LES LECONS D'UNE SUCCESSION

 

LES LEÇONS D’UNE SUCCESSION

 

« Après la mort de Moïse, serviteur de l’Éternel, l’Éternel dit à Josué,

fils de Nun, serviteur de Moïse... » Josué 1.1

 

          Le livre de Josué nous présente, en type, le sujet de l’épître aux Éphésiens, La traversée du désert était arrivée à son terme. Il s’agissait maintenant, pour l’assemblée d’Israël, de passer le Jourdain sous la conduite d’un nouveau guide, et de prendre possession du pays de la promesse en dépossédant les ennemis qui l’habitaient.

          Il en est de même pour nous. Notre Canaan, c’est la vie spirituelle dans le Christ Jésus ; vie dans laquelle nous entrons par la puissance de l’Esprit, uni à Christ dans sa mort et dans sa résurrection, assis avec lui dans la gloire par la foi, en attendant le jour où nous y serons pleinement. La Bible dit : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ ! » (Éphésiens 1.3)

          Non, Canaan n’est pas l’image du ciel à venir, comme nous le chantons, à tort, dans quelques-uns de nos cantiques. Dans ce pays-là, Israël n’a cessé de se battre contre tous ses ennemis pour s’emparer de l’héritage promis par Dieu. Au ciel, rassurez-vous, nous ne serons pas en guerre perpétuelle. Au contraire, nous jouirons d’un repos éternel.

          Notre Canaan, ce sont les lieux célestes dans lesquels nous sommes présentement assis avec Christ par la foi. Nous partageons par anticipation cette gloire qu’il s’est acquise, et dans laquelle il veut nous introduire bientôt, avec un corps glorifié. En attendant, nous avons à livrer le combat de la foi contre l’ennemi de nos âmes, pour nous approprier chaque pouce du terrain que Dieu nous a donné en héritage. L’apôtre Paul déclare encore : « En lui [Christ] nous sommes aussi devenus héritiers. » (Éphésiens 1.11)

 

          Le premier verset du livre de Josué nous apporte de riches leçons spirituelles. Nous sommes à la fin du ministère de Moïse, et face à une nouvelle grande étape pour Israël, sous l’égide de Josué. Les premières lignes du livre nous parlent donc de succession.

 

          Au moment où commence cette nouvelle étape de l’histoire d’Israël, Josué est appelé à prendre la conduite du peuple. Il remplace Moïse.

 

          Ce sont deux hommes bien différents l’un de l’autre. Moïse a été l’homme de la Loi, le berger du peuple hébreu. Josué sera le chef militaire, le conquérant.

 

          Moïse et Josué ont eu deux missions différentes : le premier, libérer le peuple de l’esclavage d’Égypte, et lui faire traverser le désert. Le second, faire entrer les Israélites dans le pays de la promesse.

 

          Voici maintenant Josué. Avec lui, s’ouvre une nouvelle époque. Une génération entière était passée. Celle qui avait connu la libération d’Égypte était morte dans le désert, exceptés Caleb et Josué. Suite aux murmures et à l’incrédulité du peuple, l’Éternel avait dit : « Vous n’entrerez point dans le pays que j’avais juré de vous faire habiter, excepté Caleb, fils de Jéphunné, et Josué, fils de Nun. » Nombres 14.30) Le peuple était donc maintenant composé des enfants et des petits-enfants de ceux qui avaient péri dans le désert. Ils constituaient désormais la génération adulte et la jeunesse de la nation.

 

          Dans une succession des ministères au sein de l’œuvre de Dieu, il est indispensable d’accepter les différences de personnalité, la complémentarité des services et des dons reçus, ainsi que la complémentarité des tâches à accomplir. Notons ici que complémentarité ne signifie pas destruction de tout ce que le prédécesseur a fait. Il est fou d’orienter le gouvernail à 180 degrés, au risque de faire sombrer le « navire » ! Il semble malheureusement que ce soit l’état d’esprit, aujourd’hui, d’un certain nombre de jeunes loups, aux dents très longues et à l’égo boursouflé. Ceux-là pensent que les anciens qui les ont précédés n’ont rien compris. Les voici, eux, et le peuple va voir ce qu’il va voir ! Et le peuple voit ! Et Dieu voit aussi ! Et le peuple verra, tôt ou tard, qu’il est mauvais de déplacer la borne ancienne que les pères ont posée. La Parole de Dieu déclare : « Que celui qui revêt une armure ne se glorifie pas comme celui qui la dépose ! » (1 Rois 20.11) Avant d’affirmer, haut et fort, que les aînés sont maintenant d’un autre temps, que ceux qui arrivent tout frais moulus fassent au moins leurs preuves, sur le long terme !

 

          Dans notre texte, Moïse est appelé « serviteur de l’Éternel », et Josué « serviteur de Moïse », ou selon une autre traduction, « auxiliaire de Moïse ». Le texte hébreu emploie le mot « assistant ».

