LES LIMITES DU PAYS DE LA PROMESSE

 

LES LIMITES DU PAYS DE LA PROMESSE

 

« Vous aurez pour territoire depuis le désert et le Liban jusqu’au grand fleuve,

le fleuve de l’Euphrate, tout le pays des Héthiens,

et jusqu’à la grande mer vers le soleil couchant. » (Josué 1.4)

 

          Rappelons que Canaan n’est pas l’image du ciel. De nombreux ennemis s’y trouvent ; le peuple devra les combattre. De nombreux obstacles se dresseront ; il faudra qu’Israël les surmonte. De multiples batailles l’attendent ; l’armée du peuple élu devra les livrer jusqu’à la victoire.

          Il en est ainsi de notre héritage spirituel en Christ, et par Christ, dès maintenant, dans notre vie chrétienne. Partout où nous poserons le pied, un adversaire surgira. Mais nous pouvons serrer sur notre cœur une précieuse promesse : « Nul ne tiendra devant toi », dit l’Éternel à Josué, « tant que tu vivras », c’est-à-dire jusqu’à ce qu’il ait établi le peuple en possession définitive du pays. Quelle sécurité pour le peuple dans cette promesse ! A peine, dit Dieu, tu rencontreras l’ennemi sur ton chemin, qu’il se dispersera. Cette promesse est vraie pour nous dans notre marche spirituelle. Notre puissance est en Christ.

 

          L’héritage d’Israël, le pays promis, était un pur don de la grâce de Dieu. L’Éternel déclare à Josué : « Moïse, mon serviteur, est mort ; maintenant, lève-toi, passe ce Jourdain, toi et tout ce peuple, pour entrer dans le pays que je donne aux enfants d’Israël. Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous le donne, comme le j’ai dit à Moïse...Fortifie-toi et prends courage, car c’est toi qui mettras ce peuple en possession du pays que j’ai juré à leurs pères de leur donner. » (Josué 1.2, 3, 6). A trois reprises, Dieu parle du pays qu’il donne aux enfants d’Israël.

          Pour ce qui nous concerne, nous, le peuple de la Nouvelle Alliance, l’apôtre Paul écrit : « ...afin de montrer dans les siècles à venir l’infinie richesse de sa grâce par sa bonté envers nous en Jésus-Christ. » (Éphésiens 2.7)

 

          Le pays était à eux de la part de l’Éternel, mais il s’agissait maintenant pour le peuple non seulement de possession, mais d’entrée en possession. « Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous le donne », dit Dieu (v.3).

          C’est une chose que Dieu donne, c’en est une autre de posséder ce qu’il nous donne en nous l’appropriant par la foi.

 

          Au verset 2, il est fait mention du Jourdain, barrière qui séparait le peuple de la la terre promise : « Maintenant, lève-toi, passe ce Jourdain... » Pour entrer en Canaan, il fallait passer le Jourdain sous la conduite de Josué.

          Nous aussi, nous avons spirituellement tout un héritage délicieux en Christ, mais nous ne pouvons en prendre possession qu’en ayant passé à travers la mort et la résurrection avec Christ – dont le Jourdain est le symbole – et par la puissance de son Esprit. C’est la condition pour posséder toutes les richesses de la vie spirituelle. La Bible dit : « Dieu...nous a rendus à la vie avec Christ (c’est par grâce que vous êtes sauvés) ; il nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus-Christ. » (Éphésiens 2.5-6)

 

          Remarquez un autre point dans notre texte (verset 4) : Dieu donne à Israël la description exacte des limites de Canaan. Quelles sont ces limites ? Plus étendues que le peuple ne les atteindra jamais, si ce n’est quand, au millénium, la gloire de Christ les lui donnera. Il en est de même pour nous. Les richesses spirituelles de Christ sont notre conquête actuelle, partout où notre pied se pose ; mais mesurerons-nous jamais toute l’étendue de notre héritage ? La Parole de Dieu déclare : « Car nous connaissons en partie...mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel disparaîtra...Aujourd’hui, nous voyons au moyen d’un miroir, d’une manière obscure, mais alors nous verrons face à face ; aujourd’hui, je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j’ai été connu. » (1 Corinthiens 13.9, 10, 12)

 

          Les limites du pays étaient un grand désert, une grande montagne, un grand fleuve, et une grande mer. Voyez le verset 4.

 

          Un grand désert : « Vous aurez pour territoire depuis le désert... »

          N’est-ce pas l’image du monde avec son aridité ?

          Israël avait déjà traversé l’aridité du désert et il avait fait l’expérience qu’il n’y avait là aucune ressource pour lui. Il y avait connu la faim, la soif, la mort. Seule la manne de Dieu dispensée d’en haut pendant quarante années, avait pu le nourrir. Seuls les miracles de l’Éternel l’avaient désaltéré : à Mara, à Horeb. Seule la puissance du Tout-Puissant lui avait communiqué la vie, alors que les serpents brûlants décimaient ses rangs.

          Jésus, lui, est notre vrai pain, venu du ciel. Son oeuvre à la croix, est le vrai bois jeté dans notre amertume pour la changer en douceur divine. Christ est le vrai rocher, frappé au Calvaire, d’où ont jailli des fleuves d’eau vive capables de désaltérer aujourd’hui encore quiconque vient à lui avec foi. Et comme Moïse éleva le serpent d’airain dans le désert pour que le peuple conserve la vie, le Sauveur fut élevé de terre sur une croix pour porter nos péchés et nous donner la vie éternelle (Jean 3.14-15).

