PERCEPTION SPIRITUELLE

 

PERCEPTION SPIRITUELLE

 

«Que tu es belle, mon amie, que tu es belle !

Tes yeux sont des colombes, derrière ton voile.»

(Cantique des cantiques 4.1)

 

          Nous avons entendu ces mêmes paroles au chapitre premier, verset quinze.

          Ce que nous pourrions appeler « la capacité de perception spirituelle », est l'un des sept traits caractéristiques de la beauté de l'épouse.

 

1. Des colombes

 

          Sulamith a les mêmes yeux que son bien-aimé. Plus loin dans le Cantique, elle parlera de lui en ces termes: « Mon bien-aimé est blanc et vermeil; il se distingue entre dix mille...ses yeux sont des colombes au bord des ruisseaux... » (5.10,12)

 

          Nous devons avoir le même regard, la même vision que Jésus.

 

          La colombe évoque la simplicité, la pureté, la douceur. Ces vertus spirituelles doivent apparaître aux fenêtres de notre âme: nos yeux !

 

          La colombe est un symbole du Saint-Esprit. Avoir des yeux qui sont des colombes, c'est être capable de compréhension, de perception spirituelle des choses sous l'influence bénie du Saint-Esprit. Paul écrivait aux Romains: « Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l'intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, celle qui est bonne, agréable, et parfaite. » (Romains 12.2) Il nous est nécessaire et indispensable de posséder des yeux spirituels en parfait état, imprégnés de la nature de l'Esprit, pour voir et comprendre comme Dieu le désire.

 

2. Naître de nouveau

 

          Cette faculté de perception spirituelle dont nous parlons, ne peut être développée sans la nouvelle naissance. Jésus dit en effet: « En vérité, en vérité...si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. » (Jean 3.3) Pour que nos yeux soient des colombes, il faut l'opération spirituelle appelée par Jésus « nouvelle naissance ». « L'homme animal [c'est-à-dire « naturel »] ne reçoit pas les choses de l'Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c'est spirituellement qu'on en juge. L'homme spirituel, au contraire, juge de tout, et il n'est lui-même jugé par personne. Car qui a connu la pensée du Seigneur pour l'instruire ? Or nous, nous avons la pensée de Christ. » (1 Corinthiens 2.14-16)

 

          La parole de Dieu déclare: « l'Éternel ouvre les yeux des aveugles. » (Psaume 146.8) Cette vérité s'applique au domaine spirituel. D'ailleurs cette parole fut écrite tout particulièrement au sujet du Jour du Messie: « En ce jour-là...délivrés de l'obscurité et des ténèbres, les yeux des aveugles verront » (Esaïe 29.18); et encore: « Dites à ceux qui ont le cœur troublé: Prenez courage, ne craignez point; voici votre Dieu, la vengeance viendra, la rétribution de Dieu; il viendra lui-même, et vous sauvera. Alors s'ouvriront les yeux des aveugles... » (Esaïe 35.4-5); et encore: « Voici mon serviteur, que je soutiendrai, mon élu, en qui mon âme prend plaisir. J'ai mis mon Esprit sur lui; il annoncera la justice aux nations...Moi, l'Éternel, je t'ai appelé pour le salut, et je te prendrai par la main, je te garderai, et je t'établirai pour traiter alliance avec le peuple, pour être la lumière des nations, pour ouvrir les yeux des aveugles...» (Esaïe 42.1,6-7)

 

          Lorsque, sur le chemin de Damas, Saul de Tarse eut un face à face avec le Christ glorifié, il en fut profondément bouleversé, même sur le plan physique. « Saul se releva de terre, et quoique ses yeux fussent ouverts, il ne voyait rien; on le prit par la main, et on le conduisit à Damas. » (Actes 9.8) Quelques jours plus tard, le Seigneur envoya vers lui un disciple nommé Ananias. « Lorsqu'il fut arrivé dans la maison, il imposa les mains à Saul, en disant: Saul, mon frère, le Seigneur Jésus, qui t'est apparu sur le chemin par lequel tu venais, m'a envoyé pour que tu recouvres la vue, et que tu sois rempli du Saint-Esprit. Au même instant, il tomba de ses yeux comme des écailles, et il recouvra la vue. » (Actes 9.17-18) Ce qui s'est produit physiquement dans son corps n'est que le pâle reflet d'une expérience bien plus glorieuse au niveau de son âme. Quoique les yeux de ce rabbin fougueux fussent ouverts, il ne voyait rien au sujet de l'accomplissement messianique dont il était pourtant le contemporain. Il fallut une intervention surnaturelle, miraculeuse, divine, pour que les écailles de son pharisaïsme, de ses préjugés et de sa cécité spirituelle tombent, et qu'enfin il voit.

