LE PIÈGE DE L'IMITATION

 

LE PIÈGE DE L'IMITATION

 

« Qui est celle qui monte du désert, comme des colonnes de fumée,

au milieu des vapeurs de myrrhe et d'encens et de tous

les aromates des marchands ?… Sortez, filles de Sion,

regardez le roi Salomon, avec la couronne dont sa mère l'a couronné

le jour de ses fiançailles, le jour de la joie de son cœur. »

(Cantique des cantiques 3.6,11)

 

L'imitation de la puissance de l'Esprit

 

          «...Comme des colonnes de fumée » (v.6), ou « comme des palmiers de fumée », selon une autre traduction.

 

          L'encens que l'on brûle autour du palanquin de Salomon s'élève en colonnes de fumée qui semblent s'épanouir comme le palmier. Ces dernières sont empreintes de l'odeur acquise sous l'action du feu.

 

          Que se cache-t-il derrière cette parole ? Pour le découvrir, lisons le texte d'Exode 13.20-22: « Ils partirent de Succoth, et ils campèrent à Etham, à l'extrémité du désert. L'Éternel allait devant eux, le jour dans une colonne de nuée pour les guider dans leur chemin, et la nuit dans une colonne de feu pour les éclairer, afin qu'ils marchassent jour et nuit. La colonne de nuée ne se retirait point de devant le peuple pendant le jour, ni la colonne de feu pendant la nuit. »

          La colonne de nuée guidant les enfants d'Israël dans leurs pérégrinations, était le signe visible de la présence de Dieu au milieu de son peuple. Israël vivait en permanence une réalité céleste et glorieuse.

          Le voyez-vous au loin, ce cortège royal et ses colonnes de fumée ? Quelle ressemblance avec les marches d'Israël dans le désert d'antan ! Mais regardez de plus près. Ce n'est pas la nuée d'en haut, celle de l’Éternel, le grand Roi d'Israël, qui avance à sa tête. Ce sont des vapeurs d'en bas, en l'honneur d'une royauté terrestre qui va bientôt sombrer dans une idolâtrie outrancière.

 

          Il y a feu et feu, nuée et nuée. Les colonnes de fumée s'élevant autour de la litière de Salomon ne sont rien en comparaison de la gloire royale de l'Éternel. Dans ce passage du Cantique, nous assistons à une bien faible ressemblance avec la réalité céleste qu'a connue Israël en son temps. Rien ne peut remplacer la présence de Dieu au milieu de son peuple. Il ne suffit pas de chanter « Dieu est là », même dix fois de suite, et à tous les rassemblements, au point d'en être lassé, pour qu'il soit effectivement présent. Pour la conscience éclairée, exercée, disciplinée, sensible aux mouvements de l'Esprit, rien ne peut imiter cette sainte et glorieuse présence. Ni les décibels, ni les gesticulations, ni les trémoussements de la chair, ni l'excitation sensuelle, ni l'éveil d'émotions passagères, ni l'éloquence. Rien ! On n'imite pas Dieu. On le vit. L'Église doit monter du désert, non dans les pâles imitations d'un christianisme mondain et apostat, mais dans la puissance du Saint-Esprit.

 

L'imitation du renoncement

 

          « Au milieu des vapeurs de myrrhe. » (v.6)

 

          Rappelons-nous la déclaration de Sulamith au chapitre premier verset treize: « Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe, qui repose entre mes seins ». Ces paroles évoquent un parfum émanant de l'intérieur, d'une intimité profonde.

          Mais dans la description de la litière de Salomon, nous découvrons là encore une imitation. Le parfum ne provient pas de l'intérieur, mais de l'extérieur. Le bouquet de myrrhe du bien-aimé ne peut être comparé aux vapeurs de myrrhe de Salomon !

          Souvenons-nous du symbole de la myrrhe, évoqué dans une précédente étude. Le texte faisait symboliquement et prophétiquement allusion aux souffrances de notre Seigneur Jésus-Christ. Tout croyant authentique sait qu'il est nécessaire pour lui d'être identifié à Jésus dans sa mort. Comme la Sulamithe, il monte du désert avec le doux parfum de l'abnégation, du sacrifice sur sa poitrine, sur son cœur. C'est à ce prix qu'il reste fidèle à son Maître, et résiste à la tentation d'une royauté terrestre enjôleuse et éphémère. «Car il [christ] est mort, et c'est pour le péché qu'il est mort une fois pour toutes; il est revenu à la vie, et c'est pour Dieu qu'il vit. Ainsi vous-mêmes, regardez-vous comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ. » (Romains 6.10-11) La croix nous dévoile la perfection de l'obéissance de Christ, de son renoncement, et de son esprit de sacrifice. « Il s'est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix. » (Philippiens 2.8) Le prophète Esaïe déclare: « Il a plu à l'Éternel de le briser par la souffrance... » (Esaïe 53.10) Le disciple n'est pas plus que le Maître. Il lui suffit d'être traité comme son Seigneur. Notre âme a été fondue au creuset de l'affliction. Christ doit être un bouquet de myrrhe qui repose sur notre cœur. C'est notre attachement à Jésus qui nous rendra inflexibles, et capables de ne pas plier devant la tentation. Nous resterons ainsi attachés à la volonté de notre Bien-aimé.

