PARENTS RESPONSABLES

 

PARENTS RESPONSABLES

 

« Son père ne lui avait de sa vie fait un reproche, en lui disant :

Pourquoi agis-tu ainsi ? » (1 Rois 1.6)

 

« Malheur à toi, pays dont le roi est un enfant. » (Ecclésiaste 10.16)

 

          Un père de famille me raconta le fait suivant : « Avant hier, une camarade de classe est venue inviter ma fille pour une surboum, avec, naturellement, la perspective d’une rentrée tardive. Vivement intéressée, ma fille – de seize ans – a supplié :

 

          - Papa, permets-moi d’aller à cette soirée. Je te promets de ne pas m’attarder trop.

 

          Aussi gentiment que possible et sans formuler de reproches, j’ai répondu :

 

          - Non ! Vois-tu, je préfère que tu restes avec nous ce soir.

 

          Si je ne fus pas étonné de voir une ombre de tristesse passer dans les yeux de ma grande fille (qui cependant n’insista pas), je le fus autrement d’entendre son amie s’exclamer tout de go :

 

          - Oh ! Comme j’aurais aimé que mon père me dise parfois : « Non ! »

 

          Ce qui voulait dire en clair : « Comme tu as de la chance d’avoir un père responsable qui sait te diriger ! »

 

          Cette réponse – authentique – pour surprenante qu’elle soit n’a rien d’insolite. En fin de compte l’enfant (et même souvent l’adolescent qui doit faire l’apprentissage des responsabilités), aime sentir au-dessus de lui une autorité agissante. Une autorité qui, soucieuse de son bonheur, le prend en charge, décide à sa place, se montre sage pour lui et donc le sécurise. Car au fond de lui-même, l’enfant se sait incapable de décider sainement et de se garder lui-même. Aussi quel soulagement lorsqu’il peut s’en remettre à un père qui veille sur lui et n’agit que pour son bien.

 

          Aujourd’hui l’enfant est roi. Piètre monarque devant lequel capitulent de piètres parents. Ils ont adopté telles quelles les théories d’une certaine psychologie qui enseigne de ne jamais contrarier l’enfant de peur de le traumatiser pour la vie. Alors, on consent à lui dire « oui » en sachant pertinemment qu’il s’égare et se fait du mal. Les enfants soumis de jadis ont cédé la place aux parents obéissants. Il y a transfert d’autorité pour le plus grand malheur de tous. Curieux progrès !

 

André ADOUL

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