          Comment pourrions-nous franchir à nouveau cette limite, pour retourner dans le grand désert de ce monde ? Tôt ou tard, nous crierions comme le fils prodigue : « Moi ici, je meurs de faim...j’irai vers mon père... »

          Demeurons dans les limites de notre « pays promis ».

 

          Une grande montagne : « ...Et le Liban... » Elle est le type du monde, avec sa puissance et son orgueil. Cette grande « montagne » peut nous impressionner, nous intimider, nous faire peur. N’élève-t-elle pas avec fierté son instruction ? Ne terrorise-t-elle pas avec sa persécution ? N’intimide-t-elle pas avec ses moqueries ? Ne déstabilise-t-elle pas avec ses discussions ? Mais « celui qui est en nous est plus grand que celui qui est dans le monde. » (1 Jean 4.4)

          Cependant, cette grande « montagne » peut aussi nous tenter, nous attirer. C’est là un paradoxe. Si Jésus avait franchi la limite de son territoire spirituel, il aurait perdu la bataille, et quelles conséquences effroyables pour lui et pour nous ! « Le diable le transporta encore sur une montagne très élevée, lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire, et lui dit : Je te donnerai toutes ces choses, si tu te prosternes et m’adores. » (Matthieu 4.8-9) « Je te donnerai toute cette puissance, et la gloire de ces royaumes ; car elle m’a été donnée, et je la donne à qui je veux. » (Luc 4.6) Mais Jésus a triomphé de Satan.

          Bon nombre de croyants succombent à la tentation de la gloire humaine, des honneurs, qui paraissent bien préférables à la modestie de la vie chrétienne, à sa rigueur, et aux exigences du Seigneur. Paul, quant à lui, s’écriait : « Pour ce qui me concerne, loin de moi la pensée de ma glorifier d’autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde. » (Galates 6.14)

 

          Un grand fleuve : «...Jusqu’au grand fleuve, le fleuve de l’Euphrate... »

          Voilà bien l’image du monde avec sa prospérité et sa corruption. L’Euphrate nous fait bien évidemment penser à Babylone !

          Si le monde ne peut nous vaincre par son aridité ou par sa puissance, il tentera de nous détruire par sa fertilité.

          S’il ne réussit pas dans ses desseins malveillants contre l’Église en utilisant la Jézabel du temps d’Élie, la Jézabel persécutrice, il se servira de la Jézabel de l’Apocalypse, la séductrice (Apocalypse 2.20). De reine, au pouvoir évident, elle devient fausse prophétesse aux atours séducteurs. L’Église de Thyatire en avait fait les frais. Jézabel ? C’est la même femme, le même nom, les mêmes desseins. Seule sa tactique change. Aujourd’hui, l’Occident sombre dans l’adultère spirituel et l’idolâtrie, vaincu par les charmes de cette dominatrice infâme. La séduction des richesses, l’invasion de toutes sortes de convoitises, les soucis de ce siècle, l’apparence d’une piété exsangue de force ont eu raison d’une foule de chrétiens. Ceux-là n’ont pas su demeurer dans les limites de leur « pays promis ».

 

          Une grande mer : « ...Jusqu’à la grande mer, vers le soleil couchant... »

          Voici le monde avec son agitation, ses doutes, ses incertitudes, ses hauts et ses bas, ses changements, ses modes, ses tempêtes. Voyez comment Jacques parle de la mer : « ...Semblable au flot de la mer, agité par le vent et poussé de côté et d’autre. » (Jacques 1.6). Souvenez-vous de ce qu’écrit Jude lorsqu’il parle « des vagues furieuses de la mer » (verset 13)

          Considérez le monde. Il va, il vient, comme les marées. Amis chrétiens, cette « grande mer » est une limite que vous ne devez pas franchir. Demeurez là où Dieu vous veut, dans l’héritage spirituel qu’il vous a donné en son fils Jésus-Christ.

 

          Un grand désert, une grande montagne, un grand fleuve, une grande mer, tel est le caractère des choses qui ne sont pas à nous. Tout cela était en dehors du bon pays de la promesse, du pays de la vraie fertilité, là où allaient couler le lait et le miel.

 

          Tout cela était ce sur quoi le peuple ne pouvait, ni ne devait poser son pied. Il en est ainsi pour nous. Soyons comme Abram devant le roi de Sodome, auquel il déclarait avec fermeté : « Je ne prendrai rien de ce qui est à toi, pas même un fil, ni un cordon de soulier, afin que tu ne dises pas : J’ai enrichi Abram. » (Genèse 14.23). Aujourd’hui, ce n’est pas un fil que certains croyants ont pris de la main du monde, mais une tonne de pelotes ! Ce n’est pas un cordon de soulier qu’ils ont accepté de recevoir, mais tout le magasin de chaussures !

          Dans ce monde, les vrais croyants font l’expérience qu’il n’y a aucune ressource pour eux, et que seul leur Seigneur peut les satisfaire pleinement durant leur pèlerinage. Comme Asaph, ils proclament : « Quel autre ai-je au ciel que toi ? Et sur la terre je ne prends plaisir qu’en toi. » (Psaume 73.25)

 

          Bien-aimés, à nous est la vraie vie spirituelle, avec ses combats mais avec ses victoires en Christ, et la possession des richesses infinies dans la personne de Jésus ressuscité et assis dans la gloire.

          « L’Éternel est mon partage et mon calice ; c’est toi qui m’assures mon lot ; un héritage délicieux m’est échu, une belle possession m’est accordée. » (Psaume 16.5-6)

 

Paul BALLIERE

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