 

          Que le monde garde son imitation de renoncement et de sacrifice ! La myrrhe, sans le bien-aimé, n'est pas la myrrhe. Que l'Église attiédie entretienne ses illusions et ses imitations d'abnégation et de dévouement ! Elles ont une apparence de sacrifice, mais elles contribuent à la satisfaction de la chair. Comme Laodicée autrefois, l'Église mondaine et apostate d'aujourd'hui a mis son Jésus à la porte. Ses vapeurs de myrrhe ne montent pas plus haut que le plafond de ses lieux de culte.

 

L'imitation de la piété

 

          « Au milieu des vapeurs...d'encens et de tous les aromates des marchands » (v.6).

          Les caravanes des marchands apportaient toutes sortes de parfums et d'encens. Mais considérons avec beaucoup d'attention le dernier verset du Cantique des cantiques: « Fuis, mon bien-aimé ! Sois semblable à la gazelle ou au faon des biches, sur les montagnes des aromates ! ». Ne comprendrons-nous pas que les « caravanes des marchands » de notre pauvre monde ont leurs parfums, mais que notre Bien-aimé possède « les montagnes des aromates » ? Il y a parfum et parfum. Que l’Église ne s'y trompe pas !

 

          Dans l’Écriture, l'encens et les parfums sont très souvent mis en rapport avec la prière. David dit à l’Éternel: « Que ma prière soit devant ta face comme l'encens... » (Psaume 141.2) Dans l'Apocalypse, l'apôtre Jean écrit: « Quand il [l'Agneau] eut pris le livre, les quatre êtres vivants et les vingt-quatre vieillards se prosternèrent devant l'Agneau, tenant chacun une harpe et des coupes d'or remplies de parfums, qui sont les prières des saints » (Apocalypse 5.8); et encore: « Un autre ange vint, et il se tint sur l'autel, ayant un encensoir d'or; on lui donna beaucoup de parfums, afin qu'il les offrît, avec les prières de tous les saints, sur l'autel d'or qui est devant le trône. La fumée des parfums monta, avec les prières des saints, de la main de l'ange devant Dieu. Et l'ange prit l'encensoir, le remplit du feu de l'autel... » (Apocalypse 8.3-5) Zacharie, le futur père de Jean-Baptiste, « fut appelé par le sort, d'après la règle du sacerdoce, à entrer dans le temple du Seigneur pour offrir le parfum. » Et l'évangéliste Luc ajoute: « Toute la multitude du peuple était dehors en prière, à l'heure du parfum. » (Luc 1.9-10)

 

          Autour de la litière de Salomon s'élevaient des vapeurs d'encens. Mais il n'y avait là ni autel, ni sacrifices. Tout était orchestré en l'honneur d'un roi terrestre qui allait terminer sa vie dans l'abomination spirituelle.

          Quelle différence avec le lieu-saint du Tabernacle d'antan, ou du temple de Jérusalem, renfermant l'autel des parfums ! De loin, on pouvait s'y méprendre. Mais pas de près ! Le monde religieux, loin de Christ, peut offrir une pâle imitation de la vraie piété, de la prière, de l'esprit de sacrifice et de renoncement. Paul en a parlé aux chrétiens de Colosses. Il a évoqué certains préceptes humains qui ne sont fondés que sur les ordonnances et les doctrines des hommes. « Ils ont, à la vérité, dit l'apôtre, une apparence de sagesse, en ce qu'ils indiquent un culte volontaire, de l'humilité, et le mépris du corps, mais ils sont sans aucun mérite et contribuent à la satisfaction de la chair. » (Colossiens 2.22-23) Vous pourrez voir et sentir l'encens, mais vous chercherez vainement l'autel. Il n'y a en pas ! Le Saint-Esprit nous a avertis en ces termes: « Sache que, dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles. Car les hommes...auront l'apparence de la piété,mais ils renieront ce qui en fait la force. Éloigne-toi de ces hommes-là. » (2 Timothée 3.1,5)

 

En conclusion

 

          Le monde, y compris le monde religieux, peut singer ce que Dieu fait réellement pour nous, ce qu'il est, ce qu'il donne. Il peut imiter les vraies valeurs spirituelles par des valeurs mondaines trompeuses. Mais le croyant rempli du Saint-Esprit, et possédant le discernement spirituel, ne se laissera pas séduire.

 

          Regardez bien la fin de notre texte: « Sortez, filles de Sion, regardez le roi Salomon, avec la couronne dont sa mère l'a couronné le jour de ses fiançailles, le jour de la joie de son cœur.» Voilà bien le but avoué: c'est Salomon qu'il faut regarder ! Hélas !

 

          Le vrai fidèle se confond avec son Berger, Jésus-Christ. Dans sa vie, c'est le Seigneur qui est glorifié. Jamais l'homme. Mais quand le croyant en particulier, ou le peuple de Dieu en général, devient infidèle, le Seigneur est écarté, tout au profit d'une « monarchie » terrestre. L'esprit du monde a détrôné Christ. Il exalte l'humain.

 

          Neutraliser l’Église fidèle, voilà ce que recherchent le monde et l'ennemi de nos âmes. Prenons toutes les armes de Dieu afin de tenir fermes contre les ruses de Satan. Fortifions-nous par la force toute-puissante de Dieu !

 

Paul BALLIERE

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