          Plus tard, il parlera de cette vérité dans sa seconde lettre aux Corinthiens: « Dieu, qui a dit: La lumière brillera du sein des ténèbres ! A fait briller la lumière dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ. » (2 Corinthiens 4.6)

          Rendant témoignage devant le gouverneur Festus et le roi Agrippa, Paul déclara au sujet de sa vocation apostolique: « ...J'entendis une voix qui me disait en langue hébraïque:...Je t'ai choisi du milieu de ce peuple et du milieu des païens, vers qui je t'envoie, afin que tu leur ouvres les yeux, pour qu'ils passent des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu, pour qu'ils reçoivent, par la foi en moi, le pardon des péchés et l'héritage avec les sanctifiés. » (Actes 26.14,17-18)

 

3. L'onction du Saint-Esprit

 

          Il est important de définir « l'onction du Saint-Esprit », tant il est vrai que l'on peut avoir le vocabulaire pentecôtiste juste, sans posséder les richesses spirituelles. Malheureusement, ce ne sont pas ceux qui parlent constamment de l'onction qui en sont le plus imprégnés. Toutefois, il est très difficile de donner une définition précise de l'onction. Un homme de Dieu disait: « Je n'arrive pas à dire précisément ce qu'est l'onction de l'Esprit, mais lorsqu'elle est absente, je le sens ». Au mieux, je dirais que c'est l'attouchement mystérieux, surnaturel, puissant et doux à la fois, de l'Esprit de Dieu, sur un croyant. Quand celui qui possède l'onction prie, chante, témoigne, prêche, il fait du bien et atteint le cœur de ceux qui l'entendent.

          La présence du Saint-Esprit et son onction sont indispensables à tout chrétien authentique, s'il veut avoir des yeux qui sont des colombes. L'apôtre Jean a écrit: « Pour vous, vous avez reçu l'onction de la part de celui qui est saint, et vous avez tous de la connaissance. Je vous ai écrit, non que vous ne connaissiez pas la vérité, mais parce que vous la connaissez, et parce qu'aucun mensonge ne vient de la vérité...Pour vous, l'onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, et vous n'avez pas besoin qu'on vous enseigne; mais comme son onction vous enseigne toutes choses, et qu'elle est véritable et qu'elle n'est point un mensonge, demeurez en lui selon les enseignements qu'elle vous a donnés. » (1 Jean 2.20-21,27)

          « Or nous, écrit Paul, nous n'avons pas reçu l'esprit du monde, mais l'Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les choses que Dieu nous a données par sa grâce. Et nous en parlons, non avec des discours qu'enseigne la sagesse humaine, mais avec ceux qu'enseigne l'Esprit, employant un langage spirituel pour les choses spirituelles. » (1 Corinthiens 2.12-13)

          Jésus a parlé de l'une des caractéristiques du ministère de l'Esprit en faveur des siens: « Le consolateur, l'Esprit-Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. » (Jean 14.26) N'est-il pas un « Esprit de sagesse et d'intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de crainte de l'Éternel » ? (Esaïe 11.2)

 

          Bien-aimés, ne devrions-nous pas faire la prière du psalmiste: « Ouvre mes yeux, pour que je contemple les merveilles de ta loi ! » ? (Psaumes 119.18) Plus loin, l'homme de Dieu déclare: « Je devance les veilles et j'ouvre les yeux, pour méditer ta parole. » (Psaumes 119.148) Ses yeux étaient devenus des colombes.

