheveux, les baisa, et les oignit de parfum...Se tournant vers la femme, Jésus dit à Simon [le pharisien] : Vois-tu cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m'as pas donné d'eau pour laver mes pieds; mais elle, elle les a mouillés de ses larmes, et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m'as point donné de baiser; mais elle, depuis que je suis entré, elle n'a point cessé de me baiser les pieds. Tu n'as point versé d'huile sur ma tête; mais elle, elle a versé du parfum sur mes pieds. C'est pourquoi, je te le dis, ses nombreux péchés ont été pardonnés: car elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui on pardonne peu aime peu. » (Luc 7.36-38,44-47) Quel fil magnifique, celui du premier amour découlant du pardon ! Imaginez la joie de Jésus lorsque des cœurs reconnaissants et aimants lui offrent une telle broderie !

 

3. Le fil de la générosité

 

          Laissez-moi vous présenter d'autres « filles de Sion ». Ce sont les saintes femmes qui assistaient Jésus de leurs biens. Elles maniaient avec beaucoup d'amour et de savoir-faire le fil de la libéralité. « Jésus allait de ville en ville et de village en village, prêchant et annonçant la bonne nouvelle du royaume de Dieu. Les douze étaient avec lui, et quelques femmes qui avaient été guéries d'esprits malins et de maladies: Marie, dite de Magdala, de laquelle étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Chuza, intendant d'Hérode, Susanne, et plusieurs autres, qui l'assistaient de leurs biens. » (Luc 8.1-3)

 

          Elles n'ont jamais empiété sur le ministère des douze. Elles ont su rester à leur place et évoluer dans leur sphère. Elles n'ont jamais prêché aux foules, ni enseigné les nouveaux disciples. Elles ne se sont emparé d'une quelconque autorité évangélique ni par la force, ni par la ruse, ni par des revendications, ni par des intrigues; et pourtant leurs noms figurent en bonne place, juste après la mention des douze. Pourquoi ? A cause de leur broderie d'amour ! Leur fil était tiré d'un coeur rempli de gratitude, pourvoyant aux besoins de leur cher Sauveur. Elles donnaient sans tristesse. Elles dépensaient sans avarice. Elles excellaient dans l'art de l'offrande, avec une joie débordante. Quel repos pour Jésus ! Quelle œuvre d'amour au milieu de son « palanquin » !

 

4. Le fil de l'adoration

 

          Que dire de la femme s'approchant de Jésus dans la maison de Simon le lépreux ? Elle tenait un vase d'albâtre, qui renfermait un parfum de grand prix. « ...Pendant que Jésus était à table, elle répandit le parfum sur sa tête. Les disciples, voyant cela, s'indignèrent, et dirent: A quoi bon cette perte ? On aurait pu vendre ce parfum très cher, et en donner le prix aux pauvres. Jésus, s'en étant aperçu, leur dit: Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme ? Elle a fait une bonne action à mon égard; car vous avez toujours des pauvres avec vous, mais vous ne m'avez pas toujours. En répandant ce parfum sur mon corps, elle l'a fait pour ma sépulture. Je vous le dis en vérité, partout où cette bonne nouvelle sera prêchée, dans le monde entier, on racontera aussi en mémoire de cette femme ce qu'elle a fait. » (Matthieu 26.7-13)

          Comme les disciples étaient loin de la broderie d'amour ! Quel tableau nous offrent-ils ? L'indignation au lieu de l'adoration. La commercialisation (surtout Judas !) au lieu d'une « bonne action ». L'évaluation humaine à court terme, au lieu de l'anticipation divine prophétique. Il est des choses que les « filles de Jérusalem » sentent intuitivement bien mieux que certains disciples aux responsabilités étendues.

 

5. Le fil de la fidélité

 

          Les « filles de Jérusalem » savent broder avec le fil de la fidélité, aux heures les plus sombres, confrontées aux plus redoutables difficultés. Fut-il un moment plus ténébreux et plus redoutable que celui où Jésus fut crucifié ? Où étaient, à cet instant, les champions des déclarations fracassantes ? Où étaient ceux qui avaient protesté si énergiquement de leur fidélité sans faille, de leur volonté d'aller jusqu'à la mort avec le Maître ? A part Jean, ils s'étaient tous envolés dans les brumes de la lâcheté et du reniement! Mais les femmes étaient là. « Il était déjà environ la sixième heure, et il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu'à la neuvième heure. Le soleil s'obscurcit, et le voile du temple se déchira par le milieu. Jésus s'écria d'une voix forte: Père, je remets mon esprit entre tes mains. Et, en disant ces paroles, il expira...Tous ceux de la connaissance de Jésus, et les femmes qui l'avaient accompagné depuis la Galilée, se tenaient dans l'éloignement et regardaient ce qui se passait...Les femmes qui étaient venues de la Galilée avec Jésus accompagnèrent Joseph, virent le sépulcre et la manière dont le corps de Jésus y fut déposé, et, s'en étant retournées, elles préparèrent des aromates et des parfums...» (Luc 23.44-45,49,55-56)

 

          La fidélité est ce qui rend un disciple de Jésus supérieur au grand nombre. La solidité de notre attachement à Christ ne se démontre pas avec des mots sous un ciel bleu, mais en actions dans les tempêtes les plus violentes.

