L’EXPÉRIENCE DE PATMOS

 

          Samuel nous a transmis ce message de David Wilkerson. Nous l’en remercions vivement. Nous en publions ci-dessous la première partie.

 

L’EXPÉRIENCE DE PATMOS

 

          Aux premières années de l’Église, il y eut une grande persécution. Durant cette période affreuse, l’apôtre Jean fut fait prisonnier et envoyé à Rome. L’empereur régnant alors (soit Néron ou Dioclétien) fit exiler Jean sur l’île de Patmos. Cette île était petite, désolée et dépourvue d’habitants. Son unique population se composait de quelques prisonniers qui y avaient été bannis pour y finir leurs jours. Tout comme eux, Jean avait été envoyé à Patmos afin d’y mourir.

 

          L’apôtre auquel je me réfère était celui-là même : « le disciple que Jésus aimait », que le Christ aimait tant. C’est lui qui était « couché sur le sein de Jésus » à la dernière Pâque. Il était aussi le frère de Jacques et le fils de Zébédée. Il est l’auteur du quatrième évangile et des trois épîtres de la Bible qui portent son nom.

 

          Essayez d’imaginer la scène, alors que Jean débarque à Patmos. Il descend de la passerelle d’embarquement du bateau, sur une île désertique. Il n’y a pas d’arbres, que du sable. Devant lui se tient un petit groupe de prisonniers en haillons, endurcis, proférant des jurons. Tous ont des regards sinistres. Ils savent qu’ils mourront ici.

          Derrière Jean, des marins déchargent quelques caisses de provisions, le minimum vital, probablement du riz, de la farine, et les entassent sur la plage. Puis ils remontent à bord et tirent la passerelle. Ensuite, lentement, le bateau s’éloigne.

          Jean observe le bateau alors qu’il disparaît à l’horizon. Il ne sait pas s’il le reverra un jour. On l’a laissé en plan, exilé, abandonné, afin qu’il finisse ses jours dans l’isolement. Il écrira plus tard : « J’étais dans l’île appelée Patmos, à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus. » (Apocalypse 1.9)

 

          Pourquoi Jean, un modeste disciple de Jésus, avait-il reçu une telle condamnation ? Pourquoi Rome, la puissance qui gouvernait le monde, voulait absolument l’isoler de la civilisation ? On aurait pu aisément l’emprisonner sur le continent. Pourquoi l’empereur voulait-il le réduire au silence ? D’une façon certaine, Rome considérait cet homme comme une menace. Jean était visiblement renommé, aussi bien parmi les Juifs que les Gentils. Quelle influence puissante, quel ministère effectif il avait dû exercer !

 

          Maintenant, alors que Jean regardait disparaître le bateau de la prison, ses propres paroles ont dû lui revenir. C’est lui qui avait rapporté les paroles de Jésus disant : « l’heure vient où quiconque vous fera mourir croira rendre un culte à Dieu. Et il agiront ainsi…Je vous ait dit ces choses, afin que, lorsque l’heure sera venue, vous vous souveniez que je vous les ait dites. » (Jean 16.2-4)

 

          Combien de nuits froides et humides, Jean a-t-il enduré en tremblant à Patmos ? Combien de fois a-t-il été trempé jusqu’aux os par les vicieuses tempêtes de la méditerranée ? A-t-il jamais eu un abri ou des vêtements de rechange ? Contre combien de rhumes et de maladies dut-il se battre ? À quelle diète fut-il soumis ? Peut-être quelques sacs de riz ? Devait-il le rationner, sachant qu’il fallait qu’il tienne jusqu’au retour du bateau de la prison ? Fut-il obligé de capturer des serpents ou des lézards pour enrichir sa pauvre nourriture ?

 

          Au vue des standards de n’importe qui, Jean subissait un échec. Beaucoup de chrétiens de nos jours le considéreraient en disant : « Quel gâchis, pourquoi Dieu permettrait-il à l’un des hommes les plus consacrés de tous les temps d’être isolé de la sorte ? Pourquoi permettrait-il qu’un disciple dévoué, soit exposé aux éléments et pratiquement affamé ? Je ne comprends pas que Jean n’ait pas demandé à Dieu la délivrance. Après tout, n’a-il pas écrit que Jésus a dit « Ce que vous demanderez au Père il vous le donnera en mon nom… Demandez et vous recevrez. » (Jean 16.23-24) Où était la foi de Jean ?

