DES MOYENS DE PRODUIRE UN RÉVEIL

 

DES MOYENS DE PRODUIRE UN RÉVEIL

 

« Semez selon la justice, moissonnez selon la miséricorde,

défrichez-vous un champ nouveau ! Il est temps de

chercher l'Eternel, jusqu’à ce qu’il vienne, et répande

sur vous la justice. » (Osée 10.12)

 

          Les Juifs étaient une nation de cultivateurs ; c’est pourquoi l’Écriture se sert habituellement d’illustrations ayant trait à leurs occupations et aux scènes familières aux agriculteurs et aux bergers. Le prophète Osée s’adresse ici aux Juifs, comme à un peuple qui a abandonné Dieu ; il leur reproche leur idolâtrie, et les menace des jugements de Dieu […]

 

          Un réveil consiste en deux choses, selon qu’il se rapporte à l’Église ou aux inconvertis ; je parlerai, aujourd’hui, d’un réveil dans l’Église. Une jachère est un terrain qui a été cultivé, mais qui est maintenant inculte, et qui a besoin d’être ouvert et ameubli avant de pouvoir être ensemencé. Je montrerai, pour ce qui concerne un réveil de l’Église :

 

          1. Ce que c’est que de labourer une jachère, dans le sens de notre texte.

 

          2. Comment cela doit se faire.

 

1. Ce que c’est que de labourer une jachère

 

          Labourer le terrain, c’est briser vos cœurs et les préparer ainsi à porter du fruit pour Dieu. La Bible compare l’esprit de l’homme à un terrain, et la Parole de Dieu à une semence ; les fruits représentent les actions et les affections de ceux qui reçoivent cette semence. Dans ce sens, labourer une jachère, c’est placer l’esprit dans des dispositions convenables pour recevoir la Parole de Dieu. Quand votre cœur se rabougrit, s’endurcit et se dessèche, il ne faut pas s’attendre à aucun fruit, jusqu’à ce qu’il soit brisé, ameubli et capable de recevoir la Parole. C’est là ce que le prophète entend par labourer vos jachères.

 

2. Comment la jachère doit-elle être labourée ?

 

          Ce n’est pas par aucun effort direct pour exciter des sentiments. On se trompe souvent sur ce sujet, en ne réfléchissant pas aux lois de notre esprit, et il règne là-dessus de grandes erreurs. On parle souvent du sentiment religieux comme si l’on pouvait, par un effort direct, susciter l’attachement aux choses religieuses ; mais ce n’est pas ainsi que notre esprit agit. Personne ne peut produire en soi-même un sentiment en tâchant de l’éprouver. Les dispositions de notre esprit ne sont pas directement sous notre contrôle. Nous ne pouvons pas, par un effort volontaire direct, susciter des sentiments religieux. Nous pourrions aussi bien songer à faire remonter de l’abîme un esprit. Les sentiments sont des états d’esprit purement involontaires. Ils existent naturellement et nécessairement chez nous, dans certaines circonstances faites pour les produire. Mais on peut les discipliner d’une manière indirecte. Sans cela nos sentiments n’auraient aucun caractère moral. Nous ne pouvons pas dire : « A présent je veux éprouver tel ou tel sentiment pour tel objet. » Mais nous pouvons commander à notre attention de se diriger sur cet objet, et y fixer notre pensée avec force jusqu’à ce qu’il produise en nous le sentiment qui doit en résulter. Qu’un homme éloigné de sa famille se mette à penser à elle, et il éprouvera des sentiments en conséquences, mais jamais il ne pourrait y parvenir en se disant simplement : « Maintenant je veux éprouver des sentiments profonds pour ma famille. » Quelqu’un peut diriger son attention sur un objet pour lequel il devrait et désire éprouver des sentiments, et de cette manière, il donnera naissance aux sentiments convenables. Qu’un homme pense à son ennemi, et ses sentiments d’inimitié surgiront. De même, si un homme pense à Dieu, et fixe son esprit sur n’importe lequel de ses attributs, les sentiments se présenteront selon les lois de notre esprit. Si cet homme est un ami de Dieu, et qu’il le contemple dans sa grâce et sa sainteté, son esprit éprouvera de l’adoration et de l’amour. S’il est un ennemi de Dieu, qu’il place devant son esprit le vrai caractère de Dieu, qu’il le considère avec attention, et alors, de deux choses l’une : ou bien son inimitié amère s’élèvera contre Dieu, ou bien il sera brisé et donnera son cœur à Dieu.

