AVEZ-VOUS DE BONNES DENTS ?

 

AVEZ-VOUS DE BONNES DENTS ?

 

« Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues,

qui remontent de l'abreuvoir; toutes portent des jumeaux,

aucune d'elles n'est stérile.»

(Cantique des cantiques 4.2)

 

          Ce compliment est à nouveau adressé à la jeune fille au chapitre six verset six du Cantique: « Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues, qui remontent de l'abreuvoir; toutes portent des jumeaux, aucune d'elles n'est stérile ».

          Par leur blancheur et leur régularité, les dents de Sulamith ressemblent à des brebis tondues, ayant chacune deux agneaux.

 

          Nous avons ici le troisième trait de la beauté de l'épouse. La mention des dents n'évoque-t-elle pas la capacité de prendre de la nourriture ? C'est en effet par les dents que la nourriture est rendue assimilable.

 

          Notre verset nous amène à réfléchir sur la nécessité de penser les choses de Dieu, de les assimiler, en un mot de nous nourrir spirituellement. Par la grâce de Dieu, nous acquérons cette faculté qui plaît au Seigneur. Notre Dieu fournit la nourriture en abondance, mais il prend son plaisir à nous la voir approprier. Il l'avait donnée à son peuple sous des formes variées: l'agneau pascal, puis la manne, le blé, le pain, et tant d'autres exquises.

 

          Nos plats spirituels sont variés et plus excellents les uns que les autres. Cependant, ils ne peuvent nous soutenir, ni nous fortifier, si nous ne nous en nourrissons pas.

          Notre texte semble donc indiquer les conditions qui engendrent ou accompagnent la capacité de se nourrir.

 

1. L'unité

 

          « Tes dents sont comme un troupeau... »

 

          Nous retrouvons ici l'image du troupeau, que nous avons commentée dans notre précédente étude.

          Si nous avons tous la même nourriture spirituelle, nous serons unis ! C'est une évidence. Aux premiers temps de l'Eglise, les croyants « persévéraient dans l'enseignement des apôtres » (Actes 2.42). Ils étaient à la même table, ils mangeaient le même aliment spirituel, celui de leur Bien-aimé, Jésus. L'Ecriture précise aussitôt: « ils persévéraient...dans la communion fraternelle » (Actes 2.42).

 

          D'autre part, si nous sommes unis, nous mangerons tous la même nourriture spirituelle. C'est tout aussi évident. La parole de Dieu déclare: « Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés à une seule espérance par votre vocation » (Ephésiens 4.4). Quelques versets plus loin, l'apôtre parle du but des ministères donnés à l'Eglise: « ...Jusqu'à ce que nous soyons tous parvenus à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l'état d'homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ...C'est de lui, et grâce à tous les liens de son assistance, que tout le corps, bien coordonné et formant un solide assemblage, tire son accroissement selon la force qui convient à chacune de ses parties, et s'édifie lui-même dans la charité » (Ephésiens 4.13,16). Il est fort attristant de voir l'esprit marginal, indépendant, orgueilleux, ambitieux conduire les croyants dans des divisions et les pousser à absorber des mets spirituels frelatés. « Je vous exhorte, frères, écrit l'apôtre Paul, à prendre garde à ceux qui causent des divisions et des scandales, au préjudice de l'enseignement que vous avez reçu. Eloignez-vous d'eux. Car de tels hommes ne servent point Christ notre Seigneur, mais leur propre ventre; et, par des paroles douces et flatteuses, ils séduisent les cœurs des simples » (Romains 16.17-18). Quelques lignes plus loin, l'apôtre présente l'antipoison spirituel: « A celui qui peut vous affermir selon mon Evangile et la prédication de Jésus-Christ, conformément à la révélation du mystère caché pendant des siècles, mais manifesté maintenant... » (Romains 16.25).

 

2. Être participants de la nature divine

 

          « Tes dents sont comme un troupeau de brebis... »

 

          Les disciples de Christ sont ses brebis. Jésus a dit: « Je suis le bon berger. Je connais mes brebis, et elles me connaissent, comme le Père me connaît et comme je connais le Père; et je donne ma vie pour mes brebis » (Jean 10.13-15).

          Nous sommes participants de sa nature divine. Pour nous nourrir de Christ (et toute nourriture spirituelle est en lui), il faut une nature conforme à la sienne pour la recevoir, l'apprécier, et croître par elle. S'il n'y a pas, dans notre cœur, le vrai caractère de Jésus, il n'y aura rien qui puisse être nourri par lui. Le monde est logique avec lui-même. Il se nourrit de bien des choses néfastes correspondant à sa nature déchue. Qu'en est-il de nous qui nous déclarons enfants de Dieu ?