 

          Imaginez maintenant la réaction des conducteurs d’églises aujourd’hui. Malheureusement, ils mesureraient Jean aux standards de succès qui ont cours : il n’avait pas d’assemblée, pas de bâtiment pour l’église, pas d’argent pour louer ou acheter un local. Il n’avait pas de véhicule pour se déplacer, pas de maison, aucun costume décent pour la prédication. Il n’avait pas de programme pour son ministère, pas de ministère vers la communauté, pas de stratégie pour gagner des nations. Les leaders d’aujourd’hui l’enterreraient rapidement en disant : « Cet homme n’a rien, il est fini. Au fait, pourquoi a-t-il été appelé au ministère ? »

 

          Combien ils seraient tous dans l’erreur. Au cours de ce tout premier sabbat à Patmos, Jean fondit une église. Il l’appela l’église de « Moi Jean ». Il écrivit : « Moi Jean, votre frère, qui ai part avec vous à la tribulation, au royaume et à la persévérance en Jésus…Je fus saisis par l’Esprit au jour du Seigneur. » (Apocalypse 1.9-10) Jean disait en d’autres termes : « oui, je suis coupé de la civilisation. Mais j’ai une église. Je suis un ministre du Seigneur ici. Il n’y a ni frère ni sœur pour se joindre à moi. Mais je suis dans l’Esprit ». Je vous assure que la louange de Jean, offerte de cette île perdue, était aussi glorieuse pour Dieu, qu’un millier de voix saintes adorant en mille langages différents.

 

          Quelque chose d’incroyable arriva à Jean après ces quelques premiers jours à Patmos. Il prit une décision qui aurait un impact sur l’ensemble de l’Église pour l’éternité. En bref, Jean mourut à tous ses plans personnels et pensées concernant son ministère.

 

          Pour autant que Jean le sache, son exil à Patmos était sa destinée finale. Il s’est probablement dit : « Je suis certainement coincé ici pour la vie. Mais je ne perdrai pas le feu de Dieu. Même si je dois être seul ici, je vais adorer le Seigneur. Je n’ai peut-être ni assemblée, ni communion fraternelle avec des frères ou des sœurs, mais je marcherai dans l’Esprit. Et je me consacrerai entièrement à rechercher la face de Dieu. J’ai maintenant du temps pour parvenir à le connaître comme jamais auparavant ».

 

          Dans son isolation, Jean s’adonna complètement à la recherche du Seigneur. Il marchait par l’Esprit. Il s’offrit comme un sacrifice vivant. Bien-aimés, c’est le cœur de mon message. Jean exerçait à présent un ministère à plein-temps. Je ne dis pas cela dans les termes et de la manière dont on envisage normalement un tel ministère. Il était à plein-temps dans le sens où Jean avait Dieu tout à lui.

 

          Voyez-vous, à Patmos, il n’y avait pas de nécessité à collecter des fonds, pour les slogans ou les battages publicitaires. Nul besoin d’entrer en compétition avec les autres pasteurs ou d’édifier une église plus grande. D’ailleurs il n’y avait pas d’entourage pour faire les louanges de Jean, le congratuler, ou faire son éloge. Sa vie était réduite à un simple objectif, un simple ministère : Jésus-Christ seul. C’est tout ce que Jean possédait. Et il dit, en essence : « Voici tout ce qui me sera nécessaire : la prière, l’adoration et la communion avec le Seigneur ».

 

          Qu’est-ce que le ministère à plein-temps ?

 

          Le ministère à plein-temps ne signifie pas simplement être le pasteur d’une église. Ni non plus, voyager en temps qu’évangéliste ou tenir des réunions de réveil. Le ministère à plein-temps ne se détermine pas par un diplôme, le certificat d’une école biblique ou l’ordination par des hommes d’église. Vous pouvez prêcher des centaines de messages, atteindre des foules se comptant par milliers de personnes. Mais cela ne fera pas de vous un ministre à plein-temps aux yeux de Dieu.

 

          Des personnes viennent souvent à moi, réclamant la prière afin que le Seigneur les envoie dans le ministère à plein-temps. La plupart d’entre eux sont de simples croyants, avec travail et carrière. Certains croient réellement que Dieu les a appelés à un ministère à plein-temps. Mais pour les autres, c’est simplement leur travail qui les ennuie ou ne les comble pas .Et l’idée de recevoir un salaire décent pour faire l’œuvre de Dieu les attire. D’autres sont impliqués à mi-temps dans l’œuvre de Dieu, mais ont un désir pressant d’entrer dans le ministère à plein-temps. En fait, dans la plupart des pays, les serviteurs de Dieu doivent occuper des emplois séculaires car leurs assemblées ne peuvent les prendre en charge. Et ceux qui reçoivent un salaire sont sous-payés. Ils sont convaincus qu’ils auraient un ministère plus effectif s’ils étaient suffisamment payés pour le faire. Ainsi depuis des années il ont imploré Dieu : « Quand la porte s’ouvrira-t-elle pour moi ? » Je crois que Dieu désire que chaque croyant soit impliqué dans le ministère à plein-temps. L’Écriture nous dit que nous sommes appelés comme prêtre (« sacrificateurs ») devant le Seigneur. Cependant, il nous faudra d’abord enlever de notre esprit que le ministère à plein-temps est une carrière ou un emploi rémunéré. Aux yeux du Seigneur le ministère à plein-temps est un ministère envers Lui-même. Autrement dit, vous pouvez être comme l’apôtre Jean, en plan sur une île, seul, et être impliqué à plein-temps dans le ministère. En fait, je considère Jean comme l’un des ministres de la Bible ayant eu le plus de succès. Voici comment vous pourrez déterminer si vous êtes prêt pour le ministère à plein temps.