          Josué ne servait-il pas l’Éternel ? Si ! Mais quelle est la leçon spirituelle ici ? Avant d’entrer dans de grandes responsabilités, il faut être capable d’être au service des autres. Jésus dit : « Celui qui est fidèle dans les moindres choses l’est aussi dans les grandes, et celui qui est injuste dans les moindres choses l’est aussi dans les grandes. » (Luc 16.10)

          Avant d’être roi, David a joué de la harpe devant Saül.

          Avant de succéder à Élie, Élisée versait l’eau sur les mains du prophète (2 Rois 3.11)

          Avant d’être l’homme utilisé puissamment par Dieu pour accomplir des prodiges et de grands miracles, Étienne a servi aux tables (Actes 6.2-3,5).

 

          Notons maintenant un autre enseignement de la plus haute importance. Entre Moïse et Josué, il n’y a pas eu de place pour une volonté humaine, des ambitions charnelles, des désirs personnels. Dieu s’est placé entre Moïse et Josué, exprimant sa volonté, se présentant comme souverain, et révélant ses desseins. Que dit, en effet, l’Écriture : « Après la mort de Moïse, l’Éternel dit à Josué... » L’Éternel se place entre les deux hommes. Il n’est pas écrit : « Après la mort de Moïse, Josué... »

          Comment s’effectuent les successions dans les églises aujourd’hui ? Comment envisage-t-on les remplacements ? Dieu est-il là, entre les hommes, exprimant clairement ses voies, ses plans ? Ou bien les « Moïse » modernes établissent-ils eux-mêmes leur « Josué » sans que Dieu ait le moindre mot à dire ? Quant aux « Josué » d’aujourd’hui, imposent-ils leur salaire avant de prendre la place ? S’informent-ils de l’importance numérique du peuple à conduire ? Examinent-ils les rentrées d’offrandes avant de prendre leur décision ? Madame Josué, avant de dire « oui » à la place de son mari, s’inquiète-t-elle des heures d’ensoleillement ? Oh ! Que Dieu s’immisce à nouveau entre les hommes et que les successions soient conduites par le Saint-Esprit !

 

          Qu’il y ait à nouveau des conventions pastorales où la souveraineté divine s’exercera pleinement, comme autrefois à Antioche. Pendant que des docteurs et des prophètes « servaient le Seigneur dans leur ministère et qu’ils jeûnaient, le Saint-Esprit dit : Mettez-moi à part Barnabas et Saul pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés » (Actes 13.2). Ni Siméon, ni Lucius, ni Manahen n’eurent leur mot à dire, pas plus que Barnabas et Saul directement concernés par le plan divin. Tous se soumirent au Seigneur. « Alors, après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains, et les laissèrent partir. » (Actes 13.3)

 

          Quand Dieu fit partir Philippe de Samarie, où avait lieu un puissant courant d’évangélisation, l’évangéliste obéit sans discuter. Il ne savait même pas la teneur exacte de sa nouvelle mission. Il allait proclamer la Bonne Nouvelle à une âme, une seule, sur un chemin désert ! (Actes 8.26-29)

 

          Quand, après quatorze années de travail immense pour le Seigneur dans plusieurs pays, Paul monta de nouveau à Jérusalem, il ne le fit pas sous l’impulsion de pensées personnelles ou sur une demande pressante de certains collègues : « je montai de nouveau à Jérusalem avec Barnabas, écrit l’apôtre, ayant aussi pris Tite avec moi ; et ce fut d’après une révélation que j’y montai. » (Galates 2.1-2)

 

          Que dire de Pierre, et de la manière surnaturelle dont Dieu l’a conduit à évangéliser Corneille, le centenier romain ? (Actes 10) Que dire encore de l’intervention du Saint-Esprit qui empêcha Paul d’annoncer la parole dans l’Asie, qui ne lui permit pas d’entrer en Bithynie, mais qui le conduisit à Philippes ? (Actes 16)

 

          La succession de Moïse s’est faite selon le plan de Dieu : « L’Éternel dit à Moïse : Prends Josué, fils de Nun, homme en qui réside l’Esprit ; et tu poseras ta main sur lui. Tu le placeras devant le sacrificateur Eléazar et devant toute l’assemblée, et tu lui donneras des ordres sous leurs yeux. Tu le rendras participant de ta dignité, afin que toute l’assemblée des enfants d’Israël l’écoute. » (Nombres 27.19-20)

 

          Nous avons besoin d’apprendre à être conduits par l’Esprit de Dieu et à mettre nos propres désirs, nos plans, nos idées sur la croix. Sinon, nous entrerons dans des voies que Dieu n’a pas tracées pour nous ; ou bien, nous n’entrerons pas dans des chemins que Dieu avait pourtant ouverts pour nous.

 

          Malheureux Mouvements qui avaient commencé dans l’Esprit et qui finissent dans l’autoritarisme d’un pouvoir humain despotique ! Malheureux hommes, malheureux ministères qui ne s’exercent plus dans la liberté joyeuse de l’Esprit de Dieu, mais sous la menace d’hommes qui se croient appelés à dominer sur leurs frères !

 

          Qu’entre Moïse et Josué, il y ait à nouveau l’Éternel !

 

Paul BALLIERE

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