NE FAISONS PAS DIEU MENTEUR

 

NE FAISONS PAS DIEU MENTEUR

 

          Devant la description divine du cœur humain, nous saisissons la portée des paroles du pharisien. En disant : « Je rends grâces de ce que je ne suis pas comme les autres hommes, ravisseurs, injustes, adultères » (voir Luc 18.9-14), il se déclarait innocent des choses mêmes que Dieu constate dans le cœur humain. Il voulait dire en effet : « Sans aucun doute, ces choses sont le fait des autres – en particulier de ce publicain qui les confesse – mais elles ne se trouvent pas en moi ! » Ce disant, il rendait Dieu menteur, car, « si nous disons que nous n’avons point de péché, nous faisons Dieu menteur » (1 Jean 1.10). Cependant, il devait être parfaitement sincère dans sa déclaration. Il se croyait vraiment innocent et attribuait même son innocence à Dieu puisqu’il l’en remerciait. Il ne réalisait pas que la Parole de Dieu était contre lui. Si le publicain se frappe la poitrine et confesse ses péchés, ce n’est pas que ces derniers soient pires que ceux du pharisien, mais simplement parce qu’il a compris que ce que Dieu dit est vrai pour lui. Le pharisien en est encore à penser que le fait de s’abstenir de certains péchés extérieurs suffit pour être innocent. Il n’a pas encore saisi que Dieu ne regarde pas à ce qui se voit, mais au cœur (1 Samuel 16.7), et considère un regard de convoitise comme équivalent à un adultère (Matthieu 5.28), le ressentiment et la haine comme un meurtre (1 Jean 3.15), l’envie comme un vol, et les mesquines tyrannies domestiques comme les pires malhonnêtetés.

          Combien de fois n’avons-nous pas, nous aussi, protesté de notre innocence, lorsque Dieu, en convainquant les autres, cherchait à nous convaincre nous-mêmes ! Nous avons dit ou pensé : « Ces péchés existent chez les autres, mais pas chez moi ! », et cela peut-être en toute sincérité. Nous avons peut-être méprisé tels frères en les entendant s’humilier et confesser certaines choses pour les mettre en règle ; nous nous sommes peut-être même réjouis de ce que Dieu les bénissait de cette manière...Quoi qu’il en soit, nous n’avons pas vu pour nous la nécessité d’être brisés. Bien-aimés, si nous nous croyons innocents et ne ressentons pas le besoin de nous humilier, cela ne signifie pas que nous soyons sans péchés, mais simplement que nous ne les voyons pas. Nous avons vécu d’illusions. Cependant, Dieu doit avoir raison, qui, sous une forme ou une autre, constate en nous la présence de ces choses (à moins que nous les ayons reconnues et que nous ayons accepté qu’il les juge) ; égoïsme inconscient, orgueil, satisfaction de soi, jalousie, ressentiment, impatience ; esprit renfermé, craintes et timidité ; malhonnêteté, tromperie ; impureté, convoitise. Si ce n’est pas l’une, c’est l’autre. Et nous ne les voyons pas. Nous sommes peut-être si préoccupés du tort qu’on nous fait que nous ne voyons pas que nous péchons en ne le prenant pas avec la douceur et l’humilité de Jésus. Nous constatons clairement combien l’autre cherche à défendre ses droits, mais nous ne voyons pas que nous faisons la même chose. Et, cependant, nous sentons que quelque chose manque dans notre vie : nous ne sommes pas en communion vivante avec Dieu, notre vie spirituelle n’est pas à cent pour cent. Notre service ne déborde pas en bénédictions spirituelles. Le péché inconscient n’en est pas moins du péché aux yeux de Dieu, et il nous sépare de lui. Il se peut que, dans notre cas, il s’agisse d’une « petite chose », que Dieu est tout prêt à nous montrer, si seulement nous le lui demandons.

          Il existe encore un autre piège dans lequel nous tombons lorsque nous ne reconnaissons pas la vérité de ce que Dieu dit au sujet du cœur humain ; non seulement nous protestons de notre innocence, mais encore de celle des nôtres. Nous n’aimons pas les voir convaincus de péché et humiliés, et nous nous hâtons de les défendre. Nous nous faisons autant d’illusions à leur sujet qu’au nôtre, et nous ne voudrions pas les voir détruites. Mais, en agissant ainsi, nous les opposons à Dieu, faisant Dieu menteur à leur sujet, et nous les privons de la bénédiction, comme nous-mêmes.

          Seule une profonde soif de communion avec Dieu peut nous faire crier à lui pour qu’il nous éclaire de sa lumière incomparable, et nous apprenne à lui obéir en toutes choses.

 

Roy HESSION

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