LA VOIX DE L'HOMME ET LA VOIX DE L'EPOUX

 

LA VOIX DE L’HOMME ET LA VOIX DE L’ÉPOUX

 

          Le premier piège que le prédicateur évite lorsqu’il annonce Christ, c’est qu’il ne se prêche pas lui-même. L’apôtre Paul déclarait : « Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes ; c’est Jésus-Christ le Seigneur que nous prêchons, et nous nous disons vos serviteurs à cause de Jésus. » (2 Corinthiens 4.5)

          On ne peut prêcher Christ et se prêcher soi-même en même temps. L’élévation de la personne et de l’œuvre de Jésus fait disparaître le prédicateur derrière son Maître.

          Nous avons une très belle illustration de cette pensée dans la prédication de Jean-Baptiste :

 

          « Voici le témoignage de Jean, lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des sacrificateurs et des Lévites, pour lui demander : Toi, qui es-tu ? Il déclara, et ne le nia point, il déclara qu’il n’était pas le Christ. Et ils lui demandèrent : Quoi donc ? es-tu Élie ? Et il dit : Je ne le suis point. Es-tu le prophète ? Et il répondit : Non. Ils lui dirent alors : Qui es-tu ? afin que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu de toi-même ? Moi, dit-il, je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur. » (Jean 1.19-23)

 

          Quelques versets plus loin, nous lisons :

 

          « Le lendemain, il vit Jésus venant à lui, et il dit : Voici l’agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde. C’est celui dont j’ai dit : Après moi vient un homme qui m’a précédé, car il était avant moi. Je ne le connaissais pas, mais c’est afin qu’il fût manifesté à Israël que je suis venu baptiser d’eau. - Jean rendit ce témoignage : J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et s’arrêter sur lui. - Je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser d’eau, celui-là m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et s’arrêter, c’est celui qui baptise du Saint-Esprit. Et j’ai vu, et j’ai rendu témoignage qu’il est le Fils de Dieu. Le lendemain, Jean était encore là, avec deux de ses disciples ; et, ayant regardé Jésus qui passait, il dit : Voilà l’agneau de Dieu » (Jean 1.29-36)

 

          Avez-vous remarqué qu’à cinq reprises, les chefs religieux ont demandé à Jean-Baptiste ce qu’il disait de lui-même ? Devant une telle insistance, que répondraient aujourd’hui certains prédicateurs qui sombrent dans le vedettariat ? Dieu, le premier, est très attentif à ce que le prédicateur dit de lui-même !

          Jean-baptiste déclarait haut et fort n’être qu’une voix criant le message que Dieu lui avait confié, et là où il l’avait envoyé. C’est ce que le Seigneur attend de ses envoyés.

          Lorsque l’homme reste à sa place, son message est alors rempli de Christ. N’est-ce pas l’exemple laissé par Jean-baptiste ? La prédication du prophète était remplie de la personne et de l’œuvre de Christ.

 

          Un peu plus loin, dans l’Évangile de Jean, nous lisons :

          « Or, il s’éleva de la part des disciples de Jean une dispute avec un Juif touchant la purification. Ils vinrent trouver Jean, et lui dirent : Rabbi, celui qui était avec toi au-delà du Jourdain, et à qui tu as rendu témoignage, voici, il baptise, et tous vont à lui. Jean répondit : Un homme ne peut recevoir que ce qui lui a été donné du ciel. Vous-mêmes m’êtes témoins que j’ai dit : Je ne suis pas le Christ, mais j’ai été envoyé devant lui. Celui à qui appartient l’épouse, c’est l’époux ; mais l’ami de l’époux, qui se tient là et qui l’entend, éprouve une grande joie à cause de la voix de l’époux ; aussi cette joie qui est la mienne, est parfaite. Il faut qu’il croisse, et que je diminue. Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous ; celui qui est de la terre est de la terre, et il parle comme étant de la terre. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous. » (Jean 2.26-31)

 

          Ce texte appelle quelques précieuses remarques. Le temps a passé, et Jean-Baptiste a su rester à sa place. Il était une voix, proclamant le message de Dieu ; il s’en est tenu là. Les foules qui venaient à lui, les multiples repentances et les nombreux baptêmes ne lui ont pas tourné la tête !

          Mais le prophète de Dieu nous donne ici une leçon plus précieuse encore. Lui, n’était qu’une voix. Humaine. Mais une autre voix retentissait, céleste celle-là, bien plus importante : la voix de l’époux, la voix de Jésus. C’était finalement la voix de Christ que les foules devaient entendre. Jean-Baptiste n’était qu’un poteau indicateur montrant la direction à prendre : « Voici l’agneau de Dieu ».

          Lorsque la voix de Jésus ne peut se faire entendre après celle du prédicateur, ce dernier a échoué ! Et il doit se remettre en question.

          D’autre part, lorsque l’envoyé de Dieu reste à la place que Dieu lui assigne, il est conscient que l’œuvre de Dieu n’est pas sa propriété. Il n’est pas le « patron », « le chef d’entreprise », fût-elle « spirituelle ». L’Église ne lui appartient pas. « Celui à qui appartient l’épouse, c’est l’époux ». D’où vient alors ce langage, si souvent entendu de la bouche de pasteurs : « Mon église, mes anciens, mes diacres, mes convertis, mon groupe de jeunesse... » Mes frères, rien n’est à vous ! L’Église appartient à Jésus. Il se l’ait acquise au prix de son précieux sang. Ne l’oubliez jamais !

 

          Ce qui est vrai du prédicateur de l’Évangile, l’est aussi de tout vrai témoin de Jésus-Christ. La Samaritaine de Sychar a beaucoup à nous apprendre à ce sujet. Après sa rencontre avec Jésus, près du puits de Jacob, cette femme « ayant laissé sa cruche, s’en alla dans la ville, et dit aux gens : Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ; ne serait-ce pas le Christ ? Ils sortirent de la ville, et ils vinrent vers lui. » (Jean 4.28-30) Elle fut une voix, un poteau indicateur. Le résultat fut glorieux :

 

          « Plusieurs samaritains de cette ville crurent en Jésus à cause de cette déclaration formelle de la femme : Il m’a dit tout ce que j’ai fait. » (Jean 4.39).

 

          Cette nouvelle convertie sut rester à sa place. Jésus put alors faire toute son œuvre :

 

          « Aussi, quand les Samaritains vinrent le trouver, ils le prièrent de rester auprès d’eux. Et il resta là deux jours. Un beaucoup plus grand nombre crurent à cause de sa parole ; et ils disaient à la femme : Ce n’est plus à cause de ce que tu as dit que nous croyons ; car nous l’avons entendu nous-mêmes, et nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde. » (Jean 4.40-42)

 

          La Samaritaine fut seulement une voix. Les Samaritains purent entendre alors la voix de l’époux. Ils devinrent la propriété de Christ.

 

          Il faut que le prédicateur apprenne à « perdre » son auditoire, à « perdre » l’église dont il a la charge, pour que les gens s’attachent à Christ. Lorsque les âmes sont la « propriété privée » du prédicateur, le ministère est boiteux et malsain.

          Le même danger menace ceux qui témoignent avec succès et gagnent des âmes à Christ. Il faut que les croyants apprennent à « perdre » leurs convertis, pour que ces derniers bâtissent leur vie sur Christ et non sur celui ou celle qui leur a annoncé la Bonne Nouvelle.

          Lorsque la gloire de Dieu remplit le tabernacle de Moïse, le temple de Salomon, et l’Église de Christ, il n’y a jamais de place pour l’homme. Il serait bon de revoir nos leçons !

 

Paul BALLIERE

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