 

          « Filles de Jérusalem », qu’elle était belle votre broderie d'amour au pied du crucifié ! Comment, alors, ne pas parler de vous lors des événements survenus trois jours plus tard ?

 

6. Le fil de la foi proclamée

 

          « Le premier jour de la semaine, elles se rendirent au sépulcre de grand matin, portant les aromates qu'elles avaient préparés. Elles trouvèrent que la pierre avait été roulée de devant le sépulcre; et, étant entrées, elles ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus. Comme elles ne savaient que penser de cela, voici, deux hommes leur apparurent, en habits resplendissants. Saisies de frayeur, elles baissèrent le visage contre terre; mais ils leur dirent: Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? Il n'est point ici, mais il est ressuscité. Souvenez-vous de quelle manière il vous a parlé, lorsqu'il était encore en Galilée, et qu'il disait: Il faut que le Fils de l'homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu'il soit crucifié, et qu'il ressuscite le troisième jour. Et elles se ressouvinrent des paroles de Jésus. A leur retour du sépulcre, elles annoncèrent toutes ces choses aux onze, et à tous les autres. Celles qui dirent ces choses aux apôtres étaient Marie de Magdala, Jeanne, Marie, mère de Jacques, et les autres qui étaient avec elles. » (Luc 24.1-9)

 

          Vos noms sont cités en ce glorieux dimanche de la résurrection, et vous le méritez bien ! Certains diront: « Elles n'ont aucun mérite à avoir proclamé leur foi en un Christ ressuscité ! Elles venaient d'entendre le témoignage angélique ! » Oui, mais pourquoi ? Parce que leur amour et leur attachement pour le Seigneur les ont conduites jusqu'au sépulcre. Ce matin-là, où étaient les âmes enthousiastes de la pêche miraculeuse, les témoins de la résurrection de la fille de Jaïrus, les contemplateurs de la gloire de Jésus sur la montagne de la transfiguration ?

 

          Amis lecteurs, admirez la broderie d'amour ! Sous la douce lumière du soleil levant de Pâques, les fils de la foi, de la joie, et du témoignage brillent d'un éclat éternel.

 

          Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ mérite d'être servi par amour et dans l'amour. Soyons donc toujours en éveil.

          Paul termina sa lettre à l'Eglise d'Ephèse par ces mots: « Que la grâce soit avec tous ceux qui aiment notre Seigneur Jésus-Christ d'un amour inaltérable ! » (Ephésiens 6.24) C'était un voeu de bénédiction, mais aussi un avertissement. L'amour des Ephésiens devait être inaltérable. Ils ont oublié « le son de la trompette ». Quelques années plus tard, Jésus fait un triste constat: « Ecris à l'ange de l'Eglise d'Ephèse...Ce que j'ai contre toi, c'est que tu as abandonné ton premier amour. » (Apocalypse 2.4)

 

          « Sortez, filles de Sion, regardez le roi Salomon, avec la couronne dont sa mère l'a couronné le jour de ses fiançailles, le jour de la joie de son cœur. » (Cantique des cantiques 3.11) C'était une invitation à contempler un monarque humain. Ayons, quant à nous, la vision de notre grand Roi couronné. « Celui qui a été abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges, Jésus, nous le voyons couronné de gloire et d'honneur à cause de la mort qu'il a soufferte, afin que, par la grâce de Dieu, il souffrît la mort pour tous. » (Hébreux 2.9)

          C'est le regard de la foi contemplative.

 

          « Le jour de ses fiançailles ». Quel jour ? Le jour de la résurrection, le jour de l'ascension, ce furent les « fiançailles » de Christ avec sa future épouse bien-aimée, l'Eglise.

 

          « Le jour de la joie de son cœur ». La tête du serpent ancien venait d'être écrasée. Quel triomphe ! Par sa mort, Jésus avait anéanti celui qui a la puissance de la mort, le diable. Quelle victoire ! Le rachat de nos âmes était réglé à jamais; par sa résurrection, le Fils de Dieu nous a justifiés. Quelle joie pour lui en ce jour-là ! C'est en vue de toute cette joie qu'il a souffert la croix et méprisé l'ignominie (Hébreux 12.2).

 

          Bien-aimés, aimez-le, contemplez-le, servez-le de tout votre être, et réjouissez-vous en lui et avec lui.

 

Paul BALLIERE

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