 

          Si donc vous voulez briser les mottes de votre cœur et avoir des sentiments religieux, tournez vos pensées vers Dieu, au lieu de les laisser errer sur quantité d’autres objets et de vous imaginer qu’en allant ensuite à une ou deux réunions, vous vous verrez entraînés par certains sentiments. Suivez les règles du simple bon sens, comme s’il s’agissait de tout autre sujet. Il est aussi facile d’avoir des sentiments à l’égard de la religion qu’à l’égard de tout autre sujet ; et Dieu a mis ces états d’esprit sous votre direction aussi bien que les mouvements de vos membres. Si les gens avaient aussi peu de sens philosophique lorsqu’il s’agit de se servir de leurs membres que lorsqu’il s’agit de leurs sentiments, jamais vous ne seriez arrivés dans ce temple.

 

          Si vous voulez labourer votre cœur, commencez par regarder votre cœur ; examinez, notez l’état de votre esprit, et voyez où vous en êtes. Beaucoup ne semblent jamais y penser ; ils ne font pas attention à leur cœur ; jamais ils ne savent où ils en sont dans leur vie religieuse ; s’ils gagnent du terrain ou s’ils en perdent ; s’ils portent du fruit ou s’ils restent stériles. Maintenant, il faut détourner votre attention des autres choses et vous occuper de celle-ci ; faites-en une affaire. Prenez votre temps, examinez à fond l’état de votre cœur, et voyez à quoi vous êtes ; si vous marchez journellement avec Dieu ou avec le diable ; si c’est Dieu ou le diable que vous servez le plus ; et si vous êtes sous la domination du prince des ténèbres, ou sous celle du Seigneur Jésus-Christ.

          A cet effet, vous devez vous appliquer à considérer vos péchés et vous examiner vous-mêmes. Par ceci je n’entends point que vous deviez vous mettre à examiner directement quel est l’état actuel de vos sentiments. C’est le vrai moyen d’arrêter net tout sentiment. Ce serait aussi absurde que si un homme fermait les yeux devant une lampe et s’efforçait de tourner les yeux en dedans pour voir s’il y a une image sur la rétine de son œil. Cet homme se plaint de ne rien voir, alors qu’il a détourné ses yeux de l’objet qu’il voulait voir ! Nous pouvons aussi bien avoir la conscience de nos sentiments moraux que celle de nos sensations ; et le moyen de les apercevoir est de faire agir notre esprit. Alors nous avons conscience de nos sentiments moraux, aussi bien que nous aurions conscience de nos sensations physiques si nous mettions notre main dans le feu.

          L’examen de vous-mêmes consiste à diriger vos regards sur votre vie, à considérer vos actions, à vous rappeler le passé pour en connaître le vrai caractère. Prenez vos péchés personnels un à un et considérez-les. Je ne dis pas que vous devez jeter un rapide coup d’œil sur votre vie passée, reconnaître qu’elle est remplie de péchés et demander pardon à Dieu, après une confession générale. Je dis qu’il faut prendre vos péchés un à un. Il ne serait pas mal de prendre une plume et du papier, et de les noter à mesure qu’ils se présentent à votre souvenir. Faites ce compte avec le même soin qu’un commerçant apporte à tenir ses livres ; et à mesure qu’un péché se présente à votre mémoire, ajoutez-le à votre liste. Des confessions générales ne serviront jamais à rien ; vos péchés ont été commis un à un ; et autant que vous pourrez les atteindre par le souvenir, vous devez en faire la revue et vous en repentir pareillement un à un.

 

Charles-G. FINNEY

www.batissezvotrevie.fr