UN REGARD SUR LE PASSE
(Actes 1)
Avant de s'élever pour commencer son ministère de Souverain Sacrificateur dans le ciel, le Christ glorifié s'entretenait une dernière fois avec les apôtres qu'il avait choisis.
La grande mission qui consistait à « aller par tout le monde et à prêcher l’Évangile à toute créature » leur avait été confiée, et maintenant il leur disait d'attendre le revêtement de puissance nécessaire. Oh ! combien c'était essentiel. Qui donc en effet peut combattre sans armes ou travailler sans outils ?
La conversation roulait sur le passé, et Jésus leur rappelait maint entretien près du Jourdain, ou le soir dans la maison de Pierre, ou à Béthanie, « ce que je vous ai annoncé, leur dit-il ». Ils n'avaient compris ses paroles que d'une façon assez obscure mais pourtant ils ne les avaient pas oubliées. La semence de vérité, déposée dans leurs mémoires, n'attendait que la pluie du ciel pour fleurir presque immédiatement en un merveilleux bouquet de sublimes mystères.
Ces souvenirs rappelés avaient pour sujet immédiat « la promesse du Père ». Et Jésus relie cette promesse à un autre sujet populaire dont on s'entretenait autrefois sur le bord de la route : le ministère de Jean Baptiste, si court et si semblable à celui d’Élie. Quel mouvement Jean avait créé! Non seulement par sa personne et son message, mais par son œuvre. Car il avait baptisé dans le Jourdain, et les multitudes, comprenant sans doute le petit groupe le plus sérieux, celui des apôtres et même le Maître lui-même, s'étaient soumis à l'immersion par Jean. C'était sans aucun doute une inoubliable expérience.
Maintenant, Jésus rappelle l'affirmation répétée de Jean, et la revêt d'une autorité renouvelée en la faisant sienne :
« En vérité, Jean a baptisé d'eau, mais vous serez baptisés du Saint-Esprit. » (Matthieu 3.11 ; Marc 1.8; Luc .-16 ; Jean 1.33 ; remarquez le fait significatif que les quatre évangiles rapportent cette affirmation tout à fait capitale.) Ils savaient que leur baptême d'eau avait été une très réelle expérience ; ils avaient senti les eaux du Jourdain monter de plus en plus, ils savaient le moment et l'endroit où Jean les avait baptisés ; et même leurs amis sur la rive, qu'ils aient été sympathiques ou pleins de dédain, avaient remarqué cette immersion.
« Ce baptême d'Esprit », plus grand que celui-ci, était encore en quelque sorte dans le futur au moment de leur dernier entretien avec Jésus sur la terre. Il allait réaliser évidemment une expérience quelque peu semblable, mais seulement sur un plan transcendant, plus élevé. Ils se rendaient compte qu'il serait ressenti et vu, et qu'il marquerait une crise tout à fait définie. Un voyage sur un transatlantique est une chose extrêmement différente d'une promenade sur un canot à rames, mais quiconque a circulé sur l'eau dans un tout petit bateau possède au moins les rudiments de l'idée de ce que sera l'expérience plus grande.
Ce rappel des conversations avait été comme une base stable pour ce qui devait être l'accomplissement de « la promesse du Père ». Dans son long entretien, la nuit où il fut livré, le Maître leur avait dit que le Père enverrait le Consolateur. « L'esprit de vérité » en réponse à sa propre prière. (Jean 14.16, 17, 26).
Qu'était donc la promesse du Père quant au Saint-Esprit ?
Il y avait bien longtemps, 800 ans auparavant, Joël avait écrit cette promesse inspirée d'un « temps où Dieu répandrait son Esprit sur toute chair ». (Joël 2.28-29.) Pas seulement sur les prophètes choisis, des prêtres et des rois, mais sur toute chair, même sur les serviteurs et sur les servantes. Ce temps, Jésus le leur expliquait, n'était pas lointain. Ces mots « dans peu de jours » doivent avoir sonné avec éclat après une attente de 800 ans !
Plus de 200 ans après Joël, un jeune prophète et prêtre avait ajouté un sens inspiré à la glorieuse promesse. Ézéchiel en effet avait apporté un merveilleux message évangélique : le Seigneur Dieu ne se contenterait pas seulement de purifier les cœurs des hommes et de leur donner un renouvellement d'esprit intérieur et complet, mais il va couronner l’œuvre de sa grâce en mettant son Esprit en eux. (Ézéchiel 36.26-27.) Non seulement un revêtement extérieur comme pour Gédéon (Juges 6.34), mais une présence qui demeure en nous. C'est probablement à cet aspect particulier de la grande promesse que Christ se réfère quand il leur dit personnellement : « Il demeure avec vous, mais il sera en vous. » (Jean 14.17.) Comme il est grandiose de savoir qu'un visiteur toujours bienvenu allait bientôt devenir un hôte permanent, et même davantage, venait prendre le contrôle des choses intérieures et extérieures, sanctifier et rendre puissant, et être « le chef de l'armée du Seigneur ».
Ces entretiens rappelés par Jésus durent être pleins de réconfortantes paroles et d'émouvantes visions de puissance, bien qu'encore obscurément comprises à ce moment. Les traits essentiels de l'expérience de la Pentecôte étaient réunis, même avant la venue du Consolateur.
Donald GEE
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