 

          Vous n’avez plus besoin que les hommes vous applaudissent. Vous n’avez pas besoin d’une mission, d’un plan, ou de faire partie de quelque grande œuvre. Vous n’avez besoin ni d’assemblée, ni de bâtiment d’église. Le seul ministère qui satisfasse vôtre âme, c’est votre prière et votre adoration envers le Seigneur. Vous préféreriez être seul avec Jésus, le nourrissant de vos louanges, plutôt que d’être admiré en tant qu’un grand homme de Dieu. Vous savez que tout ministère envers les autres découle du ministère envers lui. Vous vous êtes donc voué à une unique chose : « Mon seul appel sur cette terre c’est mon ministère envers le Seigneur ». Alors vous serez prêt pour ce que Dieu entend par « ministère à plein-temps ».

          Beaucoup des prédicateurs, que l’on considère comme ministres à plein-temps aujourd’hui, ne sont pas ministres du tout au yeux de Dieu. Je connais des prédicateurs qui reçoivent un salaire mais qui n’ont pas de ministère envers le Seigneur. Ils n’ont pas de fardeau pour lui, ils ne le recherchent pas assidûment dans la prière, ce n’est pas de lui qu’ils reçoivent leurs sermons. Au lieu de cela, ils empruntent leurs messages à d’autres prédicateurs. De tels ministres sont de simples laquais, recevant un chèque pour avoir fait un travail. Ils ne prient pas, ne reçoivent pas de paroles fraîches du ciel.

 

          Je connais aussi de simples croyants, qui ont plus de profondeur dans leur connaissance de Christ que l’homme qui est leur pasteur. Ces personnes ne reçoivent pas un sou pour leur ministère envers le Seigneur. Mais ils sont connus dans le ciel comme ministres à plein-temps. Ce sont des intercesseurs, ayant faim de vérité, servant Dieu d’un cœur entier. Et il s’adonnent à la prière, s’isolant avec Christ. Ce sont de vrais ministres, ayant spirituellement dépassé leur pasteur depuis longtemps. En fait, leur pasteur a peut-être fait naufrage et n’est pas un ministre de Dieu du tout.

 

          Retournons maintenant à Jean, à Patmos. Aucun récit ne relate que Jean ait eu de contact avec qui que ce soit sur l’île. (Je crois que les quelques criminels qui s’y trouvaient n’éprouvaient aucun désir de se trouver en compagnie d’un saint homme tel que lui.) Jean n’avait personne avec qui entrer en communion. Il ne recevait pas de conseils pieux, personne pour l’écouter. Tout ce qu’il entendait était le martèlement des vagues, et les cris rauques des goélands.

 

          Quiconque deviendrait fou dans ce genre de situation. Ce ne fut pas le cas de Jean. Au lieu de cela, il apprit à dépendre de la voix du Saint-Esprit. Il s’accrocha à lui pour la consolation et la protection. Quand Jean rendit ce témoignage : « Je fus saisis par l’Esprit » (Apocalypse 1.10), il disait en substance : « Je m’étais abandonné complètement au Saint-Esprit. Je croyais en lui et il m’enseignait. C’est lui qui m’a fait voir la corruption dans les églises d’Asie au sujet desquelles j’ai écrit dans l’apocalypse. Et il m’a montré tout ce qui doit arriver sur la terre ».

 

          Vraiment, dans son ministère à plein-temps, il fut donné à Jean une révélation de la gloire du Christ exalté : « Une porte était ouverte dans le ciel. La première voix…qui me parlait dit : Monte ici, et je te ferai voir ce qui doit arriver dans la suite. Aussitôt, je fus saisi par l’Esprit. Et voici, il y avait un trône dans le ciel, et sur ce trône quelqu’un était assis. » (Apocalypse 4.1-2)

 

          Une porte dans le ciel a aussi été ouverte pour nous aujourd’hui. Comme Jean, nous avons été appelés à « monter ici ». L’Écriture nous dit : « Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus dans nos besoins. » (Hébreux 4.16) Cet appel à entrer dans la salle du trône a été le plus souvent ignoré des pasteurs et des croyants. Peu nombreux sont les croyants qui connaissent réellement la voix de Dieu. Et peu sont les serviteurs qui parlent selon ses oracles.

 

          Je crois que ce qui manque le plus à l’Église aujourd’hui, ce sont des hommes et des femmes prêts à s’imposer une « expérience de Patmos ». Les chrétiens aujourd’hui se donnent du temps pour regarder la télévision, acheter ou surfer sur le net, mais peu sont ceux qui montent au trône de Dieu. Pourtant le Seigneur fait cette promesse, « Si tu montes ici, je te révélerai ma grâce et ma miséricorde. Je te montrerai des choses que tu n’as jamais vues auparavant, parce que tu me cherches. »

 

(à suivre)

David WILKERSON