          L'apôtre Pierre a bien montré que la nourriture spirituelle s'accorde avec le caractère spirituel qui l'absorbe. Il écrit: « Vous avez été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu...Et cette parole est celle qui vous a été annoncée par l'Évangile » (1 Pierre 1.23,25). Voilà pour le caractère spirituel. L'apôtre ajoute aussitôt: « Rejetant donc toute malice et toute ruse, la dissimulation, l'envie, et toute médisance, désirez, comme des enfants nouveau-nés, le lait spirituel et pur, afin que par lui vous croissiez pour le salut, si vous avez goûté que le Seigneur est bon » (1 Pierre 2.1-3). Vous voyez que la nourriture spirituelle du croyant est en étroite relation avec sa nature. Ceux qui sont nés d'une semence incorruptible se nourrissent de ce qui les fait croître, de ce qui les fortifie dans le Seigneur.

 

          Il existe une réelle correspondance entre la nourriture spirituelle et celui qui la reçoit. L'un s'adapte à l'autre. L'homme naturel, que l'Écriture désigne comme l'homme animal, ne peut se nourrir de Jésus-Christ. Il ne le désire même pas. Rien en lui ne fait appel à ce genre de nourriture. Il en est tout autrement du croyant authentique qui se délecte de Christ, et qui vit au quotidien la recommandation de son Seigneur: « Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement; et le pain que je donnerai, c'est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde » (Jean 6.51).

 

3. Être capables de donner

 

          « Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues... »

 

          Ici, dans notre verset, les brebis sont tondues. Elles ont été productives, au prix de quelques sacrifices personnels. Elles ont donné quelque chose à celui à qui elles appartiennent.

 

          Le prophète Esaïe, entrevoyant les souffrances expiatoires de Christ, a déclaré: « Il a été maltraité et opprimé, et il n'a point ouvert la bouche, semblable à un agneau qu'on mène à la boucherie, à une brebis muette devant ceux qui la tondent; il n'a point ouvert la bouche » (Esaïe 53.7).

          La brebis tondue est l'image des souffrances de Jésus à la croix. L'apôtre Pierre le rappelle dans sa première lettre: « Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces... » (1 Pierre 2.21). Contemplez Christ à Golgotha. Il a tout donné. C'est l'esprit de la croix.

 

          La laine est la production normale de la vie d'une brebis. Mais elle ne peut la donner que par la tonte ! Nous comprenons aisément ce que le Saint-Esprit nous enseigne dans ce texte. La capacité de nous nourrir spirituellement dépend beaucoup de ce que nous avons donné aux autres. Si je ne retire rien de ma lecture de la parole de Dieu, ou de l'enseignement du ministère établi pour le perfectionnement des saints dans mon église, je dois sonder mon cœur. Ai-je permis à la grâce de Dieu de produire en moi ce qui est pour la gloire de Dieu et pour l'encouragement de son peuple ? Plus nous donnerons, et plus nous nous donnerons nous-mêmes, plus nous serons à même de nous approprier ce que Dieu veut nous donner. Si rien n'a été produit, la grâce de Dieu a été reçue en vain. L'Écriture déclare: « Qui est-ce qui fait paître un troupeau, et ne se nourrit pas du lait du troupeau ? » (1 Corinthiens 9.7). Ailleurs, elle dit encore: « Connais bien chacune de tes brebis, donne tes soins à tes troupeaux; car la richesse ne dure pas toujours, ni une couronne éternellement. Le foin s'enlève, la verdure paraît, et les herbes des montagnes sont recueillies. Les agneaux sont pour te vêtir, et les boucs pour payer le champ; le lait des chèvres suffit à ta nourriture, à celle de ta maison, et à l'entretien de tes servantes » (Proverbes 27.23-27).

 

          Nous devrions pouvoir travailler à l'enrichissement spirituel des autres, les « vêtir » avec notre « laine », afin qu'ils aient chaud. Pour cela, nous devons accepter d'être des brebis « tondues ».

          Nous devrions pouvoir « nourrir » les autres, les entretenir et pourvoir à leurs besoins financiers et matériels lorsque c'est nécessaire. Pensons aux besoins de notre église locale, et à ceux de l'œuvre de Dieu au-delà de nos frontières.

 

          Comprenons que si nous ne nous alimentons pas, nous ne pouvons pas produire de « laine ». Par contre, si nous sommes nourris par la grâce de Dieu, nous aurons de quoi donner à Dieu, au berger du troupeau, et aux autres. Réciproquement, si nous ne donnons pas, nous n'éprouverons pas le besoin de nous ressourcer, de nous fortifier. Mais si nous donnons, nous éprouverons aussi le besoin de nous ressourcer nous-mêmes. Ce n'est pas un cercle vicieux, mais un cercle béni ! De nouvelles provisions de grâce permettront de nouveaux résultats. Les croyants improductifs sont ceux qui se nourrissent peu ou pas spirituellement.