 

          Les yeux de notre cœur doivent être guéris de leur cécité. C'est l'expérience faite par les disciples au jour de la résurrection de leur Maître. Jésus « leur ouvrit l'esprit, afin qu'ils comprennent les Écritures. » (Luc 24.45)

 

4. Une perception « réservée », cachée

 

          « Tes yeux sont des colombes, derrière ton voile » (Cantique des cantiques 4.1).

 

          Cette mention supplémentaire, très importante, ne figurait pas au chapitre premier, verset quinze, où il était seulement dit: « Tes yeux sont des colombes ».

          Ce trait de beauté est donc caché du monde. On ne peut le discerner. Il est voilé aux yeux des païens. Mais pour Jésus, cette beauté a une grande valeur. Il a déclaré: « Heureux sont vos yeux, parce qu'ils voient..! » (Matthieu 13.16)

 

          Comprenons bien que notre vision spirituelle est pour le plaisir de Christ. Elle n'est pas destinée à être étalée devant les hommes, ou pour attirer l'attention sur nous-mêmes. Peu de croyants sont parvenus à ce stade de maturité spirituelle. Ils n’en saisissent même pas le sens. Combien il nous serait précieux de considérer chacun de nos progrès dans la lumière, et dans la connaissance de Christ ! Avançons-nous vraiment dans la vie chrétienne ? Et si nous avons le désir d'avancer, est-ce pour donner une plus grande mesure de plaisir à Christ ? Que mon lecteur s'arrête un instant, médite cette vérité, et demande à Dieu de purifier les motivations profondes de son cœur. La parole du Cantique des cantiques nous amène dans l'une des profondeurs divines où peu de croyants sont parvenus.

 

          « Tes yeux sont des colombes, derrière ton voile ».

          Ces paroles renferment un autre enseignement. Il n'est pas toujours dans le désir du Seigneur que nous parlions à d'autres de ce qu'il nous a fait percevoir. Quand Jésus a touché deux aveugles, « leurs yeux s'ouvrirent. Jésus leur fit cette recommandation sévère: Prenez garde que personne ne le sache. » (Matthieu 9.30) Dans ce contexte, Jésus avait ses raisons. Il en est ainsi pour nous dans le domaine spirituel. Il est des heures où Jésus touche les yeux de notre cœur. Alors, nous voyons, nous connaissons, nous contemplons. Mais le Seigneur nous donne l'ordre de nous taire. Ce qu'il nous a révélé est pour nous-mêmes, parfois pour un temps seulement, mais il est possible aussi que ce soit pour toujours. Nos yeux, qui sont des colombes, doivent rester derrière notre voile. Jésus a ses raisons. Il ne commet jamais d'erreurs.

 

          Le voile suggère donc une certaine réserve, une beauté invisible aux yeux de tous, gardée pour Christ. Lui-même saura la découvrir au temps convenable, mais jusqu'à ce moment-là, elle reste voilée. Paul écrit: « Il faut se glorifier...Cela n'est pas bon. J'en viendrai n néanmoins à des visions et à des révélations du Seigneur. Je connais un homme en Christ, qui fut, il y a quatorze ans, ravi jusqu'au troisième ciel (si ce fut dans son corps je ne sais, si ce fut hors de son corps je ne sais, Dieu le sait). Et je sais que cet homme (si ce fut dans son corps ou sans son corps je ne sais, Dieu le sait) fut enlevé dans le paradis, et qu'il entendit des paroles ineffables qu'il n'est pas permis à un homme d'exprimer. » (2 Corinthiens 12.1-4) Ces révélations sont restées voilées pendant quatorze années ! Les yeux de l'apôtre ont dû restés derrière le voile. Telle était la volonté de Christ pour lui. Sortir d'une telle réserve avant l'heure, aurait été pour la propre gloire du serviteur. Mais il a su se taire, et taire cette vision jusqu'au moment propice. L'exposer au bon moment a contribué à proclamer la gloire de Jésus-Christ. Cela fut particulièrement agréable au Seigneur.

 

          L'Épouse a des perceptions spirituelles qui la rendent attrayante aux yeux de Christ. Désirons donc toujours plus ce qui lui donne du plaisir.

          Toute vraie perception spirituelle de Christ fait partie de la beauté de l'Épouse.

 

Paul BALLIERE

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