UN REGARD A L’EXTÉRIEUR (Actes 1)

 

UN REGARD A L’EXTÉRIEUR

(Actes 1)

 

          Quelle grande vision le Maître plaça devant ce petit groupe d'hommes, au moment où ils se rendaient, pour la dernière fois, à la montagne des Oliviers ; ils auraient un ministère s'étendant « jusqu'aux extrémités du monde ».

          Il apparaît qu'ils n'en saisirent pas toute la richesse. Et même si leurs intelligences l'avaient compris, leurs esprits se seraient probablement révoltés. La première moitié du livre des Actes contient des preuves nombreuses et évidentes que ce n'est que par un rude combat avec la tradition que les apôtres en vinrent enfin à accepter librement toute l'immensité, vaste comme le monde, de ce que comporte l’Évangile de Jésus-Christ. Même alors, cela comportait réellement la persécution pour les dispersés. (Actes 11.19) Le tisonnier a dû être utilisé pour répandre le feu.

          L’Église a toujours eu à surmonter cette même inertie.Il y a quelque chose d'humiliant dans ce fait historique : « l'ère des missions » n'a commencé qu'il y a à peine 150 ans. A part quelques exceptions tout à fait honorables, l’Église, depuis l'ère apostolique, n'a fait aucune tentative sérieuse pour s'acquitter de ses obligations missionnaires jusqu'à cette date. Maintenant, le modernisme est en train d'entraver la vision et d'inspirer l'idée empoisonnée que les missions étrangères ne sont pas réellement nécessaires pour le salut éternel des païens. Il y a dans la pratique un rejet de cette affirmation fondamentale : « Il n'y a de salut en aucun autre, car il n'y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné aux hommes par lequel nous puissions être sauvés. » (Actes 4.12) Et même parmi les croyants spirituels, on trouve parfois cette tendance mortelle à l'égoïsme spirituel et à l'exclusivisme qui révèle le peu ou l'absence d'intérêt pour l'évangélisation et l'entreprise missionnaire à l'étranger.

          L'appel demeure inchangé : il comporte encore « jusqu'aux extrémités du monde ». La vision du Maître était encore quelque chose d'un peu différent, et si nous pouvons le dire, un peu plus vaste que l'évangélisation du monde entier, si par « évangélisation » nous entendons seulement la prédication. Le mot que le Seigneur employa était : « Vous serez mes témoins. » Un prédicateur évangélique doit être autant témoin que prédicateur, autrement il n'aura que peu de puissance. Mais pour être un « témoin », il n'est pas nécessaire d'être un prédicateur. Le mot grec pour « témoin », « martyr », signifie « celui qui atteste » ; on peut attester « de ce qu'il a vu ou connu ». (Lexique Robinson.) La conception populaire de la fonction du témoin en justice devant le tribunal exprime bien cette idée.

          La vision mondiale devait être accomplie par le moyen de « témoins », ceux qui seraient à même de voir, entendre et connaître la vérité telle qu'elle est en Jésus. Ils peuvent être marchands, artisans, esclaves, simples voyageurs, de familles distinguées ou du peuple tout ordinaire, mais tous doivent être des « témoins ». Ils peuvent ou non être des prédicateurs : cela, c'est le fait de dons spéciaux et d'une vocation si nous le considérons dans son sens officiel. Ils doivent, par nécessité, être des personnes qui parlent, car ce n'est que dans des conditions anormales qu'un témoin peut être efficace dans son silence. Mais ils devaient être des personnes de conversation plus que des orateurs en public. Et le témoignage par la conversation est souvent le plus efficace de tous.

          Il y a en ceci une grande possibilité pour la réalisation du principe indigène dans les missions, et c'est ici le plan simple, nous pouvons presque ajouter sans frais, du Maître pour porter son Évangile aux « extrémités de la terre ». Le témoignage ne supplante pas la prédication, car le ministère de la prédication à sa place vitale prévue dans la diffusion de l’Évangile, mais le témoignage procure le seul arrière-plan sur lequel la prédication peut faire une impression durable.

          Il faut une expérience pour créer « des témoins ». Aucun homme ne peut témoigner de ce qu'il n'a ni vu, ni entendu et qu'il ne connaît pas. Il peut en parler, même en public, mais il est impuissant à convaincre, parce que ses paroles sont manifestement de seconde main, théoriques et sans puissance. Comme pour l'évidence en justice, devant le tribunal, ces paroles seraient sans utilité.

          Christ annonce, clairement, la méthode qu'il va employer pour se procurer des témoins qui porteront dans le monde son vaste programme : « Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins.» La venue de l'Esprit sur le croyant aura pour résultat la capacité, la force, l'efficacité. C'est quelque chose de plus et de distinct du travail de l'Esprit dans la régénération et la sanctification. Ce n'est pas pour accorder la vie ou la sainteté car ces deux cl:oses sont déjà assumées, mais c'est pour donner la puissance. C'est quelque chose de semblable au fait de placer l'allumette enflammée sous un feu soigneusement préparé, ou à tourner le commutateur pour mettre en marche et faire ronfler le moteur d'une automobile nettoyée et préparée pour un voyage, mais à laquelle manquerait l'étincelle vitale.

          La « puissance » peut trouver son expression dans les lignes surnaturelles par le moyen des dons et des opérations de l'Esprit (1 Corinthiens 12.8-10) et de cette manière, d'autres sont contraints de « voir, d'entendre et de connaître » ce grand salut. (1 Corinthiens 14.25; Hébreux 2.4.) Ainsi, un témoignage est donné qui aura pour résultat, soit de convertir, soit de condamner.

          De plus, la merveilleuse expérience de « la puissance » venant de la vie d'un croyant fait de lui « un témoin », indépendamment des opérations spéciales et surnaturelles du Saint-Esprit habitant en lui. Ce contact direct du Christ glorifié, résultat de tout baptême du Saint-Esprit, permet à des générations de chrétiens qui n'ont jamais vu les jours terrestres du Christ, de témoigner néanmoins qu'ils le connaissent. Ils ont une expérience, et cette expérience fait d'eux des témoins « jusqu'aux extrémités de la terre ».

 

Donald GEE

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