 

          Permettez-moi une autre remarque concernant la laine. Dans l'Écriture, elle est parfois l'image de la vie terrestre et charnelle. Les sacrificateurs ne devaient pas entrer avec des vêtements de laine à l'intérieur du voile, pour y faire leur service. Dieu dit: « Ils entreront dans mon sanctuaire, ils s'approcheront de ma table pour me servir, ils seront à mon service. Lorsqu'ils franchiront les portes du parvis intérieur, ils revêtiront des habits de lin; ils n'auront sur eux rien qui soit en laine, quand ils feront le service aux portes du parvis intérieur et dans la maison. Ils auront des tiares de lin sur la tête, et des caleçons de lin sur leurs reins; ils ne se ceindront point de manière à exciter la sueur » (Ézéchiel 44.16-18).

          Rien qui excite la sueur ! C'est-à-dire aucune émanation de ce qui est humain et charnel. Bien-aimés frères et sœurs, il nous faut être « tondus » de ce qui favorise les manifestations de la chair lors de notre service pour Dieu. C'est pourquoi l'apôtre Paul affirme: « Ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs. Si nous vivons par l'Esprit, marchons aussi selon l'Esprit » (Galates 5.24-25). Si nous ne veillons pas, tant d'éléments charnels peuvent se manifester dans notre prédication, notre témoignage, notre chant, nos dons spirituels, notre service pour Dieu dans quelque domaine que ce soit ! Les brebis débarrassées de leur laine changent d'aspect, elles sont moins belles à regarder, et elles perdent du poids. Mais elles sont utiles à ceux qui les font paître. Perdons de notre superbe naturelle et charnelle, et soyons utiles à notre divin Berger !

 

4. Accepter une purification permanente

 

          « Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues, qui remontent de l’abreuvoir... »

          Ainsi, ces brebis tondues remontent de l'abreuvoir, ou du lavoir, selon la version Darby.

 

          Bon nombre de croyants se demandent pourquoi ils ne reçoivent pas davantage, soit lors des réunions de l'église, soit dans leur piété personnelle. La raison est simple: ils ne remontent pas de l'abreuvoir ! Que voulons-nous dire ? La parole de Dieu doit nous laver. « Le Christ a aimé l'assemblée et s'est livré lui-même pour elle, afin qu'il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d'eau par la parole » (Ephésiens 5.25-26, version Darby). La parole de Dieu doit nous purifier. Jésus dit à ses disciples: « Déjà vous êtes purs, à cause de la parole que je vous ai annoncée » (Jean 15.3). Il est indispensable que tout ce qui ne convient pas à Christ dans ses brebis soit ôté. Si nous ne nous soumettons pas à ce lavage, jour après jour, notre faculté d'assimilation spirituelle sera sérieusement diminuée.

 

          Notons encore que la parole de Dieu est, à la fois, le lavoir et l'abreuvoir. Les vraies brebis du Seigneur remontent de là. Cette parole qui les purifie, les désaltère aussi.

 

          Avons-nous soif de Dieu, du Dieu vivant ?

 

5. La fécondité

 

          « Toutes portent des jumeaux... »

 

          Ces brebis portent toutes des jumeaux. Aucune d'elles n'est stérile. Il serait bon que chaque croyant ait le désir d'amener au moins deux âmes à Jésus-Christ dans leur vie ! Vous comprendrez que c'est une façon de parler...ou d'écrire ! Quelle prospérité pour le troupeau du Seigneur, lorsque chaque croyant conduit des âmes à Christ !Lorsque André conduit son frère Simon à Jésus; lorsque Philippe invite Nathanaël à venir vers Christ; lorsque la Samaritaine rend témoignage à tout son village; lorsque les chrétiens persécutés osent annoncer la bonne nouvelle du Seigneur Jésus aux Grecs..!

 

          Le Seigneur ne veut pas nous voir stériles. Il désire ardemment l'accroissement de son troupeau. S'il y avait plus de fécondité de ce genre, il y aurait davantage de capacité à jouir de la nourriture spirituelle. La parole de Dieu ne nous est jamais si précieuse que lorsque nous avons amené d'autres âmes à l'apprécier elle-même.

 

6. La maturité

 

          Avoir des dents implique une certaine maturité dans le pouvoir d'assimilation de la nourriture. Le nourrisson n'a pas encore de dents. Le jeune enfant n'a pas les dents définitives. Quant au vieillard, il arrive qu'il n'a plus les siennes et qu'il ait recours à des appareils pour suppléer à certaines carences...Soyons des croyants matures, et entretenons notre maturité. Que le vieillissement spirituel ne nous gagne jamais ! Ne tombons pas sous ce reproche de l'Écriture: « Vous, en effet, qui depuis longtemps devriez être des maîtres, vous avez encore besoin qu'on vous enseigne les premiers rudiments des oracles de Dieu, vous en êtes venus à avoir besoin de lait et non d'une nourriture solide. Or, quiconque en est au lait n'a pas l'expérience de la parole de justice; car il est un enfant. Mais la nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux dont le jugement est exercé par l'usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal » (Hébreux 5.12-14).

 

          Notons bien toutes ces conditions qui accompagneront notre capacité à nous nourrir spirituellement. Dieu veut une telle épouse pour son Fils, belle dans sa capacité d'assimiler la vraie et bonne nourriture spirituelle.

 

Paul BALLIERE

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